C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

Evie ft. Mina

J'ouvrais la porte de ma boutique. Aujourd'hui, j'espérais avoir plus de clients. Hier, ils étaient à peine une dizaine. Et la semaine dernière, ils étaient encore moins. Ce n'était vraiment pas facile de se faire une place parmi les deux autres magasins de fringues.
Je poussais la porte et me dirigeais dans l'arrière-boutique. J'allumais toutes les lumières, puis je revenais dans la boutique principale. J'allumais mon ordinateur, allais dans mes fichiers et mis la musique. Je mettais le son uniquement en fond sonore, et attendis les premiers clients.
Un homme poussa la porte. Chouette, il était 10h un samedi matin et mon premier client arrivait. Je lui offrit mon plus beau sourire et lui proposais mon aide. Il cherchait une robe pour sa petite copine. Je souris doucement et le conduisit dans le rayon des robes.
Je lui tendis une belle robe rose. C'était ma dernière création, et j'en étais très fière. Il la pris, la regarda sous toutes ses coutures. J'entendis soudain la porte s'ouvrir de nouveau. Je m'excusais auprès du client et retournais à la caisse. Une jeune femme était là. Je la saluait et remarquais ses yeux rouges.
Oh, méfiance. L'homme vint à la caisse pour payer. Je lui rendis la monnaie, mis la robe dans un sac et lui tendit. Il le pris et partit. Je m'adressais à la jeune femme :

Bonjour, vous avez besoin d'aide pour trouver votre bonheur ?

C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

Evie ft. Mina

Son ton autoritaire lorsqu'elle s'adressa à moi me laissa penser que je devais la connaître :

Vous n’attirez pas le regard de dehors. Les lumières, les décorations, les affiches n’attirent pas l’œil. Vous avez utilisez internet, les journaux pour vous faire connaitre ? Vous faites vos études, non ? En avez-vous parlé autour de vous ? Des affiches dans votre campus ?

Je réfléchis un instant. Je ne l'avais jamais vue, mais quelque chose me disait qu'elle avait entendu parler de moi. Qui pouvait-elle être ? Je cherchais en lien avec le magasin, et la réponse me vint aussitôt. Elle était la mécène. C'était grâce à elle que j'avais pu ouvrir mon magasin. Elle repris, me tirant de mes réflexions :

Donc ? J’attends vos réponses !
Oh, veuillez m'excuser ! Vous devez être Madame Harker. Je ne me présente pas, vous savez qui je suis. Je n'ai pas fait de pub autour de moi, que ce soit internet, les journaux, ou le campus. Je suis en pleines études, en effet, et il n'est pas facile de jongler habilement avec les deux occupations.

Plus le temps passé en sa compagnie s'écoulait, plus je me sentais mal à l'aise. Elle avait raison, je n'étais pas assez investie. Je baissais la tête, défaitiste. J'allais fermer. Pourquoi serait-elle venue, si ce n'est pour me dire que je devais fermer le magasin ? Je regardais discrètement vers la porte, voyant les clients affluer dans les deux autres boutiques.
Ils avaient réussi, eux. Ils ne fermeraient pas, eux. Je redressais la tête, et murmurait :

Je vais préparer mes affaires...

C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

Evie ft. Mina

Elle repris la parole, toujours aussi dure avec moi :

Mademoiselle Gimhilde, cessez d’agir comme une enfant. Vous êtes gérante maintenant, vous devez agir comme tel. Je vois que vos créations ne sont pas abominables. En parallèle de vos études, vous avez dû les créer ? Votre magasin c’est identique.

Elle avait raison. J'avais été en mesure de créer chaque robe, chaque t-shirt, chaque vêtement dans ce magasin, et je me pensais trop occupée pour m'occuper du magasin. Je m'étais voilée la face. Si j'avais été capable de faire mes robes, je pouvais gérer le magasin. Mais pas seule. Elle s'approcha de moi, et je sentis son énervement quand elle me fit redresser la tête violemment :

Vous abandonnez ? C’est donc ça que de réaliser un rêve ? A la première occasion, le magasin ferme ? C’est inadmissible.

Elle avait raison. J'abandonnais. Et c'était en effet inadmissible. Je serrais doucement les poings, avant qu'elle ne me lâche et aille s'asseoir sur le comptoir. Je la regardais, et la lueur dans mes yeux changea. Je savais ce que je voulais. C'était ce magasin. Et je l'avais, je devais me battre pour le garder. Ses paroles m'avaient mis une claque, bien évidemment, mais c'était sans doute nécessaire. Elle repris :

Qu’est-que vous comptez me dire maintenant ?

Je la regardais dans les yeux. Les prunelles rouges qui me dérangeaient auparavant, me rassuraient désormais. Je n'avais pas peur d'elle, au contraire. Elle était bien plus douée que moi dans ce domaine. Je lui en fis la remarque :

Vu le ton que vous employez, vous êtes bien plus à l'aise que moi pour gérer un magasin de vêtements.

Je pris une grande inspiration, avant de parler de nouveau :

Voilà ce que je vais vous dire. J'aimerais que vous travailliez avec moi. Vous ne serez pas sous mes ordres, mais au même niveau que moi. Je pense que ce magasin a besoin d'une pro comme vous. Donc je vous le demande. Mademoiselle Harker, acceptez-vous de travailler avec moi ?

J'espérais de tout mon coeur qu'elle accepterait, sinon j'aurais du mal à garder la tête hors de l'eau.

C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

Evie ft. Mina

Quoi? Elle voulait m'envoyer un conseiller? Certes, c'était déjà ça, mais j'en voulait pas moi de son conseiller à la noix.
Elle vint se placer devant moi. Je le regardais tandis qu'elle me sermonnait (encore). Elle voulait savoir pourquoi, tout juste ouvert, j'abandonnais mon magasin ? Je lui répondit :

Je ne pensais pas que ce serait aussi dur. Oui je me suis bercée d'illusions comme quoi ce serait simple. Oui je me suis mis le doigt dans l'oeil, jusqu'au coude. Voilà, c'est ce que vous voulez entendre, Madame la patronne ?

Je serrais les poings. Je ne voulais pas de son misérable conseiller. Je ne le connaissais même pas, et franchement je préférais travailler avec une femme comme elle.
Elle, elle me motivait, elle me secouait. Certes, je ne la connaissait pas non plus, mais elle au moins elle saurait me bousculer. Je ne lâchait pas, je voulais que ce soit elle :

Patronne, vous n'avez pas compris. Je ne veux pas d'un conseiller à deux francs six sous. Je veux que ce soit vous. Je sais très bien que si tu m'envoies un conseiller, je lui tiendrais tête. J'ai pas envie qu'un pauvre humain soit mon associé. Je veux que ce soit toi. En plus, je n'ai aucune chance contre une vampire. N'est-ce pas, vous en êtes une ?

J'espérais qu'elle allait comprendre. En plus, je l'avais tutoyée. Je ne lâcherais pas. C'était elle et personne d'autre.

C'est vrai, tu veux travailler avec moi ? Génial !

Evie ft. Mina

Si vous ne vous en sentez pas capable, je nommerais quelqu’un pour s’occupait de cette boutique. Je ne veux rien entendre de particulier. J’ai vu ce que je voulais voir, je n’ai qu’à partir. Tu n’as pas peur ? Tu ne devrais pas me parler ainsi… Je t’ai déjà aidé. Tu avais un projet, je t’ai donné les fonds. Maintenant, je veux que tu te remues, que tu me rembourses. C’est ainsi que ça fonctionne. Tu as fait une erreur en pensant que je perdrais mon temps ici. Crois-tu être la seule ? Je ne suis pas ton amie, je ne le serais jamais. Je ne t’aiderais pas plus. Je ne perdrais pas mon temps ici. A moins que tu aies quelque chose à me donner en échange ?

Si au début, j'avais envie d'insister, sa main autour de ma gorge me fit peur. Ouais, j'avais peur d'elle. Elle avait des crocs longs, et je les voyais se rapprocher. Elle sentait ma peur, j'en étais certaine. Elle avait les sens sur-développés, après tout.
Je frissonnais en sentant sa langue passer sur ma nuque et je pris une grande inspiration lorsque je sentis ses doigts glacés quitter mon cou. Alors que je pensais qu'elle allait s'éloigner, elle ne fit "que" poser sa main sur le mur, à côté de ma tête.
Un seul mouvement de fuite et j'étais morte. Un seul mouvement brusque et c'était fini. Mon Dieu, j'avais tellement peur. Je sentais que mes jambes n'allaient pas me soutenir longtemps. Une idée me vint, subitement, alors que je cherchais surtout un moyen d'éloigner ses crocs de moi :

Je... Je... J'aimerais vous demander... Une faveur... Laissez-moi un mois. Un mois pour attirer le plus de clients possible... Si le mois prochain, je n'ai pas récupéré assez pour vous rembourser, je dissous l'entreprise... Mais si j'ai assez, vous travaillez avec moi...

C'était une demande risquée, mais je tentais le tout pour le tout. Qui ne tente rien n'a rien, et dans le pire des cas, je fermais maintenant. Enfin, je ne le souhaitais pas, c'est pour ça que je demandais ça. Je tentais de me calmer, reprenant de grandes inspirations, avant de demander :

Alors ?