Finalement, j't'apprécie bien. [Effy]

Les mois passèrent et j'avais enfin décidé de m'installer officiellement à Forks. Un agent immobilier m'avait fait visiter une villa de luxe nichée au fin fond de Forks. Financièrement, j'étais riche aux as. Et il allait me falloir encore des années avant de pouvoir dépenser tout l'héritage laissé par mes parents. Je n'avais même pas encore eu l'occasion de découvrir toutes les villas en Europe qu'ils m'avaient léguées. Celle qui m'avait tapé le plus dans l'oeil était en Espagne, une grande villa face à une plage privée. Il n'y avait aucune autre maison autour, c'était discret et j'aimais ça. Néanmoins, je préférais séjourner en Amérique car je connaissais toutes les villes au moindre détail. J'appréciais Forks et ses coins humides et mystérieux, c'était probablement les raisons pour lesquelles je voulais y vivre. 

Ma villa laissait la vue à une vaste forêt. Je trouvais que cela apportait un certain charme. De plus, cela me facilitait bien la tâche pour pourchasser les êtres humains en toute discrétion. 

Cela faisait déjà plusieurs jours que je n'avais pas goûté au sang humain. Aujourd'hui, je suis sortie plus ou moins de ma "tanière". Je pris le chemin menant à la forêt en partant à la recherche de nourriture. Et apparemment, je n'allais pas tarder à trouver ce que je cherchais. Une délicieuse odeur de sang humain me chatouillait les narines. En m'approchant, j'ai découvert un vieux chasseur. Je suis restée à l'observer à travers les buissons, jusqu'à ce que je ne puisse plus me retenir. 

Sans hésiter, j'ai foncé sur l'être humain. Miraculeusement, un autre vampire avait prit la même décision au même moment, ce qui n'allait pas me faciliter la tâche.

Le crépitement de la pluie qui tombe sur les feuilles... les souffles du ciel viennent bousculer les branches et créent des bruissements qu'à l'époque tu ne savais pas apprécier autant qu'aujourd'hui. L'humidité de la verdure se mêle à une délicieuse odeur de sang qui mettent tes sens en éveil. Installée en hauteur pour être presque certaine d'obtenir la tranquillité, tes yeux s'ouvrent et les iris deviennent noirs, ta faim fait disparaître ta peur de tuer. Une nouvelle chasse commence. Un sourire sardonique s'affiche sur ton visage tandis que tu t'avances, sautant d'arbre en arbre à la recherche de ta proie.
Cheveux sombres collés contre ta peau, trempée, tu te sens ainsi à l'aise, jamais tu n'avais aimé à ce point la nature que depuis ta transformation, la forêt est pour toi comme une seconde maison.


Boots aux pieds, pantalon, manteau long, le tout moulant sans être vulgaire, sobre, depuis ta rencontre avec celle qui représente à présent ton repère ton apparence c'est améliorée, on pourrait même te dire classe si tu avais plus de valeur... le physique ne fait pas tout. Le vent siffle à chacune de tes avancées tant tu es rapide, jusqu'à ce que tu t'arrêtes brusquement pour glisser ton regard sur les horizons. Enfin, tu le vois. L'homme s'apprête à tirer sur un animal sans défense à quelques mètres de vous deux, fusil en main, pour le déconcentrer tu produisais quelques sons volontairement.
Amusée, tu le regardes tourner sur lui-même tout en te baladant autour de lui sans qu'il puisse te voir, tel un chat, tu aimes jouer avec ta nourriture, tu comptes bien lui faire regretter son choix de métier... En tout cas c'est ce que tu désirais, mais la malchance te tombe dessus une nouvelle fois.

S'étant visiblement choisie le même repas, tu vois une semblable foncer sur l'homme qui tire des balles dans le vide, effrayé comme il est jusqu'à ce que dans l'impulsivité tu te décides à lui sauter dessus à ton tour. L'arme envoyée plus loin, le chasseur plaqué au sol, tu fixes l'inconnue d'un air absolument pas amical. Peu douée pour la communication tu restes silencieuse, attendant qu'elle agisse, tout en espérant qu'il n'y aura pas de combat trop peu certaine d'être capable de bien te défendre.

Avant même de réaliser qui était la personne qui venait de me percuter lors de mon action, j'ai immédiatement planté mes crocs en plein dans la nuque de l'homme que je venais de définir comme mon repas. Je ne voulais pas que ce chasseur souffre trop longtemps, alors je préférais employer des méthodes simples et rapides. Tuer des êtres humains me faisais souvent culpabiliser, mais je n'avais pas le choix, il fallait que je me nourrisse. 

Une fois ma proie décédée, je me suis relevée pour faire face à celle qui m'avait perturbée. Sans gêne, je l'ai dévisagée de la tête aux pied. C'était une femme aux cheveux bruns qui faisait quasiment la même taille que moi, son style vestimentaire était différent du mien et plutôt sombre, ses yeux rouges sang me fixaient avec attention. Apparemment, j'avais à faire à une vampire fidèle à elle-même. 

Le gilet blanc que j'avais enfilé aujourd'hui ne ressemblait plus qu'à un vêtement de combat, des traces de sang s'étaient dispersées dessus. Afin de paraître un peu plus propre, j'ai attaché ma veste autour de ma taille, sans perdre des yeux l'arrivante. 

-Je pense que tu es arrivée un peu trop tard pour le repas ma chère. Il va falloir te trouver un autre repas.

Selon mes constatations, le cadavre m'appartenais. Et je ne comptais pas le partager.

La soif insatisfaite et l'arrogance de la brune éveille ta colère en peu de temps et te pousse à redoubler d'effort afin de contrôler ton impulsivité, ton envie de violence si présente. Poings serrés, nez plissés et dents exhibées, telle une véritable bête sauvage pleinement à sa place dans cette immense forêt.
Inspire... Expire... Ton buste se gonfle au rythme de ton souffle nerveux que tu tentes de garder profond afin de te calmer, tandis qu'elle s'adresse à toi. Inspire... Expire... De ton regard méprisant tu la jauges de bas en haut, puis avise le corps sans vie que l'ont t'a volé, une vue qui te frustre d'autant plus. Inspire... Expire... Enfin tu te redresses et reprend le contrôle de toi-même, bien que l'apaisement soit loin d'être total.

"Je jouais avec cet enfoiré quand tu t'es amenée, tu crois qu't'es la seule à avoir faim ?" - Dis-tu, l'air hargneux, pointant le mort de ton index sans la quitter des yeux. "T'as pas bu grand chose, alors laisses-moi m'occuper du reste et vas-t-en."

Tu le lui ordonne d'un mouvement de menton avant de te tourner vers l'homme, t'en approchant dangereusement afin de te nourrir avec ce qu'il reste. Bien que tu sois mauvaise, tu restes peu menaçante, étant pour le moment trop peu expérimentée pour défier n'importe lequel de tes semblables... et te faire tuer, tu ne le désirs clairement pas.

Sans hésitation, je me suis opposée à la vampire en me positionnant devant ma proie décédée. J'étais en droit de préserver ce qui m'appartenait. Et ce qui était attroce dans tout ça, c'était cette soif, cette envie folle d'oublier la présence de cette fille et de boire le sang de l'être humain. Je ne pouvais encore me contrôler, bien que j'essayais toujours de travailler sur ça, il y avait des moments où mes efforts étaient totalement laissés à l'abandon. 

Je levais les yeux au ciel en écoutant la brune se plaindre de ma présence. Où elle se croyait celle-là ? Comme ci j'allais lui laisser ce qui me comblait le plus. 

-Ce cadavre m'appartient et je doute que tu l'aies repéré avant moi. Tu n'as qu'à chercher ailleurs. 

Je fronçais les sourcils avec un air menaçant. Il était impossible pour moi de m'en aller. J'avais besoin de me nourrir et je ne comptais pas renoncer à cause d'une pimbêche. Si la jeune femme s'était montrée plus aimable, peut être que l'envie de partager ce repas avec elle me serai venue à l'esprit, or, pour le moment c'était loin d'être le cas. 

-Crois-tu avoir assez de force pour pouvoir m'affronter ou comptes-tu fuir pour de bon ? Je déteste que l'on retarde mon dîner. 

D'un claquement de langue contre le palet tu fais entendre un sérieux agacement, l'odeur du sang humain est proche et la frustration de ne pouvoir t'en abreuver te fait mal, tu sens ton corps en devenir plus faible. Etant nouveau-née, il est bien possible que ta soif en soit plus importante et de ce fait, plus difficile à combler et à supporter.
Tu te redresses d'un mouvement brusque et t'éloigne d'elle, te battre, c'est hors de question, tu ne sais rien d'elle, impossible de savoir si tu serais en mesure, si ce n'est de la battre, au moins de résister à ses coups et de pouvoir la fuir par la suite.
En revanche, sa nervosité palpable t'intrigue, elle semble aussi présente que la tienne, tout comme une certaine folie meurtrière à la vue du succulent sang qui vous satisfait tant et qui et semblable à celle que tu ressens chaque fois que ce genre de parfum vienne titiller ton odorat. Tout en l'avisant tu t'interroges alors.

"T'es un nouveau-née toi aussi, c'est ça ?" - Dis-tu sans te rendre compte sur l'instant que tu dévoiles en quelque sorte une partie de toi, toujours si impulsive tu es. Mais si la réponse à cette question est oui, si tel est le cas, alors tu ne resterais pas, apprentie tueuse certes, mais il te reste encore assez de coeur pour éprouver une sorte de compassion, ou plutôt une compréhension. Tu ne saurais trop dire... Toi est le social...

Tu observes une dernière fois la scène avant de lui tourner le dos, non-sans soupirer, un soupire mêlé de frustration, de colère sans doute, mais surtout d'une tristesse qui ne te quittes jamais, peu importe ce que tu vis, peu importe ce qui se passe autour de toi, tu ne cesses d'être écrasée par le poids écrasant de la mélancolie. "Bon ap'." - La saluant de ce qui ressemble à un signe de main plutôt moue, tu commences à t'éloigner, laissant la jolie vampire à son repas, le pas traînant... à la démarche d'une simple humaine.

La vampire semblait avoir changé d'avis et ne comptait pas me provoquer en duel. Dommage... Mais ma culpabilité me jouait des tours. Après tout, pourquoi ne pas partager ce cadavre avec elle ? Pendant un instant, cette idée m'a traversé l'esprit et me fit hésiter. 

-T'es un nouveau née toi aussi, c'est ça ?

Mes petits yeux ronds se sont figés sur la demoiselle. Je n'avais même pas remarqué qu'il s'agissait d'une jeune vampire. Je commençais à comprendre son ressenti de soif humain. Peut être y étais-je allée un peu trop fort. Oh, et puis zut, moi aussi j'étais passée par cette étape, et j'avais encore du mal à résister aux humains. Pour une fois dans ma journée, j'allais tenter de compatir avec un vampire. 

La jeune femme avait commencé à partir. Même si je m'étais imaginée seule à déguster ce fameux repas si alléchant, j'ai décidé de faire ma bonne action du jour. 

-Rho, ça va ! Reste et viens savourer. 

Je m'en voulais d'avoir eu pitié d'un de mes semblables, surtout quand celui-ci se montrait plutôt désagréable. Peut être que cette initiative allait nous permettre de repartir sur de bonnes bases. Pour commencer, je me suis légèrement intéressée à celle qui avait voulu me tirer mon repas il y a quelques minutes. 

-Depuis combien de temps vis-tu en tant que vampire ?