Le calme avant la tempête

Cela faisait des jours que c'était clairement le bordel à la villa. Certes, les loups venaient voir Nessie, ou l'emmenaient pour qu'elle sorte, qu'elle s'éloigne de toute cette tension. Mais c'était devenu impossible à vivre à la villa. Entre Edward qui était dans son coin, Bella qui s'isolait aussi, Jasper qui restait enfermé dans sa chambre et Carlisle qui ne quittait pas son bureau. Seuls Emmett et moi restions encore ensemble. Et même comme ça, nous subissions la pression de tout le monde, la colère des uns et la souffrance des autres. Au moins, la meute préservait sans doute mieux que nous la petite de toute cette histoire. Heureusement qu'ils étaient là, sinon, je n'ose même pas imaginer à quel point ce serait compliqué pour Nessie de gérer tout ça. Elle devait se sentir coupable, même si elle n'y était pour rien, et rester ici tout le temps ne ferais qu'aggraver son sentiment. Je n'étais pas dupe à ce sujet, je le savais.

J'entendis alors un mouvement. Enfin. Quelqu'un avait finalement décidé de bouger, de changer un peu ce foutu train-train qui était devenu insoutenable pour notre famille. Oh, ce n'était pas grand chose, rien qu'un profond soupir venant du bureau de Carlisle. Mais c'était tout de même un grand pas, parce qu'en plus d'avoir soupiré ainsi, il se leva et quitta sa grotte. Il alla dans la salle à manger, et il fut rapidement rejoint par Jasper. D'un commun accord avec Emmett, nous y allions aussi, entendant au passage la pique que mon frère avait envoyé à notre père. Jasper, voyons, ne cherche pas la petite bête. Au regard de Papa, Emmett alla s'asseoir autour de la table, et j'hésitais une seconde. Rester aux côtés de mon frère ou bien aller m'asseoir ? Finalement, je m'asseyais sur la chaise la plus proche de Jasper. J'étais toujours de son côté, mais j'obéissais encore au patriarche. Je finis par lâcher, ironique :

D'accord, allons faire nos bagages et partons !

Puis je levais les yeux au ciel, avant de me lever et de reprendre la parole :

J'ai aussi envie de sauver Maman, si il n'y avait que moi, j'admets que je suivrais l'idée du bain de sang...

Je tournais mes yeux vers Jasper, montrant clairement que je pensais comme lui. Mais je reprenais rapidement la parole :

Mais il ne faut pas partir sur un coup de tête. Quelqu'un à un plan ?

Quelque chose de réfléchit, d'imprévisible et surtout, d'organisé.

Tout s'effondrait. Entre l'arrivée de Nashoba dans la meute il y a quelques semaines maintenant, son enlèvement récent, le caractère de Leah, et les histoires dans la famille Cullen... J'admets que je n'arrivais pas à tout gérer parfaitement. J'essayais d'être le plus disponible possible pour Nessie, et il m'arrivait parfois de négliger un peu mes responsabilités d'Alpha pour être auprès d'elle. Renesmée était ma priorité, la seule personne pour qui je plaquerais tout. J'étais sensé être plus qu'un petit ami. Je devais être son meilleur ami, son confident, son protecteur. Je savais que le rôle d'un Alpha était important, mais le rôle d'un imprégné l'était encore plus. Je me devais, peu importe les soucis de la meute, de protéger ma princesse de tout ce qui pouvait lui faire du mal. Et justement, l'absence de sa grand-mère faisait partie de ces choses qui la blessaient. Voilà pourquoi j'étais là pour elle.

Je faisais une patrouille en forêt, qui était plutôt calme. Je sentis un peu au loin l'odeur de la sanguinaire qui avait attaqué les Cullen il y a un moment, mais apparemment, sa trace datait de plusieurs heures. Peu de chances qu'elle soit encore dans le coin. Alors je décidais, comme je l'avais dit à Nash, d'aller chez les Cullen. Il devait certainement y être, j'avais un peu traîné. Boh, de toute façon, je n'avais pas de raison de me dépêcher, si ce n'est ma Nessie. Et puis, je préférais arriver après tout le monde mais être sûr que personne ne rôdait sur mon territoire. Je prévenais toute la meute, et je me rendis chez ma belle-famille. Jasper, Rosalie, Carlisle et Nashoba étaient là. Je les saluais d'un signe de tête, avant de monter rendre visite à ma dulcinée. Je restais quelques minutes avec elle, avant de redescendre. Je rejoignais tout le monde, en bas, et j'eus un rapide récapitulatif de la situation.

Il fallait aller sauver la matriarche de la famille, et on cherchait un plan. Je regardais Nashoba, qui avait apparemment vue Esmée, et elle était mal en point. Je grondais malgré moi. Ceux qui avaient osé s'en prendre à elle étaient des monstres. Esmée était une vampire, certes, mais elle était douce, accueillante, aimante. C'était pas juste une vampire, c'était une mère, une femme, elle prenait soin des autres. Voilà pourquoi elle était extraordinaire, et surtout pourquoi j'éprouvais cette envie de détruire, purement et simplement, celui ou celle qui l'avait mise dans un tel état. Mes poings se fermèrent, lentement, mais mes yeux exprimaient clairement ce que je ressentais. D'une voix froide, neutre, je finis par m'exprimer :

J'en serais, et la meute aussi. Elle nous a toujours bien accueillis, nous lui devons bien ça.

Je réfléchissais quelques secondes, fermant un peu les yeux, avant de les rouvrir et de proposer, un peu sur le tas :

Je ne sais pas où elle est, mais peut-être pourrions-nous demander à Sam et aux vampires qui passent souvent par la forêt si ils auraient senti son odeur ? Ça nous donnerait une piste. Vous connaissez des vampires végétariens ?

Je cherchais déjà à essayer de localiser la grand-mère de ma douce.

Beaucoup de choses se sont passées, en très peu de temps. Alors premièrement, Nashoba était arrivé, et il avait vue Esmée. Ensuite, Jacob avait ramené son arrière-train, pour annoncer que la meute et lui seraient présents pour nous. Une sorte de remerciement parce que Maman avait toujours été accueillante avec eux. Même si, vu que j'avais appris à le connaître, je savais que Jacob l'aurait fait même si Maman n'avait pas été aussi gentille avec eux. Il avait un bon fond, ce clébard. Il proposait même que Sam et sa clique ouvrent l'oeil pour nous. Pourquoi donc l'autre clébard aiderait-il ? Boh, c'était leurs histoires, ils se débrouilleraient entre eux. Bref, voilà que l'autre sanguinaire qui avait voulu bouffer Nessie il y a quelques temps venait de faire une entrée assez fracassante. Bordel, qu'est-ce-qu'elle foutait là ? Je me levais instinctivement, grognant comme un animal en furie, avant qu'elle ne parle :

Je sais ou elle est, je lui ai parlée. Elle est prisonnière, épuisée moralement et physiquement, je sais précisément OU et qui la retient. Ce sont des humains, des bons à riens, je peux me les faire à moi toute seule, même si un peu d'aide n'est pas de trop. Ashley, ravie de vous rencontrer. Nous, on se connait déjà, pas la peine de mal m'accueillir, je viens en paix, pour une fois. J'avais déjà prévue de la sauver et de vous la ramener le jour-même ou je lui ai parlée, mais elle est trop épuisée qu'elle me répondait à peine et très faiblement, j'aime pas presser les gens mais je pense qu'il faut se dépêcher, je ne sais pas ce qu'ils lui font mais elle ne va plus tenir. J'ai déjà un plan, qui est extrêmement sanglant.

Je grondais toujours, elle n'avait absolument pas ma confiance. Cependant, Carlisle prit la parole, voulant en savoir plus. Je restais silencieuse. Je respectais mon père adoptif, malgré le fait que l'idée de l'autre fille chelou me plaisait bien. Buter tout le monde, voilà une bonne solution. Jasper lui-même semblait d'accord avec Ashley. Je posais mon regard sur le patriarche, calme et déterminée. Quand Jasper reprit la parole pour affirmer qu'il tuerait quiconque oserait ce mettre sur son chemin, je hochais la tête. Je finis par murmurer, même si je me doutais que Carlisle ne serait pas d'accord :

Je plussoie l'idée de Jasper. Si on est pas assez nombreux, on se fera battre à plate couture. Edward n'est pas là pour prévoir ce qu'ils feront, Bella et son bouclier ne sont pas là non plus. La famille est explosée, déchirée.

C'était un constat. J'exprimais tout haut ce que tout le monde pensait tout bas. Je finis par conclure, sur un ton toujours calme :

Je n'ai aucune confiance en la sanguinaire. Alors soit on essaye de s'unir, de mettre de côté nos différents et de se battre ensemble, soit on fait un bain de sang. Je pense que la première solution serait plus judicieuse, puisque Carlisle ne veut pas de la seconde.

Je croisais les bras sur ma poitrine.

Alors que tout le monde arrivait, peu à peu, une invitée imprévue fit son entrée dans le salon. La salope qui avait voulu tuer Nessie. À l'instant même où elle avait posé les pieds dans la maison, je m'étais mis à gronder furieusement, la surveillant de très près. J'écoutais ce qu'elle avait à dire, mais je n'avais strictement aucune confiance en elle. Mes poings serrés, j'étais proche de Nashoba. Je devais protéger l'hybride. Elle venait en paix ? La bonne blague. Les sanguinaires comme elle sont prêts à tout pour nous faire croire qu'ils ne nous veulent aucun mal, pour nous planter un couteau dans le dos. Les humains aussi, comme cette blondasse qui avait capturé Esmée. Je gardais mes yeux posés sur elle, jusqu'à ce que Carlisle prenne la parole. Alors je le regardais, même si mon attention était toujours concentrée sur la sanguinaire :

Il ne sera pas question de faire un bain de sang. Cependant, je suis ouvert à toute proposition de plan.

Alors les idées fusèrent. Jasper voulait un bain de sang, Rosalie s'était rangée du côté de son frère. On voyait bien qu'ils étaient proches, malgré le fait que la famille soit en pleine déchirure. Finalement, la blondinette donna les deux solutions qu'on avait. Soit on s'unissait, on se serrait les coudes, et on se battait ensemble en se coordonnant, soit c'était le bain de sang. J'admets que j'aimais bien l'idée du bain de sang aussi. Ils avaient osé faire du mal à Esmée, une personne pourtant si douce et si gentille. Alors ils le méritaient. Nashoba prit alors la parole :

Je viens de vous marquer ce qui signifie que si nous sommes amené à ce qu'on se batte ensemble, mon don n'aura pas d'effet sur vous.

Je ne l'avais pas senti, étant déjà immunisé contre le don de Nashoba. Cela me fit sourire, il voulait absolument protéger tout le monde de son don qui pouvait tous nous tuer. Cependant, je n'ai pas le temps de penser plus parce que, de nouveau, il parle :

Je peux m'introduire et délivré Esmée pendant que vous, vous attendrez dehors. Il ne faut pas les sous estimé parce que ce sont des humains, au contraire, vus qu'ils ont réussi à emprisonné plusieurs vampires. Ne pas faire un bain de sang risque d'être compliqué Carlisle, il faut évité qu'ils viennent ici nous attaquer à un moment où on s'y attends le moins. Je ne crois pas que ce sont des êtres qui sont du genre à abondonner facilement leurs objectifs. Pour ma part, je n'ai nullement l'attention de leur laisser la moindre chance.

Alors j'ai croisé le regard, au dehors, d'Alyss. Elle écoutait et répétait tout à le meute. Maligne, n'est-ce-pas ? Pourtant, loin de me préoccuper plus de ça, je pris la parole d'une façon dure, et en utilisant ma voix d'Alpha à l'attention de Nashoba :

C'est hors de question que tu y aille seul. Et je ne plaisante pas, c'est un ordre. Tu as interdiction d'aller délivrer Esmée seul. Il faut que nous nous organisions.

Mon cerveau fusait de plusieurs idées, et je finis par proposer :

Je pense qu'il n'est pas judicieux d'exposer Renesmée à ça. Elle n'est pas aussi résistante que vous, ni que nous. Nous serions obligés de veiller constamment sur elle, ce serait un risque. Je serais plus rassuré si elle restait ici. Alyss sera là aussi, elle me préviendra de tout danger. Une partie de la meute peut s'occuper de sécuriser les alentours, empêcher que les renforts arrivent jusqu'à l'endroit. Je présume qu'ils auront forcément des renforts, s'ils ont réussi à capturer Esmée...

Finalement, je parcourais la pièce du regard, jaugeant sans méchanceté chaque personne présente. Puis, à tout hasard, je proposais :

Je me disais qu'on peut mettre Rosalie, Mike et Hazel en première ligne. Ils sont forts, je pense qu'ils peuvent ouvrir la voie. Nashoba, tu pourrais aller en seconde ligne avec Carlisle et Jasper, pour délivrer Esmée. Quant à moi, je peux aider à coordonner mes troupes, je peux faire la liaison entre les arrières et l'intérieur.

J'avais confiance en tous les loups de ma meute, et même s'ils pouvaient parler entre eux, je pensais que ce serait plus clair si leur Alpha leur parlait.

Pfff... Carlisle restait campé sur ses positions, c'était déjà une complication, et voilà que l'hybride s'y mettait aussi. Il proposait d'y aller tout seul. Avant même que je n'ai pu exposer mon point de vue sur la stupidité absolue de cette proposition, Jacob le renvoya sur les roses :

C'est hors de question que tu y aille seul. Et je ne plaisante pas, c'est un ordre. Tu as interdiction d'aller délivrer Esmée seul. Il faut que nous nous organisions.

J'avoue que, pour une fois, j'étais d'accord avec le clébard. Je hochais la tête, montrait clairement que j'avais le même avis que lui. J'étais totalement contre le fait que l'hybride aille tout seul délivrer ma mère. Jacob proposa alors une ébauche de plan, en précisant clairement que Nessie resterait ici avec une des louves, que je serais en première ligne avec deux chiens. Puis viendraient ensuite Nash, Carlisle et Jasper, pendant que lui et le reste de sa meute resteraient en arrière pour éviter que trop de renforts rentrent dans le Centre. Je n'étais pas totalement contre. Je n'écoutais même pas la sanguinaire, mais quand mon père prit la parole, mon attention se posa sur lui :

Ecoutez... J'apprécie votre enthousiasme à l'idée de sauver ma femme. Mais y aller en force ne fera qu'aggraver les choses. Par ailleurs je le répète, il n'y aura pas de bain de sang ! Jasper, Ashley, en route. Vous autres, je vous défend de vous mettre en danger, surtout toi, Nashoba. Jacob, tu veilles sur lui.

J'allais répliquer, mais le regard d'excuses que me lança Jasper m'en dissuada. Alors, finalement, je me taisais. Ce ne fut cependant pas le cas de tout le monde. Non, apparemment, Jacob n'avait pas l'intention de rester les bras croisés à attendre qu'ils reviennent. Il s'approcha, avant de lancer :

Carlisle, vous êtes gentil de vous soucier de nous, mais nous sommes forts. On va vous aider.

Je le vis se tourner vers les autres, avant qu'il ne s'adresse à sa meute :

Mike, Hazel, Jayce, vous les suivez et vous vous mettez au sud de l'endroit. Leah, Will, Rob, vous couvrez le nord.

Il se tourna ensuite vers Nashoba, et ce qu'il lui dit me surprit, surtout de sa part :

Nous, on va avec eux. En route !

Alors je m'approchais de lui, devenant plus douce que je l'avais jamais été :

Jacob... Prenez soin de vous. Je veille sur Nessie et Alyss.

Ma décision sembla lui faire plaisir, alors que je le voyais détaler à la suite de la sanguinaire, papa et Jasper.

Ecoutez... J'apprécie votre enthousiasme à l'idée de sauver ma femme. Mais y aller en force ne fera qu'aggraver les choses. Par ailleurs je le répète, il n'y aura pas de bain de sang ! Jasper, Ashley, en route. Vous autres, je vous défend de vous mettre en danger, surtout toi, Nashoba. Jacob, tu veilles sur lui.

Était-il sérieux ? Il nous demandait ça ? Autant demander à un sanguinaire d'arrêter de boire du sang humain. De toute façon, avec tout le respect que je devais à Carlisle, aucune de ses paroles n'avait de réelle autorité sur moi. Alors je prenais la parole :

Carlisle, vous êtes gentil de vous soucier de nous, mais nous sommes forts. On va vous aider. Mike, Hazel, Jayce, vous les suivez et vous vous mettez au sud de l'endroit. Leah, Will, Rob, vous couvrez le nord. Nous, on va avec eux. En route !
NON, HORS DE QUESTION DE J'Y AILLE AVEC EUX!!

Nashoba venait-il vraiment de faire ce que je crois qu'il avait fait ? Presque. Il ne l'avait pas utilisé, mais c'était à deux doigts. Mes yeux se firent alors sombres, et je me stoppais dans mon élan. Même après la douceur de Rosalie, qui m'avait assuré qu'elle prendrait soin de filles, je ressentais au fond de moi une colère monter. Sans hésiter, je me remettais sous forme humaine. Puis je m'approchais de Nashoba, tandis qu'il continuait :

Je veux bien y aller avec Seth et Noah, ou d'autres membres de la meute mais pas des vampires! C'est trop risqué, on risquerai de se faire repéré avant d'arrivé à Esmée et ils pourraient l'utiliser contre nous!!

Et le voilà qui détale. Alors je mute de nouveau, ordonnant à tout le monde de rester sur la formation que je leur avait imposée. En moins de deux minutes, j'avais rattrapé Nashoba. Je lui sautais dessus, l'interrompant dans sa course. Alors, prenant toute ma taille, je fis sortir l'Alpha en moi. Ma voix mentale, emplie de notes d'Alpha, se fit entendre dans tous les esprits des loups :

Nashoba Black, jusqu'à preuve du contraire, c'est MOI qui commande, ici. Si tu n'est pas d'accord avec MES ordres, pars, va t'en. Si tu n'est pas d'accord, alors ne vient pas sauver Esmée ! Si tu veux sauver Esmée, tu te tais et tu m'obéis, compris ?

Je ponctuais mes mots par un grondement sourd, puissant, celui d'un Alpha. Sans attendre de réponse de sa part, je rejoignais les trois vampires. J'espérais que Nashoba avait compris mes ordres, et qu'il fermerait son clapet. L'Alpha, c'était moi.