It's too late to apologize [Silas] #Terminé

Encore une journée ici, au service de la reine pour brûler des corps. J’avais réussi ma mission, Ramsay était mort, j’étais encore en vie et la reine était plutôt fière et soulagée que notre univers ne soit plus en danger. Il faisait plutôt sombre, la nuit n’allait pas tarder, il y avait plusieurs corps à incinérer et je devais le faire comme le voulait la reine ce qui, je ne vous le cache pas, prenait beaucoup plus de temps que si ça avait été à ma manière. Depuis ma rencontre avec ce vampire, Chrissy, je n’avais pas cherché à savoir ce que j’avais voulu oublier. Pour que je demande de l’aide à une autre créature, c’est qu’il en fallait beaucoup et ça avait sûrement été le cas alors par prudence, je n’ai pas charcuté ma mémoire. Je savais qu’il y avait un élément qui manquait à l’appel mais ma vie allait si bien que je ne m’en suis pas soucié plus que ça. Ma vie était paisible en ce moment, pas de combat, de nouvelles rencontres, la possibilité de cramer des gens sur ordre de la reine, rien qui était une corvée.
Je déambulais dans les couloirs pour en sortir, le château est plutôt immense comparé à mon chez-moi. C’est alors que je croise un autre démon, un bon ami, qui commence à me parler de tout et de rien, savoir comment j’allais et ce qu’il y avait de neuf dans ma vie. Il évoqua un lieu, un sujet.
- On n’est pas aussi fourbe que les vampires-là, les volturis je crois ? Tu imagines ? Non seulement tu te fais condamner mais en plus, tu dois aller à Volterra pour y avoir ton châtiment !
Volterra. Ce nom me disait quelque chose, je l’avais déjà entendu auparavant mais où ? Je fis mine de ne pas connaître et je rentrai chez moi.
La nuit fut longue, je n’arrêtais pas de penser à ce lieu. J’avais un pressentiment, je devais m’y rendre. Mon instinct ne me joue jamais des tours de ce genre, même si le danger était présent, je devais m’y rendre par n’importe quel moyen et le plus rapidement possible. Peut-être quand étant sur les lieux, j’allais me souvenir de ce que je devais y faire. C’était peut-être rien comme ça pouvait être important et je ne préférais pas faire l’impasse sur ça. Quelques minutes après, mon billet d’avion était commandé et je devais me rendre à l’aéroport.
Je suis arrivé il y a quelques minutes, j’ai dû demander à quelques démons qui connaissaient plus ou moins cet endroit pour me repérer. Ils m’ont tous dit que j’étais fou et que j’allais sûrement mourir, je suis fort comme Chrissy m’avait dit, je survivrai.
Les gens ici, me regardent comme si j’étais un nazi ou je ne sais quoi, ils me fixaient avec le même regard, je n’avais rien à faire ici et surtout, je n’avais pas le droit. Ils sentaient clairement que je n’étais pas de Volterra, que je n’étais pas un vampire. Mes yeux bleus trahissaient ma nature et elle était complètement différente de la leur. Alors que j’aurais dû partir, reprendre un avion et ne jamais revenir, j’ai continué bêtement, trop entêté pour faire demi-tour après le long voyage que j’ai parcouru. Je suis arrivé devant un manoir, personne ne m’avait encore vu jusqu’à ce que des individus durs comme du marbre ne viennent à ma rencontre me demandant de décliner mon identité et de savoir ce que je venais faire à fouiner par ici. Naturellement antipathique avec des vampires, je n’ai rien répondu, j’avais un petit sourire en coin et en moins de temps qu’il ne faut pour le dire, ils m’agrippèrent pour m’emmener je ne sais trop où. C’était souterrain, impossible que quelqu’un m’entende et puis même si j’avais réussi à heurter l’ouïe attentive de quelqu’un, il ne serait jamais venu. Les démons m’avaient dit que c’était des personnes dangereuses et parfois plus puissantes que nous et pourtant, je ne regrette pas d’être venu jusqu’ici.
J’ai entendu des chuchotements, j’allais recevoir une grosse punition sinon la peine de mort. Je pousse un long soupire, je sais que ça va être long peu importe la sentence qui m’attend, des bruits de pas résonnaient et des vampires sont apparus dont une fille. Une fille qui avait un air familier mais je n’arrivais pas à mettre un prénom sur son somptueux visage, peut-être une des vampires que j’avais observé il y a de ça, quelques années maintenant. Je la connaissais c’était plus que certain mais je ne savais plus pourquoi et je ne savais plus rien d’elle. Je perds la tête ces temps-ci. La fille semblait être disposée à me torturer et ça allait être mon bourreau car je ne vois pas l’intérêt de l’appeler si c’est juste pour regarder. Elle allait jouer un rôle de ma destruction ou dans mon châtiment et savoir qu’elle était aussi belle ne pouvait cacher que toute sa folie meurtrière et sadique. J’allais morfler aujourd’hui. Certes, j’étais un démon et j’étais résistant mais je pouvais mourir comme tous les humains. Il fallait que je me détente et sur un ton comique, je dis :
- Enchanté de rencontrer mon bourreau. Silas, prêt pour se faire tuer.

Je savais ce qu’il me restait à faire, souffrir en silence et ne pas broncher. Je ne comprenais même pas pourquoi cette fille avait voulu m’aider, elle qui devait être sans cœur depuis des années qui était censée me torturer jusqu’à ce que mort s’en suive. Depuis quand des vampires comme eux ont de l’empathie ? Elle arrivait même à être violente avec le garde qui l’accompagnait en prétextant qu’il avait douté d’elle et qu’évidemment, prétentieuse comme elle est, elle ne voulait pas être contrariée mais j’avais des doutes. C’était son boulot, c’était également sa passion et je captais bien que ça n’allait pas être une mort rapide.
Elle se tourna vers moi, un sourire en coin, une vraie sadique. Les décharges sont parties, j’ai juste serré les dents, que pouvais-je faire d’autre ? J’avais vécu des tortures du genre chez les démons mais jamais avec de l’électricité vu qu’aucun démon ne possède un tel pouvoir. L’intensité était faible au début mais elle est devenue plus forte au fil du temps, je retenais quelques cris de douleurs et injures peu charmantes pour ne pas provoquer un certain plaisir chez mon bourreau, elle qui devait prendre son pied à me voir dans des états pareils. J’étais affaibli et je n’essayais pas de provoquer des flammes ou quoi que ce soit, ça ne m’aurait pas aidé à part pour attirer la haine de celle qui me faisait du mal et j’aurais été encore moins résistant à la torture qu’elle m’infligeait. Je ne pouvais rien atténuer, je n’étais pas quelqu’un qui voulait recevoir de la pitié ou même montrer que j’étais dans la détresse. Je préférais rester humble et préserver mon image de démon dur à cuire. Pendant quelques secondes de répit, j’ai eu le temps de placer une phrase :
- J’aurais bien voulu vous féliciter du travail que vous fournissez mais je ne connais même pas votre prénom.
J’aurais bien voulu le savoir moi, je la connaissais mais je n’avais plus son prénom en tête et je n’étais pas du genre à oublier un visage ni même des identités. Je perdais la tête en ce moment et ce n’était qu’une petite chose parmi tant d’autre, ça me gênait plutôt pas mal. Comme on me répétait souvent, l’ignorance est la plus grande force et c’est comme ça qu’on gagne un combat, votre ennemi ne sait pas ce que vous allez faire, la surprise et vous tapez là où ça fait mal. Mais cette petite torture a duré une bonne heure, j’ai cru que ça n’allait jamais s’arrêter ou du moins, pas avant que je n’ai poussé mon dernier souffle. Ils n’y vont pas dans la dentelle, ils font crever toutes leurs victimes par étape et à petit feu. Je suis resté au sol, reprenant mon souffle petit à petit, je crachais mon sang sur le sol et je tentai de me relever tant bien que mal avait le peu d’énergie qu’il me restait. J’étais presque au bout, une petite demie heure de plus et je pense que je serais mort sous la pression. Ma tentative pour me redresser était tombée à l’eau et je me suis contenté de m’appuyer contre le mur, la tête vers le plafond. J’attendais la fin de ce supplice, je n’arrivais même plus à me lever alors à quoi bon essayer de sortir d’ici. Je pouvais juste faire une petite flamme et l’avoir dans ma main, regarder un des seuls spectacles qui a réussi à m’occuper depuis mon enfance. J’étais né dans le feu et j’allais mourir avec. Je ne voulais pas me résigner mais j’y étais contraint. Pendant ma plus grande souffrance, j’avais ce prénom en tête. Diana. Le garde l’a dit tout à l’heure. Diana, j’avais déjà entendu ça avant mais où ? J’ai fermé les yeux un instant. Une vision, une maison en feu. Merde qu’est-ce que tu fais cerveau ? Ces décharges m’ont fait débloquer. Qu’est-ce qu’il se passe ?

J’observais l’endroit dans lequel j’étais prisonnier. Il faisait très sombre, je n’étais pas seul ici. Les autres captifs étaient silencieux, une seule parole pourrait alerter les gardes et nous faire tous exécuter et même si on savait tous que nous n’avions presque aucune chance de sortir d’ici en vie. Je repensais à ce que j’avais fait dans ma vie, tous les interdits que j’avais bravé et tout ce que j’avais fait de bien également. Je me dis que j’avais vécu beaucoup de choses dans ma vie sauf l’Amour, je ne savais pas ce que c’était vraiment, je voyais certains êtres humains fous amoureux les uns des autres et je me rendais compte que c’était une expérience que je n’avais jamais vécue mais je devais avouer que je n’avais jamais voulu la vivre. Je n’étais pas prêt à sacrifier ma liberté pour quelqu’un d’autre, l’égoïsme vous allez me dire mais mes relations d’un soir me convenaient très bien et c’était ce qui me plaisait, juste une nuit, pas d’obligation, pas d’amour, juste un plan cul comme les humains disent. Je me demandais si je voulais vraiment vivre ce type de relation, peut-être que oui ou non. Juste essayer une seule fois.
Alors que je me pensais anéanti, le couloir s’éclaira, une lumière faible mais suffisante pour qu’on puisse voir à 4,5 mètres autour de soi. Je n’ai pas aperçu grand-chose, je m’apprêtais à fermer les yeux alors quand une silhouette vêtue d’une cape s’est approchée de ma cage, je n’y ai pas prêté attention. Peut-être un Volturi qui venait monter la garder et vérifier que nous n’étions pas morts, aucune idée. La personne prononça quelques mots, la porte s’ouvra comme par enchantement et le vampire m’obligea à me mettre debout, mon supplice avait été avancé de une heure ? J’ai gémi de douleur, c’était presque insoutenable et je ne savais même pas comment mes jambes supportaient la masse de mon corps. Je me contentai de suivre le Volturi, je n’avais même pas la force de lutter pourtant il y avait une petite chance pour que je puisse m’enfuir. J’aurais aimé ne serait-ce qu’essayer mais la force qui me restait n’était pas suffisante pour que j’échafaude un plan ou que je tente de me débarrasser du vampire qui me menait je ne sais où.
Nous étions sortis, je vis des flammes dehors, presque tous les vampires essayaient de l’arrêter, à croire que les pompiers n’existaient pas chez eux. L’eau était un élément que nous, démons, pouvions contrôler mais visiblement, pas un seul Volturi ne savait s’y prendre avec un feu d’une telle ampleur. C’était peut-être pour ça que j’avais été sorti de là, à cause des flammes. Mais je me suis retourné et aucun autre prisonnier ne nous suivait ce qui signifiait que j’étais le seul à revoir l’extérieur. Mes yeux se posèrent sur le visage de mon/ma sauveuse/sauveur ou de celui qui allait m’infliger d’autres coups. C’était mon bourreau, la fille de tout à l’heure, Diana si je me souviens bien. Pourquoi est-ce qu’elle m’avait fait sortir de tout ce merdier ? Elle qui, il y a presque soixante minutes, a essayé de me tuer avec ses décharges, elle était lunatique ? Folle ? Qu’est-ce qu’elle me voulait ? Elle qui disait qu’elle pouvait tout m’expliquer mais bon sang qui est cette fille ? Pourquoi est-ce qu’elle me tutoyait ? Je ne la connaissais même pas ou pas aussi bien que ce que j’avais cru quand j’ai vu son visage quand j’étais au sous-sol. La colère prit le dessus.
- Qui êtes-vous et qu’est-ce que vous me voulez ? Si vous vouliez m’achever il fallait me laisser crever dans ma cage !
Toute mon inquiétude était partie mais la rage avait pris sa place. Je ne comprenais pas cette femme, qu’essayait-elle de faire ? J’expirai, j’étais presque fou, c’est comme si on faisait chaud, froid, chaud, froid, chaud, froid. Jusqu’à ce que je meurs, sadique au point d’avoir une hypothermie enfin, c’était une métaphore mais ça représentait bien ma situation actuelle. Avec le peu d’énergie qu’il me restait, je fis un feu dans ma main, j’étais prêt à le lancer sur cette vampire quand j’ai plongé mon regard dans le sien.
Nuit comme les autres, une balade près de la forêt. J’entends des cris, une femme vient de se faire vider de son sang par un vampire. Diana. La maison brûle, elle est dans mes bras, je cours le plus loin possible, je suis en vie mais je souffre, cette douleur dans la poitrine.
- Diana
J’ai doucement dit, la flamme qu’il y avait dans mes yeux s’est éteinte. Je lance une boule de feu en arrière, peu importe ce que ça touche. Mon énergie se perd et je m’écroule au sol, trop affaibli à cause de toute cette torture et de mon pouvoir que j’ai utilisé bêtement. Maintenant, je sais qu’est-ce que j’ai demandé à Chrissy, je devais l’oublier pour aller mieux. La connaître m’a fait souffrir, mentalement et maintenant physiquement, elle m’avait fait morfler depuis le début mais j’avais toujours quelque chose qui me disait qu’elle comptait d’une manière ou d’une autre pour moi. J’étais au sol, je me demandais ce qu’il allait se passer. J’étais si faible…

Diana, tous mes souvenirs de cette nuit remontèrent, nos ébats d’un soir, cette maison que j’avais brûlée et les 2 femmes que Diana avait tuées. La douleur que j’avais avant est revenue, pas celle de ma torture d’une heure mais plutôt celle quand elle m’a dit que je devais l’oublier et ne pas m’attacher à elle. J’avais peur de lui faire du mal et au final, c’était moi qui en avais le plus souffert. Elle m’avait laissée seul dans ce jardin, mon cœur et mes espoirs brisés. Je me souviens être fou de rage et d’avoir cramer tout ce qui était sur mon passage, puis, Chrissy est apparue et je lui ai demandé de m’effacer tout ce qui me restait de cette nuit-là. C’était mon choix, Diana m’avait dit que je ne devais pas m’attacher et j’ai préféré oublier, pas en me plongeant dans l’alcool mais en demandant de l’aide à un de ses semblables. J’ai été lâche, je ne voulais pas accepter ce que je ressentais pour elle et j’ai favorisé le fait de cacher mes sentiments et mes souvenirs plutôt que d’affronter la réalité. Pour moi, c’était hors de question d’avoir de l’amour envers quelqu’un et encore plus quand il s’agissait de quelqu’un d’une autre race. Ce n’était pas seulement ma volonté mais c’était la loi, je ne pouvais pas me permettre ce genre de relation, pas après toutes les conneries que j’avais déjà causées et pas après avoir aidé la reine pour brûler les corps. J’avais même accompli une mission sous ses ordres et je ne devais pas ternir la réputation que j’avais essayée de rendre meilleure, pas de sitôt. La reine m’avait déjà dit que j’étais un des plus vieux démons et que je devais montrer l’exemple au plus jeune, toutes les règles que j’avais brisées ne faisait pas de moi le démon parfait comme le conseil l’attendait. Ce n’était pas nouveau que les démons ne soient pas blancs comme neige, on faisait tous des erreurs en se pensant intouchables et on était vite frappé par la réalité comme bloqués dans notre élan. Avoir des sentiments pour une autre race, c’était se mettre en danger et son/sa partenaire également et je ne voulais pas qu’elle se fasse tuer ni que je me fasse torturer mais après ce que je venais d’endurer. Plus rien ne semblait si cruel à présent.
J’avais tellement de flashbacks que je m’étais décroché du monde réel, alors que Diana m’avait séquestré et m’avait, par la suite, libéré du cachot, elle se retrouvait dans une mauvaise posture. Les Volturis n’étaient pas du genre à aller dans la dentelle et s’ils apprenaient qu’elle m’avait aidé, dieu sait ce qu’ils allaient lui faire et je ne voulais pas qu’on la touche. Personne ne lui fera de mal tant que je serai là. Elle venait de me faire vivre des atrocités mais c’était ma faute en quelque sorte, si je n’avais pas fait ce lavage de cerveau, j’aurais su que cet endroit était dangereux et j’aurais juste essayé d’attirer son attention pour que je puisse la voir ne serait-ce qu’un instant. Un membre de la garde vint vers nous, ordonnant à Diana de me ramener là d’où je viens et disant qu’il allait s’occuper de mon cas. Ce fut le meurtre le plus beau que j’avais vu jusqu’à maintenant. Les membres arrachés, le corps jeté dans l’incendie pour le tuer. Encore un autre meurtre pour toi Silas. Elle arriva vers moi puis, essaya de m’aider à me relever, ce qui fut une tentative ratée. Mes jambes flanchaient à chaque fois que je m’appuyais sur elles, je fis quelques grimaces à cause de la douleur et je retombais lamentablement au sol. Elle arrêta ses tentatives et me souleva, évidemment, pour elle j’étais aussi lourd qu’une plume, les vampires avaient une force qui pouvaient nous faire peur. Une seule claque pouvait vous décapiter si elle n’était pas bien dosée.
C’était la fin de notre petite escapade, un cours d’eau, des arbres partout, une forêt presque normale. L’eau ruisselait, le calme était pesant. Elle était chamboulée par je ne sais quel évènement en particulier, le fait de m’avoir torturé, libéré ou encore qu’elle a tué un des siens pour moi ? Aucune idée mais je n’avais pas l’intention de la questionner à ce propos, elle était perturbée par quelque chose et ça m’étonnerait qu’elle ait besoin d’un psychologue pour parler. Elle s’approcha de l’eau, se concentra un instant sans succès pour la geler, quand on a un don, si on n’arrive plus à la maîtriser c’est qu’il y a quelque chose de louche. Elle était à quelques mètres de moi, j’étais posé contre un arbre, histoire de me faire reprendre des forces du moins assez pour se relever tout seul. Je n’étais pas une batterie, il ne me fallait pas de courant pour me recharger mais j’avais surtout besoin de temps. Je ne pouvais pas lui en vouloir pour m’avoir torturé, c’était moi qui étais venu jusqu’ici et c’était moi qui avais fait le choix d’oublier son existence d’une manière ou d’une autre. Il fallait que je lui parle, que j’explique pourquoi j’ai eu une absence. Je n’étais pas obligé de me justifier mais je lui devais des explications.
- J’ai demandé à quelqu’un pour t’oublier.
J’ai fait une pause, j’étais honteux de ce que j’avais dû faire et des conséquences qu’il y a eu. Ma faiblesse en était l’une d’entre elles, je n’étais pas capable de mettre mes petits sentiments de côtés alors que j’avais vécu tellement d’années sur cette Terre. Je fermai mes yeux, encore une légère douleur dans le torse qui me faisait souffrir mais je devais continuer ce que j’allais dire.
- Ce soir-là, quand tu m’as dit de ne pas m’attacher et que je t’ai dit que je ne le ferais pas. J’ai menti. Je l’avais déjà fait et je suis parti en brûlant tout sur mon passage. Je n’étais pas énervé contre toi ou blessé, je me détestais juste pour avoir une certaine admiration pour toi.
Je poussai un grand souffle pour ensuite me mettre sur pieds tout en prenant appui sur le tronc qui était juste derrière moi. J’essayais d’atteindre Diana qui semblait ailleurs et pourtant elle était à côté de moi, près de l’eau. Je vins me poser à côté d’elle en observant le courant qui filait. Sans grande surprise, me taper à terre était plus facile que de m’en décrocher. Je n’osais pas la toucher de peur qu’elle me rejette et que j’encaisse un nouveau coup.
- Je voulais nous protéger et au final, regarde-nous, je sors d’une heure interminable de torture et tu risques gros pour m’avoir aidé à m’échapper. Je n’ai fait qu’empirer les choses.
Mes yeux, tantôt rivés sur l’eau, se baissèrent au sol. C’était vrai, je n’avais fait que rendre les choses plus difficiles encore alors que je voulais juste éviter ce genre de situation. Mon acte impulsif avait causé plus de dégâts que ce qui était prévu. Je ne voulais pas que ça se passe comme ça mais ma vie a changé le jour où je l’ai aperçue pour la première fois.
- Si quelqu’un t’accuse, dis leur que je t’ai obligé à le faire en te menaçant avec du feu. Tu ne dois pas subir la conséquence de mes actes, je ne laisserai pas ça arriver.

Ne pas m’accuser ? Elle aurait toutes les raisons du monde de le faire. Je suis venu ici, j’ai bafouillé sa crédibilité et elle risquait de se faire arrêter et tuer à cause de ma venue. Je ne m’en voulais pas pour autant, je m’en voulais parce que je suis arrivé ici et que je me suis souvenu d’elle. La douleur qui avait disparue depuis un mois me revenait en pleine figure, je savais que même si des jours et des semaines étaient passés, rien n’avait changé, c’était toujours impossible pour nous. Le bon fonctionnement des races ne fonctionne que quand elles ne se mélangent pas sinon, tout s’écroule. Nous sommes trop différents, elle est faite d’argile, sa peau est gelée tandis que je suis presque comme un humain, j’ai le sang chaud, je suis fait de chair et je possède le don de l’envoyer six pieds sous terre. Elle était en danger quand elle était près de moi, soit elle pouvait se faire descendre par ses semblables ou par moi. Je ne voulais pas lui faire de mal, c’était ce que j’avais voulu depuis le début, qu’elle soit tranquille, qu’elle vive sa vie sans souci et sans moi mais je me suis vite rendu compte que sans elle, j’avais un problème. Je débloquais en quelque sorte. Comme s’il y avait une pièce manquante pour mon bon fonctionnement. Je n’en avais pas eu besoin jusqu’à présent mais maintenant que je savais que quelque chose manquait, j’avais du mal à avancer. Elle se torture à repenser à la scène de tout à l’heure, quand elle m’avait envoyé ses décharges en me regardant succomber à petit feu. Elle avait vu la souffrance dans mes yeux et depuis, elle n’avait pas arrêté d’y penser. J’en souffrais toujours, je commençais à aller mieux mais les coups électrifiés n’avaient pas été tendre avec mon corps, le feu et l’électricité ne font pas bon ménage.
Dans son discours, elle continua de me répéter que c’était impossible, elle ne l’avait pas dit clairement mais elle l’a pensé. Sa phrase incomplète en disait long et ça faisait depuis le moins dernier que je savais ce que ça impliquait. Je n’avais jamais cherché le grand amour, encore moins chez les vampires et j’essayais de convaincre que ce n’était que passager et que j’irais mieux en fin de compte mais ça faisait plus de 30 jours que je vivais sans savoir son existence et ça faisait toujours mal de le savoir.
- Je sais que ce n’est pas possible et que ce n’est pas autorisé. Je le savais déjà le soir de notre rencontre et je n’ai pas oublié cette règle depuis.
Comme elle l’avait dit, quelqu’un aurait pu découvrir cette liaison d’un soir que nous avions eue et je ne m’imaginais pas ce qu’ils auraient pu lui faire. Ça aurait été similaire à ce qu’elle m’avait fait endurer et je ne voulais pas le voir souffrir comme j’ai souffert. Elle aurait sûrement tenu plus longtemps que moi mais elle aurait quand même été salement amochée par la violence des coups. Elle ne méritait pas ça, pendant un instant, j’ai regretté notre rencontre, je n’aurais jamais dû rentrer dans cette maison. J’aurais dû passer mon chemin, les meurtres des autres ne m’ont jamais fasciné alors pourquoi est-ce que j’avais été alerté par les cris de cette vielle dame ? Il a suffi d’un instant de curiosité pour que tout change chez moi, mon quotidien, mon comportement et mon état d’esprit. Elle avait peur qu’ils me tuent et je me demande si ça n’aurait pas été mieux pour moi, au final, il n’y a que moi qui souffre vraiment, elle doit juste garder son intégrité par rapport aux Volturis alors que moi j’en ai bavé depuis le début, peine de cœur, comme on les appelle au 21e siècle et maintenant torture physique. Je ne pouvais pas être autant affecté par une seule personne, que ce soit n’importe qui mais mon cœur et mon cerveau ne voulaient pas, comme s’ils avaient décidé de se rebellé tout à coup.
- Je n’ai pas envie qu’ils essaient de te tuer toi aussi Diana. Peut-être que j’aurais dû succomber là-bas, ça aurait été tellement plus simple.
J’ai levé mes yeux, des branches, des feuilles. Il faisait plus sombre, la forêt avait beaucoup de verdures et j’avais l’impression que nous étions seuls avec juste de l’eau. J’ai fait une sorte de bol avec mes mains pour boire un peu, j’étais déshydraté et les Volturis ne sont pas réputés pour avoir un accueil chaleureux envers ses prisonniers. Que l’eau soit polluée je m’en foutais, j’avais juste besoin de boire quelque chose. Je m’en suis jeté à la figure pour me réveiller un peu et j’ai dit :
- Je partirai avant que la nuit ne soit finie. Tu devrais y aller avant qu’ils ne s’aperçoivent de ton absence.
Ca paraissait froid dit comme ça mais je ne voulais pas qu’elle ait des problèmes, j’étais déjà un assez gros fardeau pour elle et je ne voulais pas signer son arrêt de mort. Mon regard se posa sur son visage et pendant un instant, j’ai presque oublié qu’elle avait failli me tuer.
- Promets-moi que s’ils te veulent du mal, que tu diras que c’était de ma faute. Je sais qu’ils me traqueront mais je survivrai et s’ils savent que tu l’as fait volontairement, ils te tueront et je ne veux pas que ça se produise. Tu ne mérites pas de mourir par ma faute. C’est moi qui ai agi comme un con en venant ici et c’est moi qui en payerai les pots cassés. S’ils te font du mal, je ne pourrais jamais me le pardonner.
S’ils la touchent, je les brûlerais ou du moins je tenterais ma chance. Je n’imagine même pas la rage et la haine que j’aurais envers eux et même si je suis faible pour l’instant, j’aurais assez de puissance pour en tuer une dizaine sans problème.

Inquiétude, je ne la comprenais plus, enfin, si. Elle m’avait tellement affaibli que j’avais encore du mal à marcher il y a quelques minutes mais je récupérais peu à peu et voilà maintenant qu’elle se souciait de ma santé. Si je ne l’avais pas déjà rencontrée, j’aurais sûrement cru qu’elle était bipolaire ou lunatique ou folle mais c’était dans sa nature je suppose. Electrifier les gens pour ensuite s’en soucier, il ne manquait plus qu’elle me tue pour après pleurer ma mort. Je n’arrivais pas à la cerner totalement, elle avait un côté caché que je n’avais pas encore découvert et que j’avais du mal à intégrer.
- Diana, je vais bien. J’arrive à me déplacer et je vais bientôt récupérer assez d’énergie pour courir. Tu ne devrais pas t’inquiéter pour moi tu sais…
C’était un peu un mensonge, évidemment que j’arrivais à me déplacer si on comptabilisait ‘ramper’ comme étant une forme de transport. Mon énergie ne reviendra pas aussi vite, je n’ai plus l’habitude de me faire séquestrer pendant de longues périodes et mes capacités ne sont plus autant drillées à se régénérer aussi rapidement. Il allait me falloir 2, 3 jours de repos pour être sûr d’être à 100% mais pour l’instant, j’avais toujours une petite réserve pour quelques besoins primaires mais rien de bien exceptionnel. Si vous m’aviez mis un vampire ennemi en face de moi, je n’aurais pas réussi à le tuer alors qu’en général, je gagnais toujours ce genre de combat. Puis, elle continua de parler, affirmant que les Volturis ne lui feraient rien mais à moi si ce qui ne m’étonnais qu’à moitié. Les Volturis, d’après les rumeurs au château, ne sont pas du genre à laisser s’échapper leurs victimes. Elle m’a expliqué pourquoi est-ce qu’elle avait dû me torturer, sa crédibilité au sein des Volturis aurait été remise en question si elle ne l’avait pas fait, de plus, mon t-shirt blanc de notre nuit passée ensemble s’était retrouvé dans son tiroir et quelqu’un ou quelque chose l’avait pris. Evidemment, ça sentait mauvais pour nous deux, ça voulait dire que quelqu’un était au courant de notre petite escape à tous les deux et on se balade rarement en enlevant son t-shirt alors ils se douteraient bien que quelque chose s’était passé.
Plusieurs tentatives pour geler l’eau avaient échouées, elle était trop chamboulée par ce qu’elle venait de faire ou ce qu’elle ressentait, je n’aimais pas la voir comme ça mais je me voyais mal la serrer dans mes bras. Si quelqu’un nous voyait, je pouvais dire au revoir à ma vie. J’avais peur de l’effleurer ou d’être trop près d’elle par peur des représailles, on risquait gros tous les deux.
- Décidément, tu n’arriveras pas à solidifier une goutte cette nuit-ci.
Elle me posa une colle quand elle m’a demandé qu’est-ce que je regrettais, du moins, si j’avais des regrets. Honnêtement, je ne regrettais pas grand-chose à part d’être venu ici, j’aurais pu éviter la souffrance que je ressentais et qu’elle aussi avait mais je ne me serais jamais souvenue d’elle si je n’étais pas venu. Je ne savais pas si c’était une bonne chose mais j’étais sûr que maintenant, j’allais encore plus en baver. Il fallait peut-être que je passe à autre chose, que je tourne autour d’autres filles, qui sait, peut-être, je pourrais tourner la page et aller mieux. Ça ne servirait à rien de me torturer l’esprit avec une personne que je ne pourrais jamais avoir, c’est comme s’émerveillé devant un objet qui coûte 10 fois le prix de votre maison et que vous ne pourrez jamais vous mettre d’acheter. C’est se dégoûter inutilement. Je regrettais tellement de choses par le passé que je n’aurais jamais pu toutes les citer, je savais qu’elle voulait savoir les regrets que j’ai eus depuis notre rencontre mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser.
- Pour être honnête, beaucoup. Mais depuis que je t’ai vue tuer cette grand-mère, je n’en sais rien. Je regrette avoir été incapable de t’oublier par moi-même et d’avoir demandé à un vampire de le faire à ma place, ça nous aurait évité quelques problèmes. Je regrette aussi que tu aies dû me séquestrer pour que je sois dans un état comme celui-ci.
Je pris également une pierre, petite qui tenait dans ma main et je l’ai lancée le plus loin que je pouvais même si j'utilisais mon énergie pour rien, ça m’énervait de devoir attendre pour que j’aille mieux car j’étais plutôt du genre autonome qui n’aimais pas qu’on l’aide. J’ai réussi à me contrôler pour ne pas qu’une flamme apparaisse et je me suis contenté de lui retourner la question.
- Et toi, tu regrettes quelque chose ? Comme le fait de me connaître et que je te mette dans un tel pétrin ?

Aucun regret, c’était presque trop beau. J’avais l’impression qu’elle essayait d’être calme, qu’elle cachait sûrement quelque chose mais sur l’instant, je n’avais pas envie de chercher mais elle avait raison, dans la vie, on ne contrôlait rien. Chaque chose était imprévisible, les sentiments que je ressentais pour elle n’était pas ce que je voulais, si on m’avait dit que je tomberais peut-être amoureux d’un vampire, j’aurais presque eu peur. Non pas que les vampires me font peur mais plutôt que je ne voulais pas m’attacher à quelqu’un surtout si cette personne n’était pas un démon. Diana était une fille avec un bon fond, elle avait son petit caractère de sadique et en plus de cette caractéristique que j’aimais bien chez elle, elle était sublime. Bon il faudrait arrêter d’y penser, je savais très bien que c’était peu probable que ça se fasse et je continuais pourtant de me bercer d’illusions comme si ma situation actuelle n’était pas assez désespérée. Nous étions fautifs c’était vrai. Si elle n’avait pas tué cette dame ou si je n’étais pas rentré dans cette maison, rien ne se serait passé comme ça. Je ne l’aurais jamais vue, j’aurais vécu ma vie d’avant et je ne ressentirais pas ce sentiment d’Amour. C’est horrible d’avoir de l’empathie pour quelqu’un qui venait presque de vous tuer alors qu’en réalité je devrais vouloir sa mort et la provoquer également. Je n’avais, de un, pas assez d’énergie et je n’avais pas envie de le faire, ça me ferait souffrir encore plus.
Mes cheveux étaient son centre d’attention, elle s’amusa à passer sa main dedans pour ensuite venir au contact de ma joue. Sa peau glaciale m’avait presque manquée et cette touche m’avait donné un léger frisson. Je déteste ressentir ça. Sa demande était simple, ne plus la chercher. Aucune chance que je revienne ici si c’est pour subir encore ce qui venait de se passer, j’allais garder un mauvais souvenir de cet endroit et je n’avais même pas pu prendre de photo pour mon album.
Des bruits, des Volturis qui étaient sur nos traces, enfin, plutôt sur les miennes. Un démon qui sortait miraculeusement de sa cellule grâce à un feu d’une origine inconnue c’était suspect d’après eux. Je devais courir maintenant, du moins, j’espérais que ça me soit encore possible. J’étais tellement exténué que j’aurais pu dormir là où je me trouvais quitte à ce que je me fasse tuer par des sanguinaires. Mes conditions physiques étaient encore un grand point d’interrogation mais j’allais bientôt devoir tester les capacités qu’ils me restaient en stock. J’avais le droit de la détester d’après elle mais même en me forçant, je n’y arriverai pas, j’aurais déjà dû lui lancer cette boule de feu si vraiment j’avais de la haine envers elle. Pour être honnête, j’avais été attristé de la manière dont elle m’a torturé mais je devais essayer de passer au-dessus de cette épreuve. Je savais de quoi elle était capable et je n’étais pas terrifié, je savais juste à quoi m’attendre d’elle.
- Je ne te déteste pas et je ne pourrai jamais te détester. Je te donne ma parole que tu n’entendras plus jamais parler de moi, dès que je quitterai ce pays, je disparaîtrai de ta vie comme j’y suis entré et tu n’auras plus de te souci à faire à propos de notre petit secret. Ce sera mieux pour nous deux, pour notre protection et tu avais raison, ça ne servait à rien de s’attacher. Je suis presque mort et si tu restes ici plus longtemps, tu le seras bientôt.
Redressé, prêt à partir, je devais me décrocher d’elle, nous étions nocifs l’un pour l’autre et être proche ne nous apporterait rien. Je devais m’en aller, elle aussi car nous n’étions pas faits pour être ensemble. Je me suis décroché d’elle, partant le plus loin possible en ayant le temps de me retourner une seconde.
- Oublie-moi, vis ta vie. Adieu Diana.