One day you come into my world and save it all. [Damon]

Deux mois. Soixante et un jours. Mille quatre cents soixante quatre heures que je n'avais pas vu Damon. C'était long. Très long.
Mais je continuais de vivre comme avant, si ce n'est qu'il hantait mes pensées. Je ne passais pas une journée, pas une heure, pas une minute, pas une seconde sans penser à lui. Il était ma raison de vivre.
Je cousais toujours, mais mes robes devenaient de moins en moins originales. Je restais dans la normalité, la banalité. Je n'étais plus une sorcière, mais une adolescente normale qui était amoureuse.
Je regardais par la fenêtre. Il faisait beau. Une légère brise agitait les arbres. Les oiseaux voletaient entre les arbres, pour aller nourrir leurs petits qui devaient piailler dans le nid. Comme à notre rencontre.
Et, comme prise d'une envie insurmontable, je quittais la maison. Je pris mon chaton et l'installais dans son coussin, où il se roula pour s'endormir. Puis je fermais la porte à clé et pris le chemin des Falaises.
J'y arrivais plus ou moins rapidement. L'endroit n'avait pas changé. J'avais remis la même robe, mais je n'avais pas emmené de quoi dessiner. Je m'assis sur le tronc d'arbre, et attendis.
Quelques temps après, je me sentis observée. Je savais que c'était lui. Je me levais, lui fis face et sourit. Il était aussi beau qu'à notre rencontre. J'attendis qu'il parle ou qu'il fasse un geste.
   

Je plongeais mes prunelles marron dans les siennes, un léger sourire aux lèvres. Il m'avait terriblement manqué, c'est fou. Il s'approcha de moi, de sa démarche que je qualifierais de parfaite.
Puis il m'embrassa. Quand le baisser s'approfondit, je sentis mon coeur qui ratait un battement. Ou deux, voire plus. Je lui rendis son baiser sans hésiter. Mon amour pour lui n'avait fait que croître durant ces deux longs mois.
Sa main passa sur mon visage de façon douce, tandis que sa voix, rauque, me saluait :

Bonjour.

Sa voix m'avait manquée, nom d'une pipe en bois. Je fermais les yeux un instant, laissant le calme s'installer. Je n'avais pas besoin de mots pour comprendre que je lui avais manquée.
Je reposais mon regard sur lui. Je n'attendais aucune excuse, je lui avais dit de prendre le temps nécessaire. S'il avait eu besoin de deux mois de plus, je l'aurais attendu. Je me décidais à répondre :

Damon... Tu m'as beaucoup manqué... Comment vas-tu ?

Je posais mes mains dans son cou, avant de les faire glisser dans sa nuque. Puis j'enroulais mes bras autour de son cou et me pressais contre lui. Mon nez se cala dans le creux de son cou.
J'inspirais son parfum à la fois animal, forestier, mais aussi tellement humain. J'avais besoin d'être avec lui, dans ses bras. Doucement, je reculais, un léger sourire aux lèvres. Peut-être ne voulait-il pas de moi contre lui, après tout.

Moi aussi tu m'as manqué. Je vais bien je te remercie et toi ? Je suis navré de ne pas t'avoir donné de nouvelles. J'ai été très préoccupé, entre ma petite soeur et ma...quelques soucis que je devais régler. Mais cela ne veut pas dire que je n'ai pas pensé à toi, bien au contraire.

Il m'embrassa de nouveau. Je me pressais contre lui, lui rendant son baiser avec douceur. Je ne voulais pas briser cet instant magique. J'étais tellement bien dans ses bras.
Je posais le bout de mes doigts sur ses joues, avec douceur. J'approfondissais le baiser, en glissant ma langue contre la sienne. C'était une façon de lui prouver qu'il m'avait manqué.
Ensuite, je reculais. Doucement, je caressais sa joue. Quelque chose qu'il avait dit m'étonnait. Et, comme souvent, je laissais parler ma curiosité :

Damon... Quels soucis avais-tu ?

J'espérais vraiment qu'il allait me répondre. Mon instinct féminin me disait qu'il n'était pas simplement humain. Et l'odeur constante qu'il dégageait, cette odeur de forêt.
Je le regardais dans les yeux, mes mains toujours sur ses joues. J'avais besoin de réponse, je ne le jugerais pas. Après tout, j'étais une sorcière, je n'avais rien à dire.

Depuis la mort de mes parents je dois m'occuper de beaucoup de choses dont résoudre certains problèmes administratifs, rien de grave ne t'inquiète pas. Tu crois au surnaturel ?

Je plongeait mon regard dans le sien. J'étais tout simplement charmée par cette façon qu'il avait pour aborder certains sujets importants ou juste étranges. Je gardais le sourire, comme je l'étais depuis que je le connaissais.
Je le suivis de mon plein gré vers les falaises. M'asseyant à sa gauche, je glissais ma main dans la sienne afin de garder un contact physique avec lui. Mes jambes vers le vide, je me sentais en sécurité auprès de lui.
Cependant, sa question m'interpellait. Pourquoi me demander ça? Et surtout, où voulait-il en venir? Je savais bien que les loups et les vampires existaient, puisqu'après tout, j'étais une sorcière. Je répondis alors prudemment à sa question :

Eh bien... Oui, je crois au surnaturel. Pour diverses raisons personnelles, mais oui j'y crois.

Je pris un sourire légèrement amusé mais trahissant mon malaise. Je savais qu'il n'était pas humain. Mais cela ne changeait en rien mes sentiments envers lui. Je continuais de parler, voulant poursuivre sur ce chemin :

Pourquoi ?
 

Sa main quitta la mienne rapidement, juste après qu'il m'ait avoué qu'il n'était pas entièrement humain. Je cherchais son regard, mais il fuyait mes yeux, comme si je pouvais lire dans son être. Pourtant, j'étais persuadée que mon don n'était pas celui-ci.
Je m'installais alors doucement contre lui, me servant de son bras comme d'une couverture. Passé autour de mes épaules, je vins nouer mes doigts aux siens. Je ne voulais pas qu'il craigne que je le laisse, ou encore pire.
J'étais tellement bien dans ses bras. Aussi bien que dans un lit, voire même mieux. Peut-être que c'est l'Amour qui fait ça. Peut-être que nous étions destinés pour être ensemble malgré notre différence. Après tout, les opposés s'attirent, n'est-ce-pas ?
Ma main était plus fraîche que le sienne, je sentais clairement la différence de température. Loin de m'en alarmer, je rapprochais ma bouche de son oreille. Je murmurais alors, comme si je lui confiais le plus grand des secrets - ce qui n'était pas loin d'être le cas :

Je dois t'avouer que moi non plus... Je dirais même que je suis une surhumaine.

Je ne savais pas si je devais aller jusqu'au bout de ma confidence. Après tout, il pourrait s'enfuir en sachant que j'étais une sorcière. On les imagine tellement souvent avec un nez crochus et maléfiques, il pourrait avoir de fausses idées sur moi.
Je décidais de laisser ma phrase en suspends pour répondre à son affirmation quant à sa nature "pas complètement humaine" selon ses propres mots - qui étaient bien plus clairs que ce qu'il pensait à mes yeux :


Tu te transforme en grosse bête poilue quand vient la pleine lune ?

En plein dans le mile ou pas ? Dans tous les cas, je ne fuirais pas. Je me rapprochais encore de lui, afin de lui prouver que je resterais avec lui quoi qu'il puisse arriver. L'Amour, que voulez-vous ?

 

J'esquissais un véritable sourire quand il me posa sa question. N'avait-il rien remarqué lors de notre première rencontre ? J'avais tenté de le charmer, cela lui était-il sortit de l'esprit ? Probablement, mais je ne lui en voulais pas.
Je serrais doucement ma main sur la sienne, affirmant que je ne l'abandonnerait pas. J'avais touché juste, mais il ne me faisait pas peur. J'étais étrange, moi aussi, et cette différence me plaisait. J'aimais Damon comme il était.
Je souriais comme si rien n'avait de l'importance. Mon monde s'était réduit à une seule personne, un loup-garou qui avait volé mon âme et était devenu ma raison d'être. Damon Mils, un homme-loup. Je répondis doucement :

Je suis plutôt le genre de personne qu'on imagine voler sur un balai, avec son chat noir et une pustule sur le nez.

Je souriais toujours. Il me rendait heureuse, malgré tout ce qu'on aurait pu penser. Je déposais un tendre baiser sur sa bouche, avant de reculer légèrement pour murmurer dans son oreille quelques mots :  


Je suis une sorcière.


 

Une sorcière ? Une sorcière. Je sais je deviens redondant mais je suis surpris, pour être totalement franc je ne savais même pas que vous existiez vraiment. Il va falloir que tu me racontes tout, absolument tout. Tu connais d'autres loups ?  Pardonne moi, je t'assaille de questions mais je suis si...je ne sais pas comment l'expliquer mais c'est tellement incroyable ! Je me tais maintenant, promis.

Je voyais bien qu'il était surpris. Ses caresses sur ma joue, son baiser, tout me plaisait. Même si il se comportait au début d'une façon que certains auraient considérée comme grossière, moi j'aimais son naturel.
Je l'écoutais s'extasier sur ce que j'étais, s'intéresser à notre race, et aussi à ceux que je connaissais. Je souriais, amusée de sa réaction. Mes doigts se posèrent doucement sur sa joue lorsqu'il affirma qu'il se taisait. Je repris lentement point par point :

Eh bien, comme tu peux le voir devant tes yeux, les sorcières existent. En fait, on utilise le terme sorcière, mais c'est un peu plus spécial. Nous sommes des humains avec des pouvoirs, grossièrement expliqué. Chacune d'entre nous a un pouvoir différent, ou plusieurs. Pour moi, je peux charmer les hommes avec un sourire. Comme je l'ai fait au début pour toi, même si je me suis bien vite arrêtée. Ensuite, je ne connais pas d'autres loups, ou alors je n'ai pas remarqué que c'en étaient. C'est parfois un peu difficile pour nous de nous fondre dans la masse. As-tu d'autres questions ? Je suis prête à répondre à toutes tes interrogations, petit ange.

Le surnom m'avait échappé. Pourtant, je ne m'excusais pas. Je l'avais dit, et puis nous étions ensemble. Enfin.


 

Lorsqu'il affirma que j'étais son ange, alors mes joues prirent une coloration proche de celle du soleil au crépuscule. Je rougissais sans pouvoir le contrôler, c'était plus fort que moi. Il me faisait me sentir différente quand j'étais avec lui. J'étais une autre que moi-même, ou bien une moi-même encore plus moi-même.

J'aimais cette sensation. Ces papillons dans mon ventre quand nos yeux se croisaient, mon pouls qui accélérait quand j'entendais sa voix, et surtout la chaire de poule qui prenait place sur mes bras quand il me touchait. J'étais bien avec lui, même si il n'était pas humain. Je ne l'étais pas non plus, de toute façon.

Quand ses lèvres rencontrèrent de nouveau les miennes, je crus que j'allais défaillir. Il était parfait, cet homme. Je m'accrochais délicatement à son cou, le laissant s'éloigner quand il le décidait. Ses prunelles m'observaient, avant qu'il ne reprennent la parole, un sourire ne quittant pas mon visage :

Pour en revenir à notre sujet initial, je pense que ton pouvoir ne fonctionne pas sur moi à cause de ma nature lupine. A l'époque j'avais ressenti que quelque chose se passait, sans mettre le doigt sur quoi, mais je ne me suis pas senti envoûté, enfin pas plus que je ne l'étais déjà.

Son clin d'oeil voulait tout dire. Il m'aimait depuis le début. Et il s'était quand même éloigné de moi pour me protéger. Ah, les hommes... Je posais ma main sur la sienne, tout en le laissant me poser les questions qui devaient être nombreuses dans son esprit. Il me demanda alors si c'était génétique et si j'étais une sorcière comme on se les imagine.

Je ne cachais pas mon amusement. Sa première question était pertinente, mais les deux suivantes m'amusaient. Il était naïf, c'était vraiment adorable. Je m'installais de façon à pouvoir lui faire face, avant de prendre la parole, totalement décontractée et calme :

Mon pouvoir ne me vient pas de ma famille, c'est un peu un hasard. Je ne sais  pas d'où je l'ai eu, mais je l'ai. C'est un peu pour ça que ma mère m'a laissée venir ici, et puis elle sait que je ne crains rien. Et non, je n'en fais pas. Pas parce que je ne peux pas, car en effet, nous pouvons en faire. Mais tout simplement parce que je n'ai jamais pu apprendre avec un sorcier. Donc je peux en faire, mais je ne sais pas faire.

C'était assez problématique. Je dois avouer que j'aurais bien besoin de m'y mettre, cela pourrait m'aider pour mes créations. Du moins je l'espérais. Mes prunelles fixaient le loup garou, mes doigts glissaient le long de sa mâchoire, attendant une réponse ou d'autres questions.