Méfiance, méfiance... [PV Tanisha]

   Je sautais à son cou. Ses cris emplirent l'espace silencieux dans lequel je l'avais conduit. Cet idiot d'humain m'avait suivie sans rechigner dans la forêt, assez loin de la ville pour que personne ne puisse entendre sa douce voix et ses tendres cris qui perçaient le silence angoissant. Il avait peur, je le sentais, et cela me fit encore plus plaisir.

   Mes doigts frais saisirent sa gorge, lui coupant le souffle. Ses cris cessèrent aussitôt, tandis que ses mains brûlantes attrapèrent mes doigts pour les desserrer. Je lui fis comprendre que cela ne servait à rien en figeant tous mes muscles et en resserrant légèrement ma prise sur sa gorge. Le message sembla passer car il arrêta de se débattre.

   Je souris doucement en voyant qu'il avait peur. Mes crocs blancs comme neige furent dévoilés et je sentis ses muscles se tétaniser. Je comprenais alors pourquoi Mina, ma créatrice, avait été aussi excitée à l'idée de me mordre. Et je dois avouer que j'aimais ça aussi, sans pour autant être une sérial killer. J'articulais lentement :

   

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Je suis tellement triste que tu ai dit "à ce soir" à tes enfants pour rien. Tu ne les reverras pas, cela me fait de la peine. Non, je rigole, je m'en fout ! Mais voit les choses du bon côté, tu mourras avec classe.

   Puis j'enfonçais mes crocs dans son cou, le vidant de son sang. Au début, il tentait de m'éloigner. Mais mes bras autour de son corps l'empêchaient de partir, et je n'arrêtais que lorsque je sentis que j'avais entre les mains une poupée de soie. Je laissais son corps tomber, l'abandonnant à l'endroit même où je l'avais tué.

   Je repartis vers Forks, vitesse grand V. En chemin, j'humais l'odeur familière des bois, avant de me faire brûler le nez. Cela puait le chien, enfin plutôt le loup. Ou le modificateur. Je m'immobilisais, avant de lancer à la cantonade, certaine qu'aucun humain était dans le coin - mon nez ne me trompait pas :

       

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Sort de ta cachette si t'es un loup !

   

Entre les arbres, quelque chose de blanc bougea. Mes muscles se raidirent d'un seul mouvement, avant que la chose blanche ne disparaisse pour laisser place à une forme. Forme qui, après avoir vêtu des vêtements, s'approcha de moi. Et là, mon sourire s'élargit, avant que je ne laisse mes crocs sanguinolents apparaître. Je n'avais pas peur d'elle.
Je détaillais la femme. Plutôt grande, des jambes musclées bien taillées, la même pour les bras. Des formes là où il en fallait, elle était bien proportionnée. Son visage était légèrement arrondi mais joli. Ses yeux marrons brillaient de colère, tandis que le vent faisait voleter ses cheveux. Elle s'adressa à moi :

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T'avais besoin de tuer cet humain ?

Je n'y tins plus. J'éclatais de rire, elle était vraiment comique à voir. Demandez à un aveugle si il veut voir, vous verrez bien sa réponse. Elle demandait à un vampire sanguinaire s'il était obligé de tuer un humain. Vraiment, soit elle ne connaissait pas ma condition - ce qui était fort probable - soit elle se moquait de moi. J'espérais pour elle qu'elle ne soit pas moqueuse.

Alors, sans me départir de mon rire amusé, je passais une main dans mes cheveux noirs. J'affirmais ma présence, je prévenais de ne pas approcher. Lentement, je fis le premier pas vers elle. J'avais l'air d'un félin guettant une proie, je tournais doucement autour d'elle, venant passer mes doigts dans son cou. Je tâtais son pouls, avant de murmurer dans son oreille, me collant derrière elle :

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Chérie, tu n'as jamais entendu parler des vampires sanguinaires ? Tes parents ne t'ont pas dit qu'il ne fallait pas jouer avec eux ? Enfin, nous ?

Je m'écartais d'elle pour me placer en face. Puis mes ongles passèrent sur sa peau, sans la griffer, glissant de sa joue vers son menton. Je gardais un sourire qui devint rassurant, pendant que mon ton devenait plus protecteur :

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Moi c'est Evie, et toi ?

Je ris quand elle me mis en garde contre la soit-disant puissance des loups-garous. Elle pensait que je n'étais pas au courant ? Mon petit-ami en était un, et elle n'était pas un loup-garou mais une modificatrice. Un loup-garou, c'était bien plus passionnant. Je l'écoutais cependant sans l'interrompre quand elle me parla :

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Tanisha. Tu aimes la vie que tu mène ? Une vie pleine de mort et de souffrances pour les humains

J'eus un sourire carnassier. L'espace d'un instant, j'eus envie de me jeter à sa gorge et d'enfoncer mes canines coupantes comme des rasoirs dans sa jugulaire pour la départir de son sang. Oh que oui, son sang devait être des plus délectables, mais ce n'était pas dans mes plans. Donc je ne la mordrais pas. Je contentais de répondre, avec un ton d'enfant :

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Darling, tu ne sais pas à quel point la vie des vampires sanguinaires peut être amusante. Dans mon ancienne vie, j'aurais aussi trouvé ça dégoûtant. Mais tu sais, pour nous, le sang est vital. Nous priver de sang humain, ce serait comme vous priver de nourriture. Tu comprends ?

Allons, Evie, ne la terrorise pas, la pauvre enfant. Je me plaçais face à elle, avant de la regarder. J'étais aussi immobile que la Vénus de Milo, même mon souffle s'était arrêté. Derrière elle se tenait une créature sortie toute droit des rêves. Un énorme puma se dressait sur un perchoir, observant tout ceci comme si nous étions deux gros morceaux de poulet.
Je n'hésitais pas une seconde. À l'instant même où il allait bondir sur Tanisha, je pliais les jambes et je sautais. Le bruit de craquement qui confirma notre rencontre. L'animal eut plus mal que moi, car je sentis une de ses côtes se briser. D'un seul coup de main, je lui brisais le cou. Je ne boirais certainement pas son sang, c'était répugnant.
Finalement, je regardais Tanisha. Je venais de lui éviter un attaque, j'espérais remonter un minimum dans son estime. Les griffes du puma m'avaient déchiré les vêtements mais n'avaient même pas réussi à entailler ma peau, comme si elle était faite de diamant. J'esquissais un semblant de sourire, avant de lâcher :

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J'espère que tu n'as pas eu trop peur. Enfin, je veux dire... Ouais, bref, t'as compris.

Je n'en dit pas plus. Je n'avais pas besoin de parler pour ne rien dire, après tout. Je me contentais donc de sourire, tout en humant les alentours. Mais l'odeur intempestive de la modificatrice empestait l'air. Je ne pouvais pas sentir autre chose. C'était vraiment horrible, cela me brûlait le nez. Mais je restais silencieuse.

 Après mon petit assassinat sans réelle importance, elle me répondit avec sa voix à laquelle je commençais à m'habituer :

 

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Non je n'ai pas eu peur, je sais ce qu'il y a dans la forêt. Mais pourquoi tu as fais ça ? Enfin... je veux dire que, dans l'ordre des choses, on devrait se hair plutôt que de s'aider...

  [color:979a=#7B6790]Mes yeux s'agrandirent avec une surprise non feinte. Alors comme ça, elle aurait peut-être préféré que je laisse la bestiole lui sauter dessus ? Remarque, cela l'aurait sûrement calmée, elle et sa puanteur. Mais je gardais un calme olympien digne de la vampire que j'étais, avant de lui répondre :


     

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Dans l'ordre des choses, les femmes sont avec les hommes, et pourtant, il existe bien des femmes attirées par d'autres femmes. Dans l'ordre des choses, les vampires se nourrissent de sang humain. Pourtant, certains aiment le sang animal. Pourquoi j'ai fait ça ? Parce que l'ordre des choses m'importe peu, et que cela m'aurait vraiment fait chier que tu crève à cause d'un puma. Ça te répond ?

  Je repensais à ses paroles, avant que je ne saute sur le félin. Elle voulait en apprendre plus sur l'ancienne moi ? Bien, voilà qui était intéressant. Elle pourrait peut-être devenir une connaissance, finalement. Peut-être même que nous nous lierons d'amitié. Mais je vais un peu vite, commençons déjà par être des connaissances et discuter de façon civilisée :

     

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Avant d'être mordue, j'étais une sorcière. Pas une grande sorcière avec de grands pouvoirs, malheureusement. Mais bon, au fond, je suis encore un peu sorcière, même si je bois du sang humain et que je sens ton odeur qui me brûle le nez...

   J'éclatais doucement de rire. Je voulais détendre l'atmosphère, je ne voulais pas qu'elle ait encore cette tension en elle qui faisait qu'elle me craignait. Je n'étais pas méchante, elle n'avait rien à craindre. Franchement, si je lui avais voulu du mal, je l'aurais tuée dès le départ, non ?

 

   

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Je ne savais pas que des ''bons'' sanguinaires existaient ici. Tant mieux pour moi et il faut bien reconnaître que sans ton réflexe , cela aurait pu mal finir. C'est la première fois que je m'entends bien avec quelqu'un de ton espèce.Tu regrettes d'être un vampire ? Enfin, je veux dire, es-ce qu'on t'a laissée le choix avant d'être mordu ?

   Je souriais tendrement. Cette jeune femme dégageait une innocence, une gentillesse, ne grandeur d'âme qui me plaisait. Pas de là à dire qu'elle serait ma meilleure amie, mais au moins, j'étais certaine qu'elle ne m'attaquerait pas. Elle était gentille, et, au fond de moi-même, j'étais heureuse qu'elle ne me fasse aucun mal. Elle serait certainement une adversaire redoutable.

    Je préférais vraiment l'avoir dans mes amis que contre moi. Elle avait l'air fragile, mais son apparence de louve lui donnait tout de suite plus de force. Même si j'aurais pu la tuer aussi facilement que le puma, si je l'avais voulu. Mais bon, je ne voulais pas lui faire de mal, d'autant plus qu'elle était au fond une gentille demoiselle. Même avec moi, son ennemi héréditaire.

    Et j'en étais heureuse. Je n'étais pas méchante, et je ne lui voulais aucun mal. Sinon, j'aurais laissé le puma la tuer sans chercher à l'aider. Quand elle me posa sa question, je ne pus m'empêcher de sourire et de me souvenir de ma transformation quelque peu... étrange. Je secouais doucement la tête pour lui répondre, accompagnant mon geste par des paroles :

       

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Pas vraiment, en réalité, c'est une longue histoire. Je tenais une boutique de fringues, et celle qui me finançait était une sanguinaire. Et je faisais faillite, elle m'avait donné un mois pour remonter la boîte. Sinon, elle me mordrait. Et je n'ai pas réussi. Donc elle m'a mordue, a foutu le feu à la boutique, quand j'étais encore dedans, et je m'en suis sortie in extremis.

    Je n'aimais pas raconter ma vie ainsi. Mais je répondais à sa question, en détaillant un peu.

   

   

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Tu aime ta nouvelle vie ? Car je dois dire que ça doit être différent de passer de sorcière à vampire. Tu as de la famille dans le coin ou tu vis seule ?

   Je n'ignorais pas qu'elle devait être curieuse. De nature, je veux dire. Mais cela me plaisait, tellement de gens préféraient rester fixés sur la première impression qu'il était devenu difficile de discuter de moi avec quelqu'un. Mais avec elle, c'était différent, elle devait avoir eu une certaine éducation plutôt basée sur le fait de ne pas s'arrêter à l'apparence de quelqu'un.

   Et croyez-moi, ça fait du bien de voir ça. Autant de gentillesse alors que nous étions des ennemies naturelles. Finalement, peut-être que nous pourrions devenir amies, au fil du temps. Pour l'instant, nous étions des connaissances, mais rien ne nous interdisait de devenir plus ou moins proches, plus tard. Je soupirais doucement pour répondre à ses deux questions :


       

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Je dirais que je ne l'aime pas totalement. Mais en même temps, cela a ses avantages aussi. Et ma famille est restée derrière moi, je n'ai que mon petit ami.

    Elle saurait plus que beaucoup de gens sur moi. Elle pouvait s'estimer heureuse, peu de personnes connaissaient ma vie autant qu'elle.

   

   

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Ton petit-ami est un vampire aussi ?

   Aïe. Comment expliquer à une louve que mon histoire était très compliquée ? Pouvait-elle seulement comprendre mon comportement envers lui pendant quelques temps ? Je l'ignorais, j'avais peur de son jugement. Qu'allait-elle dire ? Que penserait-elle de moi ? En réalité, ce qu'elle penserait me dérangerait peut-être, je venais de me faire une "amie".

   Croyez-moi, la condition de vampire, ça n'aide pas forcément. Comment se faire des amis quand on tue des humains pour vivre ? Et hors de question de tuer des animaux. Leur sang n'est, apparemment, pas aussi bon. Je posais un regard calme mais empli de culpabilité sur la demoiselle. Avant de prendre la parole doucement pour avouer à mi-voix :



       

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Mon petit-ami... C'est un loup-garou... Il ne sait rien de ma nouvelle condition, j'ai peur qu'il me rejette... Je l'aime mais je ne sais pas si lui avouer est une bonne chose.

   Ensuite elle me confia qu'elle était désolée que je n'ai pas eu le choix, et que cela avait dû être difficile. Oui, en effet, elle ne savait pas à quel point cela avait été un enfer pour moi. Mais peu à peu, avec le temps, je m'habituais à devoir tuer, à voir la peur germer dans les yeux de mes proies, à les sentir mourir entre mes bras. C'était un coup d'habitude, apparemment.

   Mais j'avais parfois quelques regrets de ma vie d'avant. Et si j'avais refusé l'offre de Mina ? Si j'avais laissé tomber dès le départ, qu'est-ce-que je serais devenue ? Serais-je encore sorcière ? Je l'ignorais, je m'en fichais aujourd'hui. J'étais ce que j'étais destinée à devenir, apparemment je devais me transformer en vampire et tuer des gens. Le destin, voyez-vous...

   Je m'asseyais calmement sur un tronc qui traînait, avant de reprendre doucement la parole :

       

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Et toi, tu es une modificatrice, c'est ça ? Tu es nouvelle dans le coin ?

   

   

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Tu devrais dire à ton copain ce que tu es devenu, tu as surement peur qu'il te rejette mais si il t'aime, il te rejettera jamais même si tu change littéralement d'espèce. Si il a aimait la Evie sorcière , il aimera la Evie vampire. Il mérite la vérité , tu ne crois pas ? Comme tu as pu le deviner, je suis une modificatrice et je viens d'arriver en ville depuis peu. J'avais besoin de renouer...avec un membre de ma famille que je ne connaissais pas.

   Elle avait raison. Oui, il vaudrait mieux que Damon le sache. Mais comment dire à l'homme que l'on aime que je suis devenue une de ces suceuses de sang humain, une de cette race qu'il hait ? Je l'évitais depuis ma transformation, tout en ne cessant de le surveiller en quelque sorte. Je connaissais sa maison, j'entretenais une sorte de relation à distance.

Je passais chez lui, quand il n'était pas là, laissant mon odeur dans sa maison. Je ne pensais pas que cela le blessait, et puis de toute façon, il n'était pas seul. Un jour j'avais senti une odeur de femme chez lui. Mais je ne m'en inquiétais pas, je savais qu'il avait une soeur. Elle était d'ailleurs très belle, je l'avais vue dans une photo. Elle lui ressemblait un peu.

Finalement, je repris la parole, tout doucement, avec le plus grand calme, afin de demander :



       

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Si, bien sûr, mais... C'est difficile. Et toi, dit-moi, tu veux renouer avec un inconnu ? Puis-je me permettre d'être curieuse et de te demander de qui il s'agit ?

   Je laissais mon ongle glisser sur le tronc, calmement. Je ne lui voulais aucun mal, la preuve.