Rester, mourir ou partir ? [Bella, Dean, Satine, Calypso, Alice, Esmée]

Je n'étais plus qu'aigreur, je ne savais pas si j'allais un jour pouvoir passer outre les derniers mois passés dans le manoir des Volturi et ma plus grande crainte était que jamais je ne pourrais de nouveau regarder ma propre femme dans les yeux.

Notre retour à Forks avait été plutôt calme, ma famille essayait tant bien que mal de laisser à Alice et à moi le temps de reprendre nos esprits mais malheureusement ce qu'elle ne savait pas ce que la normalité pour nous, n'existait plus.

Les premiers jours avaient été assez chargés, à peine nous étions de retour à la villa que des affaires politiques avaient accaparés nos temps respectifs. Une nouvelle meute de loup avait demandé asile et un jeune vampire voulait ardemment adopter notre mode de vie. D'ordinaire Carlisle gérait ce genre de choses mais là je m'étais spontanément porté volontaire car je ne voulais qu'une chose, fuir les miens...

Je savais que c'était difficile à comprendre et moi même je ne saisissais pas toutes les nuances des méandres de mon esprit torturé mais la seule certitude que j'avais présentement était que je ne pouvais pas affronter la vérité.

J'avais donc esquivé tout le monde et plus particulièrement Bella, je ne supportais pas l'idée de pouvoir être dans la même pièce qu'elle, je l'avais trahie, de la pire manière qu'il fusse, comment pourrais-je un jour oser la toucher de nouveau ? Mais je savais pertinemment que je n'allais pas pouvoir éternellement trouver des prétextes pour m'isoler mais pour le moment c'était le seul mode de fonctionnement qui me convenait.

A l'écart dans la bibliothèque, les yeux perdus dans le vide je cherchais désespérément comment faire pour ne plus souffrir et avec lassitude je me disais que la mort était peut-être le plus cadeau que je pouvais offrir à ceux que j'aimais le plus.

Absorbé sur mon propre apitoiement je ne me rendis pas tout de suite compte que je n'étais plus seul dans la pièce. Un mouvement sur la gauche attira mon attention. Je tournais légèrement la tête pour finir par voir Bella, le visage fermé, qui s'affairait à remplir un sac. Elle ne me regardait pas, ne me parlait pas. Mon coeur se serra, je ne lui en voulais pas, je savais que j'avais instauré ce climat d'ignorance mais cela ne m'empêchais pas d'en souffrir, mais si seulement elle savait...

La gorge serrée j'entrepris tout de même de lui demander ce qu'elle faisait.

- Tu pars quelque part ? demandais-je faussement platoniquement.

J'avais mérité tout ce mépris mais je ne voulais pas lui dire, je ne pouvais pas lui expliquer pourquoi sa simple présence m'était difficile. Comment expliquer à sa femme qu'on était plus l'ombre de soi même et que le dégoût de soi était devenu son quotidien ? Je n'avais pas la force de lui avouer ce que j'avais fait, ce que nous avions été obligé de faire. Je préférais qu'elle soit un peu en colère contre moi plutôt qu'elle se mette à me trouver révulsant.

Et au delà de moi je ne pouvais pas trahir Alice, je n'étais pas seul dans cette histoire et je savais pertinemment qu'elle s'était autant tu que moi même si ces derniers jours nous ne nous étions qu'à peine croisé.

Je continuais à la regarder le regard vide, ne laissant rien paraître de la torpeur et de l'horreur qui s'était emparé de mon âme détruite par les actes méphistophéliques d'êtres avilissants.

Quand Bella posa les yeux sur moi cela me fit l'effet d'une douche froide et encore cela était peu dire, j'avais presque l'impression de voir un certain dégoût, mais je ne pouvais lui en vouloir. Elle me répondit qu'elle partait en emmenant notre fille, pour qu'elle n'ait plus à souffrir de la présence d'Alice et de moi même. Ces paroles étaient cruelles certes mais que pouvais-je bien lui répondre ? Que tout allait rentrer dans l'ordre et que nous allions de nouveau vivre un conte de fées ? J'avais bien des défauts mais je n'étais pas un menteur donc j'allais m'abstenir d'énoncer de belles paroles vides de sens.

Puis elle enfonça encore un peu le clou en ajoutant que je ne pourrais pas les retrouver, que nul ne savait où elles allaient. Cela me fit froncer les sourcils une demi fraction de seconde, je n'aimais pas l'idée de les laisser partir seules, sans défense, mais nous n'étions pas en sécurité, ici ou ailleurs, cela ne changeait pas grand chose finalement.

Elle m'avait débité tout cela avec un ton tranchant et tout dans sa posture indiquait qu'elle était certaine de ses choix et que rien ni personne ne pourrait la faire changer d'avis. Ce n'était plus une adolescente éperdument amoureuse de son prince charmant que j'avais en face de moi mais une femme, bien dans sa tête et déterminée à être heureuse, pouvais-je l'en blâmer ? Certainement pas, ce que je pouvais faire c'était la laisser partir pendant un moment, peut-être que l'éloignement nous permettrait de nous rapprocher par la suite.

Je pensais qu'elle avait terminé mais alors qu'elle allait franchir le seuil de la porte elle se retourna et pleine de verve elle m'avoua ce qu'elle pensait en silence. Je comprenais ce qu'elle disait, j'étais même profondément d'accord, je savais que je n'avais pas toujours été facile avec elle surtout pendant sa période humaine et malgré quelques protestations elle avait accepté tout ce que j'avais demandé et moi maintenant je n'étais même plus capable d'ouvrir les bras à mon épouse.

Même si je n'en montrais rien, ce qu'elle me disait ne me laissait pas de glace, j'avais tellement envie de pouvoir la laisser m'aider mais une petite part de moi me chuchotait que si je le faisais cela nous mènerait à notre perte à tout deux et à notre famille, toute entière. J'étais déchiré entre ce que je voulais et ce que je devais faire, pourquoi était ce si compliqué d'ouvrir la bouche et de répliquer quelque chose ? Mais je n'eus pas l'occasion de répondre à cette question car la dernière phrase de Bella me tira de ma bataille intérieure.

"Ton comportement ne rentre pas dans ma vision du mariage..." me dit-elle.

Mais que voulait-elle dire par là ? Et de nouveau je n'allais pas avoir à réfléchir trop longtemps. Bella retira son alliance, la déposa et partit sans la moindre hésitation et cette fois ci elle ne se retourna pas. Tout s'écroula autour de moi, j'avais l'impression de tomber dans un gouffre sans fin et que je venais d'assister à une représentation dont je n'avais pas réellement fait parti. La laisser partir oui, mais la laisser me quitter non, je ne le voulais pas.

Je courus à sa rencontre, elle était en haut des escaliers avec tous ses bagages. La peine, le désarroi, le vide de mon être, tout cela avait disparu, la colère ayant remplacé les autres sentiments. Oui j'étais en colère, contre moi d'avoir laissé les choses empirer de la sorte mais aussi contre Bella, elle était ma femme, elle était mienne et personne ne changerait cela, pas même elle.

- Je t'interdis de me quitter hurlais-je à son encontre.

Une rage insoupçonnée s'empara de mon être et je la saisis violemment par les épaules tout en continuant de vociférer qu'elle m'appartenait et que jamais je ne la laisserais me quitter. Je sentais mes crocs sortirent et la poussa contre le mur. Et tout bascula en une fraction de seconde. Bella percuta durement le mur, sa tête rebondissant avec force l'entraînant dans les escaliers. Sa chute fut rapide mais j'avais pourtant l'impression que des heures s'étaient écoulées.

Quand je vis Bella, ma Bella, ma femme, celle que j'aimais plus que tout, au sol parce que JE l'avais molestée, je fus tétanisé d'horreur. Mais qu'avais-je fait ? Bella releva sa tête et je vis dans son regard de la haine purement et simplement, du mépris à l'état pur. Elle me voyait enfin comme j'étais, un monstre sans coeur et sans âme et à cause de moi je l'avais maudite aussi.

Aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche, mon cerveau était déconnecté de la réalité si bien que je n'entendais que de loin ce qu'elle me disait. Elle s'était relevé fièrement et me faisait maintenant face, me toisant avec une arrogance exécrable. Le dégoût de moi même que j'avais éprouvé quelques secondes auparavant s'était transformé en colère, non pas contre ma personne mais contre celle de ma femme. Elle qui me crachait du venin à la figure, cela me donnait l'envie de la gifler pour lui faire fermer sa bouche qui était devenue poison.

Je ne savais pas combien de temps avait duré sa tirade car je n'en avais que récupéré quelques bribes "et bien je ne veux plus de toi dans la mienne, que tu le veuilles ou non Edward......Je pense qu'Aro a gagné...Il est hors de question que je passe mon éternité à te regarder croupir...Je passerais un de ces jours, si ta fille le désire.....". Maintenant elle descendait les escaliers, se pensant toute puissante, si fière d'elle mais une pulsion me fit la rejoindre aussi vite qu'un en éclair.

Je lui saisis les deux bras et la força à me faire face, et alors je plantais mon regard glacial dans ses yeux regorgeant l'aversion.

- Mais que crois-tu faire ? Tu penses réellement que je vais te laisser partie avec MA fille ??? lui hurlais-je au visage. Je me moque royalement de ce que tu veux ou non, tu es ma propriété et si tu veux caresser l'espoir de continuer à élever ta fille, je te conseille très vivement de baisser la tête et de te taire ajoutais-je sans crier cette fois-ci, ma voix basse et ténébreuse faisant tout autant d'effet.

Quelque chose au fond de moi me disait que les mots que je prononçais n'étaient pas les bons mais à peine m'eus-je fait cette réflexion que le fiel emplit ma bouche à l'idée de me laisser marcher dessus par cette petite sainte nitouche.

Je ne la lâchais pas, continuant de la serrer de plus en plus fort, peut-être qu'en la secouant un peu j'arriverais à la faire revenir à la raison.

Je lui avais ordonné de se taire, ce qu'elle avait fait alors pourquoi donc avais-je encore plus envie de la secouer ? Ma tête allait exploser, je n'arrivais plus à entendre les pensées des autres et pourtant j'avais l'impression d'être des milliers à hurler dans mon crâne. Je tenais toujours Bella entre mes mains devenues des serres et ne savais que faire maintenant.

Je doutais qu'elle m'obéisse au point de rester sagement à la maison, qu'attendait-elle donc ? Que je lui présente des excuses ? Si c'était le cas elle allait pouvoir patienter longtemps. Mais alors que je regardais celle qui était encore ma femme la sonnette retentit. Mon regard se durcit encore plus.

- On ne peut pas être tranquille dans cette maison ce n'est pas possible m'exclamais-je avec froideur.

A contre coeur je relâchais Bella et partis ouvrir. Sur le seuil se trouvait deux jeunes femmes que je ne connaissais pas, je les détaillais le regard noir puis me retourna vers ma femme.

- C'est toi qui a invité des stripteaseuses ? demandais-je avec une pointe d'ironie dans la voix.

Je sentais la colère monter en moi, sans raison apparente, mais la moindre petite chose me rendait fébrile et l'interruption de ces deux greluches m'agaçaient au plus au point. Je laissais la porte ouverte et partis me passer un peu d'eau sur le visage. J'avais si chaud, j'avais cette impression qu'à tout moment j'allais exploser autant métaphoriquement que littéralement.

Mon retour à Forks... J'en avais rêvé un milliards de fois. Pourtant, rien ne s'était déroulé comme j'avais pu l'espérer. Aro s'était arrangé pour nous garder prisonniers, quelque part, à l'intérieur de nous-même et c'était pire que tout.

Jasper m'avait aussitôt prit sous son aile, me protégeant et me couvrant d'amour comme l'âme sœur qu'il était pour moi. Je n'avais eu qu'un désir : m'abandonner totalement à sa protection, comme une petite fille. Tout oublier dans ses bras. Ces mêmes bras que j'avais imaginé jusqu'à m'en abîmer quand j'étais leur prisonnière. Pourtant, je n'avais pas pu en apprécier la chaleur longuement. Les images de mon enfer étaient repassées en boucle dans mon esprit. À tel point que je ne savais pas regarder mon mari dans les yeux. J'étais sale. Indigne de lui. Indigne de toute ma famille.

Jasper m'avait laissé du temps. Des heures et des jours, enfermée dans notre chambre, en boule sur notre lit. Il avait été la patience incarnée. Quand je n'étais que souffrance.

Puis peu à peu, le cauchemar avait laissé place à une légère éclaircie. Je m'étais sentie moins harcelée par mes souvenirs et je sentais parfois la véritable Alice, en désir de refaire surface. C'était elle qui avait décoré la maison, elle qui souriait toujours et remplissait de son aura joyeuse toute la villa. Elle avait laissé son emprunte dans cette chambre où des milliers de souvenirs tendres semblaient flotter dans l'air. Mais aussi dans le dressing rempli de magnifique vêtements ou même dans les yeux de Jasper, tellement amoureux. Cette Alice là, c'était moi, la vraie Alice. Et elle me manquait au moins autant qu'elle manquait à mon mari. Je ne savais pas encore comment l'amadouer, comment lui rendre sa place d'honneur dans mon esprit quand j'étais encore trop remplie de l'âme déchirée qu'avaient créé les Volturis. Mais j'y travaillais.

Une première étape avait été de laisser Jasper me parler. Ce qu'il m'avait dit avait tout changé. J'avais une chance sans borne, je le concevais : grâce à son pouvoir, il savait exactement ce que j'endurais. Il avait senti l'océan de souffrance, le désespoir, la solitude, le traumatisme et l'immense culpabilité dans lesquels je baignais. Il m'avoua même avoir été sous le choc lors de mon arrivée et avoir eu quelque difficultés à garder la face par la suite, tant ma souffrance lui était intolérable.

Désormais que j'allais légèrement mieux, il avait finit par m'assurer une chose : " Je sens la profondeur de ta souffrance, alors quoiqu'il se soit passé là-bas, et je saisi que ce fut innommable, je t'aimerais et je t'aiderais, quoiqu'il m'en coûte, même si cela suppose des siècles à t'attendre "
Cette promesse, d'une générosité sans borne m'avait totalement bouleversée. Je n'étais pas encore prête à être sa femme comme autrefois, mais je l'aimais, et son amour me ramenait lentement dans la lumière. Même si j'estimais ne pas le mériter.
Devant cet argument, il s'était exclamé que je méritais plus que jamais son aide et même sa dévotion, car si j'étais dans cet état là, c'était parce que je m'étais sacrifiée pour la famille. Mon sacrifice valait le sien.

Savoir que j'avais un allié si généreux me rendit peu à peu des forces. Alors, je l'avais supplié de me faire un autre cadeau : utiliser son pouvoir sur moi pour m'offrir des heures de paix. Juste de la paix. Je ne demandais pas une joie factice, mais simplement un peu d'espace dans mon esprit, que rien, aucun souvenir ténébreux ni sentiment coupable ne viendraient ternir.

Jasper avait accepté. Nous étions restés de nombreuses journées enfermés dans notre chambre, lui me tenant délicatement dans ses bras, moi profitant de son pouvoir infiniment apaisant sur moi. Cela avait commencé à amorcer une certaine guérison. Je ne pensais qu'à des souvenirs heureux en sa compagnie, notre rencontre, notre mariage, notre arrivé dans la famille...

Cette famille pourtant que j'avais complètement délaissée. Je n'avais pas la force de les affronter maintenant. Me reconstruire était l'urgence même si je savais que les miens allaient mal. Je le sentais parfois, surtout au regard de Jasper lorsqu'il revenait d'une chasse. Moi je ne buvais que du sang animal qu'il me procurait après une commande à la boucherie. Je refusais de sortir. Il était difficile de se réhabituer à ce régime, j'avais trop peur de blesser un humain, ou par mon silence et ma froideur, ma famille.
J'allais mieux. Dans l'ensemble, un peu mieux. Même si j'étais encore brisée.

Ce jour là, Jasper était parti chasser. J'étais restée amorphe sur notre lit, ne pensant qu'à lui, essayant de l'imaginer, lui et son pouvoir, afin de moins souffrir. Puis j'avais entendu du bruit dans la maison.  Bella et Edward qui se disputaient. Le bruit d'une chute. Je m'étais redressée, ne sachant que faire.

Chez les Volturis, j'avais appris à éteindre mon pouvoir, à repousser les visions, au point que désormais, je n'en avais pratiquement plus. Cette habitude me rendait comme aveugle. Et aujourd'hui, je ne savais même plus comment retrouver mes capacités. L'arrêt du sang humain n'aidait pas non plus. J'étais moins puissante.

Mais si Edward faisait du mal à Bella ? C'était impossible. Complètement inenvisageable, mais cette chute, je ne l'avais pas rêvée !

Finalement, la sonnette me sortit de mes réflexions. Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas entendu. Mais toute cette agitation était peut-être le signe pour moi qu'il était temps de bouger. Certes, Jasper n'était pas là pour m'aider. Mais peut-être que ce geste, aller vers les miens, devait être fait par moi et moi seule, sans aide, avec mes pensées et mon courage.
De ce fait, je quittai lentement la chambre et descendis l'escalier. Chaque marche me pesai. C'était si dur. Je n'étais plus la même et j'avais la peur terrible de ne plus jamais l'être.
J'entendis des voix au salon, de ce fait, je m'y rendis. Bella s'y trouvait en compagnie de deux jeunes femmes que je ne connaissais pas.
L'une d'elle était une hybride d'après mes sens. L'autre semblait humaine, mais peut-être était-elle plus que cela ?
Je n'en aurais pas été surprise. Inutile d'espérer s'appuyer sur mes visions pour comprendre. De toute façon, je n'en avais pas envie. Je n'étais pas prête à voir plus, en sachant que j'étais étouffée par le passé et même le présent.

-Bella ? murmurai-je d'une voix faible en me tenant à l'entrée du salon sans oser entrer vraiment.

Je n'avais pas parlé à ma meilleure amie depuis mon retour et elle me manquait tellement. Je me sentis si triste et à la fois, si rassurée de pouvoir la voir à nouveau, en chair et en os. Elle m'avait horriblement manquée elle aussi. Ma si précieuse Bella. Et je me fis violence pour ne pas penser à la raison principale de mon mutisme. Je devais lutter pour réintégrer un dialogue et empêcher la culpabilité de m'enterrer vivante.

-Qu'est ce qui s'est passé ? demandai-je.

J'osai un regard vers les deux invités.

-Bonjour, leur dis-je doucement, je suis Alice.

Dire que je m'amusais était un sacré euphémisme, il fallait voir la tête de notre chère Isabella pour se rendre d'au combien la situation était comique. Cela faisait un moment que je ne m'étais pas autant amusé quoique le petit jeu que j'avais crée entre Alice et Edward m'avait aussi beaucoup distrait.

Sauf que mon petit amusement fut interrompu lorsque la sonnette retentit. Je vis du coin de l'oeil deux jeunes femmes à la porte et j'entendis surtout Edward les qualifier de stripteaseuses. Je faillis m'étouffer de rire, je devenais puéril mais sincèrement ce Edward là était beaucoup plus amusant que l'habituel. Je sentis la rage de Bella devenir encore plus forte, si cela continuait elle allait finir par étrangler son mari, ce qui me ravirais au possible.

Mon petit jouet préféré fila de la pièce, j'allais le suivre quand je vis avec détail les deux inconnues. Deux très belles jeunes femmes comme on en voyait rarement et pourtant je fréquentais des vampires depuis un moment mais la brune aux yeux d'un bleu éclatant retint particulièrement mon attention. Je la dévorais des yeux avec appétit, elle éveillait en moi mes plus bas instincts, elle était sculpturale mais surtout elle dégageait une aura féroce. A n'en pas douter elle devait être une guerrière. J'allais peut-être la suivre après en avoir fini ici, un peu de compagnie ne serait pas de refus.

Et comme pour mettre une jolie cerise sur le gâteau Alice vint se joindre à nous. Elle avait l'air moins détruite qu'Edward mais ça c'était uniquement grâce à son mari, qu'il pouvait m'agacer aussi celui là. Son don permettait de rendre supportable la douleur de ma seconde proie mais pour le moment Edward me satisfaisait. Toutefois en la voyant ainsi, seule, je ne pus m'empêcher de me dire que j'allais pouvoir en tirer parti, j'attendais juste pour cela le retour d'Edward. Je m'imaginais déjà leur faire revivre leur petite escapade dans la bibliothèque de Volterra mais cette fois avec un public.

Mais mes plans furent légèrement perturbés car celle qui avait dit s'appeler Calypso fit disparaître mon sort de dissimulation tout en informant son amie de ma présence et surtout de ma puissance. J'en haussais les sourcils tel j'en fus surpris, et bien je ne l'avais pas vu venir celle-ci. Je repris contenance et me levais avec ma classe habituelle.

- Dire que je suis très puissant est un doux euphémisme très chère dis-je en souriant avec une pointe de machiavélisme. Je ne m'attendais pas à être démasqué mais maintenant que cela est fait autant faire cela dans les règles. Je m'appelle Dean Blake mais certaines d'entre vous me connaissent déjà plutôt bien.

Mon regard avait dévié sur Bella que j'avais brièvement croisée dans l'église de Volterra quand je m'étais attaqué à Esmée mais surtout je m'attardais sur Alice, elle savait qui j'étais et surtout savais pour qui j'avais travaillé.

Je ne pouvais pas le nier. C'était très bon de retrouver ma meilleure amie. Et ce fut encore meilleur quand elle s'approcha de moi, attrapa mes mains et s'adressa à moi avec une grande douceur. Elle ne semblait pas m'en vouloir. Ce qui était à la fois généreux de sa part et très rassurant pour moi. J'eus envie de la serrer dans mes bras, de lui demander pardon, de me rappeler à son contact ce que ça faisait d'être l'Alice d'autrefois, mais ce qu'elle dit ne m'en laissa pas l'occasion.

-Comment ça ? Tu pars avec Nessie ? répondis-je.

Il y avait plus de panique dans ma voix que je ne l'aurais voulu. Je la regardais effrayée. Je n'avais pas fait cela... tout sacrifié ...auprès des Volturis - ma liberté et mon estime de moi y compris -  pour que la famille soit finalement déchirée ! Et puis, j'avais besoin d'elle. C'était peut-être égoïste, mais j'avais infiniment besoin de ma meilleure amie. Peu importe tout ce qu'il s'était passé, elle faisait partie des êtres qui me rendait complète et j'avais hâte de l'être à nouveau, ou d'essayer...

-Non, murmurai-je comme si j'étais soudain rattrapée par la réalité après toutes ces journées à tâcher de me reconstruire dans le secret de ma chambre.

Puis elle aborda brièvement la gravité de la situation concernant Edward.

-Rien de plus ? m'étonnai-je.

Elle semblait en passe de remettre leur union en question ... Ça n'était pas rien. Ces satanés volturis nous pourrissaient décidément jusqu'ici.
Et moi qui n'avait fait que tenter de me guérir. Sans voir que le calvaire d'Edward l'avait poursuivi jusque dans notre foyer, notre refuge.

Bella me présenta les deux jeunes  femmes qui étaient là. Elles étaient belles et sympathiques. Et je fus partagée entre le soulagement que mon amie ait trouvé de l'aide quand je n'étais pas capable de lui en fournir mais aussi une légère jalousie. Je n'avais jamais entendu par de ses " amies de longues date ". Moi qui croyais tout connaitre de Bella... Mais pouvais-je lui reprocher ? Elle était loin de tout connaitre de moi...

-Bonjour à vous deux, répondis-je avec un sourire aux invités qui se présentèrent à moi.

Je n'eus pas le temps d'intervenir davantage, qu'il se passa quelque chose de stupéfiant. Un homme apparu sur un fauteuil, et son visage exprima un instant le même étonnement que le mien.
D'après ce que je compris, c'était la jeune Calpyso qui venait de dévoiler sa présence. Mais bientôt, ma surprise fit place à des souvenirs, un enchevêtrement de moments passés à Volterra, où ce beau visage malveillant m'était souvent apparu dans l'ombre. Sans jamais me parler. Je l'avais vu proche d'Aro. Le servir et le contenter comme personne, ne quittant jamais cette expression de supériorité et de contrôle, qu'il reprit aussitôt. Il se mit à parler. Et mon corps se raidit. Jasper me manquait plus cruellement que l'air à un humain sous terre.
La terreur me rempli elle aussi. Même si je ne savais pas quel rôle exact cet homme avait joué dans mon calvaire, je fus convaincue à l'instant même qu'il avait effectivement joué un rôle, mon corps, le reconnaissait mieux que mon esprit ne le pouvait.

Il se présenta, tout sourire, et son regard rencontra le mien. Aussitôt, une haine vorace s'empara de moi. Il symbolisait en chair et en os la torture que j'avais vécu là-bas. Les choses qu'on m'avait forcé à faire, les choses qu'on m'avait montré et les choses que j'avais subi. Tout ce mélange de souvenirs atroces s'abattit sur moi avec pour déclencheur ce visage. Il avait toujours été là, dans l'ombre, artisan de ma souffrance, artisan de ma destruction. Ma colère n'avait jamais été aussi intense, c'était celle de la vengeance, réveillée tout à coup après des mois d'agonie et des heures entières à essayer d'en guérir auprès de mon ange gardien personnel. Mais il n'était plus question de Jasper désormais, ni même de ma famille, seule la haine comptait.

Et c'est elle qui me projeta sur lui à vitesse vampirique à peine eût-il fini de parler. Je voulais le tuer. Je voulais qu'il souffre. J'attrapai aussi vivement sa tête, une main sur son torse pour le serrer contre moi, une autre sur son front pour pencher sa tête, tout cela à une vitesse qui échappait à l’œil humain et plongeai mes crocs dans sa gorge.

En fait, je ne voulais pas le tuer. Je voulais qu'il souffre, je voulais faire jaillir son sang, puis chacun de ses organes, suffisamment patiemment pour que la vie persiste en lui afin qu'il déguste lentement.

Tout à coup, je me rendis compte de ce que je faisais. Du goût imparablement délicieux du sang sur ma langue. Je le lâchais. Comme effarée par mon propre comportement. Par la fièvre soudaine qui m'habitait et avait teint d'encre mes yeux.

Je m'écartais, essoufflée, surprise et dévastée par l'énergie de la haine qui m'avait emplie, comme réveillé après des mois d'inertie.

Dean ne semblait pas choqué ou effrayé par mon attaque et le sang qui coulait désormais de sa nuque. Il me regardait en souriant, toujours avec cet air de supériorité. Peut-être avait-il même le pouvoir de m'empêcher d'agir. Si j'avais été fine, j'aurais été plus inspirée de le tuer sur le coup, son assurance que je n'allais pas le faire m'aurait laissé la part belle, mais désormais, il était trop tard. Et lui trop fier.

-Vous êtes heureux, réalisai-je écœurée, heureux de me voir devenir un monstre comme vous.

J'essuyais le sang d'un revers de manche. Il y en avait sur ma chemise de soie. Mes cheveux noirs étaient légèrement ébouriffés. La délicate petite Alice, repliée sur elle même, avait laissé entrevoir la lionne vengeresse qu'ils avaient créés, lentement mais sûrement, là-bas, à Volterra, cette part de moi que je venais de découvrir en même temps que tout le monde.

-Cet homme travaille pour les Volturis, il a participé à me... à nous  torturer... Edward et moi, lorsque nous étions prisonniers, déclarai-je à l'intention des autres personnes présentes.

Je n'osais pas vraiment les regarder, trop inquiète à l'idée de les avoir choquées. Mais une faible part de moi estimais que cet instant de faiblesse n'était pas si grave et même compréhensible. Sauf que tout le reste de mon être criait qu'ils avaient réussi à me changer. Comme le confirmait cette expression sur le visage de Dean.

-Bella, murmurai-je en regardant ma meilleure amie avec désespoir et amour. Ce type nous contrôle, ou il nous a contrôlé, Edward et moi, pour nous faire perdre la tête. C'est pour ça qu'Edward a pété un câble. Il t'aime Bella. Il t'aime ... plus qu'il est possible d'aimer. Sa folie est à la hauteur de l'amour qu'il te porte. Je t'en supplies crois-moi. Et sache que je t'aime aussi, ma sœur. Tu m'as horriblement manqué. Et tu me manque encore. Car ils m'ont changé là-bas... et je ne sais pas si nous pourrons être un jour réunies comme avant.

J'avais mal mais c'était bon de parler tout à coup. Tellement libérateur. Peu importe que nous ayons un public, peu importe Dean qui n'en avait sûrement pas fini avec nous... J'avais parlé. Juste un peu. Juste assez pour le moment.

Je souriais toujours avec un regard carnassier, j'étais un prédateur et devant moi se trouvait pléthore de mes proies préférées, une en particulier, la douce et délicieuse Alice Cullen. A Volterra je l'avais brisée, chaque baiser qu'elle avait échangé avec son si cher Edward avait détruit un peu plus son âme. Les tortures psychologiques laissaient plus de marques que celle faites au physiques et elle en était la preuve vivante. Et je devais avouer que je me délectais d'avoir laissé cette empreinte indélébile sur elle, là où même la méphistophélique Heidi avait échoué, moi j'avais triomphé.

Toutefois ce à quoi je ne m'étais pas préparé ce fut la réaction de ma victime, elle se jeta sur moi avec une force et une vivacité hors du commun. Elle ne m'arracha pas la tête comme j'y avais songé un quart de seconde, non, ce fut bien mieux. Elle me mordit, une main immobilisant mon torse et l'autre me dégageant le cou, elle s'abreuva comme si sa vie en dépendait. Je sentais la rage, la haine, le dégoût, tous les sentiments qu'elle avait refoulé elle me les balançait au visage à travers cette morsure. Je la laissais faire car je savais que je gagnais, elle n'allait pas me tuer elle en étais incapable mais cet acte de sauvagerie était mon dernier triomphe sur elle, sur tout son être.

Comme je l'avais deviné elle recula avant d'avoir terminé son oeuvre et me regarda avec aversion, elle avait comprit ce que moi j'avais su bien plus tôt. L'exécration qu'elle ressentait pour elle présentement était la cerise sur le gâteau, c'était encore mieux que toute masturbation possible. Elle réalisa que j'étais heureux, satisfait de la voir se transformer en le monstre que j'avais patiemment forgé et le prononça à voix haute mais plus pour elle que pour l'auditoire.

Puis elle se tourna vers les spectateurs bien trop choqués pour prononcer un mot et expliqua que j'étais le célèbre bourreau de Volterra. En guise de réponse je me penchais comme pour saluer la foule en délire tout en profitant de ce moment de répit pour consolider mes sorts de protection, j'avais été un peu outrecuidant de croire que personne ne m'attaquerait, les gentils n'étaient plus ce qu'ils étaient, mais où allait donc le monde !

Quant à la tirade suivante d'Alice, j'aurais préféré que mes tympans fussent touchés tant ce flot de paroles plus mièvres que du miel m’écœurait au plus au point. Je t'aime, tu m'aimes, nous nous aimons, bravo elle savait conjuguer, une médaille peut-être ? Je baillais ostensiblement pour signifier mon ennui mais personne n'avait l'air de se soucier du puissant mage noir que j'étais, et bien j'allais finir par me vexer.

Toutefois je remarquais que la jolie brune qui m'avait tapé dans l'oeil un peu plus tôt ne me quittait pas du regard. Me surveillait-elle ? Très certainement, mais je ressentais aussi autre chose que je n'arrivais pas à déceler. J'avais bien envie d'aller fouiller dans sa petite tête mais la sorcière en herbe, qui n'avait pas l'air de savoir ce qu'elle faisait et qui pourtant était très puissante, allait sûrement repérer mes manigances. Il allait falloir que je patiente pour savoir ce qu'il allait advenir mais un corps à corps avec cette lionne ne me déplairait pas.

Bon il était temps que je revienne sur le devant de scène, j'étais le personnage principal tout de même.

- Alice, je me permets d'intervenir mais dans ta jolie déclaration tu as oublié un point important, non ? dis-je avec innocence.

J'aimais cette fausse familiarité que j'instaurais avec Alice, tout cela juste pour la rendre encore plus folle de rage. Mais j'avais décidé de pousser les choses à leur paroxysme, je voulais qu'elle avoue ce qu'il s'était passé, qu'elle regarde sa chère belle soeur adorée dans les yeux et qu'elle lui dise "je suis désolée j'ai baisé avec ton mari, mon propre frère". En réalité ils n'avaient pas réellement copulés ensembles, ils avaient juste échangés quelques baisers fiévreux et un chouïa de frotti-frotta mais ça ils ne le savaient pas. J'avais implanté de faux souvenirs en eux, je trouvais cela bien plus amusant ainsi.

De nombreuses émotions se débattaient en moi. La haine bien sûr, mais aussi la culpabilité, l’atroce souffrance, la honte, la solitude… Je me sentais de plus en plus diminuée et je percevais que, si je continuais dans cette voie, il ne resterait rien de moi. J’allais être détruite, là devant tout le monde en révélant ce qui s’était passé. Jasper ne serait pas là pour ramasser les morceaux à la petite cuillère, j’allais les laisser achever leur œuvre sur ma personne : la destruction totale, la suppression d’Alice Cullen en direct.

C’est cette pensée qui tira ma sonnette d’alarme intérieure. Je ne voulais pas mourir. Je ne voulais pas que, la prison forgée par les Volturis et implantée dans mon cerveau, ait raison de moi. J’étais sortie de ce calvaire.

Soudain, me vint à l’esprit la phrase de mon mari. Qu’il serait là. Qu’il m’attendrait des siècles s’il le fallait. Je sus immédiatement que si je lui avouais toute la vérité, il saurait tout.  À quel point, par exemple, j’étais innocente, car c’était le cas. Je n’avais jamais voulu qu’il se produise cela avec mon… frère. C’était même la pire chose qui puisse arriver à une sœur aimante. La pire des atrocités. Il saurait, puisque Jasper lisait en moi, et qu’on ne pouvait décemment par lui mentir, il saurait à quel point je l’aime et à quel point j’avais lutté. Il pourrait me pardonner. Qu’il m’accepte à nouveau en tant que son épouse n’appartiendrait qu’à lui, mais lui saurait toute la vérité.

Forte de cette réalisation, je compris que plus rien d’autre ne comptait si ce n’était d’avancer. De voir renaitre Alice Cullen. Et peu importait que je sois ou non validée par ceux que j’aimais. Il fallait d’abord être prête à les perdre pour mieux les retrouver.

Aussi, je redressai soudainement le menton et plantai mes yeux dans ce sorcier qui fanfaronnait.

Il disait que j’avais oublié un point crucial, Bella s’attendait au pire et elle avait raison. J’avais mal de lui infliger cette épreuve, mais il le fallait. Pour elle. Pour moi. Pour nous tous.

Un sourire froid se traça sur mes lèvres tandis que mon corps se redressait, récupérant toute sa superbe.

-Tu parle sûrement du moment où tu nous as violé Dean ? Tu veux pousser mon humiliation jusqu’à ce que j’en parle devant tout le monde ? Tu veux achever de me détruire ?

Je le jaugeai avec répugnance.

-Et bien tu n’y parviendras pas. Jamais plus. Je pense que tu me sous-estime et tu sous-estime aussi cette jeune femme.

Je montrai d’un coup de menton la jolie sorcière.

-Depuis qu’elle t’a rendu visible, je ne cesse de sentir ton emprise diminuer. Je commence à me sentir plus libre. Je viens de prendre conscience d’à quel point c’était ta voix dans mon esprit, sans cesse, qui me poussait à me haïr…. Qui m’éteignait. Mais tout à coup je ne l’entends plus. À tel point que je ne suis même plus très sûre de ce qui s’est passé avec Edward ce jour-là. Tout est flou. Peu importe !

Je me tournai vers Bella.

-Bella, tu es ma meilleure amie, ma sœur. Tu le seras éternellement pour moi. Tu ne pourras peut-être jamais me pardonner mais je pense que tu me connais assez pour comprendre que ce qui s’est produit était la pire chose qui pouvait m’arriver. Dean m’a forcé à coucher avec Edward. Ce souvenir atroce a bien failli me détruire. J’aime Edward comme mon frère depuis des décennies, c’était une excellente trouvaille pour nous démolir lui et moi. Félicitation Dean.

Je me tournai à nouveau vers lui.

-Tu as bien réussi sur ce point. Tu as détruit un lien fraternel qui comptait énormément pour moi. Et si Bella ne parvient pas à passer au-dessus de cette horreur, peut-être que je la perdrais bientôt elle aussi. Bravo.

J’applaudis.

-Mais tu ne m’as pas détruite. Tu m’as peut-être changée, c’est vrai. Toi sans oublier Heidi et toute votre clique de gothique libidineux, avaient eu une influence sur moi. Je ne serais peut-être plus jamais la même. Mais je commence à penser que vous m’avez surtout rendu plus forte. Tu as pris mon libre arbitre, ma dignité et maintenant ma famille… Tout, mais tu vois, moi tu ne m’auras jamais.

Je souris, toujours aussi forte et glaciale.

-Même si tu parvenais à me tuer, car je ne doute pas de ta puissance j’en ai fait les frais… Et bien même dans ce cas, sache que le dernier regard que j’aurais pour toi sera totalement insoumis. Je ne serais plus jamais une victime. Tu m’as enseigné à la perfection comment cesser d’en être une.

J’eus soudain une vision, Satine et Dean faisant des choses pour le moins déconseillées au moins de dix-huit ans. Je fus prise de court un bref instant. Cela faisait si longtemps que je n’avais plus de vision. Était-ce la preuve que j’étais en pleine guérison ?

-Maintenant je pense qu’il est temps que tu partes Dean. Je doute qu’Aro veuille que tu en fasses davantage. Et de toute évidence, Satine et toi avaient des choses à faire qui ne nous concerne plus.

J’étais partie chasser, c’est pourquoi je n’étais pas à la maison quand tout ce passa. Lorsque je suis arrivée près de chez moi, les cris que j’entendis me glacèrent le sang. Je restais un instant sans bouger, écoutant, sans savoir quoi faire. Belle partir avec Nessie ? Entendre Edward parler ainsi…Je n’arrivais pas à saisir. Et puis, toutes ses personnes qui venaient dans ma maison, se mêler de tout ça. C’est une histoire de famille et l’idée que des inconnues puissent intervenir ne me plaisait pas. Je savais qu’Edward et Alice n’était pas revenus comment ils étaient partis…Ils avaient changés et refusaient d’en parler, même à moi. N’était-ce pas mon rôle de les écouter ? De les comprendre ? J’avais senti mon fils s’éloigner de moi, de sa famille, de nous, Alice avait fait pareil… Je n’arrivais pas à saisir l’ampleur de leur douleur, ni à deviner ce qu’ils avaient vécut. Dans un certain sens, je ne voulais imaginer ce qu’ils avaient vécus pour les changer autant… Oh mes pauvres enfants… J’avais tellement mal pour eux. Je n’ai pas de don, si ce n’est la fibre maternelle et l’empathie que j’avais pour eux, pour mes enfants…Je pouvais ressentir la haine, la tristesse, la perdition dans leurs yeux ainsi que dans les âmes…Oh mes pauvres enfants.
Je n’avais pas donné mon consentement à Bella parce que je pensais qu’elle ne partirait pas. Je pensais qu’elle s’éloignerait un peu, mais pas au point de prendre ma petite fille et de s’éloigner de nous. Je ne pense pas que c’est une punition pour nous, mais je ne voulais et ne pouvais pas permettre ça. J’avais entendu tout ce qu’Edward avec dit…Comment était-ce possible qu’il puisse dire ça ? Ça n’était pas son genre non ! Ça n’était pas mon fils !
J’étais restait à l’extérieur car je ne savais pas quoi faire, quoi dire. Devais-je aller voir mon fils ? Tenter de le calmer, de le ramener à la raison ? Devais-je allez voir ces filles pour tout calmer, pour tenter de faire rester Bella chez nous ? Et puis, lui y eut ce quelque chose…Une autre personne prit la parole. Commença une joute verbale et lorsqu’Alice prit la parole… J’en fus plus que choquée… Anéantis était le mot. Violer ? Alice et Edward, ensemble dans un lit ? C’était horrible. Même s’ils n’étaient pas frère et sœurs de sang, ils étaient de la même famille. Je comprenais leur rage, leur haine et ce qu’ils pouvaient ressentir. Comment pouvaient-ils se supportaient après tout ça ?
C’en était trop pour moi. J’accourus chez moi, avec hâte et me mis entre ma famille et cet homme.
- Vous allez partir de ma maison, maintenant !
Je n’étais, à l’instant, plus la frêle mère de famille qui se cachait derrière son mari, qui le laissait parlé. J’étais celle qui avait récupérer une famille et il était hors de question que tout éclate. L’attitude de mes enfants me revenait en tête, les paroles d’Alice étaient un écho qui refusait de partir. Je n’arrivais pas à saisir comment quelqu’un pouvait faire ça à ma famille. Je serrais les poings tant j’étais énervée et désabusée par tout ce qu’il venait de se produire. Je n’avais pas été présente et pourtant, j’avais tout entendu, presque vu. Il n’était pas logique que des personnes puissent à ce point vouloir en détruire d’autres et faire ça.
- Vous allez repartir chez vous et leur dire que c’est fini ! Vous ne toucherez plus à ma famille !
L’élan de rage qui m’animait à l’instant n’avait jamais aussi puissant. Je me retournais pour faire face aux filles et alla vers Bella en premier. Ma main lui passa sur la joue et mon regard voulait tout dire « Ne pars pas…Restes avec nous et pardonne lui. ». Puis, je lançais un regard vers Alice et me dirigeais vers elle. Je lui pris la main puis passa mon autre main derrière son dos. Si les mots n’étaient pas utiles, mon attitude lui prouvait que j’étais là, qu’à jamais je serais présente dans sa vie.

Quand arrêterais-je de triompher ? Très certainement jamais. J'avais jeté un pavé dans la mare aux canards et voilà que les poules s'agitaient comme à l'heure de la ponte. Mais j'étais vraiment déçu de ne pas pouvoir prendre de pop corn car le film qui se jouait devant moi me divertissait au plus au point. Une fois ma petite insinuation lancée je vis le visage de la chère Bella se décomposer et ce fut d'une voix mal assurée qu'elle demanda à sa grande amie slash belle soeur, ce qu'il s'était passé. Des regards furent échangés mais tout cela traînait en longueur si bien que je commençais à m'ennuyer ferme d'autant plus que la petite sorcière de pacotille ne pouvait s'empêcher de me fixer, je pouvais lui signer un autographe si elle voulait.

Et le miracle arrivât enfin, Alice ouvrit sa jolie bouche mais son regard avait changé, il paraissait plus déterminé, même sa posture n'était plus la même. Elle avait redressé ses épaules et portait sa tête fièrement, elle voulait se rebiffer ? Soit, j'aimais quand les proies se débattaient. Toutefois son discours ne se fit pas aussi palpitant que je ne l'aurais voulu, il était long, très long et à part dire que j'étais une raclure et elle un pauvre petit oisillon qui avait été manipulé et blessé, tout cela n'était pas ce que j'avais espéré. Je pensais plutôt à un "Mon frère et moi avons baisé comme des animaux en rut", ça avait plus de mordant non ?

Enfin laissons mes rêves de côté et passons à la réalité, qui était bien moins fantasmagorique. Je me moquais de ce qu'elle pouvait dire toutefois quelques bribes me faisaient tiquer, mon emprise avait diminué ? Je n'aimais pas du tout ça, j'étais le plus puissant mage noir que la terre avait porté et ce n'était pas une adolescente prébupere qui allait interférer dans mes plans machiavéliques. Aussi je profitais de l'incessant blabla de la vampire pour lancer un petit sort à l'encontre de celle qui me tapait sur le système, oh rien de bien méchant juste de quoi lui donner une migraine, une de celle dont on aimerait mourir et qui vous fait saigner des oreilles.

Puis les dernières paroles d'une de mes victimes favorites parvinrent à mes oreilles, elle élucubrait sur le fait que plus jamais elle ne serait soumise grâce à moi, et bien j'avais bien travaillé à priori. J'avais lui répondre qu'on pouvait reprendre les cours quand elle voulait lorsqu'elle reprit la parole et le moins que l'on pouvait dire c'était que je m'étais pas attendu à ça. Pourquoi parlait-elle de Satine et de moi ? Je jetais un regard vers la sculpturale brune et compris, Alice avait eu une vision enfin c'était ce que je supposais, j'allais donc conclure ce soir. Quelle bonne journée je passais.

- Je te remercie Alice pour ce très animé discours et c'était un plaisir pour moi de forger la nouvelle femme que tu es devenue et si tu as besoin de cours du soir je suis tout à toi. Toutefois maintenant que je te connais bien et sous tous les angles, je veux bien aussi accepter d'enseigner à ta nièce, elle est tout à fait exquise.

J'avais insisté en prononçant le dernier mot, je savais que de parler de leur très précieuse Renesmée allait terminer de les rendre complètement dingues, mais c'était bien le but de la manoeuvre.

- Mais détrompe toi, Aro ne sait rien de tout ça, ma venue est une volonté très personnelle et quand bien même je n'en aurais fait qu'à ma tête, personne ne peut me contrôler, absolument personne.

Ma voix se faisait menaçante, ténébreuse, l'air autour de moi crépitait et mes yeux déjà noirs prenaient la couleur profonde de l'obsidienne. Mais que croyaient-ils ? Une bande de bons samaritains contre moi ? C'était presque vexant pour moi telle l'issue du combat était jouée d'avance.

J'aillais ajouter quelques paroles licencieuses envers la délicieuse Satine quand la matriarche des Cullen déboula comme un boulet de canon en hurlant que je devais partir de leur maison. Il ne manquait plus qu'elle, mais finalement elle avait sa place ici car elle était celle qui avait déclenché toute cette pagaille.

- C'est toujours un plaisir de vous voir Esmée.

J'avais prononcé son prénom comme s'il s'agissait d'une insulte, elle m'avait échappé une fois cela n'allait pas se reproduire, parole de sociopathe.

- Vous savez c'est très amusant que vous arriviez ainsi, toute fanfaronnante alors que la souffrance actuelle de vos enfants est de votre fait. Si vous m'aviez laissé faire dans cette pittoresque église nous n'en serions pas là. Vous ne pouvez que vous en prendre à vous même.

Dire que je poussais le bouchon un peu loin était un euphémisme que j'étais prêt à accepter mais la situation m'excitait comme un adolescent découvrant ses premiers pornos aussi je voulais que ce moment dure le plus longtemps possible.