I don't like your perfect crime [Silas] #Terminé

Douce nuit, tu m’as guidée jusque dans cette forêt remplie de créatures sournoises. Cette forêt que je fréquentais autrefois, pendant mes premières années de sanguinaire. J’y ai fait la rencontre de plusieurs individus. Certain se sont montrés courtois et polis, d’autres m’ont défiée. J’ai parcouru l’Italie, espérant oublier ce secret caché aux Etats-Unis et qui a rongé mon âme. Seul Seth connaissait la vérité, il ne me jugeait pas. Au contraire, il s’est montré compréhensif. Mais l’Italie n’a pas été de tout repos. Car même dans un autre pays, je trouvais le moyen de me faire des ennemis. J’aurai mieux fait de tuer cette petite sanguinaire aux cheveux roses qui m’avait fait tourner en bourrique. Elle faisait partie du clan des volturis, et elle ne se gênait pas pour s’en vanter. Ah, les volturis… S’ils savaient ce que je venais de voir, ils m’accueilleraient sûrement dans leur rang.

Je fis quelques pas en direction de la fumée que j’avais sentie. Quelqu’un avait déclenché un incendie. Et, à ma grande surprise, deux individus sont sortis de cette petite maisonnette. Je reconnu les yeux rouges de la sanguinaire portée par cet homme. Pourquoi la portait-il, alors qu’elle aurait très bien pu fuir d’elle-même ? Et surtout, qu’est-ce qu’ils faisaient ensemble dans cette maison ? Je connaissais les environs de Forks, et à moins que celle-ci ai déménagé, la propriétaire n’était qu’une vielle dame. J’observais la scène de loin, tentant d’écouter leur conversation avec mon ouïe avantageuse, mais je n’en n’ai retenu que quelques mots. A ce que je comprenais, ils n’avaient rien à faire ensemble, et ce qui s’est passé entre eux ne devait pas se reproduire. Enfin, c’est ce que je me suis imaginé. Alors, madame s’était tapé un humain ? Cet homme n’a-t-il pas remarqué que les yeux de sa demoiselle étaient différents des siens ? Le duo a fini par se séparer, laissant derrière eux un incendie qui, je suppose, allait rapidement interpeller le voisinage. Je décidais de suivre l’homme. Que foutait-il dans la forêt ? Je m’avançais un peu plus près, tout en restant discrète. Et c’est là que j’ai compris qui il était.

Des flammes sont apparues comme par magie et se sont propagées sur plusieurs arbres. Une situation que je ne pouvais laisser passer, car elle mettait en danger toutes les créatures qui y vivaient. Cet homme représentait le mal. Et sa colère ne faisait qu’augmenter les risques de destruction de la forêt. Je ne sais pas ce qui a pu se passer dans sa tête durant les minutes précédentes, mais je devais l’arrêter. Les volturis pourraient finir par penser que cet incident soit causé par un vampire.

J’accélérais le pas, puis, me jetais sur lui pour l’immobiliser au sol. On aurai presque pu penser que nous étions dans une série policière. J’usais de ma force afin de l’empêcher de retourner la situation, tentant de l’étrangler.

-Toi, le démon tu vas passer au barbecue si tu ne t’arrêtes pas, j’te préviens.

Les flammes continuaient de se propager, mais ne m’effrayaient pas. Je serrais plus fort au niveau de son cou, cherchant à l’intimider.

-Arrête-moi ça !

J’étais fou de rage, contre qui ? Aucune idée. Contre moi, contre le monde, je savais que l’amour ne servait à rien et c’est pour ça que je ne l’ai jamais ressenti depuis que je suis né. C’est bête à dire mais je viens d’avoir la plus grosse blessure de mon existence, pas de contact physique que des mots. Je ne sais pas comment je dois réagir, c’est la première fois que je suis une position aussi délicate. Aucune envie de tuer des gens, j’ai juste envie de tuer on environnement, je suis en plein milieu des bois, torse nu, blessé sentimentalement et je n’ai qu’une seule envie, tout brûler sur mon passage comme je le faisais avant. Je perdais le contrôle, je cassais tout quitte à être un peu cramé au passage, du moment qu’on remarquait ma présence. J’avais encore un peu de sue sur mon torse et mes vêtements et dès que ma main eut touché l’arbre le plus proche, le tronc prit feu en quelques secondes. Le feu se propagea un peu partout, je suis presque sûr qu’on pouvait voir de la fumée de la route. Le spectacle était impressionnant à voir, pas le plus beau auquel j’avais assisté mais il me plaisait assez pour qu’il reste mémorable mais c’était sans compter sur l’arrivée d’un autre être dont je ne connaissais pas encore la nature. Elle se précipita sur moi comme si elle voulait me tuer, ça aurait été le dernier de mes soucis en ce moment. Elle me criait d’arrêter ce brasier sinon que je finirais cuit et elle m’étranglait un peu plus chaque seconde. Ses yeux rouges me rappelaient quelqu’un que j’essayais d’oublier, la rage prit le dessus sur moi et très vite, des flammes arrivèrent à un petit centimètre de nous, assez près pour qu’elle me lâche.
- Encore un vampire, je les collectionne aujourd’hui.
Je nous fis une petite zone de confort sans aucune flamme ni étincelle, j’aurais presque envie de la tuer mais me dire que j’allais tuer quelqu’un à cause d’un autre vampire qui m’avait blessé était inutile. Trop de gens étaient déjà morts et je n’avais pas l’intention d’empirer le bilan.
- Que me voulez-vous exactement ?
Pourquoi est-ce que cette fille m’avait interrompu ? J’en avais marre des vampires. J’avais eu ma dose mais peut-être que je faisais une généralité. Celle-là avait intérêt d’être sympathique, du moins, plus sympa que l’autre ce qui n’allait pas être fort compliqué. Je devais me calmer, la colère n’importe rien dans ce genre de situation et même si j’étais profondément blessé, je devais m’efforcer d’être aimable. Elle était plutôt jolie, totalement différente de l’autre sanguinaire que j’avais vue. Bien qu’elle m’ait dérangée en pleine contemplation, c’était plutôt agréable de tomber sur une autre jolie fille ce soir.
- On ne peut même plus s’énerver en paix. Enfin, j’ai un peu créée l’apocalypse dans cette forêt mais c’est rien.
Encore une autre discussion que j’aurais ce soir. Encore un autre vampire. Je vous promets que s’il y en a un troisième, je le tue.

Je relâchais légèrement son cou, m’attendant à des représailles, puis me relevais. Les flammes étant trop près de nous. Je plongeais mes yeux dans les siens qui étaient totalement normaux. Contrairement à nous, les démons n’avaient pas grand-chose de différents des humains. Pour en avoir observé quelques-uns, je savais qu’ils étaient capables du pire. Je restais sur mes gardes, en zieutant les flammes danser autour de nous. Je n’étais pas le premier vampire qu’il rencontrait selon-lui, chose que je savais déjà. Et ça me fit sourire. Monsieur a regretté sa première rencontre à ce que je vois.
 
-Que tu calmes ta joie ! Tu t’es pris pour qui pour faire ça ? Tu n’es pas seul, ici.
 
Je ressentais dans ses paroles une étrange colère. D’où ce feu déclenché. Peu importe les raisons, je ne tolérais pas un tel carnage. Les loups garous n’allaient pas tarder à arriver et les animaux dont se nourrissaient les végétariens risquaient de disparaitre. Quant aux sanguinaires qui se réfugiaient dans la forêt, ils ne devaient pas être tentés d’en sortir.
 
-Ta petite princesse a peut-être prit la fuite pour je ne sais quelle raison, mais ça ne te donne en rien le droit d’en faire subir les conséquences aux autres.
 
En faisant référence aux « autres », je parlais principalement des créatures vivant dans cette forêt. Elle était notre seul refuge indispensable à notre survie. Nous pouvions y vivre en toute discrétion, sans déranger personne, à part quelques vagabons et quelques chasseurs. Mes épaules tendues se relâchèrent. Je m’avançais de lui, tentant de ne pas me montrer craintive, même si au fond, je l’étais un peu.
 
-Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ce genre de chose ?
 

Au fur et à mesure, je voyais le feu diminuer. Peut-être qu’en conversant un peu avec lui, j’allais réussir à atténuer sa colère. Ce ne me plaisait pas plus que ça de discuter avec un être censé être mon ennemi, mais s’il fallait le faire pour qu’il cesse de s’en prendre à tout ce qui pouvait se trouver sur son passage, je le ferai.

Je n’étais pas seul ici, faisait-elle du sarcasme ? Bien sûr que je savais que je n’étais pas seul. Mon but n’était pas de faire un génocide même si ma soif de rage n’arrangeait pas les choses. Pour qui je me suis pris ? Pour une sorte de dragon avec une forme humaine, brûler tout ce qui pouvait l’être était mon seul objectif et sincèrement, ça me procurait un grand plaisir de voir toutes ces flammes. Elle, c’est un vampire, elle ne les aime pas autant que moi car ça pourrait la tuer. Depuis que je suis jeune, j’adore faire prendre feu à du bois, du papier ou que sais-je encore, ça a le don de m’apaiser pendant quelques heures. Avec le temps, j’ai appris à me contrôler, ma soif de destruction allait me causer énormément de problèmes, premièrement car ça ne passe pas très inaperçu et deuxièmement car ça ne m’aidait plus à force, voir le même spectacle encore et encore, on se lasse facilement.
Elle mentionna une fille qu’elle qualifiait de ‘petite princesse’, la mienne plus précisément, à entendre ses mots, j’avais envie de la brûler vive. Expirant tout l’air que j’avais dans mes poumons, mon poing s’est resserré et les flammes se sont intensifiées pendant quelques secondes le temps que je me calme. Qui était cette fille ? Pourquoi est-ce qu’elle me donnait des ordres et pourquoi est-ce qu’elle me parlait du démon de tout à l’heure ? Tenait-elle vraiment à me mettre en colère ? Avec dégoût, je m’exclamai :
- Cette fille n’est pas ma princesse. Elle n’est rien pour moi.
Je venais de lui parler comme si je me sentais obligé de me justifier devant une inconnue aussi froide et sanguinaire que la fille avait qui je venais de coucher. Je disais la vérité, cette fille n’était rien pour moi-même si je voulais dire l’inverse. Je devais oublier ce vampire à tout jamais et ce n’est sûrement pas en retombant sur un autre que ça va m’aider à aller mieux mais c’était intrigant, de un, parce qu’elle nous avait observés depuis la maison et de deux, qu’elle essayait de sauver la forêt. Qui était-elle et pourquoi est-ce qu’elle prenait le risque de venir me parler alors qu’elle savait que je n’étais pas d’humeur ? Peut-être une espionne envoyée par la reine pour me tester ? Non mais Silas tu délires ! Il faut que j’arrête de voir le complot partout, cette fille inconnue en face de moi ne savait pas ce dont j’étais capable mais j’ignorais également ses capacités mais une chose est sûre, si elle voulait se battre, j’étais prêt.
Il fallait que je fasse un compromis, je devais connaître son nom et savoir pourquoi elle me parlait de son amie la vampire. J’étais apte à sacrifier un peu du territoire qui se transformait en cendres, après tout, je l’ai déjà vu des milliers de fois.
- Pourrais-tu au moins me dire ton nom ? Je n’ai pas envie de parler, encore moins à mademoiselle l’inconnue.
Puis, sa phrase resta dans ma tête, ma petite princesse, mais où est-ce qu’on va ?
- Pourquoi est-ce que tu as dit que c’était ma petite princesse ?

Les flammes grandissant de plus belles, je devais faire vite pour calmer sa colère. Et avoir mentionné la vampire qui l’avait accompagné à l’instant ne l’aidait pas. Je réfléchis, essayant de trouver une solution pour arrêter ce désastre. Je montrais mes deux mains, lui faisant comprendre que je ne lui voulais aucun mal et pour apaiser les tensions.

-Je m’appelle Chrissy. Je ne suis pas là pour te causer de problèmes, mais si tu n’arrêtes pas ce feu, tu risques de mettre en colère toutes les créatures de cette forêt.

J’hésitais à lui expliquer pourquoi j’avais surnommé sa petite demoiselle « sa princesse ». A l’écouter, on aurait pu croire que je lui avais parlé d’un monstre ou de la reine des pestes. Alors, que dans mes souvenirs, il ne semblait pas la considérer comme tel. Qu’est-ce qu’elle a bien pu faire ou dire pour qu’il décide de la voir ainsi ? J’étais loin d’être une psy, et ça ne sera jamais le cas, mais tout laissait à croire qu’elle l’avait profondément blessé.

-Okay, okay… Enfin, j’ai cru qu’elle représentait quelque chose pour toi. La façon dont tu l’as sortie de cette maison et dont tu la regardais … J’ai pensé que… Mais, excuse-moi si je me suis trompée. 

Quelques branches imprégnées par le feu sont tombées à quelques mètres de nous, ne me laissant qu’un petit espace pour parler avec ce démon. Reste zen Chrissy. Je me mis à sa hauteur, essayant de lui tenir tête. C’était assez impressionnant à voir. Deux êtres n’étant pas du même monde étant sur le point de s’entretuer, entourés d’arbres enflammés. Plus j’avançais dans ma propre vie et moins ce genre d’évènement m’étonnait. Ce soir, j’allais devoir tout faire pour apaiser la souffrance d’un homme dont j’ignorais l’identité et ainsi pouvoir sauver cette forêt dans laquelle je me réfugiais.

-Dis-toi que… Une de perdue, dix de retrouvée.

J’affichais un sourire gêné, même si honnêtement, je n’étais pas sûre que ma phrase soit des plus convaincantes. Peut être qu’un peu d’humour résoudrait le problème. Chriss', ta moralité est juste bidon, autant que tu crames tout de suite. Mais vu son regard, je me demandais franchement s’il ne valait pas mieux que je parle de la pluie et du beau temps. Je ne sais pas à qui je devais coller un procès en cette soirée chaotique, à lui ? Ou à cette traînée ? Cet homme n’avait-il jamais apprit à gérer ses émotions ?

-Déjà, tu vas éteindre ce feu et si ça te dit, on pourrait se poser dans un endroit moins exposé et discuter de ce que tu souhaites. 

Chrissy ? Un nom bien rare, la preuve étant qu’en plus de 2000 ans, c’était peut-être une des premières fois, si pas la première fois que j’entendais ce prénom. Original, rare et spécial. Enerver les créatures de la forêt, c’était bien le cadet de mes soucis en ce moment, comme si j’en avais quelque chose à faire de quelqu’un. C’est la colère qui te fait parler. Je déteste quand je suis en colère à ce point car je n’arrive plus à savoir qui je suis vraiment, j’ai toujours été impulsif mais j’ai eu tellement de temps pour me calmer et il a fallu une petite rechute pour me remettre dans cet état. Les autres êtres ici ? A part les animaux, je n’en avais rien à faire. J’étais trop enragé pour penser aux conséquences désastreuses qui allaient se produire et même si j’en étais légèrement conscient, la haine n’arrangeait pas à me détendre. Elle, elle essayait tant bien que mal, si elle n’avait pas eu ses yeux rouges, elle aurait pu être un bisounours. Voulant bien faire, elle essaya de se justifier sur ce qu’elle venait d’affirmer, cette fille que je ne reverrai sûrement jamais et que je n’avais pas envie de revoir, surnommée ‘ma petite princesse’ par cette Chrissy. Elle enchaîna sur une expression populaire mais totalement fausse qu’était ‘une de perdue, dix de retrouvées’. J’avais déjà démonté cette théorie des milliers de fois auparavant, qu’est-ce que ça signifiait au juste ? Avec un sourire, je répondis :
- Pourquoi, tu veux être la première de ces dix ?
En réalité, cette expression était débile, quand tu perds ta seule vie, tu n’en regagnes pas dix, on n’est pas au loto ni au poker. J’aimais bien ça manière d’essayer de me remonter le moral, elle n’avait pas un mauvais fond pour un vampire, j’en ai déjà vu un plus sadique il y a à peine 10 minutes. Il fallait que j’arrête d’y penser et que je me concentre sur cette Chrissy. Elle qui ne savait pas encore mon prénom, je n’avais pas envie de le lui communiquer maintenant, restons encore mystérieux. Je levai les yeux un peu plus, regardant le massacre que je venais de causer et après avoir poussé un long soupir, les flammes cessèrent et la forêt ne fut plus animée par le feu que j’avais causé. Je ne me sentais pas mal de l’avoir fait, ni même honteux, je savais que j’en avais eu besoin pour libérer toute cette colère. J’ai presque failli tuer cette fille, les branches commençaient à tomber comme des gouttes de pluie qui étaient en feu et qui avaient bien failli la toucher pour ensuite la brûler. Je ne vous explique même pas le carnage que ça aurait fait, elle aurait sûrement été incendiée et tuée à cause de ça et je me serais senti mal car j’aurais provoqué la mort de quelqu’un à cause d’elle. Je ne voulais pas en arriver là, pas ce soir.
- Je n’ai pas vraiment envie de parler de cette fille, je l’ai juste sauvée de l’incendie que j’avais moi-même provoqué mais il n’y a rien eu de plus.
Je ne mentais pas, je cachais la vérité pour mon bien et pour qu’on arrête de me parler d’elle ce que je n’avais pas envie de faire, du moins, pas maintenant.
- Pourquoi est-ce que tu te soucies des créatures qui habitent ici ? Tu les connais ?

Je pouffais en entendant sa réplique. Honnêtement, il était assez beau garçon, mais jamais il ne me viendrait à l’idée d’une relation avec un démon. De plus, son don était bien trop terrorisant pour moi. Il fallait être fou pour qu’un vampire se laisse toucher par ce genre de personne. L’arme qu’il possédait pouvait détruire une armée de vampires en moins de deux minutes. L’avantage pour lui est que si quelqu’un de mon espèce décidait de l’embêter, il n’aurait qu’à claquer des doigts pour le faire disparaitre.

-Navrée de te décevoir, mais les démons ne sont pas mon truc. Encore moins quelqu’un qui éprouve une forte obsession pour le feu. D’ailleurs, j’attends toujours de savoir ton nom.

Il devait bien savoir que les vampires craignaient le feu. Ça avait l’air de bien l’amuser. Si seulement il savait que j’étais capable de lui faire totalement oublier qui il est… Mais non, Chrissy. Il ne t’a pas assez défiée pour en arriver là. La preuve, les flammes ont commencées à s’éteindre. J’étais sur la bonne voie. Il ne tenait pas à parler de cette fille qui faisait partie de mes semblables. Pourquoi fallait-il qu’il y ait toujours un vampire pour salir notre réputation ? Je souri en écoutant le petit mensonge à la fin de sa phrase. « Il n’y a rien eu de plus ». C’était évident qu’il s’était passé quelque chose, sinon, pourquoi serait-il dans cet état ? Mais je suis restée neutre. Pas besoin d’en rajouter une couche. J’ai donc tenté d’être convaincante en lui expliquant les raisons de mon intervention.

-La plupart, oui. On y rencontre des gens bien dans cette forêt, tout comme des gens mauvais. C’est un peu comme un genre de refuge pour les créatures comme nous.

Soulagée de voir les flammes s’éteindre petit à petit, je décidais de poursuivre la conversation.

-Crois-moi, certaines personnes ne valent même pas que l’on se mettent en colère pour elles. Il faut juste apprendre à passer au-dessus de tout ça et avec le temps … On oubli.

Souvent, dans mes moments sombres, il m’arrivait d’avoir moi-même d’avoir envie de m’effacer tous mes propres souvenirs en tant qu’humaine. Le décès de mes parents, mes soirées à boire et à fumer jusqu’à tomber raide. Si j’avais pu effacer tous ces souvenirs, je l’aurais fait. Finalement, j’ai appris à vivre avec tout ça. Tout simplement parce que je n’ai pas le choix, contrairement à tous ceux qui croisent ma route. Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais effacé les souvenirs de quelqu’un parce qu’il me le demandait, je le faisais seulement dans le simple but de me jouer de quelques personnes. Je me rappellerai toujours de cette fois où j’ai réussi à faire oublier à un humain où se situait sa demeure. Il a tourné en rond pendant plus de trois heures, jusqu’à ce que sa femme finisse par venir le récupérer comme un petit toutou égaré. Une idée me vint alors en tête, même si je la trouvais un peu idiote.

-Je peux t'aider à l'oublier, si c'est ce que tu veux. 

J'espérais juste qu'il ne prenne pas ma phrase comme une proposition de rencard ou autre. J'ai vu trop de flammes défiler ce soir pour vouloir obtenir une telle chose. Mais si lui effacer quelques souvenirs avec sa "chère et tendre vampire" de tout à l'heure pouvait l'empêcher d'incendier de nouveau la forêt, j'étais totalement partante.

Pensait-elle vraiment que je voulais la draguer ou tenter d’obtenir quoique ce soit d’elle ? Evidemment qu’elle était belle et charmante mais si je devais coucher avec toutes les filles sympathiques du quartier, j’y serais toujours. Elle fit mine de décliner ma proposition, une que je n’avais pas faite mais que j’avais essayé de déduire de sa dernière phrase. Je ne suis pas un si grand expert en matière de femme, encore moins quand ce sont des vampires. Incompréhensibles mais je pense que ce sont les filles en général, toujours à disjoncter pour rien. Elle me demanda mon nom, enfin, de manière très indirecte vu qu’elle ne l’a pas fait. Elle a juste souligné le fait qu’elle ne le savait pas encore et j’avoue que pendant un instant, j’ai bien hésité à lui donner. Pourquoi ? Aucune idée, plus assez confiance en des vampires, plus après ce qu’il vient de se passer.
- Silas. Désolé de devoir te rencontrer dans une telle situation, j’aurais préféré que tu me voies différemment que quand je suis entrain de détruire la quasi-totalité d’une forêt.
Des gens bien, des gens mauvais, du baratin, des bla bla inutiles que tout le monde dit. Je savais faire la distinction entre le bien et le mal même si ça peut surprendre. Je savais qu’il y avait des habitants dans ces bois, évidemment, sous le coup de la colère, je n’ai pas pensé à eux, j’avoue que j’ai été égoïste mais j’en avais vraiment besoin sinon j’allais commettre des meurtres qui auraient été volontaires. Elle me fit une gentille petite leçon morale, j’aurais presque cru que c’était ma mère pendant un instant comme quoi c’est une épreuve de la vie tout ça. J’ai écouté la moitié tellement on me l’avait répété auparavant.
- Ce n’est pas à cause d’elle que je suis dans cet état.
Bon, niveau explications, il y avait clairement mieux et plus crédible mais cette fois-ci, je ne mentais pas. Je n’étais pas en colère à cause l’autre vampire croisée un peu plus tôt cette nuit. J’étais énervé car j’avais été vulnérable devant une fille comme elle qui aurait pu me tuer ce soir-là. Je n’avais pas pour habitude de m’ouvrir à ce point-là et encore moins à des gens comme elle. J’étais réservé avec tout le monde, trop peur d’afficher mes faibles pour que ça se retourne contre moi, j’ai vu ce genre de conflits et c’était toujours le plus gentil et le plus ouvert qui se faisait descendre. Moins ton ennemi en sait, plus tu as des chances de gagner, c’est ce que j’avais appris et c’est certainement à cause de cette phrase que j’étais autant renfermé. Coucher avec des filles ne compte pas pour tout ce qui est social, on se parle rarement pendant le coït alors…
Elle me fit une proposition intrigante, me la faire oublier. J’y ai réfléchi me demandant comment cela pouvait être possible mais j’avais presque oublié que c’était un vampire et que ces créatures avaient également un don particulier chacun. Je supposais qu’elle, c’était le sien même si je ne pouvais pas en être sûr. Est-ce que je voulais vraiment lui faire confiance et lui confier ma mémoire juste pour espérer oublier cette fille ? Bonne question mais sur le moment, je pense que c’était presque évident. Oui je veux l’oublier. Je veux qu’elle disparaisse de ma vie et que ma vie reprenne son cours habituel. J’aimerais redevenir comme avant, calme, avant que je la connaisse, tout allait mieux et ça faisait seulement 2 heures que je l’avais rencontrée.
- Je ne sais pas si je peux te faire confiance et je ne te cache pas que ça me rend sceptique mais si tu peux faire quoi que ce soit pour qu’elle disparaisse de ma vie. Je suis preneur.

Silas… Il me semblait bien avoir entendu ce prénom sortir de la bouche de la vampire avec qui il avait eu une sorte de liaison. J’oubliais rarement le prénom de mes rencontres, encore moins quand je leur accordais mes faveurs. J’ai cru à un miracle en entendant ses excuses. Comme quoi, il en fallait peu pour calmer un homme. Il ne fallait juste pas aborder le sujet qui rendait dingue. Prétendant que ce n’était pas à cause de cette fille qu’il était en colère, j’approuvais d’un signe de tête. Le laisser croire qu’il avait raison était un moyen de ne pas déclencher de nouveau un incendie.

Il voulait que cette fille disparaisse définitivement de sa vie. Chose que j’avais du mal à comprendre. Ne valait-il pas mieux qu’il ait une discussion avec elle, au lieu de vouloir à tout prix l’oublier ? Je le trouvais un peu dur avec lui-même. Mais qui j’étais pour juger la vie des autres ? En effaçant une simple personne de la mémoire de quelqu’un, j’allais faire un heureux. Je ne doutais pas de mon don. Et pouvoir l’exercer sur un démon me rendait enthousiaste.

Je posais une main sur son épaule, tentant d’entrer dans son esprit. Je devais faire attention à ce que je comptais supprimer de sa mémoire. Il m’est déjà arrivée d’effacer la mémoire entière d’un être sans le faire exprès, et je pense que personne n’aurait aimé être à sa place. Imaginez, un jour vous vous retrouvez planté face à un mur et vous n’avez aucun souvenir de qui vous êtes, de votre entourage, ni même de votre enfance. A ce stade-là, il valait mieux sauter d’un pont.

Pendant plusieurs minutes j’ai exploré ses souvenirs. Je me suis alors concentrée sur les derniers. Je fus gênée de voir toutes ces … choses. Mais je n’avais pas le choix. Chriss’, plus jamais tu n’entreras dans la mémoire d’un homme qui vient tout juste de coucher avec une femme. Sa partenaire d’un soir était une vraie dingue. Et je n’espérais ne jamais me retrouver face à elle. Elle semblait si hautaine. Cependant, je l’enviais pour ses dons. Quelle puissance ! Mais pas sûre que nous arriverions à trouver un terrain d’entente. Arrivait ensuite le moment auquel je ne m’attendais pas du tout à assister, elle lui a confié faire partie du clan des volturis. Toi, ma p’tite, si un jour nos chemins se croises, j’ai de quoi te faire chanter.

Après avoir fait un petit tri, je retirais ma main. Regardant l’expression du démon qui semblait… Aller mieux. Je claquais des doigts sous son nez.

-Alors, comment tu t’sens ?

Je lui avais uniquement effacé sa rencontre, leurs paroles échangées et leurs moments passés ensemble. Silas se souviendra de moi, mais pas des raisons qui l’ont mené à mettre le feu à la forêt. Il se souviendra aussi de mon initiative, celle de lui avoir effacé un souvenir. A présent, il pouvait vivre avec ce petit trou de mémoire qui, je pense, ne lui posera pas de problèmes.

-Tu m’as demandé de faire disparaître un souvenir de ta mémoire afin d’avoir une vie meilleure. Est-ce que tu te souviens de tes moments vécus durant ces dernières heures ?

Je n’arrivais pas à croire que j’allais confier mon esprit à une inconnue qui soit autre qu’un démon. Peut-être que je devenais fou ou que je changeais après 2500 ans. Peut-être que oui après tout, ça ne pouvait pas me faire de mal. L’immortalité n’est pas aussi idéale qu’on ne peut penser, on se lasse vite de la vie, tout devient monotone et rien n’est vraiment excitant, encore heureux que je ne voulais pas rester avec d’autres créatures car, pour l’instant, ça commence à devenir croustillant. Je ne vais pas dire que leur compagnie ravive mes journées mais, elle les fait devenir plus spéciales et plus intéressantes.
Elle posa ma main sur mon épaule. Encore un autre contact physique aujourd’hui. Elle se concentrait et honnêtement, c’était presque effrayant. Elle faisait des grimaces particulières, je ne voulais pas voir ce qu’elle pouvait observer à l’intérieur de ma tête. Quelques secondes après, elle se retira. Un petit sourire apparut sur mon visage tandis qu’elle me demandait comment je me sentais.
- Je vais bien je pense, pourquoi est-ce que ça n’irait pas ?
Elle m’expliqua m’avoir retiré un souvenir et enchaîna sur une question que je trouvais idiote, est-ce que je me souviens de ma journée en somme. Je ris silencieusement, ça me paraissait évident mais attendez… Impossible. Impossible de me souvenir de quoique ce soit. Je ressentais toute cette colère en moi sans en connaître la raison. La vampire avait des pouvoirs bien plus puissants que je ne pouvais l’imaginer, au début, je ne pensais pas qu’elle arriverait à satisfaire ma requête même si je ne me souviens plus très bien en quoi elle consistait. J’essayais tant bien que mal de me remémorer le pourquoi du comment. La forêt était ravagée, par ma faute, pour une raison que j’ignorais mais que je voulais savoir. Bon sang ! Qu’est-ce qu’il a bien pu se passer ?
- Aucune idée Chrissy. Tu es très douée.
N’y voyez là aucune flatterie ou drague. Les choses étaient claires. Juste, j’étais assez impressionné par ce pouvoir que je n’avais pas eu l’occasion de croiser beaucoup. Chez les démons, nous n’avons pas de don comme le sien. C’était surtout les éléments comme avatar le dernier maître de l’air en somme. Ce n’était pas forcément diversifié à ce niveau-là mais on ne pouvait pas s’en plaindre, nous avions déjà la chance d’être immortels, tenaces et plutôt respectés. Puis, j’avais des images de la tête de Chrissy pendant qu’elle me vidait la tête et je me demandais vraiment ce qu’elle avait bien pu y voir mais en même temps, si je ne m’en souvenais pas, c’est que je voulais l’oublier. Mais je restais quand même curieux.
- J’espère que tu n’as pas vu trop d’horreur dans ma tête. Si c’est le cas, je m’excuse, je ne voulais pas que tu puisses les visionner mais je suis quand même curieux de savoir si c’était juste des meurtres ou je ne sais quoi.
Encore une fois, j’étais bien trop intrigué pour garder ma langue dans ma poche. Punaise, Silas, si tu as voulu les effacer ce n’est pas pour rien, tu ne devrais pas persister à ce point. Continue sur un autre sujet.
- Oublie. Tu effaces souvent la mémoire des gens ?

Enfin, j’ai pu entendre ce que j’espérais depuis le début. Il allait mieux ! Je ressentais la joie d’avoir accompli mon devoir de la journée. Et j’allais pouvoir vagabonder dans cette forêt sans avoir à me soucier de ce que pouvait faire cet homme. J’avais presque envie de me jeter une tonne de fleurs en l’entendant me dire que je suis douée. Il fallait juste éviter qu’il retombe sur cette sangsue de vampire, mais je ne m’inquiétais pas pour ça. Vu les conséquences de leur rencontre, je doutais qu’elle décide de recroiser son chemin.

Je repensais aux scènes auxquelles j’avais assisté en entrant dans son esprit. J’espérais un jour rencontrer la sanguinaire, lui faire comprendre que j’avais de quoi la mettre en danger. Pour une fois que j’avais de quoi ennuyer un volturi. Mais pas sûre que celle-ci revienne par ici. Sa place était en Italie au milieu de ces psychopathes assoiffés de torture. Pour faire plus court, chez les cinglés. Silas pouvait à présent tourner la page et surtout, ne pas essayer de se souvenir, au risque de devenir fou. Je levais la main pour lui tirer l’oreille jusqu’à ce que celle-ci soit assez proche de ma voix.

-Ecoute-moi bien mon mignon, n’essaye même pas de me tirer des infos. J’ai beaucoup trop peiné à tenter de t’effacer ce maudit souvenir, maintenant tu regardes droit devant toi, et tu AVANCES.

J’insistais bien sur la fin de ma phrase, priant pour que le message passe. Il était hors de question qu’il se prenne la tête à essayer de se souvenir de ces moments passés avec la vampire. Je repris mon calme, après qu’il m’ait demandé s’il m’arrivait souvent d’accorder l’oubli à d’autres personnes. Je fléchis les épaules. Parfois je me servais de mon don pour rendre service, d’autres fois pour en embêter quelque uns.

-Ca m’arrive. Mais c’est quelque chose avec laquelle je dois être vigilante. Les conséquences peuvent être parfois dramatiques. Les gens ne réagissent pas tous de la même façon.

Je tapotais son épaule en guise de compassion et d’encouragement.

-Mais toi, tu es un dur. Tu t’en remettras. J’en suis sûre.

Fière de ma petite initiative du jour, je réajustais ma veste, prête à retourner à mes petites occupations. Le jour n’allait pas tarder à se lever et je n’avais toujours pas trouvé d’humain à boire, à cause de ce démon qui m’a littéralement fait perdre mon temps avec ses histoires de cœur. Ah, ces hommes. Heureusement pour moi, je n’avais pas ce genre de problème. Pas de sentiments, pas de soucis. La vie parfaite.

-Si jamais tu as besoin que l’on t’efface un autre souvenir, tu sais où me trouver. 

Mon mignon, si je n’étais pas aussi sûr de moi, j’aurais peut-être légèrement rougi mais je contrôle ma température corporelle et donc, je ne deviens rouge que quand je le désire. Elle tira sur mon oreille, heureusement que j’étais résistant sinon, mon oreille se serait décollée voir arrachée et il y a beaucoup de chance pour que le vampire fasse de moi son futur repas. On m’avait déjà dit que le sang de démon était plutôt bon à goûter. Je me demande même pourquoi Chrissy ne l’avait pas bu au lieu de jouer les filles gentilles et utiles. Je fis un salut militaire et je lâchai :
- Chef oui chef !
Je laissai échapper un petit rictus et baissai la tête naturellement ma tête pour cacher ma tête d’amusé. Puis, elle m’expliqua que son don pouvait rendre utile et destructeur, les gens ne réagissaient pas de la même manière et je pouvais comprendre que certains en devenaient fous. Imaginez, vous vous réveillez un jour et vous avez un trou de mémoire mais pas comme Alzheimer, plus comme si vous vous rappeliez de mars et de mai en ayant totalement oublié qu’avril avait existé. La mémoire est un bien précieux et si elle est manipulée correctement, elle peut être utilisée pour détruire, soit la personne en elle-même, soit d’autres gens.
Elle toucha mon épaule comme pour me dire ‘c’est bien gamin’, on aurait dit une maman qui était fière de son fils. Ce qui était un peu impossible vu que j’étais beaucoup plus vieux qu’elle mais j’aimais bien qu’elle soit aussi confiante. J’étais un dur d’après elle et c’était le cas. Je m’en remettrai même si je ne savais pas de quoi exactement elle parlait ni de quoi je devais me remettre. Du trou de mémoire ? Je l’avais choisi je pense alors je devais assumer les conséquences. Si j’avais besoin d’elle pour un autre lavage de cerveau, je devais l’appeler même si je ne savais ni son numéro, ni son nom de famille ni où elle habitait mais si j’ai vraiment besoin d’elle, je la trouverai ou quelqu’un le fera à ma place.
- J’espère qu’on se recroisera un jour.
Je lui fis un clin d’œil, amical bien sûr et je pris la direction de chez moi pour qu’avant de partir, je me retourne en disant :
- Merci Chrissy même si je ne sais plus pourquoi je t’ai demandé de le faire.
Je suivis le chemin qui menait à ma petite maison, je sentais que ça avait été une longue journée pour moi et même si je ne me rappelais de rien, je le devinais facilement. J’étais plus faible que d’habitude et j’avais besoin de repos.