Very good surprise

Diantre, ma vie avait tellement changé depuis que je l'avais rencontrée. Cette fille, que dis-je, cette femme, elle avait tout chamboulé. Elle était brisée, blessée, apeurée, et pourtant... Tout était allé si vite, je l'avais réconfortée, rassurée, aimée. Notre nuit ensemble avait été un véritable rêve à mes yeux, elle était ma déesse. J'avais aimé chaque seconde avec elle, chaque mouvement en elle, chaque baiser, chaque caresse. Tout de cette nuit avait été parfait. Comme elle. Elle était devenue mon tout, ma vie, la seule chose qui me retenait au sol. Si ce n'est ma petite Gracie, bien entendu. Mais Violette c'était... Mon tout, littéralement. Finalement, je pensais que le destin avait décidé de me réserver une belle continuation dans ma vie, même si - il fallait se l'avouer - Violette n'était pas une vampire de tout repos. Elle mettait de l'action dans ma vie, c'était déjà ça. C'était déjà tellement.

Alors peut-être que ça va paraître stupide, ridicule ou tout bêtement humain, mais j'avais décidé de me laisser aller avec elle. Ces mois passés avec elle n'étaient que du bonheur, rien de plus. Je regardais dans la vitrine d'un bijoutier, actuellement, avec un petit sourire aux lèvres. Puis, au bout d'une bonne dizaine de minutes à regarder les différents modèles de bague, j'entrais dans le magasin. La jeune femme qui tenait cette boutique de bijoux avait une tête adorable, elle semblait vraiment s'y connaître en bagues. Je lui demandais des conseils, montrant une photo de l'élue de mon coeur. Elle me dirigea alors sans hésiter vers une jolie bague, plutôt simple. Fine, ornée de jolies pierres ambrées, elle allait lui convenir à merveille. Le métal argenté ressortirait à la perfection sur sa belle peau blanche, et les pierres précieuses iraient bien avec ses yeux. Je payais alors l'objet, qui était gardé dans un écrin de velours blanc.

Blanc, comme la pureté, mais aussi comme la colombe, oiseau de l'amour. Exactement ce qu'il me fallait. Je sortis du magasin, tranquillement, avant d'aller chez nous. Me changeant rapidement pour enfiler un jean noir et un t-shirt blanc, je passais ensuite chez elle. Pour la rejoindre, parce que j'avais décidé qu'il était grand temps que nous ayons une grande discussion. J'entrais chez nous, un peu à l'improviste, sachant qu'elle ne me rejetterais pas. Même en la surprenant nue, j'en étais certain. Finalement, après les civilités habituelles - d'accord, après un long moment d'embrassades et de câlins - je finis par prendre la parole :

Ma belle, on va aller faire un tour !

Ce n'était pas une question, mais une affirmation. Après avoir bien vérifié, discrètement, que l'écrin doux était encore dans ma poche, je me dirigeais vers la porte. Direction la forêt de Forks !

Euh… D’accord, mais est-ce que tu me permets de finir de m’habiller ? Moi, cela ne me gêne pas de sortir en soutien, mais je risque d’attirer les regards.

Hmmm, elle n'avait pas tout à fait tort. Je ris doucement, la laissant alors s'habiller. Je l'admets, je ne me gênais pas pour la regarder avec admiration. Même si elle ne voulait pas le croire, elle était vraiment belle, c'était une femme d'une beauté incroyable. Elle avait des courbes bien formées, un corps fin mais musclé, et un visage qui m'inspirait confiance. Je souris en voyant ses vêtements, elle était encore plus belle. Mes doigts jouèrent avec mes cheveux, un instant, les remettant en place, avant qu'elle ne se dirige vers mes chaussures. Attendez, était-elle vraiment en train de... ? Oui, elle venait d'enfiler des baskets noires qui, je tiens à le souligner, étaient à moi. Cela ne me dérangeait nullement, elle avait accès à chacune de mes affaires si elle le souhaitait. Toutes, sans exception. Y compris les sous-vêtements. Bref, on sortait de chez nous, allant en direction de la forêt quand elle parla :

Alex as-tu besoin de te nourrir ?

Je secouais la tête. Bien sûr que non, j'avais fait mes provisions avant d'aller au magasin de bijoux. J'étais préventif, n'est-ce-pas ? Je n'avais pas pour plan d'aller chasser, l'heure était plutôt... Aux confidences, je dirais. Cela faisait plusieurs mois que nous partagions la même maison, la même vie, le même lit - oui, c'était aussi important pour nous - et pourtant... Elle n'en savait pas tant sur moi. Alors il me paraissait tout simplement juste et égalitaire que je m'ouvre plus à elle. Alors je menais doucement notre marche, jusqu'à arriver à une sorte de petit point d'eau calme, un peu éloigné des sentiers battus. C'était le lieu idéal pour commencer. Tout doucement, je prenais la parole pour commencer à me confier :

Ça fait plusieurs mois qu'on vit ensemble, littéralement, et pourtant... Je me rend compte que tu n'en sait pas tant sur moi... Je suis un océan de mystères, je suppose. Donc... Pose moi les questions qui te traversent l'esprit, je te répondrais.

L'honnêteté était la base d'un couple. Qu'elle me parle de mon passé, de mon premier meurtre, de l'abandon de mes amis ou de mon don, ou bien encore d'autres choses, je serais pleinement honnête avec elle.

Je savais qu'elle allait s'inquiéter un peu, mais je ne voulais pas gâcher la surprise. C'est sans doute pour ça que j'avais décidé de la faire attendre un peu avant de tout lui dire. C'était tout de même plus juste qu'elle en sache plus. Je ne savais jamais vraiment comment me confier, quels mots utiliser, alors il me semblait plus aisé pour moi de la laisser me poser ses questions. Et pour elle aussi, car elle pourrait savoir ce qu'elle voulait, choisir les sujets qu'elle ne voulait pas aborder. Puis elle me répondit et je compris pourquoi elle ne m'avait pas questionné. Elle s'en voulait de sa dernière question, qui m'avait rendu triste. Pourtant, je ne lui en voulais pas, elle ne me connaissais pas, elle n'aurait pas pu deviner. Elle saisit cependant la chance que je lui offrais, venant alors à prendre la parole assez rapidement et à commencer à me poser toutes les premières questions qui lui venaient à l'esprit :

Alex as-tu déjà essayé de reprendre contact avec ton groupe ? Pourquoi est-ce que tu ne veux pas me dire le nom de ta créatrice ? As-tu peur que cherche à me venger d’elle ? Es-tu resté tout seul avant notre rencontre ?

Je respirais un coup, bien que cela me soit totalement inutile, avant de lui répondre avec calme et douceur :

Je fais des recherches, mais je ne sais pas où ils peuvent se trouver. Si je ne t'ai pas dit le nom de ma créatrice, c'est pour ne pas lui attirer d'ennuis. Pas avec toi, mais avec les siens. Si tu le souhaite, je vais te le dire. Ma créatrice se nomme Athenadora Volturi, et c'est avec elle que j'ai passé le début de ma vie vampirique. Puis il y a eu Gracie.

Tout était dit avec douceur, je lui montrais qu'elle pouvait me poser toutes les questions, même les plus difficiles. Au début, j'avais du mal à tout avouer à cette femme, parce que j'avais peur qu'elle me rejette. Mais aujourd'hui, les plusieurs mois que nous avions passés ensemble m'avaient ouverts les yeux. Elle ne me rejetterais pas, elle m'aimait, elle voulait qu'on reste ensemble. Voilà pourquoi aujourd'hui, j'étais prêt à répondre à toutes ses questions. Aujourd'hui, je n'avais plus peur d'ouvrir mon coeur à celle que j'aimais.

Colère. Quand j'eus prononcé le nom de ma chère créatrice, je sentis que Violette se mettait en colère. Ce qui, au fond, ne m'étonnait pas. C'était l'effet provoqué chez tout le monde. La colère, la haine. Seulement le nom, parce qu'en réalité, Athenadora était une personne merveilleuse, une vraie princesse. Ma compagne semblait perturbée par mes paroles. Elle devait se demander pourquoi je ne voulais pas qu'Athena ait des ennuis. Tout était logique, voyons. Si quelqu'un apprenait qu'elle m'avait transformé, ils se méfieraient d'elle, et son plan de vengeance tomberait à l'eau. La Reine trahie ne méritait pas cela. Alors je me contenterais de le dire à Violette. Puis, spontanément, elle me demanda qui était Gracie. Je ne répondis pas tout de suite, la laissant venir se rapprocher de moi, m'embrasser, puis continuer son "interrogatoire" - le mot est mal choisi puisque c'est moi qui l'y ait contrainte, non ?

Alex est-ce que tu as déjà été heureux dans ta vie humaine ou vampire avant de faire ma connaissance ? Depuis le temps que tu es vampire, as-tu déjà eu une compagne hormis moi ? Alex sait une question qui m’est venu d’un coup, mais je n’ai pas trouvé comment l’adoucir. Qu’aurais-tu fait si nos chemins ne se serait jamais croisés ?

Je souriais doucement. Elle se posait sans doute des tas d'autres questions, et elle commençait par celles qui étaient d'ordre des sentiments. Cela me faisait sourire, rien de méchant, j'étais simplement dubitatif. Elle me posait des questions auxquelles je ne m'attendais pas, du moins pas aussi tôt. Finalement, je prenais sa main dans la mienne, embrassant le dos de sa main, avant de répondre :

Gracie, c'est comme une petite soeur pour moi. Je ferais n'importe quoi pour elle, pour son bonheur. Elle faisait partie d'ANGELS. Oui, j'ai eu beaucoup de moments heureux étant humains. Je profitais de la vie, mais ce que j'aimais le plus, c'était les moments où on faisait nos concerts, avec les potes. C'était puissant, intense, on partageait tout. Et oui, pendant un temps, j'ai eu une sorte de compagne. Ma chère et adorable créatrice, ma petite Athena. Et si nos chemins ne s'étaient pas croisés... J'aurais sans doute continué de tourner, de vadrouiller, de virer çà et là en quête de l'Amour... Mais je l'ai trouvé.

Mes lèvres s'étirèrent en un sourire. J'essayais, en partie, d'occulter de sa mémoire une de mes paroles. J'avais bel et bien qualifié Athenadora de "chère et adorable" à mes yeux. Car il en était ainsi. Elle n'était pas comme tous les siens, elle était une personne blessée, trahie, malheureuse. Elle méritait qu'on la traite comme une Reine. C'est ce qu'elle était à mes yeux. Finalement, je fis un petit rictus amusé, avant de glisser à son oreille :

Pose la.

Bien entendu, je faisais référence à cette question qui, je m'en doutais, lui brûlait les lèvres. Je la connaissais, maintenant...

Alex est-ce que tu essaies de me dire que ta créatrice est différente de ses semblables ? Cela fait depuis un petit moment, que je me suis posé la question. Alex est-ce que tu possèdes un don ?

Ah, enfin elle me posait la question qui la taraudait. Mon don l'intriguait, et je savais bien qu'elle était curieuse d'en apprendre plus sur moi. Alors, tout doucement, je pris la parole pour répondre à ses deux questions en même temps :

Athena était l'épouse de Caïus, et celui-ci s'est servit d'elle. Elle n'est pas comme les autres. Elle souffre, elle veut se venger. Et oui, j'ai un don. Je peux paralyser les gens à distance. Rassure-toi, je ne l'essaye pas sur les gens qui ne sont pas volontaires. Sauf ceux qui veulent du mal à ceux que j'aime.

Alex, je ne t’ai jamais remercié de m’avoir autorisé à venir chez toi. Est-ce que notre relation aurait été possible si j’aurais toujours été humaine ? Est-ce que tu m’aurais remarqué ?

Son baiser sur ma joue me fit l'effet d'une claque. Dans le bon sens du terme. C'était puissant, doux, fort, enfin parfait quoi. Sa voix chuchotée dans mon oreille, je frémissais. Elle me faisait ressentir des tas de trucs étranges, et pourtant nous n'étions uniquement en train de discuter. Elle était parfaite, la femme rêvée. La vampire rêvée. Finalement, elle reprit la parole, après m'avoir sensuellement mordillé mon lobe d'oreille, et s'être légèrement éloignée :

Alex as-tu eu un entretien ? Je dis ça, car c’est la première fois que je te vois aussi bien habiller. Aurais-tu décroché un contrat avec une maison de disques où est-ce que tu vas partir de la ville ?

Peut-être que c'était le moment idéal. Je ne savais pas trop, en réalité. Mes doigts saisirent les siens, doucement, avant que je ne l'enlace, me mettant dans son dos. Je vins alors déposer un premier baiser près de son oreille, redescendant tranquillement le long de son cou, puis de son épaule. Je m'arrêtais à son épaule, avant de murmurer avec douceur à son oreille :

C'est chez nous, pas chez moi... Ma belle, que tu sois humaine, vampire, louve, je m'en fiche. C'est toi que j'aime, toi et uniquement toi... Et pour te le prouver...

Je la relâchais, venant alors déposer un genou à terre devant elle, sortant lentement la petite boite veloutée de ma poche. J'avais le trac, vous imaginez même pas comment. Plantant mon regard doré dans le sien, je murmurais :

Mademoiselle, votre beauté m'a chaviré le coeur, et aujourd'hui, j'aimerais que vous portiez mon nom. Acceptez-vous, Violette Ewans, de devenir ma femme ?

Je souriais légèrement. Au comble du trac.

Ouch. Quand on pose ce genre de question, vous savez, une question vraiment importante, genre tellement importante qu'elle risque de chambouler toute votre vie, y a un truc qui vous fout encore plus la pression. Vous savez, ce long moment de stress intense où la personne que vous aimez reste immobile et silencieuse - je me demande même lequel est le plus stressant - pendant que vous attendez une réponse. Il s'en passe des choses dans votre tête à ce moment, vous vous imaginez le pire des scénarios. Et y a le choix, elle s'enfuit en courant, elle refuse, elle tombe dans les pommes... Enfin, voilà, j'étais confronté à ça. Avais-je été trop rapide ? Avait-elle peur de s'engager ? Et finalement, la personne se remet à bouger - première chose qui rassure, elle n'est pas morte debout - mais au fond, vous avez encore plus le stress, parce qu'elle vous a pas encore dit "oui". Puis, pour clôturer le tout, vous entendez :

Alex… Je ne m’attendais pas à ce que tu me demandes ça… Je suis si émue que je n’arrive pas à garder mes pensées dans l’ordre…

Bien entendu, alors que vous pensiez que cela allait vous rassurer, vous apaiser, bah non, vous vous êtes mis le doigt dans l'oeil. Ça ne vous rassure pas, au contraire, vous avez réussi à vous ancrer dans la tête que ce genre de début ne peut qu'arriver à une tragique fin. Elle s'y attendait pas, donc ça a été trop vite. Et là tu regrette d'avoir osé, tu l'as un peu trop bousculée, tu as qu'une envie, c'est de revenir en arrière, effacer cette journée. Tu sais que tu peux pas, alors t'as aussi envie de rentrer sous terre, de te planquer dans une caverne pendant des tas et des tas d'années - même si, dans le cas présent, ça servirait à rien, elle est aussi immortelle - ou même partir à l'étranger. T'as tellement de choses qui te viennent à l'esprit, le stress te fait imaginer les pires trucs, tu n'entends que la partie qui te parait négative. Et puis au final, t'es tellement dans tes pensées que tu sursaute quand l'être aimé reprend la parole :

Ma réponse est OUI, je ne pourrais pas vivre sans toi, tu es mon univers. Je ne pourrais pas penser à vivre ma vie sans toi.

Et là, t'as toutes tes pensées qui s'effondrent. D'un côté, tu te sens vraiment, mais vraiment trop con d'avoir pensé tout ça, et en même temps, tu te cherche des excuses pour te rassurer. Enfin, ça, ça dure qu'une courte seconde. Du moins, ça a été mon cas. J'ai eu une seconde de relâchement intense, mais la seconde suivante, je l'ai attrapée dans mes bras, je l'ai soulevée, je l'ai embrassée comme si ma vie en dépendait. En vérité, ma vie dépend d'elle, mon avenir c'est elle. De nombreux baisers, je l'enlace, je l'aime tellement que j'en oublierais presque ce stress qui avait pris possession de moi. Finalement, je la repose au sol, prenant délicatement sa main, je viens y glisser le somptueux bijou à son doigt, tout en murmurant tendrement :

Ma vie, c'est vous, Madame Worsnoop...

Mes lèvres viennent délicatement embrasser sa bague de fiançailles.