laisse-moi t'aider |Carlisle

   

B-NET

Je réfléchissais, comme toujours. Ou donnais-je plutôt l'impression de réfléchir ? Son absence me pesais et l'envie d'aller la secourir se faisait de plus en plus grande. Personne n'était à la villa, ils étaient tous partis pour prendre l'air, pour se détacher de cette ambiance désastreuse. J'étais le seul à ne pouvoir quitter cet endroit qui renfermait tant de souvenirs heureux pour moi. En fermant les yeux je me remémorais tous ces moments de joie et de simplicité.

Je me perdais dans notre passé, regrettant mes choix, mes erreurs. Jasper avait raison, je n'étais plus celui que j'étais avant. Je me perdais dans ma désolation et ma famille n'avait pas besoin de cela. Puis le souvenir d'Esmée énervée refit surface et avec elle le poignard qui remuait dans la plaie. J'ai mal de l'avoir ainsi déçue. J'ai mal d'avoir pensé ces choses là.

Une voix me tira de mes pensées. Alors comme ça elle était revenue ? Je relevais la tête, laissant ses mots me chercher dans la grande villa vide. Mon regard était noir et vide, vide de toute joie de vivre. Elle était partie en même temps qu'elle, en même temps que l'intégrité de notre famille.
Je la vois arriver dans mon bureau, inquiétée par mon état.

Elle était comme ma fille. Mais elle avait cette particularité que je désirais la protéger tout comme je désirais protéger Renesmée du monde extérieur. Pour la première fois, là où les autres me donnaient un rôle de patriarche, elle me faisait me sentir comme un réel père malgré son âge. Neferthiti, que j'aimais affectueusement surnommer Nef des bois, allez savoir pourquoi j'aimais ce jeu de mot débile, s'approcha rapidement de mon bureau. Sa présence me dégrisa légèrement mais je la soupçonnait d'utiliser son don sur moi.

Son regard d'or se planta dans le mien, me rendant plus honteux encore de ma condition. Quel père oserait se présenter ainsi devant ses enfants ? Si faible, si démuni ?
Je baissais la tête un instant avant de la relever et de la regarder, lui offrant un sourire qui se voulait rassurant.

Quelques semaines, tout au plus.

Je me redresse, déliant mes main qui se posèrent sur le bureau. M'aider ? Mais comment arriverais-tu à m'aider, ma petite Nef ? Elle n'est pas là, celle que tu considères comme ta mère. Elle souffre chaque jour qui passe et je suis impuissant derrière ce bureau. Comment espères-tu aider l'homme faible que je suis ?

Comment ? m'entends-je cependant dire pour toute réponse.

Je n'étais pas celui qui avait le plus besoin d'aide. Mais j'étais dépourvu au point de me perdre moi même. Comment, ma petite Nef, arriveras-tu à me sortir de là ? Seule Esmée peut m'aider mais je l'ai trahis. J'ai trahis sa confiance et voilà que, par ma faute, elle s'enfonce plus encore dans le désespoir.

   

B-NET

Cette discussion a des relents de déjà vu. Je fronce les sourcils en m'enfonçant dans mon fauteuil. Je la laisse parler. La plupart de ses mots me passent au dessus. Je n'ai pas le coeur à me disputer ainsi. Jasper m'avait épuisé et je n'avais plus la force de me lancer dans d'interminables querelles. Un long soupire se fait entendre. Je ferme les yeux tout en me pinçant l'arête du nez.

Il était vrai que j'étais faible physiquement. Mon mental ayant fini par déteindre sur ma santé physique. C'était indigne du médecin que j'étais de se comporter de la sorte. Mais le désespoir fait ployer le plus endurcit des hommes et j'étais désespéré. Incapable de sauver ma famille qui partait en lambeaux, incapable de sauver ma femme retenue prisonnière là bas. Il me fallait partir au plus vite, je ne pouvais plus attendre.

Mon regard de jais se pose sur ma protégée. Tu cherches à me sauver mais il n'y a plus rien en moi qui puisse réellement l'être. Tu aurais dû rester en Egypte, Nef. Revenir ici était la plus grosse erreur que tu pu faire. Les Cullen n'étaient plus et Renesmée n'était même plus un prétexte pour sauvegarder notre famille.
Je me redresse, toujours silencieux. Une détermination nouvelle se lisait dans mon regard en proie au désespoir. Peut-être étais-tu cet élément déclencheur. Tes reproches me vont droit au coeur, le brisant plus encore.

Je suis mauvais. Un mauvais père, un mauvais mari, un mauvais chef. Le clan ne pouvait subsister si le chef lâchait prise. Et j'avais lâché prise. Tout était de ma faute.
Je me lève, dominant la petite égyptienne de ma sature fine et pourtant imposante. Un sourire éclot sur mes lèvres. Tu ne chasseras pas ce désespoir installé en mon sein qui se plait à me détruire de l'intérieur. Mais tu as au moins raison sur une chose. Je ne peux pas rester les bras éternellement croisés. Il faut que je reprenne une dernière fois ce rôle de chef que j'avais du mal à porter. Je ne peux pas abandonner ma douce Esmée, je ne peux pas abandonner ma famille. Je l'ai construite et j'irais la guérir. Tel était mon rôle de médecin.

Faisant le tour du bureau, je pose une main paternelle sur l'épaule de l'hybride. Quelques mots avaient suffit pour briser en moi ce dernier mur. J'allais agir par désespoir, par colère. Tout ceci n'avait que trop duré, il était temps d'y mettre un terme.

Merci, soufflais-je, plantant mon regard sincère dans le sien.