Rencontre entre deux robes.

Je soupirais. Cette robe m'avait occupée depuis deux jours. Mais j'en était tellement fière ! Elle était pour moi, et j'en était ravie. C'est vrai que je pouvais l'être, la plupart de mes créations étaient pour Mal. Bon, j'en gardait certaines pour moi, mais pas tant que ça.

robe:

J'ai décidé de faire une pause. Sortir un peu, là où je pourrais m'adonner à ma seconde passion. Le dessin. Sans même réfléchir, je me suis enfoncée dans la forêt. J'étais vêtue de ma robe que je venais de faire, et j'avais mon matériel sous le bras.
Je n'ai pas hésité en prenant le chemin. J'allais droit devant. Et même pas peur de ce qu'il pouvait y avoir en forêt. En fait, je n'y ai pas pensé. C'est bête, hein ? Mais je ne me suis pas dit qu'on pouvait m'attaquer.
Bref, je suis arrivée aux falaises. C'est là que les gars de La Push venaient plonger, mais aujourd'hui, il n'y avait personne. Je me suis assise sur un rocher à quelques mètres du bord, et j'ai dessiné ce que je voyais.
En bas de la page, la fin de la falaise. Au dessus, les vagues. Bleu, blanc et gris se confondaient. Elles paraissaient bouger. J'avais un don pour le dessin. J'ai sourit et relevé la tête. J'ai sursauté et je suis tombée au sol.
Un homme se tenait en face de moi. Je me suis relevée, et je lui ai sourit. Il était mignon. Avec un sourire charmant, je me suis présentée :

Evie Gimhilde. Enchantée.

Il s'est présenté. Un certain Damon Mils. Ce nom ne me disait rien. Pas étonnant, je ne connaissais personne. Bref il m'a tendue la main. J'ai faillit lui répliquer qu'on ne serrait pas la main au femme, mais je ne voulais pas qu'il se sente agressé. Surtout que, je dois bien l'avouer, il me plaisait.
De type caucasien, il était brun aux yeux marrons. Et grand. Il me demanda, me sortant de ma torpeur :

Vous ne vous êtes pas blessée ?

J'ai secoué la tête et murmuré :

Non, et sinon, je guérirais.

Je remarquais qu'il avait toujours la main tendue. Je l'ai ignoré et je l'ai embrassé sur les deux joues. Il sentait la forêt et l'animal. J'ai pensé à un Modificateur, ou alors à un loup. Je verrais bien.
Je lui ai adressé un sourire, qui n'avait pas pour but de lui sourire, mais de le séduire. Mon don était utile, souvent. Un battement de cils a terminé ma manipulation. Je verrais bien si il était charmé.
Généralement, les hommes balbutiaient, me trouvaient belle, et finissaient par me le dire. Après un instant de réflexion, j'ai mit fin à l'emprise de mon charme sur lui. Je devais le séduire par moi-même.
Je savais que si il avait été envoûté, il le sentait. J'ai rougit et murmuré :

Excuse-moi, je n'aurais pas dû...

Une larme a coulé sur ma joue. J'avais tout gâché, j'en étais sûre. Il allait partir et je me retrouverais seule. Enfin, c'est ce que je pensais.

Avec une gentillesse qui le rendait encore plus adorable, il me demanda si il devait me laisser. Avec empressement je lui répondit :

Oh non, je t'en prie, reste !

Puis j'ai réalisé ce que je venais de dire. Rougissant, j'ai balbutié :

Enfin, je veux dire, tu... Tu peux rester...

Mes yeux ont fuis les siens et j'ai sourit. Il était beau et il me plaisait. C'était suffisant pour que je lui parle. Relevant la tête, j'ai essuyé mes larmes et je lui ai sourit pour me redonner une contenance.
J'ai repris mon carnet de dessins et j'ai regardé mon oeuvre. Pas mal. Enfin, plutôt bien. Mais il manquait quelques détails. Avec mon oeil habitué, je pouvais même dire quoi.
Des reflets, et quelques arbres avaient des formes étranges. Mais bon, je ne pourrai pas le reprendre. C'était trop tard. Curieusement, cela ne m'embêtait pas. J'ai alors demandé :

Peut-être veux-tu marcher un peu ? Ou alors je peux t'inviter a boire un verre chez moi... Comme tu veux !

Je ne me souciait pas d'avoir été brusque. Un sourire charmeur et je pourrais le forcer à rester. Je ne voulais pas le faire. Mais je n'aurais peut-être pas le choix. C'était à lui de voir.

J'ai souris. Il voulait donc marcher et boire un verre avec moi. C'était plutôt bien parti. Il pensait pouvoir me faire fuir. Moi, Evie Gimhilde, fuir devant un si beau jeune homme ? Et puis quoi encore ? J'ai secoué la tête et je l'ai suivi entre les branchages. J'aimais sa compagnie, c'était génial de rencontrer des gens comme lui.
Lorsqu'il me demanda si j'habitais Forks depuis longtemps, j'ai toussoté. Puis j'ai entamé, sur le ton de la confidence :

Non, je ne suis là que depuis quelques semaines. Je suis venue ici pour le lycée et aussi à cause des rumeurs.

J'entendais les voitures s'approcher. La route n'était plus loin. J'ai continué de marcher et je suis finalement arrivée sur le trottoir. Lentement, j'ai pris le chemin de chez moi. Puis, arrivée à la porte, j'ai ouvert et lui ai fait signe d'entrer.
Je lui ai servi un verre de sirop de grenadine. Tout le monde aime la grenadine. Bref, après, je lui ai demandé :

Et toi ?

Les rumeurs ?

J'avais attisé sa curiosité. Et en marchant, j'avais tout bonnement oublié de lui répondre. J'étais plus concentrée sur l'attention à ne pas abîmer ma nouvelle robe. Cela me revint à l'esprit alors que je portais mon verre de grenadine à mes lèvres. Je bus une petite gorgée, avant de lui répondre :

Eh bien, j'ai entendu dire qu'il y aurait des phénomènes paranormaux. Plus précisément, des histoires de loups-garous et de vampires. J'ai été curieuse, et je suis venue m'installer ici pour en savoir plus sur la véracité de cette histoire.

Il me raconta son histoire. Il n'était pas un nouveau venu, contrairement à moi. Et il avait une petite sœur, prénommée Angel. Qui devait avoir mon âge, puisqu'il le disait. Je cherchais, mais ce nom ne me disais rien. J'ai soupiré :

Non, je ne la connaîs pas...

Alors que je buvais une seconde gorgée, il me précisa :

Nous avons emménagé ici après la mort de nos parents.

J'ai manqué de m'étouffer. Ainsi, il avait perdu ses parents. J'ai posé ma main sur son bras, compatissante. Cet homme, que je trouvais de plus en plus charmant, avait vraiment eu une vie difficile. Ne voulant pas le faire souffrir davantage, je n'ai rien rajouté, me contentant de finir mon verre d'une traite. Puis, mon ventre commençant à se faire entendre, j'ai annoncé :

Je t'invite à manger ici !

J’espérais que ce repas lui remonterais le moral. Alors, avec douceur, je me suis levée, et je me suis dirigée vers mon congélateur. L'ouvrant, j'ai sorti deux steaks, et des pommes de terre sautées. Puis, j'ai allumé le gaz, mis les steaks à chauffer et allumé la friteuse. En attendant que tout cuise, je me suis rassise et j'ai murmuré :

Et tu habite où ?

Nous avons un petit appartement dans le centre ville. Et au fait cela ne va pas déranger tes parents que je sois là ?

Je passais ma main dans mes cheveux. Il venait de toucher un point assez sensible, mes parents me manquaient. Mes yeux se remplirent de larmes contre ma volonté, et je masquait cela en souriant et en essuyant mes yeux comme si j'avais une poussière. Puis je répondis :

Mes parents... Ils sont restés à Los Angeles, d'où je viens. Eh oui, j'ai quitté le magnifique soleil pour un coin pluvieux. Mais je ne savais pas comment c'était ici, à vrai dire. Ils me manquent beaucoup.

Je baissais la tête, puis me tournais face au repas qui avait fini de cuire. Me mouvant dans la pièce gracieusement, je sortit deux assiettes, les couverts et les disposait face à face sur la table. Puis je remplis les assiettes, et m'assis. Je saisis ma fourchette et commença à manger tranquillement.
J'avais fait cuire la viande parfaitement, et les patates aussi. J'avais l'habitude de cuisiner. Alors que j'étais tranquillement en train de manger, je sentit un poids s'installer sur mes genoux. Je baissais la tête, pour découvrir mon chaton, qui quémandait un bout de viande. Je secouait la tête et dit :

Non, c'est pas bon pour toi. Allez, tu as à manger dans ta gamelle!

Il descendit et je finis de manger. Puis je servi des desserts, yaourts, avant de débarrasser lq table et de murmurer :

Excuse moi d'être aussi indiscrète mais... As-tu une petite amie ?

La question me taraudait l'esprit depuis le début, et je devais savoir.

Je te remercie, c'est vraiment délicieux.

Je rosit un peu devant son compliment. Je n'avais pas l'habitude de cuisiner pour les autres, généralement c'était des trucs vite faits pour moi. Enfin, il répondit à ma question :

Non, je suis un loup solitaire. Et toi ?

Oh, il n'avait pas de chérie. Quelle veine ! Je répondis à ses interrogations :

Oui, je vis seule. Enfin, à moins que vivre avec mon chat signifie vivre avec quelqu'un. Et non, je n'ai pas trouvé celui qui volera mon cœur. Enfin, je crois...

Mes derniers mots, prononcés comme si je cachais quelque chose, étaient tellement pleins de sous-entendus que personne ne pouvais douter de ce qu'ils signifiaient. Oui, j'étais amoureuse du loup en face de moi. Mais je n'en avait pas honte, ou peur, ou quoi que ce soit d'autre. J'en étais fière.
Quelque chose en moi gronda quand j'appris qu'il n'avait pas de petite amie. Pas un grognement de prévention, plutôt un grognement de bonheur. Un ronronnement, quelque chose de tendre, de calme, de mignon. Je le regardais dans les yeux et demandais :

Que vas-tu faire maintenant ?

Il posa ses lèvres sur les miennes. Au début, je n'y croyais pas. Non, je devais rêver. Ce n'est que lorsque je sentis sa main dans mes cheveux que je compris. Il m'embrassait, ce n'était pas une illusion. Comme j'étais trop hébétée pour y répondre, il se recula. Il devait avoir cru que je ne l'aimait pas, car il parla :

Je suis désolé, je n'aurais pas dû.

Il se leva et se dirigea vers la porte. Où croyait-il aller comme ça ? Je jurais intérieurement, avant de me lever et de lui attraper le poignet. Je murmurais :

Reste... S'il-te-plaît...

Je me plaçais en face de lui, bloquant le passage jusqu'à la porte. Puis je plongeais mes yeux noisettes dans les siens, chocolats. Je le regardais ainsi quelques instants, avant de me mettre sur la pointe des pieds. J'étais petite, malheureusement.
Je posais une main dans son cou, et l'autre resta près de mon corps. Il avait la peau brûlante. Tout s'éclaira dans ma tête. Il était vraiment un loup. J'eus un petit sourire, et l'embrassais.
Tout autour de moi disparut. Il n'y avait que lui et moi, pour l'instant. Le loup et la sorcière. Ma main droite, qui étais toujours contre moi, vint caresser du bout des doigts sa joue, rendant le baiser un peu plus sensuel.
Je reculais doucement, et repris, toujours sur le même ton :

Damon, je t'aime...

Je baissais la tête, aussi rouge qu'il était possible de l'être.

Je... Viens t'asseoir. Je te trouve très belle et tu as l'air d'être une fille formidable mais nous venons tout juste de nous rencontrer, je ne pense que nous puissions parler d'amour.

Hein ? Quoi ? Pardon ? Tu peux répéter ? C'est tout ce qui me venait en tête, alors que je me laissais tomber sur le canapé. Je sentis mes yeux se remplir de larmes. Non, ce n'était pas le moment.
J'essuyais mes yeux dans un geste rageur. Ma douleur s'intensifia, tant et si bien que je dû enfoncer mes ongles dans mes paumes de mains pour me calmer. Il n'avait sans doute pas bien compris.
Je me mis debout, et commençais à marcher en rond. Pendant que je faisais les cents pas en boucle, mon chaton vint se frotter à mes jambes. Je l'attrapais doucement.
Je le grattouillais derrière l'oreille. Ses ronronnements emplirent la pièce et couvrirent mes pleurs. Je tournais le dos à Damon et me laissais aller aux larmes.
Elles ruisselèrent sur mes joues, coulèrent jusqu'à mon menton, et allèrent s'écraser sur le sol. J'essuyais une nouvelle fois mes larmes et me retournais face à lui.
Je pris une grande inspiration, autant pour me calmer que pour reprendre mon souffle. J'entamais une réponse :

Écoute, je... Je le sais. Je le sens. Je sais que ça paraît fou, que tu dois te dire que je ne suis qu'une pauvre gosse en manque d'amour, que ça me passera. Or, il n'en est rien. Oui ça m'est arrivé de ressentir des petits sentiments pour des mecs. Mais là c'est pas pareil. C'est même totalement différent.

Je fermais mes poings et allait en face de Damon. Je plantais mes yeux dans les siens. Je posais chaque main sur une de ses épaules pour ne pas tomber et me penchais sur lui. Mon visage s'approcha du sien, mais je gardais une distance d'une dizaine de centimètres.
J'étais redevenue maîtresse de moi-même, et je désirais qu'il comprenne. Il n'y avait aucune agressivité dans ma voix, ni dans mon regard. Je ne lui voulais aucun mal, après tout. Je m'expliquais :

Quand je t'ai vu, même si tu m'as fait peur, tu m'as attirée. Pas au sens charnel, mais au sens... Comme des aimants, tu vois ? J'ai eu envie d'apprendre à te connaître, de devenir ton amie, même plus. Quand je suis avec toi, mon coeur joue à faire la course avec un moteur de Ferrari. Quand je suis avec toi, je suis moi-même, je ne joue pas de rôle de bonne élève, d'intello. Non, avec toi je suis naturelle. Et, même si ce que je vais dire te fais peur, même si je risque de perdre toute ta sympathie, même si tu ne m'aimes pas, eh bien sache que je ne désire qu'une seule chose. Être près de toi pour le reste de ma vie.

J'avais fini ma tirade, et je m'éloignais. J'avais très bien compris son rejet précédent, et je n'allais certainement pas recommencer. Je le fixais, sûre de moi. Ma seule crainte était de le perdre.

Il attrapa mon bras et je me retournais. Je plantais mon regard dans le sien, et écoutais :

Tu me plais, beaucoup même. J'avoue que c'est même la première fois que je suis si attiré par une fille surtout que je viens de rencontrer. Et cela n'est pas qu'une question de physique, bien que tu sois magnifique, mais c'est plus que cela. J'ai envie de te connaître, de te découvrir de toutes manières possibles mais je regrette je ne peux pas, pour ma part, encore parler d'amour. Je ne dis pas que cela ne viendra pas avec le temps mais il faut laisser, à mon sens, la nature faire les choses, à notre rythme. Si tu es prête à être patiente, je suis ton homme.

Sa peau, si douce, vint caresser ma joue, et je voyais ses yeux passer de mes prunelles à mes lèvres. Il disait vrai, j'en déduisit. Alors que je m'attendais à ce qu'il reprenne sa place sur le canapé, il fit une chose qui m'étonna.
Il m'embrassa. Aussitôt, j'eus l'impression que mon coeur s'arrêtait de battre. Il venait de m'éteindre, de me mettre en pause. Je ne savais pas quoi faire, j'étais tailladée entre lui rendre son baiser et le repousser.
Je me souvins de son rejet, et finis par lui rendre. Je caressais doucement sa joue, puis je reculais. Dans mes yeux, des perles salées brillaient, de joie cette fois-ci.
Je baissais la tête, et je pris une grande inspiration. Mes yeux croisèrent ceux de mon chaton, qui réclamait des câlins. Je le pris dans mes bras et relevais la tête vers Damon.
Dans ma tête, beaucoup de choses se bousculaient. Je l'aimais, et il me demandait d'attendre. J'en étais persuadée, désormais. C'était lui et personne d'autre. Je lui répondit :

Damon... Je ne suis pas quelqu'un de très patient, de nature. Mais je t'attendrais. Je te le promets. J'attendrais le temps qu'il faudra, pourvu que nos coeurs finissent par ne faire qu'un. Tout vient à point à qui sait attendre, n'est-ce-pas ? Alors je t'attendrais.

Je finis mon petit discours par un sourire joyeux. Puis je fis un pas vers lui, et me mis sur la pointe des pieds. Je m'approchais de son oreille et, dans un murmure, je lui chuchotais :

Je n'ai jamais aimé quelqu'un autant que toi...

Je reculais, un sourire aux lèvres. Puis je m'assis doucement sur le canapé, et lui proposais de venir s'asseoir à côté de moi.