➵ Look what you've done... [PV Diana][Terminé]

Il fait sombre, encore plus sombre qu’hier à cette même heure et ça ne peut faire que du bien à une créature principalement nocturne comme moi. C’est une heure idéale pour sortir se balader sans trop croiser d’humains ou que sais-je encore, c’est sorte de polluants vivants qui trainent et qui gâchent les villes d’aujourd’hui. Si j’en avais l’autorisation, je mettrais le feu à cette ville mais ça m’étonnerait qu’on me donne cette chance et puis même, j’avoue que, sans eux, je ne m’amuserais pas autant. Forks est la ville parfaite pour des créatures du genre mystérieuse, lugubre, étrange et même terrorisante si vous êtes un être humain qui tombe nez à nez avec un loup-garou ou encore un simple vampire mais en général s’il est face à face avec ce dernier, il ne reviendra jamais là d’où il vient, les vampires laissent rarement une chance à leur proie de survivre et j’avoue que ça peut être un beau spectacle à regarder pour quelqu’un comme moi. J’ouvre ma porte d’entrée, je sens une légère brise mais ça ne m’affecte pas, je me balade souvent avec juste une petite veste et le froid n’est pas un réel problème pour quelqu’un qui maîtrise le feu. Je vais me balader, faire une parcours différent de d’habitude même s’il n’y a pas quatre milles chemins différents à partir de là où j’habite, tous les arbres se ressemblent et il est parfois dur de s’y retrouver mais ça fait quelques centaines d’années que j’y réside et à force, on s’y fait et puis maintenant avec la technologie actuelle, on doit juste déverrouiller notre cellulaire et appuyer sur l’icône de l’application Maps et miracle, vous n’êtes plus perdu. Je devrais y aller, le temps passe vite et j’ai peu de temps pour faire ce que j’ai envie.
J’approche d'une habitation, l’idée qu’un humain puisse m’apercevoir m’ennuie, je ne suis pas le genre de démon qui aime se faire remarquer, spécialement par ce genre d’êtres vivants. Après, ils vous parlent et bizarrement, ils s’ouvrent à vous comme un livre ouvert et vous êtes obligé de jouer les psychologues à écouter leurs problèmes pathétiques tels que ‘ma femme me trompe’ ou encore ‘le journal coûte plus cher qu’avant’ et vous, qui, voulant être discret, répondez par une affirmation et votre avis va dans le même sens que celui de la personne en face de vous. Mais cette nuit, c’était différent, j’avais entendu un peu de bruit, étouffé par les murs au beau milieu de la nuit. Ça aurait pu être un cri de joie mais à Forks, c’est souvent mauvais signe. Une petite maison, la porte plutôt abîmée, comme si on avait défoncé les gongs, pendant un moment, j’ai cru que c’était juste un voleur qui voulait dérobé tous les biens de cette pauvre dame que je voyais chaque soir devant la télévision à regarder une de ces séries policières où l’on devine tout et où tout fini bien. Des séries de bisounours en somme. De prime abord, je ne me suis pas rapproché du bruit, je ne suis pas un justicier qui sauve les gens car premièrement, je n’ai rien à y gagner et deuxièmement, ce serait une perte de temps si je m’y arrêtais mais ma curiosité en a décidé autrement. J’ai fait quelques pas en direction d’une fenêtre qui donnait une vue sur son salon et là j’ai vu cette femme mais pas qu’elle. Une silhouette féminine aussi, juste à côté d’elle qui semblait l’agresser et ça n’allait pas bien se terminer pour la victime à mon avis. Je me suis donc dirigé vers la porte d’entrée sans faire de bruit pour ne pas alerter l’agresseuse et j’ai eu un déclic en voyant attentivement la porte. Il n’y avait pas de traces de balle ou de tir et pourtant, les gongs avaient l’air d’être dans un sale état et à moins que cette fille soit Hulk, je ne vois pas comment elle aurait pu, naturellement, défoncer cette porte. Une créature surnaturelle à coup sûr. Mais je ne voulais pas essayer de deviner de quelle nature elle était, j’ai préféré entrer dans la pièce principale ou les cris de détresse se sont arrêtés instantanément et à ma grande surprise, la première chose que j’ai vu ce sont les yeux de la meurtrière. Rouges. Un vampire. Un corps au sol et moi juste en face, si j’avais vraiment voulu, j’aurais mis le feu à la maison en laissant, prise au piège, cette jeune femme mais je n’étais pas d’humeur à tuer quoi que ce soit encore moins un vampire vu qu’il peut nous débarrasser des humains. Elle ne pouvait pas bien me voir, la pièce était trop sombre pour qu’elle puisse apercevoir ne serait-ce qu’un seul de mes cheveux et j’ai hésité une bonne minute avant de sortir du noir total et de lui faire découvrir le son de ma voix et de dévoiler mon corps.
- Vous prenez des risques en attaquant directement chez votre victime. Des gens auraient pu entendre les cris de cette femme.
Je ne voulais pas être désagréable bien que je n’aime aucune race à part la mienne sur cette Terre. Son visage angélique ne reflétait pas vraiment qui elle était vraiment, une sanguinaire. Elle était même plutôt jolie à regarder voire même trop belle. J’ai rarement la chance de croiser des gens comme ça mais est-ce que j’allais regretter cette rencontre ?

En moins de vingt quatre heures, mes pieds touchaient enfin le sol Italien. J'avais pris la décision de quitter Forks une bonne fois pour toute, cette ville intrigante où rôdait tant de créatures. Mais en arrivant à Volterra, un sentiment de vide s'empara de moi. Pourtant, j'étais de nouveau chez moi, j'allais pouvoir reprendre mes vielles habitudes, c'est à dire, rejoindre le clan des passionnés de torture, profiter de la compagnie d'Eurydice. Mais surtout... J'allais pouvoir haïr encore plus le monde, parce que j'avais tout simplement été créer pour ça.

J'entrais dans le manoir où les De Wistan séjournaient depuis quelques mois, mais je fus surprise de découvrir que celui-ci était vide. Aucun signe d'Eurydice, ni des autres membres de mon clan. J'effleurais du bout des doigts les meubles où étaient posés des bijoux et autres objets de valeur, avant de m'asseoir devant ce grand miroir accroché face à une table. Il n'y avait rien à dire, j'étais de toute beauté.

Après une douche bien brûlante et une mise en beauté des plus impeccables, j'ai cogité seule pendant plusieurs heures. Volterra était devenu d'un ennui mortel... Et une part de moi souhaitait retourner à Forks. Alors, pourquoi attendre ?


Me revoilà dans cette ville où vampires et modificateurs avaient élu domicile. Cette ville, bien qu'elle soit petite et dont la météo était sans cesse pluvieuse, était devenu un de mes petits coup de coeur du moment, et je doutais que Jacob m'ait tout dit à propos de ce qui s'y passait ici. Peu importe, j'étais bien déterminée à découvrir moi-même tout ces mystères et il était hors de question que je laisse quelqu'un se mettre en travers de mon chemin.

A la nuit tombée, mon instinct me guida jusqu'à cette petite maisonnette que je pris soin d'analyser pendant une bonne vingtaine de minutes. Une dame assez âgée y vivait, une proie facile et tout bonnement succulente.

J'enfonçais la porte de manière brutale, puis me précipitais jusqu'à cette petite dame apeurée. Je m'efforçais de retenir ses cris en posant une main appuyée sur sa bouche, ce qui bloqua également sa respiration. Pas de pitié pour cette victime qui s'écoula aussitôt sur le sol.

Tandis que je me penchais pour goûter à ma nouvelle victime, une présence inconnue entra dans la maison et vint perturber mon petit plaisir. Un vampire ? Un loup ? Un humain ? Cette odeur ne m'étais guère familière. Mais j'avais la certitude de ne plus être seule.  

-Vous prenez des risques en attaquant directement chez votre victime. Des gens auraient pu entendre les cris de cette femme.

Tiens, tiens... Un homme... Seul. Je souris, délaissant le cadavre de la vielle dame, puis me relevais pour faire face à cet inconnu qui semblait plus s'inquiéter pour les risques que je prenais que pour cette petite dame sans vie.

-Prendre des risques est quelque chose d'assez excitant pour moi. Je trouve que choisir la facilité c'est si ennuyeux. Et surtout, c'est pour les faibles. 

Je doutais que celui-ci ait la même vision des choses que moi. Mais je n'avais pas peur de lui faire part de mon ressenti. Lentement, je m'approchais de l'homme, sans exprimer la moindre crainte. Il n'avait pas d'odeur particulière et ça m'énervait de ne pas savoir de quel monde venait-il. Je pliais mon coude et appuyait mon avant bras dans le cou de l'invité, puis le plaquais brutalement au mur, y laissant une légère fissure. 

-Rassure-moi, tu ne fais pas parti de ces créatures qui haïssent les vampires ? Ça serai tellement dommage de devoir te tuer.. 

Intéressant, cette femme avait bien du cran pour être aussi sûre d’elle malgré le fait qu’un modificateur aurait pu l’entendre et venir lui arracher sa tête d’argile. Sa belle tête d’argile d’ailleurs… Je n’ai même pas eu le temps de me la décrire qu’une seconde plus tard, elle me touchait et me plaquait contre le mur qui n’a pas résisté à la charge et qui a craqué sous la pression. Il y avait bien longtemps qu’on ne m’avait pas tapé dans le mur de la sorte mais si je ne me trompe pas, dans mes souvenirs, le vampire est mort dans les flammes et je vous laisse deviner qui les avaient provoquées… Quoiqu’il en soit, elle me menaçait de mort si je disais que je n’aimais pas les gens de sa nature et je n’appréciais pas trop mentir. Elle semblait avoir dit créatures comme si elle ne savait pas qui j’étais ou du moins ce que j’étais. Encore un jeune vampire, décidemment il fallait tout leur apprendre à ceux-là. Mais ça devait être un avantage, ça doit être déstabilisant quand vous vous sentez invincible et que vous vous trouvez face à un être dont vous ne savez pas les capacités. Je n’étais pas un être humain mais je n’étais pas pour autant un loup et je n’avais pas la même soif de meurtre qu’elle visiblement. Sois gentil un jour dans ta vie Silas, ne fais pas de connerie, pas ce soir. J’ai délicatement pris délicatement son bras pour l’éloigner de moi et me libérer de son emprise et parler plus calmement, à quoi bon me menacer ? J’avais l’air si menaçant que ça ?
- Oh rassurez-vous, je n’aime aucun type de créature.
Rester mystérieux, là était la clef. Comment voulez-vous établir une stratégie contre votre ennemi si vous ne savez pas comment il fonctionne ? C’est comme se battre à l’aveugle, vous ne savez pas où viser et vous pouvez très bien réussir tout comme rater votre coup. Une erreur peut être fatale dans le contexte actuel et je n’avais pas sa super force ou sa vitesse vampirique. J’avais seulement le pouvoir du feu et bien qu’il y ait une cheminée ici, je n’avais pas envie d’utiliser ce don pour rien. On pouvait régler ça calmement comme des créatures surnaturelles matures enfin, je ne pouvais pas en espérer tant d’un jeune vampire mais bon, tentons l’expérience. Son visage bien que rayonnant cachait un jeu et ce n’était pas le jeu d’une fille désorientée qui a du mal à calmer ses pulsions meurtrières. Je ne savais pas si elle avait une conscience mais j’essayais de m’en convaincre que si quand même. C’était une humaine avant d’être un vampire.
- Quel malpoli suis-je ! J’ai failli oublier de me présenter, Silas pour vous servir mademoiselle.
J’ai fait un salut presque comme si j’étais acteur dans une pièce de théâtre pour montrer le peu de respect que j’avais pour elle mais les bonnes manières passent avant et je n’avais pas l’intention de m’abaisser à son niveau de barbarie. J’étais un démon mais j’avais quelques valeurs comme les humains aiment les appeler. Est-ce que j’avais réellement une raison d’avoir peur d’elle ? J’ai le don de la réduire en cendres et ce serait bête qu’après qu’on vous ait offert l’immortalité, que l’on vous retire cette opportunité. Tout dépendra de ce qu’elle va faire, si elle se montre vraiment menaçante, je serais obligé d’agir mais avouons-le nous, ce serait bête que ce joli minois soit réduit à néant.
- Vous avez peut-être un visage d’ange mais tout m’indique que vous êtes plus démoniaque. Comme quoi, les apparences sont souvent trompeuses.

Mon bras bloquait l'homme contre le mur. Ce geste censé montrer ma supériorité n'avait pas l'air de l'effrayer. Et on ne va pas se mentir, ça me rendais folle. Je ne voulais pas déclarer un combat tout de suite car je ne savais pas à qui j'avais à faire, mais s'il le fallait, je le ferais. Sa main vint doucement retirer mon bras. Me prenait-il pour un petit ange sans défense ? Si c'est le cas, il se trompait. Je ne tenais pas à le laisser repartir sans savoir à quel clan il appartenait. Il disait n'aimer aucun type de créature. Un insociable ? Il risquait de haïr encore plus les vampires après notre rencontre. Enfin, s'il arrivait à s'en sortir indemne.

Je me reculais de quelques mètres, les yeux toujours rivés sur celui qui venait de rentrer dans la maison. Et à ma grande surprise, il se présenta comme quelqu'un de bien éduqué. Je regrettais de ne pas le voir me supplier de lui épargner sa propre vie. Qu'est-ce que les hommes pouvaient être agaçants parfois. Je fis de même, sans forcément en dire plus à mon sujet. Il n'avait pas besoin de savoir d'où je venais, ni pourquoi j'étais ici. Seul mon nom lui suffira.

-Diana. 

Je l'ai observé me saluer comme si j'étais la huitième merveille du monde. C'était juste... ridicule. Je n'avais qu'une envie, c'était de taper du pied et de le voir partir en courant comme une gazelle. N'avait-il pas comprit que je n'étais pas du genre à taper les causette à ceux qui se permettaient de venir me déranger ? Il a alors commencé à aborder ma personnalité, comme s'il me connaissait déjà.

-Tu ignores sur qui tu viens de tomber, Silas. 

Non, il ne savait vraiment pas qui il allait devoir affronter. Je posais une main sur le fauteuil où j'avais délaissé le cadavre de la vielle dame. Une épaisse couche de glace s'est alors formée.

M'approchant à nouveau de l'homme, pensant lui avoir en quelque sorte fait ressentir de la crainte, je me permis de lui murmurer quelques petites choses à l'oreille, tout en attrapant délicatement son poignet avec ma main froide. 

-Tu vois, tu ne sais pas à qui tu fais face en ce moment-même. Je te conseille de ne pas trop jouer. Les femmes de mon genre n'aiment pas qu'on les provoque...

J'avais entamé le jeu de la loi du plus fort, priant intérieurement pour en être la gagnante, même si je doutais que l'on puisse m'arriver à la cheville. Habituellement, personne n'arrivait à relever le défis. Les gens finissaient toujours pas céder. 

Mes yeux se sont levés pour admirer le visage de Silas. J'étais tombée sur un assez beau garçon. Si séduisant, que cela me dérangeait de devoir peut être me débarrasser de lui. Mais s'il fallait absolument le faire, je le ferai.

Quel joli prénom pour une sadique pour elle. Elle semblait distante mais qui ne le serait pas ? J’avais visé juste en avançant qu’elle était démoniaque, pas autant que moi mais ça, elle ne le savait pas encore. Elle semblait prendre un malin plaisir à me dévisager et à m’intimider comme si elle voulait prouver qu’elle était le plus forte de nous deux. Elle s’avança près du cadavre de sa victime et glaça une partie de son fauteuil tout en gardant un contact visuel avec moi. Comme si voir de la glace me terrorisait, elle comprenait très bien que je n’étais pas humain mais je n’étais pas peureux pour autant. Comme ça nous avions des dons opposés, s’il devait y avoir un combat, je pense que ça aurait pu durer des plombes. Sereinement, elle se mit à marcher dans ma direction et étant bien décidé à ne montrer aucune émotion, je n’ai pas bronché même quand elle s’est permise de me toucher à nouveau pour me faire ressentir le froid de sa main. Pas un frisson, juste un léger souffle et elle me menaçait encore, à force, on aurait dit qu’elle avait peur de moi. Elle me mit en garde car je ne savais pas qui elle était, rien de bien effrayant, encore une nouvelle qui pensait être l’être le plus puissant du monde et qui semblait savoir tout sur tout. Prétentieuse ? J’aime bien. Je fis un petit sourire en coin, jusqu’à présent, tous mes actes laissent entrevoir que j’étais un simple humain avec une odeur, pour elle, inconnue qui agissait normalement et sans avoir de pouvoir particulier mais j’allais tenter de briser cette image que je lui avais donnée de moi. Elle me fixa et je tournai ma tête pour me plonger, l’espace d’un instant, dans ses yeux d’un rouge presque terrorisant pour la vue d’un simple humain.
- Diana, je me permets de te tutoyer, tu ne sais pas non plus à qui tu en as, tu ne sais même pas si je suis humain ou un loup-garou.
Je ne pouvais pas dire vampire car elle sent bien à ma chaleur corporelle que je n’étais pas un homme d’argile comme elle l’était. Néanmoins, j’étais prêt à lui montrer ce que j’avais le pouvoir de faire et j’ai brusquement tourné ma tête vers la cheminée qui était toujours allumée, la vielle dame devait avoir froid à cause du froid nocturne et presque hivernal. Je promets que je ne voulais pas en arriver là mais mademoiselle Diana avait bien l’intention de m’en faire voir de toutes les couleurs. Une petite seconde de concentration, c’est ce qu’il m’a fallu pour faire propager les flammes jusqu’à nous sans qu’elles ne puissent nous toucher. Pour un vampire, ça doit être une sorte de phobie comme c’est un des seuls moyens pour les détruire complètement et ainsi, mettre un terme à leur vie d’immortel. Encore une fois, je n’avais aucune volonté à la tuer bien que ses menaces commençaient à me taper sur le système. Une fois les flammes à quelques centimètres de nos corps, j’ai cessé cette prorogation en estompant les flammes qui s’étaient ajoutées à la situation initiale, c’est-à-dire, dans la cheminée. Laissant derrière elles, des traces noires qui étaient en fait une simple ligne parfaitement droite et qui était dans notre direction. Je ne voulais pas faire comme elle en la faisant fuir, si on enlevait toutes ses menaces et ses actes autoritaires, elle n’était pas forcément une mauvaise compagnie malgré qu’elle soit un vampire assoiffé de sang. Je ne dis pas que j’étais l’être le plus tendre de Forks non plus, j’ai déjà tué des gens par le passé mais je devais arrêter tous ces meurtres et me contrôler ce que j’ai appris à faire après quelques centaines d’années auparavant. J’ai parcouru des pays, aussi froids les uns que les autres sans jamais que ce ne soit un problème pour moi et j’ai fini par rester à Forks, observer les autres créatures, ça peut être plutôt amusant, même si elles vous défient de temps à autre.
-  Petit indice Diana, je ne suis pas un humain mais je ne suis pas non plus un modificateur. Troublant n’est-ce pas ? J’aurais préféré ne pas être menacé mais bon, ça doit être ta manière de te présenter, je suppose.

J'avais plus d'un tour dans mon sac pour défier cet homme bien trop à l'aise à mon goût. Il ne fallait pas oublier que j'étais capable de renvoyer les pouvoirs de mes adversaires et de leur procurer quelques sensations foudroyantes avec des décharges. On comprenait mieux pourquoi Eurydice m'avait choisie, j'étais forte, et mes dons étaient précieux. Mais je me devais de maîtriser mes émotions si je voulais les appliquer correctement. Voilà pourquoi je ne pouvais me permettre d'être faible.

L'homme voulu semer le doute en insinuant que j'ignorais s'il s'agissait d'un loup ou d'un humain. Mais je n'étais pas folle. Il n'était ni l'un, ni l'autre. Ca se sentait. Il n'avait pas la même odeur qu'eux. J'étais persuadée qu'il avait quelque chose de différent d'un humain qui serait partit en courant s'il m'avait surprise à boire le sang de la petite dame. 

Le visage de Silas changea d'expression, et d'un air déterminé, il fit apparaître des flammes dans la pièce. J'affichais un regard furieux et à la fois inquiet. Pour le coup, je ne m'attendais pas à voir que celui avec lequel je me trouvais ait un don totalement opposé au mien. Le feu représentait le symbole de destruction d'un vampire. Celui-ci se rapprochait de plus en plus et menaçait de me frôler la peau. Je ressentais cette chaleur s'approcher de mes jambes que ma robe bleue de satin dévoilait. Je reculais de quelques centimètres, m'attendant à être touchée. Mais Silas l'arrêta à temps. Je compris à ce moment-là que son but n'était pas de mettre fin à mon existence, du moins, pour l'instant.

Il me fit part de quelques indices en prétextant qu'il n'était ni humain, ni un modificateur. Mais ça, je l'avais bien compris. Et il n'était pas un vampire. Sinon, pourquoi aurais-je ressenti de la chaleur au moment où ma main avait effleuré son poignet ? Je restais muette pendant quelques secondes, cherchant à découvrir la nature de cet homme si mystérieux et charismatique. Je me souvint alors d'une conversation que j'avais eue avec Eurydice il y a de cela quelques années. Elle me racontait que le monde était peuplé de créatures surnaturelles, que nous n'étions pas les seuls à tuer intentionnellement. 

-Un démon.. Murmurai-je d'une petite voix.

Je levais à nouveau les yeux vers lui. Tu n'as rien à craindre Diana, tu es plus forte que lui. 

-Les vampires et les démons ne font pas bon ménage. Alors, pourquoi sembles-tu aussi détendu ? 

C'était bel et bien la toute première fois que je tenais tête à un démon. Mais celui-ci n'avait pas l'air si agressif, mis à part si on le mettait au défi. Ma main se posa cette fois-ci derrière son cou, mes yeux rouges se plongeant dans les siens, comme une femme prête à embrasser son âme-soeur. Or, je me contentais seulement de lui envoyer une petite décharge, simple petite leçon pour m'avoir menacée avec du feu.

-Ça, c'est pour le feu que tu as déclenché. 

Un petit sourire satisfait s'afficha au coin de mes lèvres. Je cherchais de nouveau son regard, un peu comme pour le narguer. 

-Qu'est-ce qu'un démon fabrique par ici ? Il est venu tuer les jeunes filles et se débarrasser de leur cadavre ?

Elle avait enfin deviné, c’était comme un qui est-ce surnaturel et au fur et à mesure, les catégories se baissaient et les solutions devenaient maigres jusqu’à ce qu’il n’en reste qu’une seule qui lui vienne en tête : les démons. Nous sommes parfois trop oubliés, c’est vrai que nous ne sommes sûrement pas aussi nombreux que les vampires mais ce n’est pas pour autant qu’on devait nous zapper comme cela. Elle avait montré sa faiblesse quelques minutes plus tôt quand une des flammes a failli la toucher, par peur de finir carbonisée, elle s’est reculée comme si elle avait vu sa bête noire. C’était peut-être un de ses seuls points faibles qu’elle allait me dévoiler ce soir alors je m’en contenterai et quand bien même, si je suis amené à en finir avec elle, j’aurais un léger regret. Puis vint une question plus au niveau relationnel concernant nos deux natures, certes, ce n’était pas le genre de races qui s’appréciaient vu que les démons n’aiment presque personne à part eux-mêmes mais ce n’est pas pour autant qu’on ne fréquentait pas les humains. C’était plutôt strict à ce niveau-là, même interdit mais on ne faisait rien de mal, pas d’alliance et pas de sentiments, juste de simples connaissances mais ça aurait suffi pour qu’on soit jugé par la reine. J’étais détendu pour plusieurs raisons, la première, parce que je n’avais pas peur d’une jeune comme elle qui frime avec ses nouveaux pouvoirs comme un enfant qui exhibe son nouveau jouet devant les autres. La seconde c’est car j’ai déjà affronté ce type de créatures, sanguinaires, dures et froides et qu’après des siècles et des siècles, je suis encore en vie pour en témoigner. C’est pour cela que j’ai dit, calmement mais en étant sûr de moi :
- Pourquoi est-ce que je devrais avoir peur de toi, Diana ? J’en ai affronté des centaines voire des milliers et sans vouloir te vexer, ils avaient tous des dons exceptionnels mais devine quoi. Je suis le seul survivant de ces combats.
Elle approcha son visage du mien en prenant soin de mettre, presque trop délicatement, sa main à ma nuque, encore un contact glacial et j’ai presque été étonné en sentant une décharge électrique à cet endroit-là. J’ai juste serré les dents, après des années, ça me faisait juste une petite pincette et de toute manière, à quoi bon montrer que j’aurais pu avoir mal ? Elle allait se croire encore plus supérieure et avoir une montée de confiance, assez élevée pour engager un combat ou m’énerver. Elle prétexta que c’était pour le feu que j’avais engendré il y a de ça, quelques minutes même si je suis convaincu que c’était juste pour son bonheur personnel et son caractère de sadique. Elle préféra savourer cette petite ‘attaque’ tout en me fixant droit dans les yeux et sourire. J’aime bien son caractère de peste. Elle continua son interrogatoire en voulant savoir pourquoi je me baladais, elle voulait croire que j’étais un tueur fou qui cherchait des victimes et pour ensuite, brûler leur cadavre. J’avoue qu’à une époque, ça m’aurait plu mais plus maintenant. C’était son intention à elle mais pas la mienne.
- Tu veux que je justifie ma présence c’est ça ? Bien que je ne me sente pas obligé de te répondre, je vais tout de même le faire. Comme je te l’ai dit au début, je n’aime pas trop les autres créatures alors la nuit, j’aime bien faire des balades pour ne croiser personne mais comme tu peux le voir, c’est plutôt raté.
Toujours rester poli, ne pas broncher, ne pas exprimer de sentiment et encore une fois, je cherche à ne plus être sous son emprise en dégageant, doucement mais efficacement, son bras. Je me suis lentement dirigé vers la cheminée qui dégageait toujours autant de chaleur qu’avant et m’appuyai sur le mur juste à côté pour la regarder en prenant de la distance et lui demander :
- Et toi, qu’es-tu venue faire à Forks si ce n’est pour tuer des âmes presque innocentes ? Ne viens pas me dire que c’est pour rencontrer le premier démon de ta vie. Mais si c’est le cas, c’est un honneur pour moi d’être le premier et j’espère pour toi, le dernier démon que tu as vu ou que tu verras.

Il confirmait ne pas avoir peur de moi, chose qui avait le don de me faire monter facilement en pression. A une certaine période, j'aurais laissé ma colère éclater en lui faisant comprendre qu'il n'y en avait qu'un qui ne pouvait survivre. Reste calme, Diana. Je m'asseyais sur un divan recouvert d'une couverture en laine, ne quittant pas des yeux l'homme. Je pris une position détendue, faisant en sorte de cacher ma colère derrière un sourire intéressé en tapotant du bout des doigts l'un des accoudoirs. Il était si bien conçu que j'avais à peine retenu la moitié des mots qu'il prononçait. Je fini par regarder ailleurs, faisant de mon maximum pour ne pas être déstabilisée. Il disait avoir une préférence pour les balades nocturnes, ça nous faisait un point commun. 

Vint alors le moment il monsieur s'intéressa à mon cas, ce qui dirigea mon regard vers lui. Ainsi donc, il cherchait à savoir ce qui m'avait menée à Forks. Question à laquelle je ne souhaitais pas répondre, mais comme ce dernier était assez craquant, j'allais malgré tout faire un petit effort.

-J'aime venir à Forks pour les petits mystères que cette ville cache. Je vois que je viens d'en découvrir un nouveau ce soir. 

Je croisais les jambes, en admirant le démon. Plus l'on avançait dans la conversation, plus j'éprouvais l'envie de lui arracher la tête, pour ne plus entendre ses répliques d'homme supérieur. Et d'un autre côté, j'avais envie de lui faire d'autres petites choses plus sordides, mais heureusement, il ne pouvait lui mes pensées.

-Même si tu as rencontré d'autres personnes assez puissantes, je doutes que tu ne puisses échapper à mes dons. 

J'aimais lui faire croire que j'étais bien plus forte que ce qu'il croyait. Mais au fond, j'étais convaincue qu'il était capable de me battre. C'est bien ça qui m'attirait chez lui. Le fait de faire face à une personne avec un don opposé aux miens était un véritable défi. Malgré ça, je constatais que nous n'étions pas si différents. 

Je me levais pour m'approcher à nouveau de Silas, une main appuyée sur le mur, mes lèvres n'étant qu'à quelques centimètres des siennes.  

-Le feu et la glace sont peut être incompatibles. Mais il y en a forcément un des deux qui fini toujours par vaincre l'autre. Même si je suppose, que ça peut faire des dégâts. 

Puis, je repris de nouveau mes distances en m'asseyant cette fois-ci, sur la table à manger. Attendant de voir qui allait être le premier à céder à la tentation. J'attrapais une pomme qui était dans un saladier et m'amusait à la jeter de haut en bas avec une main, pour finalement la congeler et la briser en milles morceaux en la jetant à quelques centimètres de la tête de Silas. 

-Est-ce dangereux pour toi de côtoyer un vampire ? J'imagine que tu obéis aux ordres de quelqu'un. 

Une aventurière alors, Forks, la ville mystérieuse qui regorge de toutes les races possible et inimaginable. Vous avez vu un loup-garou ? C’est à Forks. Un vampire sanguinaire ? Ici aussi. Sachez qu’ici c’est comme un magasin, vous en trouvez pour tous les goûts et un peu partout et tout ça gratuitement, que demander de plus ? Elle prit de la distance, je lui laissais continuer son monologue avec en une menace en plus ainsi qu’une autre question, je ne compte même plus combien elle m’en a dites tellement ce serait lassant à force. Elle parlait que nous étions incompatibles, du moins, nos pouvoirs respectifs et qu’au final, il n’y avait qu’un vainqueur et laissez-moi deviner, ça devrait être sûrement elle vu comment elle préfère se rassurer en se sentant menaçante. Je n’ai pas besoin de me prouver quoique ce soit, je sais ce dont je suis capable et j’arrive plus ou moins à estimer sa capacité à elle. Puis, elle insinua et affirma même que j’étais sous les ordres de quelqu’un, chose absurde mais pas totalement. Je ne travaillais pour personne mais j’avais des règles, bien entendu, certaines n’étaient pas respectées, en revanche, je ne travaillais pas pour la reine ou quoique ce soit, j’étais un prisonnier libre en somme, je pouvais faire ce que je voulais tant que je n’enfreignais pas le règlement imposé par madame notre Reine à tous. Evidemment que c’était dangereux pour moi, si on m’avait vu avec elle sans que je ne l’aie tuée, j’aurais eu des ennuis mais j’étais prêt à en subir les conséquences, je n’avais pas la chance d’être en bonne compagnie tous les soirs alors, ça me changeait un peu de mon quotidien monotone.
Je me suis redressé, me dirigeant vers elle en observant la pièce en même temps pour que ça paraisse naturel et qu’elle ne se mette pas directement sur ses gardes et qu’elle ne me tue pas comme elle a brisé cette pauvre pomme dont les fragments restants jonchaient sur le sol de cette petite habitation de grand-mère. Je fis en sorte de faire des flammes à deux mètres d’elle dans une direction opposée à la mienne histoire qu’elle se concentre sur elles plutôt que sur ce que j’allais faire moi dans quelques instants. J’ai accéléré le pas profitant de sa distraction pour qu’au final, je me retrouve devant elle, nos nez établissant presque un contact et mes mains sont venues heurter la table ma main droite étant à sa gauche tandis que ma main gauche était à sa droite. Les flammes cessèrent de grandir et une fois retournée et son regard en plein dans le mien, je chuchotai :
- Qui te dit que j’ai vraiment envie de m’échapper ?
Elle avait sûrement besoin d’espace, je me suis donc éloigné tout en restant debout et allant fermer les tentures pour que personne ne puisse nous voir de la rue. Un voisin aurait pu passer et se rendre compte que la dame qui occupait la maison avait été tuée et que deux intrus étaient à l’intérieur à converser à côté de son corps sans vie. Je pris une grande respiration et répondis à sa question.
- Il n’y aura pas de vainqueur ce soir Diana. Je ne travaille sous les ordres de personne mais il est vrai que je pourrais me faire châtier si on me voit ici avec toi.
Autant être franc, qu’avais-je donc à lui cacher ? Elle pourrait me dénoncer mais qui la croirait ? Elle serait déjà morte sur le chemin menant à notre gouvernante et sincèrement, ça aurait été dommage de perdre un si doux visage pour une mission aussi inutile que celle-là.
- Pourquoi ? Est-ce que tu comptes me dénoncer ?

J'attrapais de nouveau une pomme avec pour objectif cette fois-ci, de la projeter à travers la fenêtre. Jusqu'à ce qu'une forte chaleur vienne attirer mon attention. Encore des flammes. A quoi jouait-il ? J'avais beau n'avoir peur de rien, n'importe quel vampire craignait le feu. M'apprêtant de nouveau à riposter, mon visage se retrouvait face à celui du démon. Ah, il voulait faire diversion ? Il était malin celui-là. Il prétendait ne pas avoir envie de partir. Ses mains posées des deux côtés, j'étais sans issue. 

-Alors, pourquoi tu restes ? Tu l'as dit toi-même, si l'on te vois ici, tu risques d'avoir quelques ennuis.

Sans dire un mot de plus, je l'observais nous cacher de la vision extérieure. Bonne initiative. Je ne tenais pas à me retrouver face à des loups, même des vampires. Si les Volturi venaient à apprendre que j'avais pris le risque de révéler ma véritable nature, la sentence serait terrible.

Une fois qu'il eut fini de nous préserver, le démon me demanda si je comptais le dénoncer. En y réfléchissant, c'était impossible pour moi. Premièrement, parce que je ne connaissais pas son clan. Deuxièmement, si ça avait été le cas, m'auraient-ils épargnée ? Et troisièmement, quel était l'intérêt de le dénoncer ?

-C'est une idée assez tentante. J'y réfléchirai.

J'attendis qu'il soit assez proche pour l'attraper par le t-shirt et le faire revenir vers moi. Il avait ce quelque chose qui me donnait envie de le garder auprès de moi. Je ne pouvais expliquer ce que je ressentais, mais j'étais sûre d'une chose, c'est que je n'allais pas le lâcher tout de suite. Il voulait jouer ? Aucun problème.

-Dis-moi, Silas.. Hypothétiquement, si je te disais que j'ai envie de te dévorer de manière à la fois brutale et sensuelle. Penses-tu que ça serait enfreindre le règlement ?

Je m'attendais à tout et à rien. J'imaginais déjà Eurydice me juger si elle apprenait que je côtoyais un ennemi. Mais je m'en fichais. Ce démon avait du cran, il me faisait face avec facilité et j'aimais ça. Mais j'avais besoin de découvrir s'il avait d'autres capacités dans certaines matières... Je décrochai doucement ma main de son t-shirt pour l'abaisser le long de son abdomen et la faire revenir sur la table, me courbant avec confiance, sans montrer le moindre signe de frayeur, ni de regret. Je savais ce que je voulais. Mais était-ce aussi son cas ?

Elle était curieuse mais ça m’aurait étonné que ce soir pour s’intéresser à moi ou plutôt, pour savoir si je me ferais torturer par les démons. Me faire taper sur les doigts sûrement, la torture, je l’ai subie et ça n’est plus un problème, j’ai déjà vécu tout ça pour je ne sais plus quelles raisons exactement mais je me souviens être passé pour un jugement. D’ailleurs, ça faisait longtemps que je n’y avais pas été et je n’avais pas forcément envie d’y remettre les pieds de sitôt. Puis elle ne renonça pas à l’idée de me dénoncer même si c’était pratiquement impossible pour elle, les démons ne sont pas du genre à être sympathique avec les autres créatures.
- Ce serait dommage que tu risques ta vie pour moi Diana.
Sans m’y attendre, elle agrippa mon t-shirt pour m’obliger à se rapprocher d’elle, j’eus un léger frisson, c’est une des premières fois que j’en ai un et mon souffle se coupa instantanément pour reprendre son cours juste ensuite. Etrange sensation. Je pouvais sentir son souffle sur ma peau, non pas que c’était désagréable mais plutôt troublant, j’approche peu les gens car souvent quand ils rentrent aussi près dans mon espace vital, c’est pour m’attaquer même si elle a essayé de le faire il y a quelques minutes. Envie de me dévorer d’une manière à la fois brutale et sensuelle ? Où voulait-elle en venir exactement ? Je déteste jouer aux devinettes, pourquoi est-ce que les autres créatures devaient-elles faire leurs mystérieuses, dites franchement ce que vous voulez bon sang ! J’avais l’impression qu’elle allait me sauter au cou pour me tuer mais en même temps, il y avait une certaine alchimie bien que tout pouvait être repoussant chez cette fille, c’est vrai, sadique, prétentieuse et provocatrice, qui voudrait d’elle si ce n’est un vampire encore plus fou ? Mais étrangement, c’est son caractère de déterminée qui me plaît, ça aurait été dommage de la faire fuir dès le début et elle avait raison, rien ne me retenait dans ce lieu. J’avais toutes les chances de me faire découvrir par les autres créatures et de me faire frapper pour avoir révélé mon existence et pour parler, plutôt calmement, à un vampire sanguinaire. J’étais vraiment sadomasochiste en somme.
Avec nos visages presque collés, l’envie de l’embrasser était présente mais sans mentir si ça devait se passer, je n’avais pas envie de faire le premier pas. Si je le fais, elle se sentira désirable et usera de ça contre moi pour plus tard, ce qui, soit dit en passant, ne m’étonnerait qu’à moitié. J’avais toujours pour elle, l’image d’une sorte d’homme mûr qui préférait rester discret mais qui prenait des risques inutiles. J’ai avancé ma bouche près de son oreille, le regard droit devant qui donnait sur le jardin de la maison, pour finalement lui chuchoter :
- Tant qu’il n’y a pas d’espion, je devrais m’en sortir. Ah et pour répondre à ta question de tout à l’heure, je reste car il y a quelque chose dans cette maison qui m’attire. Je te laisse deviner quoi.

Risquer ma vie pour lui ? Malheureusement, je ne risquais ma vie pour personne. Et ce n'était pas demain que ça allait arriver. Je tenais tant à ma petite personne et à mes dons précieux, que je trouvais ça dommage de devoir me mettre en danger pour si peu. Exceptionnellement, j'avais envie de tenter quelque chose avec lui, c'était risqué, mais je voulais faire le test. Il me résistait depuis le début, mais je sentais que j'étais sur le point de le faire craquer. S'il fallait attendre une heure ou plus, j'étais prête. Seulement, je devais trouver la technique pour qu'il tombe enfin dans mes filets.

Je devinais que la petite chose qui l'attirait dans cette maison n'était pas le saladier de pommes. La peau frissonnante, je souris en prenant le temps d'admirer ce tableau représentant un paysage campagnard qui était accroché au dessus de la cheminé.

-Je trouve aussi que ce tableau a quelque chose d'attirant. 

Trêve de plaisanteries, il était temps de remédier à la situation. Et le jeu des devinettes commençait sérieusement à m'agacer. Allait-il enfin exprimer ce qui le rongeait de l'intérieur et arrêter de jouer les hommes innocents ? Mes pieds touchèrent à nouveau le sol. Etant donné qu'il ne comptait pas se lancer le premier, je me décidai à lui tendre une dernière perche. 

Plongée dans mes réflexions, je traversais la pièce, tournant le dos à Silas. Puis, en moins d'une seconde, me précipitais pour le plaquer contre le mur. Un geste brutale qui fit tombé le miroir qui avait été accroché à quelques mètres de nous. Mes mains attrapèrent les siennes, pour les lui fixer au mur. Une épaisse couche de glace s’imprégna de ses mains, le laissant prisonnier assez longtemps pour que je puisse le provoquer encore une fois. 

-Laisse-toi faire. 

J'approchais mes lèvres doucement, les laissant se balader dans son cou. J'avais connaissance de ces petites méthodes pour emballer facilement un homme, mais jusqu'à maintenant, je n'avais jamais eu à devoir m'y prendre de cette façon. Après avoir atteint un point sensible, c'est à ses lèvres que je m'en suis prise. Voyant que mon geste ne semblait pas le déranger, je mordillais sa lèvre inférieure avec délicatesse, tout en le fixant de mes petits yeux rouges. Après m'être amusée à faire monter l'excitation, je me retirais. Je me doutais qu'il n'allait pas lui falloir bien longtemps pour se débarrasser de la glace qui lui retenait ses mains. Le seul souci, c'est que je n'arrivais pas à voir s'il comptait vraiment poursuivre ce que j'avais commencé, comme s'il faisait tout pour que je ne découvre pas le fond de ses pensées. 

Je repris ma place de tout à l'heure, m'appuyant sur la table, assise telle une enfant sage qui tripotait sa petite robe de satin, tout observant d'un oeil suspect celui qui m'avait prise au jeu. 

-Alors, quelle option as-tu choisie ? 

Une petite blague qu’elle fit, le tableau accroché dans la demeure était pour elle, l’objet qui me faisait rester dans la pièce mais sans mentir, il était plutôt pas mal. L’auteur avait signé son chef d’œuvre et j’étais presque sûr que son nom me disait quelque chose. Peut-être que je l’avais connu, ça fait tellement de temps que je vis sur cette planète que je ne sais même plus qui j’ai rencontré ou non. J’ai vécu presque toutes les guerres, j’ai vu presque tous les hommes importants, de près ou de loin. Mon nom n’apparaissait jamais dans le registre de la ville, enfin, ils trouveraient ça étrange de voir qu’en quelques millénaires, je ne suis toujours pas décédé de causes naturelles. Ou alors, est-ce que j’ai fait une déclaration comme quoi j’étais mort ? C’est possible. Pas le temps de réfléchir plus ou de rétorquer quoi que ce soit, elle fit mine de s’en aller pour me plaquer une nouvelle fois violemment contre le mur. Mon dos allait devoir supporter un nouveau coup. Un miroir tomba à cause de la violence de l’acte, je le revois encore tomber et se briser. Des petits bouts éclatés au sol qui restaient à terre à refléter tout ce qui pouvait l’être. Elle attrapa mes mains toujours aussi rapidement et les gela contre le mur. La glace m’énerve. Elle m’ordonna de la laisser faire et même si je ne voulais pas être sous les directives de quelqu’un, j’étais tellement surpris de la situation que je n’ai pas réagi comme je l’aurais fait d’habitude. Peut-être que je deviens vieux et que j’ai du mal mais la savoir juste à côté de moi ne me déplaisait pas. Est-ce que je deviens fou à ressentir des émotions vis-à-vis d’une fille comme elle ? Sûrement et ça ne s’améliorera pas avec l’âge je suppose.
Elle a mordillé ma lèvre, pendant une fraction de seconde, j’ai cru qu’elle allait me vider de mon sang, après tout, j’avais toutes les raisons de douter d’un vampire comme elle, à part faire souffrir les gens, je voyais mal cette femme être une sentimentale bien que, on pourrait changer ça. Je me sentais fixé par ses yeux, pas si terribles que ça voire même plutôt agréables à regarder. Elle se retira aussi vite qu’elle m’a poussé contre le mur et tout m’indiquait que ça l’amusait de me tenter à ce point-là. C’était tentant je dois l’avouer, j’étais dans une lutte intérieure entre le Silas, froid comme la pierre et sérieux qui n’a pas envie de se faire prendre au piège, contre l’autre Silas qui ne savait pas résister à cette magnifique créature qui se trouvait dans la même pièce que moi. Une lutte acharnée que je ne pouvais pas contrôler, j’ai tellement peu eu de relations avec d’autres êtres vivants, démons comme humains, que j’avais du mal à me contrôler dans ce domaine.
Augmentant ma température corporelle, j’ai fait fondre la glace qui rendait mes mains prisonnières et je me suis libéré tout en inspectant mes poignets par peur qu’une marque reste et qu’un démon puisse l’apercevoir et me poser des questions. Je hais les questions mais celle qu’elle avait prononcée résonnait dans ma tête. Une option. Laquelle ? Il y avait toujours cette lutte acharnée mais il fallait que je tranche et vite car ça m’étonnerait qu’elle attende sans réponse pendant encore quelques minutes. Impulsive, elle ne voulait pas attendre, préférait se faire désirer et me faire languir. Je n’aime pas quand on arrive à me retourner le cerveau car personne n’arrive à le faire. Je suis sous l’influence de son charme, de sa beauté et de son sale caractère qui, avant, m’aurait vite gavé. Elle se posa sur la table, toujours à jouer avec les coutures de sa robe en gardant un œil sur moi. D’un pas lent, j’ai atteint la table en prenant doucement sa main qui était entrain de jouer avec son vêtement et j’ai relevé mon regard qui, tantôt, était en direction de sa main. Pendant un instant, je me suis noyé dans ce regard rouge sang et je me suis avancé pour l’embrasser langoureusement. J’avais eu une connexion que je n’avais pas encore eue, j’espère que c’est bon signe du moins…
- Diana, je pense avoir choisi ce que je voulais et je ne parle pas de ce tableau mais bien de la sublime créature juste devant moi.

Mes mains effleuraient ma robe dont le tissu était si doux. J'avais pour habitude de porter des tenues très féminines, à Volterra, mon armoire était remplie de robes que je collectionnais par centaine. Je ne comprenais pas ces femmes qui se laissaient aller et qui s'habillaient n'importe comment. A mes yeux, la tenue vestimentaire d'une femme était très importante. Fort heureusement, je faisais partie de celles qui se sentaient plutôt bien dans leur peau, peut-être même un peu trop. En même temps, comment ne pas se sentir irrésistible lorsque n'importe quel homme se retournait sur votre passage ? 

J'observais la glace fondre au niveau des mains de Silas, me demandant quelle allait être sa réaction. Je ne peux pas vraiment vous expliquer ce que j'ai ressenti à ce moment-là, mais j'avais presque peur qu'il décide de ne pas rester ou de tout arrêter. Bien que j'avais confiance en moi, j'ignorais tout de lui. Est-ce que les démons étaient du genre à flirter avec les vampires ? 

J'eu enfin le droit à ma réponse après que le démon se soit doucement approché de moi pour m'embrasser d'une façon qui me fit frissonner. Un baiser si agréable et passionnel. Bordel, j'avais envie de lui arracher tous ses vêtements. En effet, son attirance n'était pas pour le tableau, mais bien pour moi. Encore de quoi flatter mon ego. C'est en m'apprêtant à lui rendre la pareille, que quelqu'un vint sonner à la porte.

-Madame Dalmas, j'ai vu que la lumière était allumée chez vous, est-ce que tout va bien ?

L'excitation que j'avais ressentie redescendit aussi rapidement qu'elle était arrivée. Je n'avais pas prévu de rester dans cette maison et de camoufler le meurtre de cette façon. Je tournais le regard vers Silas, levant les yeux au ciel.

-Il va bien falloir se débarrasser du colis.. 

J'espérais ne pas attirer les suspicions des humains quant à ce meurtre. Je souhaitais qu'il soit découvert à l'aube, une fois partie loin. Je ne savais rien de cette femme derrière la porte. Serait t-elle capable de forcer la porte ? D'appeler la police ? J'imaginais tellement de scénarios catastrophiques que je me suis immédiatement dirigée vers la porte d'entrée, tout en prenant soin de la refermer derrière-moi une fois dehors. Cette fois-ci, je ne voulais pas tuer pour me nourrir mais plutôt pour que nous soyons enfin tranquilles. Vérifiant que personne ne nous observait, mes mains attrapèrent le cou de la jeune femme qui devait avoir environs la trentaine, jusqu'à ce qu'elle perde son souffle et s'écroule par terre. Bon sang, elle aurait mieux fait de rester chez elle, ça lui aurai évité une mort certaine. J'attrapais le corps comme s'il ne pesait que quelques kilos, puis le déposais à l'arrière de la maison qui donnait sur un jardin rempli de petites fleurs.

Après avoir laissé le corps dans l'ombre, j'aperçu une baie vitrée à moitié ouverte qui donnait sur la cuisine. J'entrais discrètement, puis refermait derrière-moi. La pièce suivante donnait sur le salon où nous avions commencé à nous emballer avec Silas qui, avait le dos tourné. Je m'approchais de lui d'un pas dynamique, pour me retrouver rapidement à côté de lui. 

-Ne me fais pas regretter de l'avoir tuée..

Sur le plan émotionnel, j'étais une vraie garce. Mais il n'y avait rien de mieux comme réplique pour motiver un homme. Je me penchais vers son oreille, pour lui murmurer quelques petites choses, avant de passer à l'action.

-J'ai dû retirer quelques petites choses sous ma robe, pour éviter que tu aies à le faire toi-même.

Je me positionnais face à lui, le regard insistant, cherchant un certain contact avec ses lèvres. Le moment était venu de goûter à ce qui me faisait le plus envie. Je retirais rapidement sa veste, puis son t-shirt à la vitesse d'un éclair, le plaquant encore une fois contre le mur et l'embrassant avec fougue. Je savourais ses lèvres si délicieuses qui, contrairement aux miennes étaient chaudes.

Tout se déroulait bien, enfin, bien pour elle vu qu’elle commençait à me torturer, physiquement et mentalement. Faisant sa désirable, il fallait bien que je me jette à l’eau car elle ne l’aurait jamais fait d’elle-même, je la connais depuis moins d’une demi-heure et pourtant, j’ai l’impression de la connaitre depuis des lustres. Avec son comportement égocentrique et dominateur, c’était presque trop facile de deviner comment elle allait réagir, si on la complimente, son égo grossit encore un peu plus et au final, il va exploser si ça continue. Mais, alors qu’on allait entamer un vrai jeu, la sonnette retentit dans toute la maison et sans mentir, avec Diana dans les parages, j’avais presque oublié que je me trouvais sur une scène de crime. Une femme qui semblait sympathique avait eu le don de nous interrompre et rien ne jouait en sa faveur. La pauvre s’inquiétait juste de savoir si sa voisine allait bien et ça allait sûrement lui coûter la vile car ce qu’elle ne savait pas c’est qu’il y avait un vampire et un démon qui s’étaient approprié le lieu en question pour leurs petites histoires personnelles. Je voyais bien que ça avait perturbé Diana, elle qui se croyait imperturbable, fut bien étonnée qu’on se fasse stopper. Elle regarda le plafond, embarrassée et conclut qu’il fallait faire partir le coli. Je savais ce que ça signifiait mais pour ainsi dire, je n’avais pas envie qu’elle la tue, pourquoi, moi qui hais tant les humains, ne voulait pas que cet être insignifiant soit assassiné ? Bonne question, peut-être car je pensais que pour une première rencontre, un meurtre c’était déjà trop. Diana partit lui ouvrir la porte et sans grande surprise, elle la tua et alla cacher son corps près des fleurs de la défunte propriétaire. J’ai attendu, faisant grandir les flammes à cause de ma frustration pendant son absence, j’avais du mal à rester calme et l’espace d’un instant, une envie de meurtre me passa à l’esprit mais Diana l’avait fait pour moi. L’attente semblait longue et quand elle fit un bruit après être entrée dans le salon. J’étais entrain d’observer le spectacle que le feu m’offrait pour passer le temps mais je m’étais vite perdu dans ma contemplation, le feu me calme. Elle me souffla de ne pas lui faire regretter son acte, tout dépend de ce qu’elle attendait de moi à ce niveau-là. Je n’ai pas pour habitude de décevoir les gens alors, j’étais confiant. Elle murmura quelques mots, elle s’était déjà déshabillée en dessous de sa robe au préalable, c’est pour ça qu’elle prenait du temps. L’envie grandissait en moi et le fait qu’elle me dise ce genre de choses n’aidaient pas vraiment.
Devant moi, me fixant du regard, une drogue. Elle ôta ma veste et très vite, mon t-shirt se retrouva également au sol. Je pris la liberté de la tenir par la taille pendant qu’elle m’embrassait avec fougue et presque une pointe de passion, au début, j’avais presque peur de la toucher par crainte qu’elle ne me fasse payer mon geste mais cette fois-ci, à moins qu’elle ne veuille arrêter tout, je ferai autant de contacts physiques que j’en aurais besoin. Tout était bien sauf une chose qui me dérangeait, la vielle dame, morte à quelques pas de nous, ne mettait pas une ambiance aussi torride qu’on aurait pu le croire sachant que vu l’âge de cette dame, elle aurait pu être la grand-mère de Diana et par principe, je ne fais pas d’acte en présence d’un corps sans vie. Mon regard bascula vers le cadavre et je pris le soin de brûler son corps. C’était un peu irrespectueux de ma part mais d’après mes nombreuses balades par ici, cette femme vivait seule et sans enfants ou ils ne venaient jamais. J’avais l’intention de mettre le feu à cette maison une fois que l’on soit parti, Diana et moi, pour effacer toutes les traces et preuves de notre venue. Cacher ça des humains comme des démons. Le reflet dans mes yeux montrait un brasier orange et un sourire s’afficha sur mon visage. J’abandonnai mes tendances pyromanes pour revenir à la magnifique jeune femme qui était nue sous sa robe. Après une petite séance de baisers, je glissai mes mains sous sa robe, sa peau gelée sous mes doigts qui s’amusaient à tracer ses courbes somptueuses. Ma bouche baissa pour atteindre son cou et je m’empressai d’embrasser son coup. Même une créature froide comme elle m’attirait, est-ce que j’avais un problème ? Sûrement. J’ai pris le soin de retirer sa robe qui ne faisait que cacher son corps parfait, je la pris par les cuisses pour la porter et pour la première fois de cette soirée, c’est moi qui la plaquais délicatement contre le mur. Un baiser par ci, un par là et ma voix se fit entendre :
- Tu es encore plus belle que je ne l’avais imaginée. Tu me réserves d’autres surprises du genre Diana ?

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Le contact de ses mains chaudes et à la fois douces était des plus agréable qu'il soit. Depuis un long moment, j'avais cessé de calculer le nombre de partenaires de sang froid avec lesquels j'avais eu une aventure d'un soir, mais il y en avait eu suffisamment pour que j'acquiers de l'expérience. Cela pouvait paraître un peu prétentieux, je l'admets, mais je ne voulais pas me priver. Séduire Silas n'avait pas été facile, il était résistant, et à un moment-même, le doute s'était installé. Finalement, avec un peu de patience, j'avais réussi à le faire céder. J'avais l'impression d'avoir remporté une victoire, même si ce n'était évidemment pas une compétition. J'étais cependant impatiente de partager cette nouvelle expérience avec lui le temps d'une nuit.
 
En cet instant de plaisir charnels, le démon se permit de provoquer un nuage de flammes pour se débarrasser du cadavre de la propriétaire des lieux. Le feu me rendais anxieuse, mais pour Silas, j'étais prête à passer au dessus de cette faiblesse. Et il fallait admettre que s'envoyer en l'air à côté d'un cadavre n'était pas vraiment glamour.

La douce chaleur de ses baisers me fit oublier rapidement ce pourquoi je haïssais tant le feu. Et puis, quelques secondes plus tard, la robe que j'avais soigneusement choisie de porter ce soir, s'est posée délicatement sur le sol. Je me retrouvais alors des plus vulnérables, car j'avais déjà pris soin de retirer mes sous-vêtements avant de rejoindre Silas. Dénudée, j'enroulai mes jambes autour de son bassin, tandis qu'il me portait avec délicatesse. Agrippée à lui, nos lèvres se sont entremêlées avec passion. La voix du démon se fit entendre quand celui-ci me questionna sur d'éventuels surprises que je lui aurais réservé. Le sourire malicieux au coin des lèvres, je me retirais pour lui retirer à son tour le peu de vêtements qu'il lui restait.
 
-Ca valait le coup de patienter… Répondis-je, admirative.
 
Son corps était parfaitement sculpté, ce qui me donna encore plus envie d'y toucher. C'est alors l'idée de l'inviter à venir se coller contre moi sur ce grand tapis de laine me vint à l'esprit. Nos corps noués, mes yeux vinrent par moment admirer son visage avec envie. Il était vraiment bien conservé pour un démon. Ses agréables caresses et la chaleur de son corps firent monter la tension.

-N’arrête jamais.
 
L'idée que ce moment ne dure pas éternellement me chagrinait. Mais il était temps que je cesse de me poser des questions. Les mains agrippées autour de sa nuque, nous eûmes un moment de silence pendant lequel une étape supérieure et plus < intime > fût franchie. C'est alors que la cadence devint de plus en plus rythmée, et notre respiration de plus en plus poussée. Eprise de plaisir et de passion, mes yeux se fermèrent pour mieux me concentrer sur cette délicieuse sensation. Au fur et à mesure que le rythme augmentait, et bien qu'au début, j'avais lutté pour me contenir, des gémissements se firent entendre, et mon corps s'abandonnait totalement à mon partenaire. Poussée par ces sensations aussi plaisantes les unes que les autres, mes ongles vinrent se planter dans son dos, et je ne comptais pas m'en excuser d'aussitôt. D'humeur dominante, je fis basculer nos corps en faisant en sorte de prendre le contrôle à mon tour. Je voulais qu'il ressente ce que j'avais ressenti. Plus, je voulais qu'il m'appartienne tout entier.

-Tu es à moi, Silas. Lui confirmai-je en augmentant la cadence jusqu'à ce qu'il s'abandonne à son tour.

Diana semblait accepter la présence des flammes, la bête noire des vampires et le seul moyen de les tuer également. J’avais pu sentir dans son regard, une pointe d’inquiétude mais elle savait que je ne lui voulais pas de mal, je ne lui en ai jamais voulu d’ailleurs. Je valais le coup de patienter d’après elle et sincèrement, je recalais parfois les filles, non pas qu’elles étaient moches ou je ne sais quoi, mais plutôt qu’elles pensaient m’avoir dans la poche trop aisément. Je n’aimais pas qu’on me voit comme un homme bon rien que pour un soir même si jusqu’à présent, ça n’avait jamais été plus loin. Mais cette fois-ci, ça semblait différent pour moi, il y avait peut-être plus qu’une simple attirance et c’est vraiment très louche que ce soit avec un vampire, auparavant, je n’avais fréquenté que des démons femelles jusqu’à présent et savoir que ce soir ce n’est pas le cas m’excitait d’avantage.
Elle m’a soufflé de ne jamais arrêter, c’était une hyperbole évidemment, bien que j’étais un démon et que j’étais plutôt en bonne forme pour mon âge, je n’aurais pas pu éternellement tenir le rythme jusqu’à ce qu’on décède, c’est-à-dire, dans un bout de temps à mon avis… Elle avait presque arraché tous mes vêtements restants et après avoir embrassé toutes les parties supérieures de son corps, les choses sérieuses ont commencé et je ne parle pas d’un débat ou d’une discussion. Toute cette splendeur et ses doux contacts avec sa peau froide avaient provoqué en moi ce sentiment de plaisir et une érection qui n’a pas tardé à cause du fait que mon sang soit chaud, bouillant même. J’ai fini par m’introduire en elle, délicatement au début pour être sûr de ne pas presser les choses et ensuite, je fis des va et vient avec une cadence plus élevée ce qui se fit entendre. Elle gémissait plus j’accélérais et entendre ce bruit me procurait un plaisir énorme également mais moi, contrairement à elle, j’essayais de faire peu de bruit, je n’aimais pas me faire entendre pendant l’acte même si intérieurement, je criais. Je sentais ses parois qui étaient plus étroites que je ne l’avais pensé, elle a dû avoir beaucoup de partenaires sexuels mais j’avais l’intention de les surpasser pour que ce soit mémorable. Je marque toujours les femmes après une nuit passée en ma compagnie, ce n’est pas de la prétention, c’est la vérité. Elle planta ses ongles dans mon dos mais je ne l’ai presque pas senti, j’étais concentré sur plus important qu’une petite blessure au dos. Puis d’un coup, elle fit basculer nos positions et reprit une position dominante, je me retrouvais au sol, mon dos confortablement collé à ce qui semblait de la laine. Mes mains qu’elle avait projetées vers le tapis, étaient amorties et tout en me regardant droit dans les yeux, elle déclara, essoufflée, que je lui appartenais. Personne ne m’avait jamais encore dit ça et ça a eu comme effet de me faire sourire. Elle fit aller ses hanches de sorte à ce que je prenne autant de plaisir qu’elle et malgré moi, je laissai échapper un gémissement plus silencieux que les siens mais qui avait sûrement atteint ses oreilles. Mes mains se séparèrent du sol pour atterrir directement sur ses hanches pour l’aider dans ses mouvements et lui faciliter la tâche. Je n’étais pas à cours de souffle, j’allais plutôt bien et coucher avec un vampire était peut-être la meilleur chose que j’avais expérimenté en plus de 2000 ans d’existence. J’en avais croisé des femmes mais jamais un vampire aussi têtu qu’elle, comme quoi, ça a du bon de prendre des risques. Diana n’était pas comme les autres, elle était différente, elle avait un caractère que j’affectionnais tout particulièrement et que j’avais réussi à supporter jusqu’ici et sincèrement, je commençais à vraiment bien l’aimer. Moi qui détestais les autres créatures, je succombais au charme d’une meurtrière, sanguinaire et bornée. Je n’étais pas prêt à dire la phrase imprononçable qu’était ‘Je t’aime’ et ce n’était sûrement pas le bon moment de la faire également. Beaucoup trop tôt, ça fait 40 minutes qu’on se connait et on couche déjà ensemble, elle aurait pu ne vouloir qu’un plan cul et j’aurais dû me résigner. A trop penser, j’avais presque oublié de vivre l’instant présent, et, vu qu’elle se fatiguait un peu, j’ai arrêté ses déplacements, mes bras sont monté au niveau de sa poitrine et l’ont rapprochée pour que je puisse goûter à nouveau ses lèvres. Encore une nuit où je ne dormirai pas.
- Au début, je te trouvais chiante mais là Diana, tu es parfaite.

Si l'on en croyait les rumeurs, j'étais une femme sans coeur, incroyablement détestable, prête à tout pour obtenir ce qu'elle voulait. Evidemment, celles-ci disaient vrai, même si elles ne représentaient qu'une infime partie de qui j'étais vraiment. Têtue et à la fois démoniaque, il était hors de question que je laisse quelqu'un me découvrir plus profondément. Dans le monde des vampires, plus particulièrement chez les Volturi, il était primordial de se forger une carapace. Eurydice faisait partie des rares personnes à connaître mes faiblesses, et c'était bien mieux ainsi. Cependant, une toute autre personne était à deux doigts de chambouler les choses.

Le corps et la tête envolés vers une autre dimension, j'entendis les compliments que mon partenaire me murmurait, et j'avoue que je ne pouvais cacher cette satisfaction. Pénible et à la fois parfaite disait-il, ce qui me fis drôlement sourire. J'étais finalement beaucoup plus supportable qu'il l'avait imaginé, et j'espérais sincèrement qu'il n'oublierait jamais cette nuit-là.
 
Nos ébats se stoppèrent au bout d'un certain moment, même si j'aurais aimé qu'ils durent plus longtemps. Mes quelques mèches rebelles ainsi que notre souffle rythmé étaient la preuve de la façon dont nous nous étions déchaînés l'un sur l'autre. Laissant le démon se retirer, je pris le plaid pour me couvrir jusqu'au bassin, en réalisant à quel point j'avais passé un moment extraordinaire. Comblée et détendue, mes yeux se posèrent sur Silas.  
 
-Monsieur a des talents cachés à ce que j’ai cru voir. J'espère que ça ne sera pas la dernière fois que je goûterais à ça. Lui dis-je en posais une main légère dans ses cheveux avant de la redescendre sur sa joue. Première expérience avec un vampire ?
 
Bien que je me doutais déjà de la réponses, j'avais besoin de l'entendre de sa bouche. Et sincèrement, j'espérais avoir raison.

Jamais je ne me serais imaginé au lit avec un vampire, c’était dans mes principes de base, ne pas coucher avec une autre espèce. C’était également, une des seules règles que j’appliquais. Pour deux raisons, la plus simple était que je n’aimais pas les autres races, j’avais tant de mépris pour elles que je n’envisageais pas de faire de telles choses avec. La seconde car j’étais entièrement comblé par les démons femelles, elles étaient plutôt expérimentées et c’était plutôt agréable au lit alors, pourquoi j’aurais été chercher chez les humaines ou chez les louves ? J’avais ce qu’il me fallait et j’étais heureux comme ça. Sans mentir, j’aurais dû tester avant car les sensations qu’elle me procure sont bien plus intenses qu’avec une autre et je n’ai jamais pris autant de plaisir à coucher avec quelqu’un même si tout part d’un meurtre et que je suis dans la maison de la victime en question.
J’aurais voulu que ça dure plus longtemps, j’avoue que je suis très sportif mais je suis sûr que même un vampire aussi vieux que moi n’aurait pas pu faire mieux. Après des millénaires d’existence, j’ai amassé de l’expérience et j’arrive à l’utiliser à bonne escient. Vous n’avez qu’à demander à Diana, je suis prêt à parier qu’elle ne vous dira pas le contraire. Elle avait de quoi me faire fondre, un visage doux, un corps parfait et un caractère de chieuse professionnelle. Vous allez me dire que je suis fou mais je peux vous assurer que je suis parfaitement équilibré mentalement.
Elle s’était couverte d’une couverture comme si elle ne voulait pas que je puisse la voir nue alors qu’il y a à peine quelques secondes, on était entrain de faire l’amour en étant collés au sol. La vue était toujours aussi belle qu’avant. Je fis de même, cherchant du regard mon boxer dans la pièce et me dirigeant vers lui pour le saisir et me vêtir d’au moins une chose. Mademoiselle disait que je possédais des dons particuliers et qu’elle espérait que ce ne soit pas la dernière fois qu’elle en profiterait. Je lui ai adressé un sourire sans répondre à sa question directement. L’avenir était entre ses mains, si elle voulait qu’on se croise un jour ou un autre, je ferais tout pour tomber sur elle et sincèrement, j’espérais que ce soit ce qu’elle fasse. Une nouvelle question qui interrompit mes pensées : Si c’était ma première fois avec un vampire. Il fallait que je dise la vérité, je ne mens jamais mais il fallait que je la teste un peu.
- Exactement, plutôt pas mal. J’espère que ce ne sera pas la dernière.
Je laissais ainsi sous-entendre que je voulais le refaire mais je ne disais pas avec qui. Ça aurait pu être elle, comme ça aurait pu être l’autre sanguinaire que j’ai observé l’autre soir dans la forêt. J’avoue que si elle avait pu montrer ne serait-ce qu’une pointe de jalousie, ça m’aurait plutôt plu. Je n’aime pas forcément qu’on me désire mais ici, j’avais envie de voir sa réaction, pour être jaloux, il faut qu’on aime un peu la personne mais je n’en espérais pas tant. Elle renfermait ses sentiments et son cœur de pierre insensible n’arrangerait pas mes affaires. Je pris sa robe que j’avais détachée avant que notre petit moment de plaisir ne commence. Je lui lançai même si la voir aussi dénudée que maintenant ne me dérangeais pas. C’était très beau à voir d’ailleurs. J’ai marché doucement vers elle, je me suis accroupi et j’ai mis ma main sur sa joue pour l’embrasser. C’est fou, je ne m’en lasserai jamais.
- Tu es magnifique comme ça Diana. J’aurais voulu te connaître plus tôt. Tu en as aussi de l’expérience, ce qui me plaît bien chez toi, c’est ta façon de te faire désirer.
Je me suis redressé, prêt à me rhabiller totalement en commençant pas mon jeans. Mon t-shirt était introuvable et je n’avais pas envie d’avoir l’air con à farfouiller partout dans cette maison si petite.
- Par contre ma belle, je ne sais pas où est-ce que tu as été mettre ta petite lingerie. J’irai la chercher dans le jardin plus tard si tu veux.

Il affirmait qu’il s’agissait de sa première expérience. Il montait encore plus dans mon estime. Vous n’imaginez même pas cette fierté d’être la première vampire avec qui il couchait. Dans ma tête, c’était comme les feux d’artifices. Et s’il ne s’était pas trouvé dans la même pièce que moi, j’aurais sautillé de partout, comme une enfant. Je peux maintenant être sûre qu’il ne m’oubliera pas. J’y tiens car… Je n’aime pas être oubliée. L’expression dans mon visage a rapidement viré au mécontentement, lorsque le beau Silas a espéré que ça ne soit pas sa première, ni sa dernière expérience. Et j’ignorais s’il faisait référence à moi ou à des futures partenaires. Ma main agrippa la petite table qui se trouvait à côté de nous pour me redresser. Et étonnement, celle-ci se transforma automatiquement en bloc de glace. Sans comprendre pourquoi j’avais réussi à congeler une table, alors que je ne le souhaitais pas, je fis mine de rien. Mes émotions me jouaient bien des tours et cela pouvait avoir quelques impacts sur mes dons. Seulement, qu’est-ce qui avait bien pu causer ça ?
 
Le démon se leva pour récupérer ses vêtements. Déçue de ne pas pouvoir admirer plus longtemps son corps entier, je soupirai, puis reposait brusquement ma tête au sol.
 
-Pourquoi tu m’fais ça ?
 
Et le voici de retour, à mes côtés, m’embrassant d’une façon dont je ne me laisserai jamais. Cet homme me faisait tellement d’effet, que je ne pouvais lui résister. Et la manière dont il parlait de moi ne pouvait que me satisfaire. Non, Diana, ne t'emballes pas, ce n'est juste qu'un coup d'un soir.
 
-On vous apprend ça aussi chez les démons ? A vous faire désirer ?
 
Je me levais pour aller récupérer mes sous-vêtements que j’avais délicatement posés sur une chaise, dans la cuisine. Je repensais à ce moment où j’avais décidé de les enlever pour lui faire la surprise, je ne pu me retenir de sourire. Je pris soin de me rhabiller entièrement, puis m’asseyais sur le sofa tout en ajustant correctement ma robe. Il cherchait du coin de l’œil son t-shirt, qui, en réalité était posé juste sur le coussin face à moi. Je le récupérais, indéterminée à le lui rendre. Hors de question qu’il le remette, je voulais encore profiter de la vue.
 
-Inutile de chercher ton t-shirt. Tu ne repartira pas avec. J’ai décidé de le garder, que tu le veuilles ou non.
 
J’aurai pu fuir ce soir-là, m’en aller loin et ne plus jamais le revoir. Mais une partie de moi ne voulait pas le voir partir. J’ai repensé alors à une petite chose qu’il avait évoqué tout à l’heure.
 
-Quand tu disais que tu risquais de te faire châtier si l’on nous voyait ensemble, tu parlais de qui ?

N’ayant aucune connaissance du monde des démons, je me questionnais sur son entourage. Avait-il des personnes au-dessus de lui, comme nous avec les Volturi ? Les démons étant bien discrets, il devait probablement y avoir une raison.

Après avoir semé le doute avec ma réponse, je l’observai se redresser lentement en appuyant sa main contre la table juste à côté qui fut gelée presque instantanément. Geste étrange car je ne comprenais pas pourquoi elle l’avait fait car il n’y avait clairement aucun intérêt à le faire ou alors c’était la conséquence de je ne sais quoi. Intrigué, je lui demandai :
- Cette pauvre table ne t’avait rien fait pourtant…
Elle ne put cacher sa déception quand je lui ai empêché d’avoir une vue totale sur mon corps nu, j’avoue que je l’entretenais pour cette raison. Elle s’exclama à ce sujet, légèrement étonnée que je me rhabille aussi vite après ce qu’on avait fait. Pendant un instant, j’ai bien cru qu’elle aimait m’embrasser autant que moi j’aimais l’embrasser ou toucher sa peau mais je n’allais pas me bercer d’illusions, nous sommes de deux mondes différents et nous pourrions tous les deux, nous faire punir pour le simple fait de se connaître. Je ne sais que son prénom, aucune idée de la famille à laquelle elle appartient ni où elle vit et sans ces informations, c’était presque mission impossible pour se revoir à nouveau. Elle me questionna à nouveau mais cette fois, en voulant savoir si les démons apprenaient à se faire désirer ou non. Encore une fois, il ne faut pas faire une généralité, certains ne le font pas car ils trouvent ça prétentieux ou grotesque et d’autres, comme moi, aiment bien la partie où l’on se fait désirer par notre partenaire d’un soir.
- Nous ne sommes pas tous les mêmes. Certains veulent se faire désirer d’autres non. C’est comme chez vous, les vampires.
Je continuais ma recherche pour trouver ce foutu t-shirt, moi qui avais plutôt une bonne vue, je ne parvenais pas à le retrouver. Il n’était pas si discret, un t-shirt blanc ça se perd rarement dans une maison aussi assombrie par la nuit. Evidemment, je n’ai pas mis la main dessus mais Diana oui car il se trouve que ce qui m’appartenait s’était retrouvé juste en face d’elle. D’ailleurs, elle n’avait aucunement l’intention de me le rendre, elle qui avait été frustrée quand j’avais enfilé mon jeans décida de me punir en gardant mon vêtement. Un sourire en coin, je déclarai :
- Tu peux le garder, ce sera un petit souvenir pour quand tu me quitteras.
En vérité, je ne voulais pas qu’elle parte mais toutes les bonnes choses ont une fin et je ne voyais pas pourquoi est-ce que ça changerait ce soir. Je n’allais pas faire une crise pour un simple bout de tissu industriel, j’en avais une dizaine dans mon armoire, tous du même style. C’était un bon moyen si elle voulait me retrouver un jour grâce à mon odeur en espérant qu’elle le fasse un jour, comme une carte de visite en somme sauf qu’il n’y avait pas de numéro ou de nom dessus. Elle fut intéressée par le monde des démons, enfin le monde, l’univers des démons plus particulièrement sur la personne qui allait me châtier si on découvrait que j’avais couché avec un vampire. Elle s’intéressait à moi, ça me plaisait bien, on aurait presque dit qu’elle m’aimait bien.
- La reine me jugera et choisira de ce que j’aurai ensuite, ils choisiront quelqu’un du conseil ou de la cour pour me torturer jusqu’à ce que je sois à bout. En réalité, ce n’est pas si terrible que ça en a l’air, on survit et on s’y habitue.
Elle s’était intéressée à mon monde, je devais lui renvoyer l’ascenseur mais non pas parce que je voulais qu’on soit au même niveau, juste parce que je le trouvais intrigante et étrangement attirante, du moins quand elle ne me fracassait pas contre le mur.
- Et toi, tu risques des problèmes pour ce soir ?

En tout cas, lui, il faisait bel et bien parti de ces démons qui tenaient tant à se faire désirer. Je l’avais bien vu à mon arrivée et c’est ce qui m’avait donné envie de le pousser, jusqu’à ce qu’il craque. Le pire, c’est que je ressentais toujours un petit brin d’insatisfaction. Mettre fin à un moment comme celui-ci me pinçait légèrement le cœur. Nous n’étions pas censés nous fréquenter, ni même nous échanger un mot. Et nous voilà l’un face à l’autre, à nous contempler comme deux amants. Cette histoire ne devait pas aller plus loin et je devais mettre des barrières des deux côtés.

Il m’autorisait à garder son t-shirt, même s’il ne s’agissait pas d’une question. Je ne comptais pas le lui rendre. Et il allait sûrement être caché dans mes petites affaires, à Volterra. Ou alors, il finira peut-être à la poubelle. Au choix. Je connaissais la solution pour ne pas m’attacher à un être comme lui, une voix dans ma tête me conseillait de partir, sans revenir. C’est ce que je faisais à tous ces hommes avec qui j’avais eu une aventure d’un soir. Alors, pourquoi ça serait différent cette fois ? Qu’avait-il de plus qu’eux ? Tout s’embrouillait dans ma tête, car ce Silas n’était pas comme les autres.

J’écoutais attentivement les petites informations qu’il me délivrait. Les démons ne semblaient pas être des gens bien sages. Tout comme nous, ils avaient des règles, ce qui paraissait logique. Mais je ne pouvais supporter d’imaginer Silas se faire torturer parce que nous n’avions pas pu gérer nos pulsions. Et même sans raison valable, je ne tenais pas à ce qu’on touche à un seul de ses cheveux. Quelque chose en lui me donnait envie de le protéger. Je fis mine de ne pas me préoccuper de ses paroles qui au fond me touchaient.

-Eh bien, on fera en sorte que cela n’arrive pas. Je ne vois pas comment notre rencontre pourrait arriver aux oreilles de ta… reine.

Une reine, non mais je rêve. Manquait plus que je la croise un jour pour lui faire comprendre qui commande, ici. Bon, je pouvais jouer les fières, mais je ne savais pas de quoi était capable cette… femme. De mon côté, si les Volturi venaient à apprendre ce que j’avais fait en douce, ils… Je ne sais pas vraiment, en fait. Ils avaient tellement d’imagination pour punir les gens. Et j’étais la première que l’on appelait quand il s’agissait de régler un compte.

-Oh… Je perdrais sûrement ma tête. Ou alors, je finirai emprisonnée dans les cachots. Et tout comme dans ton clan, j’aurais certainement le droit à un peu de torture, avant de mourir.

Je souris suite à ma réplique. Je me voyais mal me faire torturer par les Volturi, tout simplement car eux aussi me craignaient. De plus, mes dons étaient bien trop précieux pour être détruits. Ils avaient besoin de moi. Mais je ne connaissais pas les sanctions possibles si on laissait entrer un démon dans notre vie. Qu'importe, je ne regrettais pas d'avoir joué avec le feu. Qui n’a jamais été attiré par l’interdit ? Je fis quelques pas en direction de Silas, déposant un baiser passionnel sur ses lèvres.

-Au point où on en est, on est déjà morts.

Je marquais une pause, puis repris pour le renseigner un peu plus sur moi.

-Je fais partie d’une puissante famille de vampires. Nous vivons en ce moment-même à Volterra en Italie, chez les Volturi. Je ne sais pas si tu en as entendu parler… C'est un clan très puissant qui applique les lois. Ils recrutent ceux qui ont des dons très avantageux, comme les miens, et puis.. Tu connais la suite.

Mon rôle au sein des Volturi était important. Toute personne leur résistant finissait entre mes mains. Honnêtement, ce rôle me convenait. Voir souffrir toutes ces petits êtres, me suppliant de leur laisser la vie sauve… Quel bonheur.

-Tu as un rôle en particulier ?

Ma… Reine ? Donc elle avait en tête que c’était ma reine comme si elle m’appartenait et ça se sentait clairement. La légère hésitation avant de prononcer le mot, le choix du déterminant possessif qui aurait très bien pu être ‘votre’ pour faire une généralité. Je pensais pourtant m’être exprimé avec un ‘la’ mais visiblement, elle a entendu ce qu’elle voulait entendre. Elle me fit bien rire quand elle a suggéré que toute cette histoire n’arrive pas jusqu’à notre reine, pensait-elle que notre dirigeante était constamment enfermée entre 4 murs ? La vérité est qu’elle avait plusieurs contacts précieux, des taupes comme on dit, ils observaient les autres démons et rapportent tout ce qu’ils ont pu voir ou ouïr de sorte à ce que la personne en question se fasse convoquer pour une raison inconnue et qu’elle en sorte de là amoché. Ca arrivait encore souvent même si après autant d’années, ils étaient un peu plus laxistes à ce sujet et fermaient parfois les yeux sur des affaires entre humains et vampires ou que sais-je encore. A l’époque actuelle, on peut prétexter à avoir fait des menaces à un vampire alors qu’on a couché avec car oui, avec le temps, les démons osent mentir à leur reine. Je n’aimais pas mentir, je racontais toujours ce quel crime j’avais commis tel que je l’avais fait sans tourner ça à mon avantage pour m’épargner des blessures. Et pour mon honnêteté, j’avais un châtiment moins douloureux. D’après ce qu’elle m’expliquait, c’était pareil chez les vampires qui leur coupaient la tête ou, comme elle le disait, les enfermaient en les torturant. J’avais peine à croire qu’elle se ferait châtier, elle qui est si sadique, ce serait du temps perdu car elle tuerait ses bourreaux en moins de temps qu’il ne faut pour le dire. Je ne m’inquiétais pas pour ça et puis de toute façon comme elle l’a gentiment souligné, nous sommes déjà morts. Mourir en sa compagnie n’était pas si terrible, je dirais même que ça m’aurait plu si ça avait été le cas.
➵ Sadique professionnelle.
C’est le nom de son métier, enfin, remanié à mon goût. N’était-ce pas réellement ce qu’elle faisait ? Faire souffrir les gens pour son plus grand plaisir, même si c’était son boulot, elle y prenait goût. Les Volturis ? Je connais vaguement qui ils sont ou encore ce qu’ils font, les rumeurs chez les démons vont vite et c’est peut-être une des seules que j’ai écoutée à moitié. Ils n’ont pas l’air très charmant ou à fleur de peau mais bon, dans toutes les races, il y a ceux qui s’occupent de faire appliquer la loi, chez les humains, ce sont les flics et les juges, enfin, plutôt une justice injuste mais passons. Mademoiselle avait des dons dits ‘avantageux’, cruels en somme, qui arrangeaient bien les Volturis. Quartier général situé en Italie, j’avais presque trop d’informations en une phrase. Était-ce normal de révéler autant de renseignements sur des vampires comme eux à un démon ? Soit elle s’en foutait, soit il ne pouvait rien lui arriver. Elle devait avoir une place tellement importante auprès d’eux qu’elle devait être intouchable. Par intouchable je parle aussi bien du fait qu’il ne peut rien lui arriver et également du fait que personne n’a le droit de toucher physiquement. Tout en m’expliquant leur fonctionnement, elle finit sa phrase sur quel était mon rôle au sein de ma communauté. Je n’étais pas un maillon important, pas irremplaçable et très peu utile même. On m’appelait parfois pour brûler des corps mais rien de bien fou et c’est un domaine dans lequel je ne pouvais pas me vanter.
- Je ne suis pas aussi important que toi. Parfois, je dois incinérer des corps mais à part ça, je vis ma vie comme bon me semble.
Je m’approchai de son oreille pour terminer ma phrase.
- Quitte à ne pas respecter les règles.
Je pris le rideau entre mes doigts, celui que j’avais tiré tout à l’heure pour nous éviter d’être vus et j’y mis le feu. J’adorais faire ça, je suis un pyromane dans l’âme, en même temps, avec un don pareil, je suis obligé de l’être, non pas que cela me déplaise bien au contraire. Encore un souci de plus, un autre fait qui montre que je suis dangereux pour elle, les flammes. Je pourrais très bien m’énerver ou lui mettre le feu et ce n’est un secret pour personne que le feu est la seule manière de tuer définitivement un vampire. Imaginez que je la brûle… Sans réfléchir, j’ai tapé mon poing contre le mur, énervé contre moi-même, la menace que j’étais pour elle. Mon acte impulsif fit s’enflammer le mur en moins de temps que je ne l’aurais pensé, s’emparant ainsi de presque toute la maison en moins d’une minute. Mon premier réflexe fut de regarder Diana et de presque me jeter sur elle. Elle qui était de dos, qui n’avait presque rien vu ou entendu si ce n’est que la création de quelques flammes. Je l’agrippai, en la prenant de la manière avec laquelle j’avais le plus facile et je nous sortis rapidement de la maison qui commençait à brûler de partout et à s’effondrer.
Arrivés dehors dans l’herbe, je la posai délicatement pour qu’elle puisse à nouveau toucher le sol, j’étais légèrement essoufflé, la faute aux flammes, et j’affichais une expression de visage désolée.
- Je sais que tu aurais couru plus vite mais c’était un réflexe. Je suis désolé.

Si j'en écoutais les lois, je devais considérer Silas comme mon ennemi. Ses capacités à développer rapidement des flammes risquaient de me coûter la vie, si un jour il décidait de se retourner contre moi. Pourquoi le ferait-il ? Aucune idée. Mais tout peut arriver. Et avoir couché avec lui ne m'assurait pas forcément la vie sauve. J'essayais pourtant de me convaincre qu'il ne me ferait jamais de mal. Sinon, pourquoi me gardait-il encore en vie ? Brûler des corps n'avait rien d'exceptionnel à mes yeux, mais rien que de l'entendre parler du feu, j'avais l'impression que l'on pointait une arme sur moi. Une arme capable de mettre fin à mes jours, de détruire mon âme. 
 
-Je me retrouve face à un rebelle. Intéressant. 
 
A Volterra, on punissait par tous les moyens les personnes ayant désobéie à nos règles. La plupart du temps, les plus malins y échappaient. Pour d'autres, malheureusement, les sanctions étaient sévères. Quand les gardes s'en prenaient aux prisonniers, il leur arrivait de se tourner vers moi pour plusieurs raisons. Premièrement, parce que la plupart des prisonniers se rebellaient grâce à leurs dons qui étaient parfois un véritable défi pour nous. Le fait que je puisse leur renvoyer leur propre pouvoir à la tronche était donc très utile. Deuxièmement, les décharges électriques me permettait de maîtriser les plus désobéissants. Troisièmement, j'étais toujours volontaire. S'il y avait quelqu'un à punir, c'était automatiquement vers moi que l'on se tournait. J'étais peu appréciée des gens qui m'entouraient, mais ils me respectaient et cela me suffisait amplement. Le dernier garde qui avait tenté de me défier avait passé un sale quart d'heure, même si j'aurais aimé le tuer. Malheureusement, tout n'était pas permis au manoir.

Je jetais un œil attentif au salon. C’était un véritable bordel. Heureusement que la vielle dame n’était plus là pour voir l’état de sa maison. Elle aurait sûrement eu une attaque en voyant ça, mais en aucun cas, j’étais désolée. Cette soirée était la meilleure de toute mon existence. Jusqu'à ce qu'une forte chaleur se fit ressentir, et en une fraction de secondes, l’environnement dans lequel je me trouvais se transforma en véritable cauchemar. Il y avait des flammes partout. Aux murs, aux rideaux et aux meubles. Je ne comprenais pas ce qu’il se passait. Mon poids se souleva, porté par le démon, même si j'aurais pu déguarpir par mes propres moyens.
 
Une fois sortit de la maison, j’observais les flammes devenir de plus en plus grandes. Les preuves de notre passage avaient totalement disparue. J’affichais un regard furieux vers Silas, avant de lui envoyer une décharge dans tout le corps.
 
-A quoi tu joues, Silas ? Tu veux nous tuer ?!
 
Je repris mon calme en m’éloignant un peu plus de la maison, pour ne pas sentir cette odeur de brûlé. Le feu avait déclenché en moi un sentiment de colère. J’avais jusqu’à présent supporté les quelques flammes de tout à l’heure. Mais cette fois-ci, ma peur du feu prenait le dessus.

-Tu comptes m’expliquer ce qui t’a pris ? 

Je ne peux pas dire que je n’y étais pour rien, les flammes, la maison en ruine, l’incinération du corps de la victime et la mise en danger de Diana. Je savais ce que j’avais fait et surtout qu’est-ce qui l’avait déclenché, évidemment que c’était moi mais c’était à cause de ma préoccupation pour elle. Merde Silas, pourquoi est-ce que tu te soucies d’un être comme elle ? Tu devrais la haïr, la brûler jusqu’à ce qu’elle te supplie de ne pas la tuer, voir la peur de mourir dans ses yeux et au lieu de ça, tu préfères te faire du souci pour rien et pour un avenir que tu n’auras sûrement jamais. Je suis vraiment con. La décharge qu’elle me fit ressentir était méritée, j’étais mal, je n’avais jamais ressenti ce sentiment de mal être et d’énervement envers moi-même. Si j’avais pu, je me serais cramer vif mais j’étais trop accroché à la vie pour me sacrifier. Si un jour je l’explique à la reine, elle me rassurera en disant que j’ai essayé de la brûler et que c’était une bonne initiative. Comment et pourquoi est-ce que je me détestais pour une fille, cette fille ? Elle me demandait à quoi je jouais. J’essaie de te protéger de moi. Mais il faut que je me calme, cette décharge m’a reconnecté à la réalité, cette dure réalité qui disait que c’était impossible entre elle et moi. Je n’aimais pas cette réalité-là, j’aurais préféré que ce ne soit pas vrai mais hélas, c’était comme ça. J’ai parlé avec une voix basse mais assez fort pour qu’elle m’entendre. J’étais honteux de la personne destructrice que j’étais.
- J’aurais dû me jeter dans ces flammes.
Sur l’instant, je l’ai vraiment pensé, après tout, quel était mon rôle dans ce monde ? J’étais inutile, pas plus qu’un humain mais pas moins qu’un loup garou. Je ne servais pas les gens, je n’aidais pas le monde même le mien. J’ai failli la tuer ce soir, je ne voulais pas lui faire de mal mais il fallait se rendre à l’évidence que j’étais une menace pour elle. En normal, ça aurait été vite réglé, je serais parti dès que le soleil aurait pointé le bout de son nez, on se serait oubliés et voilà, fin de l’histoire. Mais pourquoi est-ce que je ne peux pas faire ça ? Pourquoi est-ce que la savoir en danger me terrifie ? Pourquoi est-ce que je veux la protéger ? Je hais me poser des questions auxquelles je sais pertinemment la réponse. Je ne veux juste pas l’admettre. Un ami m’a dit que quand je serai amoureux, que je ressentirai ce sentiment qu’on appelle l’amour, je me soucierai de cette personne et que j’aurai peur de ne plus jamais la revoir. Je n’apprécie pas me savoir dans une telle position, je ne suis pas le genre de démon à avoir ce genre de sentiments doux dont tout le monde rêve. Je ne sais même pas comment je dois les extérioriser mais je vais devoir essayer de le faire. Elle veut des explications, une raison valable. Elle pensait peut-être que je voulais la tuer ce qui ne m’aurait pas étonné bien que si ça avait été mon intention, je l’aurais déjà fait depuis 30 minutes. Respire un grand coup, expire et parle franchement. C’est quitte ou double.
- Je…
Bon premier essai raté visiblement, puis merde, tu es Silas. Tu ne dois pas te faire intimider comme ça par une autre créature même si elle est menaçante, depuis quand est-ce que tu es aussi peureux de dire la vérité ?
- J’étais entrain de réfléchir. J’avais peur de te tuer en te brûlant et je l’ai pratiquement fait. C’est idiot tu vas penser mais je ne sais pas, je ne veux pas te faire du mal. J’ai peur de ce que je peux te faire.
Une chose de faite. Je ne sais pas comment elle allait l’interpréter, me geler, m’électrifier aucune idée. Je me sens tellement coupable que j’accepterais ce que je mérite. Je me sens mal, cette sensation étrange qui me bouffe de l’intérieur. Il y a un arbre un peu plus loin dans ce jardin, j’ai besoin de quelques secondes pour moi. Je me dirige vers celui-ci pour m’asseoir, adossé au tronc les yeux en l’air pour regarder le ciel sombre. Va-t-elle me tuer ?

Je croisais les bras, furieuse de ce qu'il venait de se passer. Pourtant, tout avait l'air d'aller bien. Qu'est-ce qui a bien pu changer ça ? J'avais beau chercher, je ne comprenais toujours pas. Il prétendait qu'il aurait dû se jeter dans les flammes. Pourquoi ? Son comportement changea en quelques minutes et ça commençait à me taper sur le système. Je m’apprêtais à répondre, jusqu’à ce qu’il me fasse une confidence qui remit tout en question.

De l’homme joueur, qui cherchait à se faire désirer, je passais à un homme protecteur et inquiet à mon sujet. Je clignais des yeux plusieurs fois, puis fixait le sol, ne sachant pas comment réagir face à de telles révélations, me demandant ce que j’ai pu faire pour qu’il se dise ça. Il pensait être capable de me faire du mal. N’a-t-il toujours pas compris que je ne craignais personne ? Je devais être claire avec lui.

-Silas, il ne faut pas que tu aies peur de ça.

Mais je commençais à y voir clair, et j’avais peur d’avoir raison. Si le démon s’était attaché ne serait-ce qu’un minimum à moi, il ne devait pas rester, au risque d’être déçu. Et je ne pensais pas que notre petite histoire d’un soir le mènerait à avoir peur de me faire du mal. Mais ce qui me tiraillait le plus, c'était que j’avais moi-même envie de le protéger de toute menace. Je fermais les yeux quelques secondes, essayant de me remettre les idées en place.

-En revanche, je te conseille de ne pas t’attacher à quelqu’un comme moi. Ce qui s’est passé entre nous ce soir ne doit rien représenter pour toi. Si jamais nos chemins devaient se recroiser, il faut que je sois sûre que… Il n’y aura rien de plus.

Ma gorge se noua après avoir prononcé ces mots. Je me fermais entièrement, ne voulant pas qu’il s’imagine avoir une chance. Je ne tenais pas à lui expliquer les raisons de ce choix. Nous n’en n’avons pas parlé avant de faire notre affaire, parce que j’étais loin d’imaginer qu’il soit du genre à rester aux côtés d’une femme après un moment comme celui-ci. Mais mon devoir était de le prévenir que se préoccuper de moi était une mauvaise idée. Une sensation que je n’avais jamais ressentie vint me toucher au plus profond de mon coeur, bien que celui-ci soit gelé depuis des années. Et ça faisait mal. Une partie de moi espérait qu’il y ait un peu plus qu’une histoire d'un soir. Mais l'autre partie me rappelait qu’un homme n’avait rien à faire dans ma vie, encore moins un démon. Si l’on découvrait que je fréquentais quelqu’un comme lui, je ne serais plus crédible au sein de la communauté des Volturi. Et puis, honnêtement, pourquoi perdre son temps avec un homme comme lui ? Je repris un air sérieux, ne souhaitant pas révéler la moindre trace d’émotion, même si intérieurement, j'étais brisée.

-Nous ne pouvons pas rester ici. On pourrait nous voir... Constatai-je. Je ferai mieux d’y aller.

La maison ayant été brûlée, nous étions exposés et avions plus de chances de nous faire attraper ensemble. Si un Volturi me voyait ici, j’aurais certainement des ennuis, tout comme lui. J’attendis de voir sa réaction, avant de reprendre une nouvelle fois le chemin de l'Italie, là où je pourrais tenter d'oublier cette douloureuse histoire.

Je n’avais aucune raison de m’inquiéter pour elle. Aucune raison de m’y attacher non plus, je savais que c’était impossible, que nous n’étions pas pareils, que nous ne pouvions pas nous fréquenter. Je savais aussi que c’était un vampire cruel, une fille meurtrière, sadique, violente et autoritaire. Pourquoi est-ce que je me faisais des idées débiles du genre ? C’est vrai, je pourrais très bien trouver mon bonheur avec un démon et ainsi m’éviter tout un tas de problèmes. J’aurais eu une vie paisible, presque trop parfaite, aucune chance de me faire torturer pour avoir désobéi aux règles imposées, j’aurais même eu un enfant même si je n’en veux pas. Je ne sais pas pourquoi, j’avais toujours envie de contourner la loi, de me mettre en danger inutilement. Je sais ce que je devais faire maintenant et ça me faisait du mal rien que de me l’avouer à moi-même : Je devais oublier cette fille. Faire de ce soir, un simple coup d’une nuit qui aura été mémorable, exquis mais que je dois classer ça. Elle a raison, je ne dois pas avoir peur de quoi que ce soit pour elle. Depuis quand est-ce que je me souciais de la vie de quelqu’un d’autre ? Je ne me reconnaissais même plus.
Elle avait raison, je ne devais pas m’attacher à un être comme elle, ses mots raisonnaient dans ma tête et même s’il y avait un incroyable spectacle de flammes devant moi, je ne pouvais pas penser à autre chose. J’ai ressenti une légèrement douleur dans mon torse mais je l’ai ignorée. Je sais ce qui était le meilleur pour moi, je devais rentrer chez moi, dormir, oublier Diana comme on oublie où on a rangé ses clefs. Je trouverai une autre fille pour une nuit, j’y prendrai tellement de plaisir que je l’oublierai, enfin, je l’espère. Je les oublie toujours alors pourquoi est-ce que ça changerait cette fois-ci ? Je me suis habitué à toutes les oublier, je ne me souviens même pas avec qui j’ai couché la semaine dernière mais une chose est sûre, c’est que ça ne se passe qu’une seule fois. Ça devait être le même pour ce soir. Si on se recroise, il n’y aura rien, on se regardera comme des inconnus, on essayera même, peut-être, de se tuer mutuellement. C’est comme ça que ça devait se finir. Je ne pouvais pas le promettre, je suis un démon de parole et pour une fois, je doutais de moi.
- Je ferai tout pour que cela soit ainsi Diana mais tu as raison, je ne devrais pas m’attacher à toi. Cette nuit passée avec toi était presque parfaite mais ça ne doit rester qu’un coup d’un soir.
Nous devions partir, nous étions en plein milieu d’un jardin et je suis prêt à parier que les pompiers ne vont pas tarder. Elle souligna le fait qu’on devait s’en aller le plus rapidement possible. Je me redressai grâce au tronc d’arbre, repérai la forêt d’un coup d’œil et j’ai couru jusqu’à ce que je ne puisse plus la voir en chuchotant silencieusement :
- J’espère te revoir un jour…