La personne la mieux placée [PV Gracie]

Tout s'était déroulé tellement vite. J'avais l'éternité devant moi, je pouvais prendre des centaines d'années avant de le faire, mais non. Je n'avais pas eu envie d'attendre, je n'avais pas eu le courage d'attendre. Un signe de faiblesse, peut-être. Mais bon, si c'était ça, être faible, alors je voulais bien être faible des dizaines de fois encore. Je m'étais enfin décidé, peut-être sur un coup de tête, à aller acheter cette magnifique bague, à me confier à Violette, et surtout... Je lui avais demandé sa main. J'aurais pu aller la demander à son père, comme le veut la tradition, mais... Cela aurait été difficile, puisque je ne le connaissais pas. Et, bien entendu, elle avait dit oui. C'était elle, pour la vie. Je l'avais senti, en moi, dès le premier regard. Quelque chose de fort, de merveilleux, de puissant s'était passé entre nous, à l'instant où nos prunelles identiques s'étaient croisées.

Sauf qu'aujourd'hui, je devais m'attaquer à une autre demande, un peu plus délicate. Pour ce faire, j'avais mis toutes les cartes de mon côté. J'étais bien habillé, j'avais tenté de coiffer mes cheveux - j'avoue avoir abandonné en voyant que le vent les décoiffait à la moindre brise - et j'avais même mis du parfum. Pas beaucoup, hein. Mais j'étais fin prêt à ce que j'allais faire. Du moins, c'est ce que j'essayais de me faire croire. Parce qu'au fond, je me posais de nombreuses questions. Et si j'y arrivais pas ? Et si elle refusait ? Et si elle s'énervait ? Tout ça tournait en boucle, je me mettais un peu la pression. Pour rien, je m'en doutais. Finalement, j'étais allée la rejoindre, je lui avais donné rendez-vous en bas de notre immeuble. Elle avait pu profiter de sa matinée, et moi aussi. C'est donc un peu stressé, mais souriant et toujours jovial que je rejoignis ma petite soeur de coeur :

Coucou ! Comment tu vas ?

Je la pris dans mes bras, déposant un baiser sur son front. Elle sentait toujours aussi bon, c'était apaisant. Finalement, je reculais, pour ne pas la geler sur place. Ma condition de glaçon "vivant" était parfois dure à supporter, notamment parce que... Bah j'aurais tellement voulu pouvoir la prendre dans mes bras sans qu'elle ne soit congelée, tout simplement. Je pris un air très sérieux, relevant légèrement la tête, avant de déclarer, avec un ton un peu plus enfantin :

Je t'emmène au zoo !

Alex avait quelque chose d'important à me dire aujourd'hui. Je devais le retrouver à onze heure précise en bas de l'immeuble. C'était certainement qu'il voulait avoir le temps de chasser avant, et j'étais heureuse de ne pas le voir boire une poche de sang ! Comme le faisait Williams. Comment faisait-il? car soigner des gens mais aussi boire leur sang, même si ce n'était qu'en poche médicalisée, c'est.. erg.. J'eu comment un hoquet de dégout rien qu'en y pensant. Lais j'arrivais à l'aimer malgré cela c'était mon meilleur ami.

Bon, je regardais l'heure et vis qu'il était déjà 9h45 en ce samedi. J'avais fais une grasse mat' car la fatigue des révisions s'était accumulé mais maintenant que les examens étaient terminé j'étais un peu plus libre de mon temps.

Je sortis  rapidement du salon pour me diriger vers la salle de bain et me laver puis aller m'habiller.
Mais qu'allais-je mettre aujourd'hui? Alex ne m'avait pas prévenue du lieu de notre sortie, alors j'optais pour un jean serré noir accompagné d'une blouse blanche en mousseline de soie blanche à manche courte et d'une veste tissue noir simple. Pour mes cheveux je les laissais détachés même encore un peu mouillé. J'espérais au moins qu'il ne faisait pas trop froid aujoud'hui et qu'il ferait plutôt bon comme ces derniers jours.

Je mangeais rapidement mon petit déjeuné dans la cuisine-salon tout en regardant la télé, émerveillée devant le Roi Lion, puis venait l'heure de notre rendez-vous. Un rouge à lèvres très naturel se voyant peu, seulement pour mettre un peu de couleur, du crayon gris noir pour les yeux puis je fermais la porte à clé. Violette avait rendue visite à l'une de ses amies depuis deux jours puis rejoignais joyeusement mon frère de coeur.

J'avais hâte de le retrouvé, cela faisait longtemps depuis les révisions que je n'avais pas passer autant de temps avec lui. Descendant rapidement les dernières marches j'ouvris agilement la porte du hall avant de m'approcher de mon frère et de le prendre dans mes bras, entourant sa taille, tandis que lui déposais un doux baiser sur mon front. Il me demandait comment j'allais, j'allais bien, oui j'allais bien. Avec lui, lui et Violette, et rendant visite à ma famille au moins une à deux fois par mois.

-Oui je vais bien, et toi, ta chasse alors? Lui demandais-je sereinement.

Puis il me disait qu'il m’emmenais au zoo, mais il n'y en avait pas ici, où alors? Étonnée et tout en m'éloignant légèrement de ce vampire comme lui venait de le faire je l'interrogeais:

-Au zoo ? Mais où ? On n'en n'a pas sur Seattle !

Et alors, qu'avait-il à me dire? Je supposait q'étant donnée l'idée d'aller au zoo, c'est que c'est peut-être bien une chose importante, mais rien de grave, je le connaissais. Cela me rassurait bien d'ailleurs.

Elle avait ce petit truc de vraiment mignon. Cette façon d'être, de se laisser faire, on aurait dit qu'elle avait peur d'agir. Enfin, bref, cela la rendait vraiment mignonne. Elle me paraissait aller bien, comme si elle resplendissait. Y a pas à dire, ses escapades pour aller voir ses amis, et sa famille, cela lui faisait du bien. Mais aujourd'hui, hors de question qu'elle se sauve encore je-ne-sais-où, elle n'avait pas d'autre choix que de venir avec moi. Ça va, franchement, le zoo, y a pas mieux pour une sortie détendue. Finalement, avec un ton totalement sincère, elle me répondit qu'elle allait bien. Elle s'enquit même de ma chasse, et je feignis alors d'avoir vraiment été chasser. En vérité, ma chasse avait été nocturne, j'avais passé ma matinée à me préparer. Une vraie fille, hein ? Mais bon, nous ne parlons pas de mon envie d'être présentable pour cette demande particulière. De toute façon, elle reprit :

Au zoo ? Mais où ? On n'en n'a pas sur Seattle !

Esquissant un sourire, je secouais la tête. Ma petite soeur de coeur, ma petite Gracie, ce que tu peux être naïve. Bien entendu, il n'y en avait pas ici, je le savais. D'ailleurs, cela m'étonna un peu que tu ne comprenne pas, aussi rapidement, qu'on allait à celui de Jacksonville. Mais bon, peut-être que tu avais simplement été prise au dépourvu. C'est ce que je me disais, en continuant de regarder son fin visage et sa chevelure couleur de feu. Puis, toujours aussi calmement, je finis par reprendre la parole :

La chasse était bonne, et on va à Jacksonville...

Eh oui, il y avait un bout de chemin. Mais bon, cela en valait la peine. Le zoo avait obtenu de bonnes critiques sur internet, et apparemment c'était vraiment l'un des meilleurs. Alors pourquoi ne pas en profiter ? Et puis, avec ma vitesse, on y serait en un rien de temps. Quoique... En pensant à la vitesse de fou que j'avais, une petite complication apparut dans mon esprit. Oui, moi j'allais vite, mais allait-elle vouloir me laisser l'emmener ? C'était une autre paire de manches. Finalement, je laissais échapper, avec une moue contrite :

Par contre, faut trouver une voiture... Je suppose que tu ne voudras pas monter sur moi ?

-La chasse était bonne, et on va à Jacksonville...

Ainsi il voulait m'emmener à Jacksonville ? Mais il y avait très bien un zoo en Californie, j'étais légèrement étonnée de son choix de destination, mais ne le jugeais pas, non, loin de là. S'il avait décider d'aller à Jacksonville c'est qu'il savait pourquoi. Enfin, je suppose.
Mais c'était loin, au moins la Californie c'était juste un peu plus bas que Seattle. Eninf, pas mal plus bas, mais pas aussi loin que la Floride ! Et..
Je comprenais alors, peut-être passais je trop de temps là-bas en compagnie de ma famille et de mes amis, même si je ne me déplaçais au plus que deux fois par moi; et que cela aurait pu être une occasion de les revoir et donc de le laisser tombé. Mais ça, jamais, jamais je n'abandonnerais Alex !
L'expression de mon frère de coeur devenait alors plus sérieuse puis il eu une mine contrite:

-Par contre, faut trouver une voiture... Je suppose que tu ne voudras pas monter sur moi ?

Bien sur qu'il était difficile de trouver une voiture ou tout simplement le fait même de se déplacer en voiture jusqu'à l'opposé du pays était inimaginable, enfin, si c'était possible, mais...  sur un coup de tête ? Allais je vraiment accepter de monter sur lui pour toute cette traversé entière ?

-Alex, tu ne me propose tout de même pas de faire Seattle Jacksonville sur ton dos ? Combien de temps cela prendrait ?

Fallait il que j'accepte qu'il m'emmène sur son dos, sans danger ? Il n'allait quand même pas me paralyser une partie du corps pour pouvoir me porter non ?
Je ne savais pas, ni trop partante mais tout de même excité à l'idée de voyager ainsi, ni trop réticente.
Je ris alors un peu nerveusement, tous ces kilomètre pour passé une petite journée seulement, dans un zoo. Tu es dingue mon cher Alex.
Lui adressant un sourire amusé, cette idée ne me déplaisait plus autant, mais je restais tout de même sur mes gardes:

-Et qu'est ce que je risquerais si je te suis, et que je monte?

Je me rappelais de la dernière fois où je l'avais suivie pour un grand trajet, c'était lors de nos retrouvailles, seulement là j'étais endormie,
à trois heures du matin, épuisée par les événements.

Alex, tu ne me propose tout de même pas de faire Seattle Jacksonville sur ton dos ? Combien de temps cela prendrait ?

Je comprenais ses peurs et son angoisse. Oui, bien entendu, j'avais déjà prévu qu'elle ne serait pas directement d'accord. En même temps, une personne sensée n'aurait déjà pas accepté de me suivre après avoir apprit ce que j'étais. Mais elle, c'était vraiment différent. Elle était comme ma soeur, et apparemment, elle me considérait toujours comme son frère. Mes doigts glissèrent doucement le long de son bras, tandis que je l'écoutais reprendre la parole avec une douceur qui la caractérisait bien :

Et qu'est ce que je risquerais si je te suis, et que je monte?

Mes yeux la fixèrent un instant. Puis, avec un grand calme, je décidais de lui déclarer, honnête :

Eh bien, si j'étais seul, je pourrais y aller en deux heures. Mais si tu montes, rassure-toi, on fera des pauses, et je n'irais pas trop vite. Et, rassure-toi encore plus, je n'userais pas de mon don sur toi.

Non, tout de même, je n'allais pas la paralyser aussi longtemps. Déjà, ce serait dangereux pour ses muscles, elle pourrait rester éternellement bloquée sur mon dos. Imaginez donc les scènes que ça pouvait donner... Et puis, je ne voulais pas la blesser, si elle me donnait son accord préalable, je la paralyserais. Mais ce ne serait pas fort, je ferais en sorte que ce soit plus une sorte de... En gros, ce serait plutôt comme si elle avait du mal à bouger, je ne l'empêcherais pas entièrement de bouger, elle pourrait quand même faire des mouvements. Enfin, bref, vous m'avez compris. Mon regard doré posé sur elle, je passais mes doigts dans mes cheveux. Allait-elle accepter, ou bien préférait-elle la voiture ? Surtout qu'en bagnole, on mettrait plus de temps...

Malgré ma condition de suceur de sang, j'arrivais à être presque humain avec elle. J'arrivais à m'approcher d'elle sans avoir la gorge en feu et une irrésistible envie de lui sucer l'hémoglobine. J'avais même réussi à repousser ses cheveux derrière son oreille, tout en ayant senti son pouls, sans avoir eu envie de plus. Elle avait l'air d'apprécier ce geste, que je gardais depuis que j'étais humain. Je voulais qu'elle voit en moi un grand frère, et pas un vampire assoiffé de sang. Parce qu'au fond, n'était-ce pas ce que j'étais ? Je chassais souvent la nuit, et j'étais toujours là lorsqu'elle se réveillait. Elle vint se blottir contre moi, et je l'enlaçais avec un amour très fraternel. Les secondes s'écoulaient lentement, et je profitais de ce moment de tendresse. Son odeur était très agréable, son sang sentait bon, mais je n'avais pas envie de le boire. Comme si je préférais le sentir que le goûter.

Tu es sûr que je ne risque rien ? Et... Et si tu utilisais ton don sur moi pour un meilleur confort... afin que je ne reste pas à m'accrocher avec difficulté pendant deux heures... Est ce que cela peut s'avérer utile ? Je t'avoue que ça me stress un peu même si je sais que c'est plus confortable et que tu ne me feras pas de mal.

J'esquissais un sourire. Elle avait raison, mais je craignais que ses muscles restent tétanisés trop longtemps, et qu'elle en ait des séquelles. Un vampire n'aurait eu aucun souci, mais une humaine... J'avoue que je ne voulais surtout pas prendre le risque de la blesser. Finalement, après quelques longues minutes de réflexion durant lesquelles je ne la lâchais pas, je finis par décider :

Bon, grimpe petit singe !

Mais elle n'eut pas le temps de bouger que je l'avais déjà soulevée avec facilité, et positionnée sur mon dos. Puis j'étendis mon don autour d'elle, ne laissant que ses mains en dehors, avant de lui dire :

Si jamais tu sens n'importe quoi, une douleur même infime, pince moi et on s'arrête. Je ne veux pas prendre de risque.

J'espérais que tout se passerait au mieux.

Il faut croire que j'avais eu raison de lui laisser les mains de libres, car rapidement ses doigts me pincèrent. Merde, on était même pas partis que déjà elle voulait descendre ? Je ris intérieurement, cela me permit d'évacuer un peu le stress. Automatiquement, je la débloquais, et je la laissais descendre de mon dos. J'espérais ne pas l'avoir trop secouée en la soulevant, ou une bêtise comme cela, parce que sinon, tout mon plan parfaitement calculé à la seconde près (ou presque) tombait à l'eau, et j'avais vraiment pas envie de ça. Alors je la laissais se remettre de son peu d'émotions, avant qu'elle ne me lance avec légèreté que j'avais même paralysé sa tête. En fait, cela me paraissait assez normal pour éviter que, par exemple, sa tête ne parte en arrière à cause de la vitesse. Je voulais pas lui briser la nuque, mais juste aller à Jacksonville, était-ce trop demander ? Elle semblait plus rassurée d'avoir les deux pieds sur la terre ferme, tout de même, et cela me fit sourire.

Si tu veux, tu peux me bloqué jusqu'à la taille... enfin l'abdomen... cela sera plus supportable pour moi je pense. Pour me sentir un peu plus libre...

Je hochais la tête, avant de la reprendre sur mon dos et de m'exécuter. J'obéissais sagement, comme un enfant de coeur, ne la paralysant que jusqu'au ventre. Puis je commençais à partir en direction de Jacksonville, attentif à tout mouvement de Gracie. Mais visiblement, tout se passa pour le mieux. On arrivait aux abords de la ville, et je la déposais au sol avec un petit sourire :

La compagnie vous remercie de votre voyage à bord du Alexander 2000 !

J'éclatais de rire, détendant l'atmosphère :

Où veux-tu aller ?