➵ I get drunk on jealousy [Diana][Terminé]

I get drunk on jealousy

- Encore un verre s’il vous plait !
C’était plutôt triste à voir, moi, à dix heures du soir dans un bar peu fréquenté de Forks qui commandait une boisson alcoolisée pour essayer d’oublier ce qu’il s’était passé. Je n’osais même pas prononcer son prénom ou même y penser, c’était dur mais je devais le faire. Je lui avais promis et je tiendrai parole. Je ne devais plus empiéter sur son chemin et elle sur le mien. Nous étions différents de par notre race mais nous avions une vision du monde presque égale, c’était sûrement ce qui m’avait attiré chez elle-même si ça parait loufoque qu’un meurtre m’ait amené jusqu’à cette maison. Peut-être était-ce l’hiver qui me rendait irrationnel ou encore le simple fait que je devenais trop expérimenté pour ne pas connaître ce que c’était l’Amour. J’aurais dû partir, m’enfuir, laisser la vielle dame ou son corps plutôt, je ne l’aurais jamais rencontrée et je n’aurais pas dû supporter toute cette douleur insupportable, pas celle qu’elle m’a infligée non, celle que je me suis faite tout seul en lui disant de me laisser partir. Love is a drug.
Ce soir, je ne cherchais pas le grand amour, je voulais juste passer le temps, me changer les idées pour éviter de penser à elle. J’en avais bien besoin. Le serveur m’apporta ma commande, je fis faire des tours au liquide contenu dans le verre avant d’en boire une gorgée, cette histoire m’avait mis à bout et ça se voyait. Une expression vide dans mes yeux, j’étais présent physiquement mais en réalité, j’étais bien loin. L’alcool avait un effet sur moi, pas comme tous ces jeunes défoncés qui ne savent même pas aligner deux mots correctement mais il avait juste le don de m’aider à m’évader. Pendant un instant, je buvais et puis l’autre, j’étais dans un monde que je ne savais pas décrire comme si je ne m’en souvenais pas. We found wonderland.
La soirée de ce bar venait juste de commencer, les entrées n’étaient pas très affluentes mais il y avait quelques humains accoudés au bar, tous plus bourrés les uns que les autres. J’en entends un crier qu’il y aura une autre tournée pour lui, ça promet… Des jeunes femmes entrent à leur tour avec l’envie de trouver quelqu’un à mettre dans son lit ce soir, ça se voit à leur décolleté bien plongeant et leur jupe trop courte pour elles achetée volontairement pour qu’on puisse voir leur entrejambe. Toutes étaient vêtues de la même manière, mon regard bascula vers mon verre, il n’y a rien de beau à voir jusqu’à présent. L’attente fut longue quand une fille attira mon attention, elle ne provenait pas du groupe d’allumeuses qui venait de débarquer, elle avait de jolies formes, un visage bien dessiné et un sourire à en faire tomber par terre, elle avait tout pour attirer un mec et ce mec, c’était moi. Ocean blue eyes, looking in mine.
On s’est fixé pendant quelques minutes, assez pour que je me déplace jusqu’à elle avec un sourire charmeur que je faisais souvent pour gagner l’attention. Elle me fit un signe pour que je la rejoigne, je l’ai donc fait. Elle avait une odeur assez agréable, de la vanille je suppose, sa tenue était choisie de telle sorte à ce que ça la mette en valeur, l’alcool m’aidait également à l’idéaliser. Je ne pensais plus qu’à lui demander son prénom que je connus assez vite. Elle avait quelque chose qui était plutôt attirant et même si le vampire restait dans un coin de ma tête, j’essayais de me concentrer sur la créature qui avait capté mon attention mais pour être honnête, je n’ai presque rien retenu tant je me régalais à l’admirer. Mon regard en disait long, elle me plaisait et j’avais envie de l’emmener ailleurs qu’ici. Les bars pour humains n’ont jamais été mon point fort, il n’y avait presque que des coups d’un soir qui commençaient ici même si mon but n’était pas ne chercher quelqu’un à aimer mais plutôt de chercher quelqu’un pour me faire oublier. I needed a reason.
Il affichait 23 heures quand j’ai jeté un coup d’œil à l’horloge accrochée au mur en face de moi, ça faisait un peu plus d’une heure que j’étais dans ce coin paumé et par je ne sais quel miracle, je n’avais pas encore méprisé un humain. Pas un seul. Je n’avais pas eu le temps de regarder autour de moi tant mon intérêt était porté sur elle. Depuis quand est-ce qu’une humaine m’intéressait ? Il faudrait que je sorte plus souvent, ça m’éviterait de me surprendre ainsi. Grande nouvelle, Silas a réussi à se mélanger aux humains et traine avec des vampires. Mais qu’est-ce qui m’est tombé sur la tête ? Trop de questions se fracassaient contre les parois de mon crâne, une gorgée de ce breuvage d’alcool et elles se calmaient comme si elles étaient en pause mais ce n’était que temporaire, très vite, elles continueront de me retourner la tête comme s’il n’y avait jamais eu d’arrêt. J’avais envie de réponse à ces questions mais je ne pouvais pas tout avoir et il fallait que je parte d’ici si je ne voulais pas que la reine soit au courant de ma rencontre avec une humaine. No one has to know.
Je pris délicatement sa main pour la diriger vers la sortie après avoir réglé la note de la demoiselle et la mienne évidemment. J’ai eu droit à des cris de victoire de débiles qui étaient dans un coin du bar que j’ai ignoré volontairement. Elle était sous l’emprise de l’alcool, beaucoup plus que moi, je n’avais pas l’intention de coucher avec, je n’abuserais pas de ce petit moment de faiblesse, je valais mieux que ça. Je voulais simplement m’assurer qu’elle allait bien et la reconduire chez elle pour être sûr qu’elle ne se fasse ni tuer ni violer par un être malveillant et oui, il y avait encore des gentlemans sur cette Terre au 21e siècle qui l’eut cru ? Elle n’arrivait même plus à se souvenir de son adresse, les quelques mots qui étaient cohérents étaient ‘forêt’ et ‘côté’ j’ai donc déduit que c’était près des bois mais où, je n’en savais rien. Je la pris par la taille pour la soutenir, j’ai l’impression que l’alcool ça rend momentanément lourd les gens et visiblement, ses jambes n’avaient pas décidé de m’aider à ce niveau-là. Il faisait plutôt calme, c’était presque inquiétant. Un bruit s’est fait entendre, voulant m’assurer que ce n’était pas grave, je l’ai laissé s’asseoir en lui ordonnant de ne pas bouger. Qui est-ce qui se baladait à cette heure-ci ?

Il aura suffi d’un soir, d’une rencontre et de quelques mots échangés pour que mon égo prenne une claque. Je passais mon temps à me demander comment était-ce possible qu’un homme avait pu réussir à me rendre aussi vulnérable. Depuis ce soir où j’avais permis à ce démon de s’évader, je n’arrivais plus à récupérer le moindre de mes pouvoirs. Je m’entrainais sur des prisonniers, espérant les voir ressentir de petites décharges, mais il ne se passait rien. Et ça me mettais hors de moi. Le fait d’être obligée de devoir tuer de mes propres mains me laissaient croire que j’étais devenue une bonne à rien. Les Volturi avaient ratissé toute l’Italie pour tenter de le retrouver. Chaque jour j’espérais ne pas entendre une mauvaise nouvelle, celle de son retour ou de sa mort. Les tensions au manoir se faisaient ressentir. Tout le monde se posait sans arrêt la même question, comment le démon avait-il réussi à s’évader ? J’entendais de différentes théories. La plupart pensaient qu’il avait un don assez puissant pour fuir. D’autres pensaient à un complot de la reine des démons pour récupérer l’homme. Pendant un bon bout de temps, je suis restée dans la discrétion, afin d'éviter les questions. Certes, je savais parfaitement bien mentir, mais j'avais bien trop peur qu'on lise en moi. Le problème était que j’avais beau tourner la page, sur celle d’après je voyais encore son visage. Si on m’avait prévenue que c’était aussi difficile de passer à autre chose, je ne l’aurais jamais cru. J’en entendais tellement des choses sur l’amour, les sentiments. Certains disaient que c’était beau et agréable, d’autres que ça n’en valait pas la peine, que les histoires d’amour n’attiraient que des problèmes. Je penchais plutôt pour le deuxième avis. L’amour, c’est bidon, ça rend les gens fous et c’est pour les faibles. Telle était ma vision de ce sentiment si effrayant. J’en ai vu des gens s’aimer et jusqu’à maintenant, je ne les enviais pas.

Je suis restée dans l’ombre pendant plusieurs semaines, cherchant un moyen d’oublier cette douleur psychologique. Je me droguais au sang humain pour satisfaire ma soif. Au moins, j’étais sûre de ne pas être déçue. Quoi de mieux qu’une bonne gorgée de sang ? Pas de prise de tête, je n’avais qu’à savourer jusqu’à ce que mon taux de satisfaction atteigne son maximum. J’avais même décidé de me laisser aborder par quelques hommes, même s’ils étaient tous aussi ingrats et inintéressants les uns que les autres. Pourquoi fallait-il que je me sente aussi répugnée des hommes ? A force, je me suis même demandé s’il ne valait pas mieux pour moi de me tourner vers la gente féminine. Mais je me voyais mal m’envoyer en l’air avec une femme. Je préférais largement les talents de… NON, stop.

-Tiens, j’ai pris ça l’autre fois dans ta commode. Je n’avais rien à me mettre. J’espère que tu ne m’en veux pas.

Ce t-shirt… C’était officiel, j’avais vraiment une vie de merde. Encore quelque chose qui n’allait pas m’aider à tourner la page. Mais étant donné que j’éprouvais de la sympathie pour le vampire qui m’avait « emprunté » son vêtement, j'ai préféré ne pas réagir.

Un peu plus tard, dans la soirée, une amie de la famille De Wistan est venue m’aborder, trouvant que j’avais un peu la tête ailleurs ces derniers temps. Je me sentais désespérée. Personne ne pouvait me lâcher ?

-J’ai une résidence secondaire à Forks, je ne sais pas si tu connais, c’est une ville proche de Seattle, aux Etats-Unis. Si jamais tu souhaites t’y rendre pour prendre du bon temps, je peux t’indiquer l’adresse.

Mon visage s’est littéralement décomposé. Même au manoir j’étais incapable de trouver la paix. Prendre du bon temps ? J'étais très bien ici. Je finissais par croire que tout le monde le faisait exprès. #Nonc’estlekarma. Sinon, quand est-ce que je partais faire un élevage de pingouins en Alaska ? Quoi que non, l’Alaska c’était beaucoup trop proche de lui. Alors, pourquoi pas un élevage de girafes en Afrique ? Non, il y avait trop de soleil là-bas. Mes dons n’étant toujours pas décidés à pointer le bout de leur nez, j’étais sur le point d’exploser tout sur mon passage, de tuer chaque passant un par un, de les faire cramer et de les envoyer tout droit en enfer. Assez ! Il fallait que je me fasse une raison, sans lui, je devenais folle. This pain is just too real.

Forks, pourquoi je suis si souvent venue dans cette petite ville apparemment pleine de secrets ? Peut-être parce que c’était réellement son cas. J’ai pu y faire des rencontres pour la plupart banales ou inattendues. Avais-je raison de revenir une nouvelle fois ici ? De prendre des risques pour quelqu’un qui m’avait probablement rayée de sa vie ? Durant tout le voyage j’ai appréhendé le futur. Je n’avais aucun discours en tête, aucune idée de la façon dont j’allais pouvoir le trouver.

Vêtue d'une petite robe rouge et d'une cape noire, j'ai déambulé dans la ville sombre, sans savoir vraiment par où commencer. Ma présence ne semblait pourtant pas avoir échappé aux yeux de quelques hommes qui fumaient leur cigarette devant ce bar. Ne voulant pas attirer plus de regards, je pris le chemin de la forêt, jusqu’à ce que j’entende sa voix. C'est en me retournant discrètement que je découvris son visage, ainsi que celui d'une fille, une humaine. Il la tenait par la taille comme pour la soutenir. Perplexe, je m'empressais de me réfugier dans la forêt, observant de loin la scène. L’enfoiré.

Trouvant peu utile de rester une minute de plus, je me suis enfoncée dans la forêt sombre, gelant involontairement la route qui provoqua le dérapage de plusieurs véhicules, ainsi que cette… Pouffe. Le seul sentiment qui m’envahissait était la colère. En colère contre lui, contre moi. Qu’est-ce qui m’a pris de revenir ?

Je fis mon arrivée dans la clairière, illuminée par le clair de lune, ainsi que par les arbres qui commençaient à geler. Point positif : J'avais retrouvé mes pouvoirs. Je retirais ma cape avant de m'étirer les mains. J’allais pouvoir me défouler. Positionnée face à un arbre, je formais de mes mains cette lame tranchante composée de glace puis entamait un petit jeu de fléchettes, en essayant d'être précise. Tout en restant concentrée sur mon objectif, je poussais quelques petites injures.

-Eh bien, il n’a pas perdu de temps. Petit…

C’était elle. Merde. Je reconnaîtrais ses yeux parmi des milliers, rouge vif qui scintillaient presque, ce genre de beau visage que vous ne pourrez jamais oublier tant il vous a marqué. J’en avais presque des cicatrices de sa torture du mois dernier, quelques égratignures qui partiront d’ici quelques jours mais qui étaient déterminées à rester là où elles avaient été faites comme si je devais me souvenir d’elle constamment. J’avais essayé à de nombreuses reprises de ne plus penser à elle mais au fond de moi, je ne voulais pas ignorer son existence. Devenue vitale comme le dioxygène qu’il y avait dans l’air, aussi imprévisible d’un éclair tout en étant magnifique comme une rose, j’avais du mal à ne pas l’imaginer, parfois, je pensais que je rêvais éveillé. Je la voyais partout, je commençais à devenir fou et en un instant, j’avais compris pourquoi on disait ‘fou amoureux’. Je pouvais lire sur ses traits de visage qu’elle ressentait une certaine colère. There’s nothing I hate more than what I can’t have.
Gelée comme le corps du vampire, l’humaine avait cessé de bouger ou de respirer, prisonnière de la glace comme si elle se noyait dans de l’eau solide. Mon regard qui était attiré vers la créature froide se tourna vite vers la jeune femme que j’escortais chez elle, la pauvre qui n’avait rien demandé et qui était tombée au mauvais moment et contre la mauvaise personne. Tandis que le vampire courrait vers je ne sais quelle destination, j’accouru vers cette fille qui, une fois sortie de là, se demandera qu’est-ce qu’il s’est passé. Un léger soupire se fit entendre, des flammes se chargèrent de faire fondre le glaçon géant, me laissant le temps d’inscrire au sol grâce au feu, un mot d’excuse et de me lancer à la poursuite de son agresseur. Mais qu’est-ce qu’il lui avait pris ? Cette humaine n’avait rien fait de mal, à part picoler de trop et je voyais mal qu’est-ce qui l’avait poussé à agir de la sorte. Serait-ce la… Non. Impossible, c’est elle qui voulait qu’on ne s’attache pas l’un à l’autre alors pourquoi ressentirait-elle un tel sentiment ? Je ne lui appartenais pas, elle non plus et elle n’avait aucun droit de traiter les filles qui étaient autour de moi de la sorte. Nous avions décidé de ce que nous étions et voulions être, des inconnus. Des personnes qui se voient une fois dans leur vie et qui oublient l’existence de l’autre comme on oublierait de respirer. Elle n’avait pas besoin de moi mais en revanche, j’avais besoin d’elle. Non pas que les cicatrices qu’elle m’avait causées me renforçaient mais plutôt qu’elle avait envahi mes pensées. A part un gaz, il n’y a qu’un sentiment qui peut se propager aussi vite. Lord save me my drug is my baby.
J’ai couru jusqu’à ce que mes poumons manquent d’oxygène, jusqu’à ce que mes jambes ne s’affaiblissent au point d’être obligé de me jeter à terre. Je n’avais pas les capacités des vampires, du moins, pas celle qui permettait d’avoir une vitesse exceptionnelle. Je suivais les arbres et plantes gelées qui formaient comme des flèches pour m’indiquer où elle se situait. J’admirais les éclats de glace qui étaient collés au tronc des arbres, si ça avait été dans d’autres circonstances, j’aurais trouvé ça comme de l’art. Je connaissais cette forêt comme ma poche, alors, quand j’ai aperçu la clairière et entendu du bruit, je n’ai pas hésité, je savais que c’était elle. Qui est-ce que ça pouvait être d’autre ? Personne ne venait ici, encore moins à minuit et seul. Le bruit qui était similaire à celui d’un verre qu’on lance au mur ne passait pas incognito, c’était bien elle, c’était Diana. Que venait-elle faire à Forks ? Par quel miracle était-elle tombée sur la seule personne qu’elle ne voulait sûrement plus jamais revoir ? Aucune idée mais je préférais penser que c’était le destin ou le hasard et que nos routes allaient encore s’éloigner une fois de plus. Je ne me suis pas montré dès le début, préférant visionner le spectacle qui m’était offert, je trouvais ça impressionnant, ces pics qui fonçaient dans un arbre comme s’il y avait une cible en plein milieu. C’était rare de voir un vampire aussi énervé mais bonne nouvelle pour elle. Son pouvoir était revenu. I was expecting some dramatic turn away.
J’avais entendu sa phrase, du moins le commencement, elle était plus qu’en colère, à sa place, j’aurais brûlé cette forêt jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des cendres mais visiblement, le pouvoir de la glace était moins destructeur que le mien. Je sortis de ma ‘cachette’, essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas qu’une de cette flèche de glace ne me soit envoyée entre les deux yeux quand bien même elle le ferait, je la ferais fondre bien avant qu’elle ne m’ait frôlé. Ma voix restait calme et douce, mon but n’étant pas de provoquer le vampire ni de la sermonner. Talk to me baby.
- Con. Petit con n’est-ce pas ? Ou enculé comme on dit maintenant au 21e siècle.
J’espérais ne pas l’avoir surprise même si j’étais plus du genre à surprendre les gens qu’à annoncer ma venue directement. J’étais déterminé, je devais la calmer et même dans un état pareil, je savais qu’elle allait m’écouter, pas forcément me répondre mais je pouvais toujours tenter ma chance pour la raisonner. Après tout, quelques millénaires de maturité allaient être mis à profit pour une fois et devinez quoi, c’est à un vampire que je vais parler.
- Pour être honnête, je ne vois pas pourquoi tu es autant en rogne.
J’ai repensé à cette fille, la première victime de Diana ce soir, peut-être était-ce vraiment de la jalousie et puis de toute façon, m’avancer sur une hypothèse avec Diana ne pouvait pas faire de mal, je n’avais rien à gagner ni à perdre. Je savais que même si je ne le disais pas, ça aurait eu la même fin, celle où je m’éloignais d’elle avec un cœur en sang, déchiré par ce sentiment fort qu’était l’Amour. Broke your heart I’ll put it back together.
- La fille que tu as vue tout à l’heure dans la ruelle, elle était complètement bourrée. Je me devais de la ramener chez elle et je n’aurais rien tenté de toute manière. Je ne sais même pas pourquoi j’essaie de me justifier et je ne vois pas pourquoi tu serais en colère que je puisse voir d’autres filles que toi, tu n’as aucune raison de l’être à moins que tu ne me dises pas tout Diana.
Moi c’est parce que je t’aime mais toi, pourquoi tu fais ça ?

Cet arbre qui n’avait rien demandé subissait ma colère noire. J’avais honte d'être autant en rogne juste à cause d’un homme. Je me tracassais pour un démon, pour un coup d’un soir que j’aurais dû oublier depuis longtemps. Mais l’avoir vu aux côtés de cette fille m’a totalement mise dans un état de rage. Moi qui avait un brin d’espoir pour garder une petite place dans sa mémoire, c’était raté. Au moins, j’allais pouvoir rentrer sans avoir à me demander si je comptais réellement pour lui.

Sa voix me stoppa. Non, ça ne pouvait pas être lui. Pourquoi était-il là et que me voulait-il ? Que je m'en prenne à lui à la place de l’arbre ? C’était une idée tentante, même si je n’en n’étais pas capable. J’ai de nouveau ressenti cette douleur en croisant son regard. Mes bras se croisèrent, il n’était pas question d’être distraite par ce démon.

-Petit con, ça sonne mieux je trouve.

Je ne souhaitais pas justifier ma réaction, ni les raisons de toutes ces injures, j’étais même sur le point de partir. A quoi bon rester quand la personne qui se trouvait face à vous représentait votre haine et vos blessures ? Tu t’es blessée toute seule en t’attachant à lui, débile. Mon attention s’est de nouveau portée sur lui quand celui-ci avoua ne rien avoir tenté avec cette fille. Eh bien, tant mieux pour lui, de toute façon, je devais me faire une raison, il allait bien finir par trouver quelqu’un. Il se demandait d’où pouvait provenir ma colère. Fallait-il que je lui fasse un dessin ? Un poème ? Une chanson ? Non, parce qu’honnêtement, n’importe qui devinerait la cause de cette réaction. Je suis amoureuse de toi, bordel. Je regardais un peu partout, l’air de rien. Moi, cacher des choses ?

-Je n’ai rien à dire. Tu perds ton temps.

Je lançais de nouveau une flèche, visant à la perfection. J’avais toutes les raisons d’être jalouse. La principale était ce que j’éprouvais pour lui. Et bien que je sois restée froide pendant ce face à face, l'envie de tout lui dire reprit le dessus. Non, c’était trop dur, cette histoire allait mal se terminer et j’allais finir par détruire la terre entière. Une image de notre rencontre fit une courte apparition dans ma tête, nous étions loin de nous douter au début que je me retrouverais à devoir lui dire que… PUTAIN, pourquoi c’est aussi compliqué ? Je passais une main dans mes cheveux, gardant une certaine distance avec le démon.

-Seulement, je ne supporterais pas de te savoir avec une autre.


Je n’étais pas prête à prononcer ces deux mots composés de sept lettres et deux syllabes, tout simplement parce que je ne connaissais pas les véritables sentiments de Silas. Et rien ne laissait penser qu’il pouvait ressentir la même chose que moi, encore moins après son escapade à Volterra. J’étais terrifiée à l’idée de lui faire connaître ma vérité. Mais avant tout, je voulais connaître la sienne. Ma voix prit une intonation un peu plus calme.

-Est-ce que ça t’es déjà arrivé de ressentir quelque chose de fort pour une personne, au point d’être prêt à tout pour elle ?  Même de risquer ta propre vie ?

Si j’avais été humaine, je pense que j’aurais pris un léger coup de chaud, mon cœur aurait fait cent cinquante milles bonds. Heureusement, je ne pouvais pas mourir d'une crise cardiaque, c’était rassurant. En revanche, mon cerveau lui, fonctionnait toujours et je ne vous raconte même pas le nombre de choses qui s’y passait dedans. J’imaginais déjà plusieurs hypothèses, une réponse du genre « Non » ou alors un « Oui, mais pas pour toi ». S’il avait pu lire mes pensées, il m’aurait probablement prise pour une folle... A moins que ce soit déjà le cas ? Qu’est-ce que cela pouvait être angoissant de vouloir à tout prix savoir si la personne que vous aimiez vous aimait en retour. Je n’avais encore jamais imaginé la façon dont j’allais lui dévoiler mes sentiments. Pourtant, j’avais eu tout le trajet pour y réfléchir. Je plongeais mes yeux dans les siens, dévisageant son regard et en espérant déchiffrer ses pensées. Cela me faisait si bizarre de le revoir. J’étais à la fois heureuse et nerveuse.

Mes yeux cherchaient en vain un endroit à regarder tant que ce n’était pas elle, j’avais peur que je ne tombe encore plus amoureux de Diana et c’est exactement ce qu’on voulait éviter tous les deux. J’aurais peut-être dû agir avant, faire un premier pas au risque de finir le cœur brisé mais j’avais tort, vivre avec un amour qu’on doit garder pour soi est bien pire que de se prendre un râteau. Devoir vivre comme ça, ce n’était plus une vie et plus les jours défilaient, plus mon humeur et ma forme se dégradaient. D’une certaine manière, j’avais besoin de sa présence, de son attention même si elle est minime, je ne voulais pas qu’elle soit scotchée à mon corps mais je voulais savoir si j’avais une petite importance dans sa vie. Elle avait sûrement vu d’autres gars entretemps mais ça ne me mettait pas en colère, j’avais essayé la même chose ce soir et ça s’est fini avec une fille trop bourrée pour marcher sur une ligne correctement. J’avais beau forcer le destin pour ne serait-ce que vivre une seconde sans penser à elle mais même l’alcool le plus fort ne pouvait pas me procurer cette satisfaction. Comme elle venait gentiment de le souligner, je perdais mon temps à aimer l’inaccessible. Echoes of your name inside my mind.
Son petit stand de tir improvisé était assez marrant, j’étais plutôt mal à la place des arbres qui subissaient la colère qu’elle avait pour aucune raison apparente. C’était plutôt impressionnant à voir, enfin, pour un humain bien que s’il avait été à ma place actuellement, il aurait fui le plus loin possible de Forks avec de fortes chances qu’il aille à la police en se plaignant de la ville. Evidemment, personne ne l’aurait cru, c’est vrai que les loups garous n’existent pas… J’aimais bien le danger et comme j’étais en train de devenir fou, j’ai fait mon suicidaire en me plaçant contre le mur de la clairière pour essayer de grappiller quelques centimètres pour me rapprocher. Si elle voulait vraiment me tuer, elle l’aurait fait le mois dernier à Volterra bien que ses réelles intentions étaient toujours aussi floues qu’au début. Elle n’avait pas changée depuis notre première rencontre, elle était toujours aussi sadique, je n’en doutais pas mais ses émotions commençaient à prendre le contrôle sur ses pouvoirs comme quand elle n’a pas pu geler l’eau de cette forêt. C’était surtout pour ça que des créatures comme nous ne voulaient pas ressentir de sentiments, qu’ils soient forts ou moindres, ça avait le don de nous affecter pour notre vie au quotidien et même si ça ne paraît pas insurmontable, pour nous, c’était presque la fin de notre monde. J’ai été vite déconnecté de mes petites réflexions quand la phrase qu’elle prononça me laissa sans voix. Je ne supporterai pas te savoir avec une autre. Que voulait-elle exactement ? Un coup, je pouvais aller faire des folies ailleurs vu que nous n’étions que des amoureux d’un soir je vais dire, et l’autre coup, elle ne voulait plus que je puisse fréquenter d’autres filles qu’elle. Sa jalousie était dévoilée, que voulez-vous que ça soit d’autre ? On pouvait facilement imaginer Diana tuer la fille défoncée de tout à l’heure, je ne voulais même pas savoir ce qu’elle lui aurait fait, cette jeune adulte qui n’avait rien demandé à personne et qui, d’après ce qu’elle m’avait raconté, sortait d’un rupture difficile avec un mec et désirait juste oublier ce pauvre type qui avait eu le culot de la tromper. Sincèrement, j’adorais voir sa réaction, ça prouvait que je n’étais pas qu’un souffre-douleur pour elle. That’s what I like.
Question cruciale, réponse inévitable, si j’étais dans un jeu vidéo j’aurais eu le sigle ‘ce choix aura un impact sur la suite de l’histoire’ tant sa question était ciblée et délicate. Quand elle eut terminé sa phrase, j’ai tout de suite pensé à elle, c’est bête vous allez dire vu qu’elle était en face de moi mais même si j’avais été à des kilomètres d’elle, j’aurais pensé à elle. Pour elle, je prendrai une balle, quand nous étions dans la forêt après mon évasion, j’aurais fait semblant de la menacer pour qu’ils me tuent et qu’ils la laissent en dehors de tout ça. Je ne lui avais pas demandé de me tenir comme responsable pour rien, je voulais assumer tout et mourir à sa place s’il le fallait. For you I would fall from grace just to touch your face.
- Oui j’ai déjà eu ce ressenti il n’y a pas si longtemps.
Je ne dévoilais rien de concret, je faisais un peu comme elle, je restais vague dans mes propos pour laisser planer le doute tout en répondant à la question. Après un léger silence, je poursuivis ma réponse. I think about her and she knows it.
- J’ai eu ça il y a environ 2 mois si je ne me trompe pas. C’est horrible de savoir que je l’aime et que je suis censé rester loin d’elle car elle n’attend rien de notre histoire. Je sais que c’est pour qu’on soit heureux chacun de notre côté mais ça ne fait que me détruire un peu plus.
Mes yeux croisèrent les siens pendant que je parlais, j’étais à deux doigts de craquer, de me précipiter vers elle pour l’embrasser mais je savais qu’elle n’aurait pas voulu que je le fasse alors je me suis abstenu de faire un seul mouvement. J’ai préféré regarder le sol pour essayer de ne pas précipiter tout ce que je ressentais, elle aurait pu me tuer d’une flèche de glace en plein cœur sur le coup de la colère. Fatal, douloureux et efficace. Je ne connaissais pas l’heure actuelle, faute de ne pas avoir de montre où de ne pas être assez impoli que pour regarder son téléphone en pleine conversation. Je ne savais pas encore si c’était une bonne chose que je sois parti à sa recherche, bien sûr que j’étais heureux de la revoir une nouvelle fois mais je voyais bien que sa colère pouvait être meurtrière et pour être franc, je ne voulais pas me faire abattre aujourd’hui. S’éloigner, encore et encore, même si ça me faisait mal de le dire, je devais partir, elle ne voulait pas de ma présence et j’allais lui donner la chance d’être seule pour défouler sa rage contre des arbres. Je n’habitais pas loin d’ici, la route n’allait pas être très longue. But would you run away with me ?
- Avant de partir, je tenais à te dire que même si je ne le montre pas, je me soucie de toi Diana. Je t’ai… Oublie ça...

Je restais attentive, prête à entendre une réponse positive ou négative. Personne ne pouvait imaginer à quel point cela me rendait anxieuse. Silas m’avait fait découvrir quelque chose de nouveau, un sentiment que jamais je n’aurais cru ressentir. Je ne vivais que dans un milieu rempli de haine et de noirceur, et j’étais loin de m’y connaître en matière d’amour, j’avais uniquement entendu quelques échos pour la plupart différents. En quelques semaines, j’avais eu l’occasion de me faire moi-même mon propre avis. J’ai découvert qu’il n’y avait rien de plus fragile que l’amour, que si les choses n’allaient pas dans le sens que nous voulions, ce sentiment pouvait être douloureux et que même la personne la plus sadique au monde pouvait facilement y succomber sans qu’elle ne s’y attende. Et apparemment, je n’avais pas été la seule à avoir perdu à ce jeu.

Ainsi donc, Silas a déjà connu ce sentiment. J’écoutais chacune de ses paroles, chaque détail pouvant m’aider à découvrir la vérité et elle semblait se dévoiler petit à petit. J’avais horreur de ce genre de discours sans certitude. Tout comme moi, il ne comptait pas cracher le morceau en premier. Ça me faisait presque sourire. Je ne m’imaginais pas être heureuse en le laissant partir encore une fois. Notre « race » nous obligeait à être loin l’un de l’autre. Depuis le début je me forçais à respecter cette principale règle. Mais plus le temps passait et moins je me préoccupais du règlement. J’avais tué l’un des miens pour le sauver, effleuré son corps du bout des doigts, menti aux Volturi et continué de suivre sa trace. Un court silence s’est installé, j’étais totalement perdue, mes yeux regardèrent à leur tour dans le vide.

Il se souciait de moi et je le savais, depuis ce jour où il s’était précipité pour me protéger des flammes, de son don si effrayant à mes yeux. J’étais loin d’imaginer que cette rencontre aurait eu un si gros impact sur nous. Nous nous étions foutus tous les deux dans une sacrée galère parce que nous voulions rester fidèles aux lois, mais aussi parce que nous avions peur de ne pas réussir à l’être. Silas avait choisi de tourner la page en choisissant les oubliettes, et moi en retournant en Italie. Finalement, nous nous retrouvions à la case départ. J’avais plusieurs possibilités, le laisser partir pour de bon ou le retenir.

-Cette fille a eu tord de t’éloigner d’elle. Si elle a fait ça, c’est peut-être parce qu’elle a eu peur de ressentir la même chose que toi.


Il n’avait pas terminé sa phrase et tenait à ce que j’oublie. J’avais cru entendre le début de deux mots improbables, quelque chose le bloquait. Etais-je mal coiffée ? J’avais l’intuition que l’on jouait à un jeu où celui qui avouerait ses sentiments en premier serait le perdant. Le plus étonnant c’est que même en amour nous arrivions malgré tout à avoir un esprit compétitif.

-Je pense qu’aujourd’hui, elle sait ce qu’elle veut.

Je cherchais à nouveau son regard, incertaine. Nous étions à peu près à la même hauteur, distancés d’environs deux mètres. Je voulais garder un certain espace. Il était libre de partir s’il le souhaitait et je n’allais pas lui sauter dessus, ni le geler pour le retenir. Quoi que…

-Est-ce vraiment ce que tu souhaites ? Partir ?

Chaque être était responsable de ses choix et je ne pouvais l’obliger à rester. Seulement, s’il décidait de s’en aller, je pense que mon ego prendrait encore un coup, que je finirais probablement ma vie avec des chats, à me taper des hommes dégueulasses et incompétents. I want you. J'avais tant envie de m'approcher un peu plus, de toucher sa peau, sentir ses lèvres sur les miennes. Je repensais alors à ce jour où il l'avait fait de lui-même. Peut-être qu'il était temps d'inverser les rôles. Prise d'élan, je brisais cette distance qui nous séparait, passant mes mains autour de sa nuque pour finalement sceller nos lèvres. Game over. 

Si elle avait été un démon, tout aurait été tellement plus simple. Nous n’aurions pas eu cette restriction à cause des lois, vous me diriez sûrement de transgresser cette règle mais elle était tellement importante qu’il y avait de quoi y réfléchir. Oui l’amour était important mais la survie de notre espèce était primordiale et les exceptions étaient peu, voire pas du tout permises. Le règlement était strict à propos de ça, les coups d’un soir pouvaient être sévèrement punis alors les relations, je ne vous laisse même pas imaginer. Je ne doutais pas de ce que je ressentais pour elle, c’était plus ou moins clair depuis le début et je savais que si j’y étais obligé, je contournerais les règles comme il le faut même si ça n’allait pas être facile mais je ne savais pas ce quels sentiments elle avait à mon égard et si elle était prête à prendre autant de risques. I got new rules I count them.
J’avais parlé en laissant le mystère, elle a poursuivi en faisant de même prétendant que cette fille avait peur d’avoir des sentiments et qu’elle n’aurait pas dû s’éloigner de moi et qu’aujourd’hui, elle savait ce qu’elle voulait. J’étais prêt à mettre ma main à couper qu’elle parlait d’elle, ça semblait évident pour vous comme pour moi, j’étais prêt à lui sauter dessus pour l’embrasser mais je n’ai pas bougé d’un pouce. Qui sait s’il n’y avait pas quelqu’un pour nous voir ? Les conséquences que ça aurait causé et ce qu’on aurait dû subir, c’était bien de garder nos distances tant que nous étions en plein milieu de la forêt. On aurait pu être surveillés comme être seuls, sincèrement je m’en foutais mais je ne voulais pas lui causer plus d’ennuis qu’elle n’en avait déjà. I don’t wanna be just another ex-love you don’t wanna see.
Est-ce que je voulais vraiment partir ? Non, pas tant qu’elle était là, j’avais besoin de sa présence et surtout, j’en avais envie. C’était rassurant et en même temps stressant, comme si le fait qu’elle soit là soit vital mais m’affaiblisse également, l’amour fait faire n’importe quoi à n’importe qui pour tout et rien. Ce que je voulais et ce dont j’étais sûr, c’était que je la voulais elle pas l’humaine de tout à l’heure, pas miss univers, pas la plus belle fille de Forks, je voulais un vampire, jeune, sadique, sublime, puissante et autoritaire. J’étais sûrement sadomasochiste à vouloir me lancer dans une relation pareille mais pour moi, ça semblait juste et c’était ce que je désirais vraiment. I want your midnights.
Ce qui nous séparait là tout de suite ? 2,3 mètres, de l’air sinon rien de trop insurmontable. Je n’ai même pas eu le temps de réfléchir à une phrase correcte pour répondre qu’en à peine 2 secondes, elle s’est ruée sur moi posant ses lèvres sur les miennes. J’eus le réflexe d’agripper sa taille, montrant à mon tour que je voulais ce baiser autant qu’elle, en l’embrassant langoureusement. Le baiser s’arrêta lorsque j’ai eu besoin de respirer, séparant à contre cœur nos lèvres pour récupérer de l’oxygène. Ma tête se souleva pour la câliner, oui c’était un peu nul mais sur le moment, je n’ai pas pensé à faire autre chose. Il faisait noir, c’était à peine si je pouvais la voir, c’était plutôt calme et j’ai trouvé que c’était le moment idéal pour lui dire. We're speaking in silence.
- Je t’aime Diana, depuis le début.
J’en ai profité pour lui voler un autre baiser avant d’observer les alentours pensant que nous étions observés, c’était un peu paranoïaque de ma part mais nous étions dans la pire situation possible. Si nous étions découverts, elle aurait pu se faire torturer à mort et jamais je n’aurais laissé ça arriver. Je ne voulais pas prendre de risques inutiles, tant pour moi que pour elle. They got no idea ‘bout me and you.
- On devrait trouver un endroit plus discret, il y a des tonnes de créatures ici et je me suis déjà fait séquestrer une fois alors je n’ai pas envie de retenter le coup…
Je savais que ce n’était pas le bon moment pour ramener des souvenirs pareils mais c’était un bon argument pour qu’on fiche le camp d’ici. C’était dangereux et elle le savait autant que moi, c’était comme si nous aimions vivre dans le danger, sans pression, sans menace, il n’y avait pas d’intérêt. We need love but all we want is danger.
- Tu sais ce qu’ils pourraient nous faire et je n’ai pas envie qu’ils te touchent.
Personne ne pouvait la toucher ou alors il ne fallait pas que je le sache si ce quelqu’un voulait rester en vie, le feu est destructeur et meurtrier et bien que le bon vieux temps où je tuais pour mon propre plaisir était passé depuis longtemps mais je n’hésiterais pas à incendier un pauvre con qui aurait fait du mal à Diana. Le plus grand danger pour moi en ce moment c’était elle vu l’état dans lequel elle m’a mis avec ses décharges électriques. J’avais envie de la titiller un peu, elle savait que je n’avais aucun intérêt pour la pauvre petite humaine mais je voulais tester sa jalousie impulsive mais je l’ai quand même dit sur le ton de la comédie, je ne voulais pas mourir. You make me jealous.
- J’aurais peut-être dû reconduire la fille, elle était vraiment dans un sale état…

C'était risqué, mais à ce stade-là, je n'avais plus rien à perdre. Retrouver le goût de ses lèvre était tout aussi satisfaisant que de boire du sang humain, voir mieux. Honnêtement, c'était à se demander comment j'avais fait pour tenir aussi longtemps sans me jeter à l'eau. J'en oubliais entièrement que nous étions exposés. Du moins, je m'en fichais, car j'attendais ce moment depuis que nous nous étions quittés pour la première fois. Le contact de son corps  chaud et de ses mains nouées autour de ma taille me comblait. Tout était parfait et j'aurais tué pour que cela dure encore plus longtemps. A cet instant, je compris que j'avais pris la meilleure décision de ma vie.

"Je t'aime", deux mots que jamais on ne m'avait adressé de manière sincère jusqu'à maintenant et qui me donnait encore moins l'envie de le lâcher. J'étais sienne et il pouvait être sûr que jamais personne ne lui ferait de mal, pas tant que j'étais là. On raconte que les modificateurs s'imprégnaient de leur âme-soeur, qu'à partir du moment où cela arrivait, il ne pouvait plus y avoir de retour en arrière. Tout comme eux, j'avais ce sentiment que plus rien ne pouvait m'empêcher de l'aimer, que quoi qu'il puisse arriver, j'étais prête à tout pour qu'il se sente en sécurité et comblé à mes côtés. J'étais loin d'être le  genre de personne à dire je t'aime et j'étais encore bien trop réservée pour le lui dire, mais j'étais bien déterminée à lui prouver. Il n'avait pas à douter de moi.

Il avait raison, on se mettait en danger en s'exposant au milieu de cette forêt. Je réalisais que nous allions devoir être discrets si l'on tenait à rester en vie. S'il fallait le faire pour sauver la sienne, je le ferais. Je regrettais seulement de ne pas pouvoir me venter auprès de tout le monde que j'avais à mes côtés l'homme le plus sexy et admirable. Gare à celles qui tenteraient de s'approcher un peu trop près de lui, ça serait comme tenter le diable.

Mon visage se décomposait lorsqu'il évoquait le sujet de la fille du bar. Qu'elle crève. Bourrée ou non, je me fichais bien de son cas, si elle avait décidé de se saouler au point de ne plus savoir où elle se trouvait, c'était son problème. Je sentais d'humeur taquin, au point de vouloir tester ma jalousie, il se jetait littéralement dans la gueule du loup. 

Sans dire un seul mot, mais en gardant un air agacé, je suivis à la lettre le chemin qu'Iris m'avait indiqué avant de quitter l'Italie. Elle m'avait proposé de prendre du bon temps et de venir à Forks pour me ressourcer dans sa résidence secondaire. Une proposition qui m'a fait comprendre que peu importe où j'allais et à qui je m'adressais, il y aurait toujours un lieu, quelqu'un ou quelque chose pour me rappeler l'homme que j'aimais. Je décidais de briser le silence en jetant un oeil amusé au démon. 

-Tu sais que tu joues avec ta vie en disant ça ? Tant pis pour elle, quelqu'un d'autre s'en occupera ou la mangera, qui sait. 

La maison d'Iris se trouvait dans un endroit éloigné des autres habitations. Assez banale mais avec un petit côté charmant, c'était le genre de maison que les vampires appréciaient pour se cacher des autres. La vampire étant toujours à Volterra, nous avions peu de chances d'être repérés. Je récupérais la clé cachée sous un pot de fleurs blanc. Iris, grâce à toi, je vais pouvoir continuer à contourner le règlement. Je vérifiais derrière moi si personne ne nous avait suivi. Il n'y avait que nous.

J'ouvris la porte, j'étais émerveillée par cette décoration si moderne. Tout était si bien rangé. On pouvait voir un peu de poussière sur les meubles, mais rien de bien étonnant. La vampire ne semblait pas être venue depuis plusieurs mois et ça se ressentait. La température ambiante n'était pas très élevée, mais elle était assez supportable. De toute façon, j'avais un chauffage humain juste à côté de moi.

-Cette maison appartient à une amie vivant à Volterra. C'est elle qui m'a encouragée à venir ici, même si j'y songeais depuis un certain temps. 

Ici, nous étions hors de danger. Je pouvais enfin voir le visage de Silas à la lumière. Il n'avait pas changé. You're mine. 

-Nous sommes seuls. 

Je mordillais ma lèvre, envoûtée par son regard bienveillant. Je passais une main autour de son cou, l'obligeant à se reculer contre le mur du salon. J'admirais chaque trait de son visage ainsi que ses petits yeux qui faisaient son charme. Totalement sereine et heureuse de pouvoir à nouveau être en sa présence, mes lèvres touchèrent de nouveau les siennes, un geste dont je ne me lasserai jamais. Je le voulais encore et je n'avais pas besoin de lui faire un dessin pour lui faire comprendre. Prise dans le feu de l'action, je me chargeais de l'aider à retirer son t-shirt, puis baladais mes mains sur son torse. Mais quelque chose me coupa net dans ce moment de joie intense. Perplexe, je fis un pas en arrière pour finalement découvrir les marques sur son torse. 

-Ces marques... Elles viennent de moi ? 

La vision de ce fameux jour où je m'étais servie de mon don pour le blesser physiquement fit de nouveau son apparition. Je voyais bien que ces marques étaient récentes et les voir m'anéantissais. Je pris place sur l'un des sofa en appuyant mes mains sur les rebords. Je ne supportais pas de voir ces cicatrices, même si elles étaient peu nombreuses, je savais que j'en étais la responsable. I'm sorry.

Evidemment que je savais que ça l’énervait, si elle était encore une humaine, elle serait rouge de fureur. Quelqu’un finira par s’occuper d’elle Diana a dit, j’espérais juste que ce ne soit pas elle qui le fasse. Ça me faisait sourire de voir qu’elle était jalouse, je savais que c’était dangereux et qu’elle aurait pu me tuer ou la tuer mais il fallait que je la titille un peu. But I got your heart.
- J’aime bien jouer avec le feu, c’est naturel chez moi.
C’était la phrase parfaite, le feu m’a toujours émerveillé vu que depuis tout petit, j’y étais habitué. Nous n’avions pas encore bougé, ça devenait urgent, je n’imaginais pas comment ça ce serait passé si un démon avait été là pour nous surprendre car pour l’instant, je n’étais pas prêt à subir de nouveaux coups. Elle me mena jusqu’à une maison perdue dans les bois, c’était étrange car je ne l’avais jamais vue alors que ça faisait des années que je me promenais dans les environs et je n’ai pas aperçu cette habitation. Sûrement parce que ça avait une odeur spéciale et que j’avais l’impression qu’il y avait des vampires, à ce temps-là, je ne voulais pas en fréquenter, je les méprisais même alors le simple fait de les voir me rendait malade. J’ai dû prendre comme automatisme d’éviter cette partie de la forêt sans même m’en rendre compte. Diana m’expliqua que ça appartenait à une de ses amies de Volterra et qu’avant, elle avait déjà réfléchi pour passer du temps ici. Je trouvais l’endroit plutôt calme et sympathique, ça ressemblait à mon chez moi et comme elle le précisa ensuite, nous étions seuls. We were built to fall apart then fall back together.
Une fois entrés dans cette habitation, ses yeux profonds dans lesquels je m’étais plongé me fixaient, elle ne perdit pas de temps pour m’embrasser à nouveau et me coller au mur. J’adorais tellement le goût de ses lèvres, la manière dont elle liait nos lèvres, ça faisait 2 mois que j’attendais de faire ça à nouveau, je ne parlais pas forcément de coucher avec elle mais le simple fait de lui voler quelques baisers ne me déplaisait pas. Mon t-shirt se retrouva vite au sol et je sentais ses mains froides se balader sur mon torse mais elle se retira ensuite me demandant si les marques venaient d’elle ou non. Je les avais presque oubliées, ça faisait depuis le mois dernier que je les avais sur mon corps, elles ne me faisaient pas spécialement mal mais j’avoue que c’était plutôt troublant d’en voir. Diana fut troublée, elle savait que c’était elle qui les avait faites et je pouvais presque sentir qu’elle regrettait ce qu’elle avait fait. Elle partit sur le sofa, démoralisée, je devais aller lui parler. Je fis un détour pour reprendre mon t-shirt pour ensuite me diriger vers elle doucement. Je m’assis à côté d’elle, ma main venant se poser sur ta cuisse pour essayer de la rassurer et je pris une voix calme et apaisante. You made a mark on me.
- Elles disparaîtront, ne t’en inquiète pas.
Ça me faisait mal de la voir dans un état pareil, je savais qu’elle l’avait fait pour mon bien même si ça paraît plutôt contradictoire vu qu’elle m’avait blessé mais elle le devait sinon j’allais mourir à cause de quelqu’un d’autre de son clan. Je ne sais pas si j’aurais pu faire la même chose, enfin, je veux dire que bien sûr j’aurais tout fait pour lui éviter une mort douloureuse ou d’être séquestrée mais je pense que je me serais brûlé volontairement pour m’auto-punir car je ne l’aurais jamais supporté alors je pouvais comprendre ce qui la dérangeait mais elle devait passer au-dessus de cet évènement, c’était du passé. Je lui fis un bisou sur la joue, on aurait dit un adolescent avec sa première petite amie à la seule différence que j’avais presque 3000 ans mais j’étais peur expérimenté dans le domaine de l’amour et des couples, les seuls que je voyais se déchiraient, se disputaient et ce n’était pas très aguicheur pour un éternel célibataire comme moi. Ma bouche s’est arrêtée près de son oreille pour lui chuchoter :
- Au moins je ne t’oublierai jamais.
Je me levai, faisant les 400 pas pour observer chaque recoin de la maison, plutôt spacieuse et paisible, mes mains vinrent se loger dans les poches de mon jeans et mon regard se concentra sur l’extérieur, je ne savais pas si elle avait besoin d’espace mais si c’était le cas, j’étais prêt à lui en laisser. I’ll be waiting.
- Si tu veux être seule, tu n’as qu’à me le dire… Et tu diras à ton amie qu’elle a une très jolie maison.

Alors, c’était ça aussi l’amour ? Etre bouleversé quand on blessait la personne que l'on aime ? Je culpabilisais de voir ce que je lui avais fait. J’aurais pu m’y prendre autrement, si j’en avais eu le temps. Il ne méritait pas d'avoir subit autant de souffrance, parce que je voulais absolument être convaincante auprès des Volturis. Je ne me voyais pas recommencer une deuxième fois. Si quelqu’un comptait lui faire subir le même sort, il faudrait d’abord me tuer. I can give my life for you. 

J’avais l’espoir que ces marques disparaissent et qu’il ne se souvienne pas de moi comme étant un monstre sans cœur. Je lui dévoilais encore une autre facette de moi, celle qui jusqu’à maintenant, se cachait derrière un masque pour effrayer ses adversaires. Quand je me retrouvais face à Silas, j’étais une personne totalement différente et c’était presque flippant. Je me sentais impuissante face à son sourire et la façon dont il me regardait. Cet effet qu’il produisait chez moi me rendait dingue. Je pouvais tout aussi bien avoir envie de lui sauter dessus après un simple regard, que de vouloir l’emmener avec moi à l’autre bout du monde quand il me disait « je t’aime ». Eurydice m’avait donné toutes les cartes en main pour ne pas ressentir le moindre sentiment. Je ne préférais pas imaginer si elle apprenait que je n’avait pas été fichue de me tenir. Déciderait-elle de me bannir de la famille ou d’essayer de me tuer ? J’avais confiance en cette femme, nous étions proches mais peut être pas assez pour qu’elle accepte ma décision. Tant pis, je voulais prendre ce risque pour lui.

Je relevais la tête après quelques minutes de réflexion.

-Je t’ai déjà laissé partir deux fois sans avoir su trouver les bons mots pour te faire comprendre que je tenais à ce que tu restes. Je ne veux pas ce que cela se reproduise.

Sa présence me suffisait et c’était la seule chose dont j’avais besoin. Depuis deux mois je tentais de me convaincre que cette histoire n’en valait pas la peine. Décidément, j’avais eu tords. Je voulais être avec lui, qu’il me considère comme la meilleure chose qui lui soit arrivé dans sa vie.  Je fis quelques pas vers lui, j’attrapais ses mains en entrelaçant mes doigts avec les siens. Je ressentais le besoin d’être affective, de lui faire comprendre que je désirais passer tout mon temps à ses côtés.

-Je t’aime aussi. Ne l’oublie jamais.

Non, vous ne rêvez pas. Ces mots étaient bel et bien sortit de ma bouche. Je venais officiellement de me mettre à nu devant un démon capable de me cramer. Et malgré nos différences, et nos dons opposés, rien ne nous avait empêché de développer des sentiments l’un pour l’autre. On risquait la peine de mort en nous rapprochant autant mais c’est aussi ce qui rendait cette relation encore plus excitante. La seule chose qui risquait d’être un obstacle, c’était nos deux rôles pour nos supérieurs. Je savais que Silas avait des consignes et qu’on avait besoin de lui tout comme les Volturi avaient besoin de moi. 

J’attirais Silas jusqu’à la chambre, résolue à finir ce que nous avions commencé mais plus en douceur. Je n’avais pas seulement envie de lui parce qu’il m’attirait physiquement, j’avais envie de lui parce que j’en étais follement amoureuse. La nuit allait certainement être courte pour nous deux. Je ne savais même pas quelle heure il était. Deux heures ? Quatre heures ? J'avais perdu la notion du temps depuis que j'avais posé les yeux sur lui. Ma seule préoccupation c’était lui. Et je comptais bien profiter de nos retrouvailles pour lui rappeler de quelle façon nous sommes tombés fous l’un de l’autre.

Lorsqu’elle a prononcé cette phrase, celle qu’elle avait eu tant de mal à sortir, mon cœur a fait des bons. Non pas que je l’avais dit pour espérer le recevoir en retour mais ça prouvait que derrière son attitude froide et distante, elle pouvait aussi aimer même si ça paraissait presque impossible et inimaginable. Un sourire se dessina sur mon visage, un automatisme je suppose, je n’ai jamais ressenti ça. On m’avait déjà dit ‘je t’aime’ mais je m’en foutais complètement, je n’étais pas le genre de démon qui restait pour une relation solide et stable, j’étais plutôt du genre à aller voir ailleurs après une nuit, comme je l’avais déjà dit, il n’y avait pas de sentiment, pas de raison de s’attacher, juste du plaisir éphémère. L’amour, je ne le connaissais pas, je savais juste ce que c’était, du moins le principe, je trouvais même ça débile mais bon, j’ai changé. Maintenant, je n’imagine pas un seul jour sans. Elle m’emmena vers la chambre histoire de terminer ce qu’elle voulait faire tout à l’heure avant qu’elle ne se rende compte de ce qu’elle m’avait fait. Encore une nuit que je ne saurais oublier… Her hands are in my hair, her clothes are in the room.
C’est un léger rayon de soleil qui m’a réveillé, évidemment, nous étions en hiver donc il faisait plutôt sombre dehors, aucune idée de l’heure qu’il était. J’étais toujours perdu dans mes pensées à repenser à nos ébats de la nuit passée. Mon œil droit s’est ouvert, ensuite l’autre, tout ça pour que je puisse voir l’extérieur par la fenêtre : la forêt. Je me suis doucement redressé, me retournant pour voir où est-ce que Diana se trouvait pour au final me rappeler que les vampires ne dormaient pas. J’ai vite saisi mon pantalon qui gisait au pied du lit et je suis sorti prendre un bol d’air frais, je voulais profiter de la vue que j’avais et du peu de lumière dehors. But the monsters turned out to be just trees.
J’étais toujours torse nu, non pas pour qu’on puisse m’admirer mais que je me sentais mieux comme ça, j’avais constamment chaud et enlever une couche ne pouvait me faire que du bien. Il faisait calme, j’écoutais attentivement le chant des oiseaux qui était plutôt plaisant à entendre et j’admirais les arbres qui se tenait face à moi. Mains dans les poches, regard vers le ciel bleu obstrué par quelques nuages qui laissaient passer peu de rayons lumineux, je pris une grande respiration en fermant les yeux. C’était le paradis. Rien ne pouvait perturber ce calme à moins que… She was running after us, I was screaming ‘go go go’ !
Sortie de nulle part, la fille d’hier soir apparut comme par enchantement de derrière le tronc d’un arbre, inquiète au début et ensuite heureuse en croisant mon regard. Elle se dirigea en marchant vers moi toujours aussi souriante que d’habitude, elle s’était plutôt bien remise de la vieille vu que c’était à peine si elle avait pu se souvenir de son âge. Jenna, si je me souviens bien, s’avança vers moi, une voix pétillante d’enthousiasme :
- Hey Silas c’est bien ça ?
Elle se souvenait de mon prénom, c’était déjà une avancée, si seulement elle avait vu son état la veille. Je me demandais encore comment elle avait réussi à le retenir et pendant que je réfléchissais, elle enchaîna avec une autre question.
- J’étais plutôt bien déchirée hier. Merci d’avoir essayé de me ramener chez moi, je ne comprends toujours pas pourquoi tu as couru après cette fille-là. C’est une folle, elle m’a gelée.
Merde, elle s’en rappelait aussi, décidément, il faudra que je la drogue la prochaine fois si je veux avoir une chance qu’elle oublie quelque chose autre que son prénom. Je pris un ton neutre pour lui répondre, je n’allais pas être nonchalant envers elle.
- Oui, je peux le confirmer. Elle ne t’a pas congelée, tu as sûrement dû boire de trop pour t’imaginer des choses pareilles.
- Si si je t’assure, tu ne l’as pas vu toi ?
- Non, tu as dû rêver.
- Mais alors, pourquoi est-ce que tu as couru après cette fille dans les bois ?
- Je connaissais cette fille, je devais lui parler de deux, trois choses et j’avais peur qu’il lui arrive quelque chose en forêt. Forks n’est pas le coin le plus sûr qui existe.
Elle acquiesça d’un haussement d’épaules, elle savait que j’avais raison et si elle savait le nombre de créatures surnaturelles qui rôdaient dans les parages, elle ne serait jamais venue jusqu’ici pour me voir.
- Comment est-ce que tu m’as retrouvé ?
- Je me suis rappelé l’endroit où tu étais parti et j’avoue que c’est un coup de chance car je ne vois pas non plus comment j’ai fait pour te retrouver.
Pas conne cette fille, assez pour oublier toute sa vie après quelques verres mais pas assez pour se souvenir des endroits que nous avions empruntés. Impressionnant dites-moi. Elle s’avança près de moi, mettant son doigt sur mon torse et le regardant en même temps, sa tête se leva. Elle était légèrement plus belle quand elle était sobre. Et sans que je ne m’y attende, elle colla nos lèvres pour m’embrasser. Cette fille est folle et si Diana voit ça, elle est foutue vu comment elle a maltraité les arbres hier…

En cette nuit de retrouvailles et après une nouvelle démonstration d'affection dont je passerais les détails, bien que celle-ci soit d'autant plus merveilleuse et douce que la première, j'attendis que Silas ferme les yeux pour le contempler un moment. Contrairement à lui, ma nature m'empêchait de trouver le sommeil. Je pouvais courir nuit et jour sans être épuisée, mais je dois reconnaître que c'était parfois un peu lassant, car le temps sans se reposer pouvait sembler plus long. Il était environs 4h du matin, et je n'avais pas bu une seule goûte de sang humain depuis plusieurs heures. Bien que la présence de Silas me comblait, je ne pouvais renoncer à cette soif qui me montait à la gorge. 

Je passais une main bienveillante dans les cheveux de l’homme qui dormait à poings fermés, puis piochais des vêtements un peu plus chauds pour sortir. Iris faisait à peu près la même taille que moi. Un simple slim et un sweat feront l’affaire. On me voyait rarement habillée de cette façon, étant plutôt habituée aux robes et aux petites tenues sympas mais je n’avais pas la tête à réfléchir. J’enfilais une paire de baskets, prête à partir à la chasse. 

J’ai gambadé dans la forêt jusqu’à l’aube sans trouver la moindre trace d'un humain, ce qui était étonnant, étant donné que les chasseurs étaient plutôt du genre à se lever tôt. J’allais devoir attendre l’après-midi, et ça m’ennuyait. Quand je voulais quelque chose, il me la fallait immédiatement. Mais je n'avais malheureusement pas le choix de rentrer et d'attendre qu'une meilleure occasion s'offre à moi.

Je stoppais net au moment où une voix féminine raisonna dans ma tête. Discrètement, je m'approchais de la résidence. Et voilà que j’ai aperçu cette connasse. Pitié, pas elle. Je fis un bond pour m’asseoir tranquillement sur une épaisse branche d’arbre tout en admirant le spectacle, et écoutant mot pour mot la conversation. Cette bouffonne avait cherché Silas pour le remercier. Jusqu’ici, tout allait bien. Elle considérait cette rencontre comme un « coup de chance », je soupirais en levant les yeux au ciel.

Les yeux rivés sur les deux individus, j'attendis LE moment pour intervenir. Cette cinglée s’était permise de faire ce que seulement MOI j’étais autorisée à faire. J’espérais pour elle qu’elle ne tenait pas à sa vie car j’allais la finir. Non seulement, elle avait touché SON torse mais en plus, elle l’avait embrassé. Je plaquais une main contre l’arbre qui gela, puis descendit en poussant volontairement Silas pour faire face à l’humaine.

-Tu ne veux pas essayer de m’embrasser aussi tant que tu y es ? Connasse !

Ma main décolla automatiquement sur sa joue, la projetant sur plusieurs mètres, puis jetais un regard sournois vers Silas afin de lui faire comprendre qu’il ne valait mieux pas pour lui qu’il s’en mêle. J’avais confiance en lui et je savais que ce geste affectif ne venait pas de lui. J’attendis que la traînée se relève pour accidentellement la transformer en… bonhomme de neige. Merde. J’essayais de reprendre mes esprits, la colère me faisais faire n’importe quoi. La pouffe reprit sa forme humaine, elle était totalement défigurée. Je plaquais celle-ci contre un arbre, la main droite accrochée à son cou l’empêchant de respirer.

-Répète juste après moi… JE NE CHAUFFERAI PLUS JAMAIS UN HOMME DÉJÀ PRIS.

Je relâchais ma main, lui laissant l’occasion de s’exprimer, tout en prenant un malin plaisir à l’écouter répéter gentiment ma phrase. Victoire. Mon poing vint violemment cogner ses côtes, puis dans sa face. Ça en devenait presque amusant. Je la plaquais à terre, lui faisant manger le sol. Le sang de ses égratignures commençait à me rendre hystérique. Etant encore un jeune vampire, j’avais encore du mal à maîtriser ma soif. J’avais tellement hâte de la savourer et de l’envoyer en enfer. Je relevais doucement sa tête pour planter subitement mes crocs dans son cou tout en l’écoutant crier de douleur.

-En silence ! Merci.

La jeune femme rendit son dernier souffle quelques secondes plus tard. Et tout en prenant un air tout à fait décontracté, je me tournais vers Silas avant de finalement essuyer avec ma manche les quelques goûtes sang coulant sur mes lèvres.

-J’ai cru comprendre que j’avais de la concurrence. Je me suis juste chargée de résoudre le problème.

Jenna avait commis l’irréparable, elle n’avait eu aucun moyen de savoir que j’étais amoureux d’un vampire, un vampire sadique qui n’hésiterait pas un seul instant à lui faire subir un enfer avant de l’exterminer. Je n’avais rien vu venir, la fille qui était sortie de nulle part et qui avait osé me toucher et m’embrasser n’allait pas faire l’enfeu contre Diana. J’aurais peut-être dû l’avertir que nous n’étions sûrement pas seuls, que si elle faisait ce genre de choses, elle allait en payer le prix plein mais je n’avais pas anticipé. Un bruit se fit entendre, de la glace je suppose et sans perdre un instant, Diana agrippa l’humaine pour me repousser afin que je ne puisse pas intervenir. Elle me jeta un regard plein de haine et de jalousie, je ne l’avais jamais vue encore aussi énervée et ça me fit froid dans le dos. S’en suivit ensuite des injures et des petites remarques pour qu’enfin, il y ait un peu de violence. Une claque, vous allez me dire que ça va encore mais pas quand c’est contre un vampire et surtout pas ce vampire. J’avais presque de la pitié pour l’être humain qui n’avait, en fin de compte, rien demandé et qui se retrouvait dans un combat qu’elle n’aurait jamais pu gagner de tout évidence vu la puissance incroyable que ce qui, je suppose, était ma petite-amie non-officielle. Bonhomme de neige pour redevenir humain, on pouvait presque voir toute la rage contenue à l’intérieur du vampire voire même de la fumée tant il aurait fallu que l’humaine parle pour la faire exploser. Diana la prit par le cou et la plaqua contre un arbre et sincèrement, je me demandais qui en avait le plus souffert : l’arbre ou Jenna ? Le spectacle était loin d’être fini parce qu’après lui avoir donné une petite leçon, elle la frappa violemment un peu partout, la violence était tellement grande que du sang commençait à couler et quelque chose me disait que le vampire n’allait pas tarder à goûter à ce breuvage. Il fallut attendre que l’humaine soit au sol pour qu’elle y plante ses crocs en lui ordonnant de crier en silence. Oh my god, oh my god.
C’est la bouche pleine du sang de la victime qu’elle se releva, je n’étais pas totalement sûr de son état mental actuellement, était-elle encore un peu énervée ou allait-elle vraiment mieux ? Dans ma tête, c’était comme un qui est-ce, j’éliminais chaque fille avec qui j’étais susceptible de reparler un jour par peur des représailles comme ce qui venait de passer. J’avais quelques amies démons et ça allait devenir difficile de rester en contact si ma ‘petite-amie’ était aussi jalouse avec tous les femmes qui m’approchaient à moins d’un mètre. Les seules que je pouvais à présent fréquenter étaient Diana, l’évidence même et la reine. Que Diana le veuille ou non, j’allais devoir rester moi-même, ce qui revenait à dire que je continuerai d’être aussi proche de certaines filles, pourquoi donc ? Pour les soupçons, éviter les questions qui porteraient sur mon statut et éviter de devoir mentir en disant que je suis célibataire. Ca ne passerait pas inaperçu si j’arrêtais, du jour au lendemain, de parler à certaines personnes, trop de questions seraient en suspend et je n’avais aucune envie de dire que celle que j’aimais était un vampire sanguinaire, c’était pour notre protection. They got no idea about me and you.
Madame pensait avoir de la concurrence, forcément vu qu’elle m’avait observé tenir Jenna par la taille et que cette dernière avait eu l’audace de m’embrasser. Je fis mine de ne pas être inquiet de la santé mentale de Diana et je dis :
- Je n’appelle pas ça de la concurrence, à partir du moment où on sait que cette fille n’avait aucune chance avec moi.
Je pris le risque de m’avancer vers elle, doucement pour lui montrer que je ne voulais pas l’agresser ou lui faire des reproches et arrivé derrière elle, je la pris par la taille et je posai ma tête sur son épaule. Un bisou sur la joue en espérant l’apaiser et me concentrant pour brûler le corps de la jeune fille sans vie qui était vide de sang, je fermai les yeux pour ne pas voir le cadavre. Je me posais plusieurs questions mais je préférai lui demander directement.
- Pourquoi es-tu aussi jalouse ? Tu as peur de me perdre déjà maintenant ou qu’on me vole car si c’est le cas, la liste de filles à tuer est plutôt longue et je n’ai pas envie que tu tues des gens pour moi.

Je l’ai laissé se rapprocher, gardant un œil sur le cadavre de l’humaine. Elle était dans un sale état. Peu importe, c’était mérité et j’avais comblé ma soif. Je relevais ma main pour l’accrocher derrière la nuque de Silas pendant que celui-ci se penchait derrière-moi pour m’embrasser sur la joue. Je remarquais qu’il aimait bien ce genre de petit geste affectueux et ça ne me déplaisais pas, c’était même mignon. Je soufflais comme pour relâcher toute la pression de tout à l’heure. Selon le démon, cette fille n’avait aucune chance avec lui. Je le sais mais laisse-moi m’amuser un peu. Il se demandait pourquoi j’avais réagi de cette façon, à croire que j’étais devenue cinglée. J'observais le cadavre brûler, histoire de ne pas croiser le regard de Silas.

-Moi, jalouse ? J’avais juste faim, c’est tout.

Un sourire se dessina sur mon visage en repensant à la scène. Qu’est-ce qu’il ne fallait pas faire pour un homme. Je me tournais pour faire face au démon en prenant un air innocent.

-Donne-moi la liste et je verrais ce que je peux faire.

Tout en gardant une fière allure, je tournais les talons pour rejoindre la maison. J’espérais que Silas regarde bien de haut en bas la chance qu’il avait de m’avoir. Il avait tort de penser que j'étais du genre jalouse car ce n’était pas le cas... Enfin, je n’en sais trop rien. En fait, je n’avais jamais ressenti ce genre de sentiment jusqu’à ce que je le rencontre.

Je jetais mes vêtements par terre pour me glisser dans un bon bain chaud et moussant, rien de mieux pour se relaxer. Je n’allais pas passer ma journée avec l’odeur d’un cadavre sur moi. Ma température corporelle était assez froide. Nous les vampires, n’étions pas des chauffages contrairement aux humains. Avoir un démon comme partenaire était un plus. Quand nous étions corps à corps, je pouvais ressentir sa chaleur. A vrai dire, c’était exquis. Je me perdis dans mes pensées pendant plusieurs minutes en fixant le plafond. Silas et moi ne pourrions jamais être l’un de ces couples normaux à cause de notre nature, nous ne serions jamais à l’abri du danger. Et quelque part, ça me blessait. J’entendis des pas se rapprocher, supposant qu’il s’agissait de celui avec qui je venais de passer la nuit.

-Je suis consciente du fait que l’on va devoir faire comme si il ne se passait rien entre nous. Je dois t’avouer que ça ne va pas être simple.


A Volterra, j’avais suffisamment de conquêtes capables de se poser des questions si je ne me comportais pas comme d’habitude. Je me voyais mal accepter de me lancer dans des histoires d’une nuit alors que je n’aimais qu’une seule et unique personne. J’allais devoir réfléchir à des excuses. Un vrai bordel.

-Tu as ton lot d’admiratrices et moi aussi. Mais est-ce que tu es vraiment sûr de vouloir être avec moi ? 

Je ne doutais pas de son honnêteté, il avait lui-même dit qu'il m'aimait mais j'avais besoin d'être sûre de ce qu'il souhaitait, de savoir ce qu'il attendait de cette "relation".

Elle nia le fait d’avoir été jalouse. Tu l’avoueras un jour Diana. Après m’avoir demandé cette liste, elle partit en direction de la maison, elle marchait d’un pas lent comme pour faire son mannequin et après quelques secondes, mon regard se tourna vers le spectacle de flammes juste à côté de moi et je cessai le feu. Elle était cuite à point. Je m’avançai près du cadavre calciné, fermant les yeux légèrement désolé pour cette pauvre jeune fille et je suivis Diana dans la maison. Wherever she goes, I go.
Je me fis guider par le bruit de l’eau qui coulait, la maison n’était pas immense mais je ne connaissais que la pièce principale et la chambre alors, ce n’était pas facile de se repérer. Il se trouve que mademoiselle prenait son bain tranquillement après avoir commis un meurtre, sans trop de pression. Elle entendit mes pas qui approchaient et elle me questionna sur notre relation. La relation qui allait être la plus dure pour l’un comme pour l’autre, on ne se verra jamais, elle a Volterra, moi, près des miens. Pas de contact physique, ne pas être vu en public avec elle, ne pas lui parler au risque qu’on lise nos messages, ne pas la rejoindre sans mourir. Il fallait éviter toutes les questions telles que ‘tu sors avec moi ce soir ?’ ‘Tu es en couple ?’. Le pire c’est que c’était dans ma nature d’accepter ce genre de requête, les coups d’un soir, ça me connaissait, certaines voulaient plus mais je les ai toujours rejetées car je n’avais aucune envie d’être en couple à ce moment-là. J’étais plus un coureur de jupons, je ne restais jamais, je préférais changer de partenaire chaque soir que de coucher avec la même personne 2 fois. Il fallait que je trouve des excuses et vite. Puis vint la fameuse question de si je le voulais vraiment, évidemment que je le voulais même si ça allait changer mon quotidien du tout au tout. I want you for worse or better.
- Bien sûr que je veux essayer, de préférence sans me faire tuer.
Il me fallut un petit moment de réflexion pour trouver une solution mais je n’étais pas sûr que ça lui fasse vraiment plaisir… Mon plan était de demander à une fille de faire semblant de sortir avec moi, bon, j’avoue que c’était plutôt une technique d’adolescent pour rendre jaloux quelqu’un mais ça résoudrait quelques problèmes. Plus de filles qui s’approchent de moi, plus de questions indésirables, je n’avais qu’à tenir la main de cette fille quand nous étions ensemble, pas de sentiment, pas de coup d’un soir, rien de ressemblant avec un couple enfin, c’est ce que les autres ne verront pas. Baby believe me.
- J’ai une idée qui ne va pas te plaire.
Je pris une grande inspiration, je ne m’attendais pas à ce qu’elle saute de joie pour me féliciter d’avoir trouvé une idée pareille mais c’était une des meilleures choses que je pouvais faire. La reine me connaissait bien et si elle ne me voyait pas draguer quelqu’un, elle allait vite découvrir ce qui se tramait. You said there was nothing in the world that could stop it.
- Je vais contacter une fille, lui demander de faire comme si c’était ma petite-amie pour ne pas éveiller les soupçons et comme ça, on me lâchera plus souvent et on pourrait se voir même si tu es en Italie…
J’étais énervé qu’on ne puisse pas être ensemble officiellement mais c’était impossible ou alors, l’un de nous deux devrait en mourir. Les Volturis devaient déjà être en train de me chasser et si on apprend que j’ai vu un vampire et que j’ai couvert un de ses crimes, je risquais gros. Je m’avançai de Diana en m’accroupissant et en m’accoudant à la baignoire pour être à sa hauteur. Ca ne plaisait pas de devoir mentir sur ce sujet mais si j’y étais obligé pour nous protéger, je le ferais. J’avais une amie de longue date qui m’aimait bien depuis quelques siècles, pour elle, ça aurait été une occasion en or et ça m’aurait rendu service. Personne ne doit savoir que Diana et moi sommes en couple, personne ne doit nous apercevoir ensemble, personne ne doit nous entendre. Je mis ma main sur sa joue, caressant sa peau à la fois douce et froide et je fis un sourire désolé. C’était un peu comme certaines stars qui sortaient ensemble juste pour leur notoriété ou pour leur faire de la pub sauf qu’ici, c’était pour nous éviter une mort certaine. I would do anything for you.
- Si tu veux, je peux même te montrer c’est qui avant pour que tu approuves. Je n’ai aucune envie qu’on me demande de coucher avec quelqu’un juste parce que c’est ma réputation.
Je sentais que c’était dur à dire, que c’était dur d’entendre ça mais je lui laissai quand même le choix de ce que j’allais faire, après tout, je l’aimais et elle m’aimait. Elle pourrait me demander n’importe quoi je le ferais.
- Si ça ne te plaît pas, on trouvera quelque chose. Je ne peux pas me passer de toi Diana et je n’ai pas envie que tu me quittes pour aller avec quelqu’un d’autre que je ne connais pas. Je t’aime tellement… Je ne ferai jamais rien pour te blesser.

Plongée dans mes pensées, essayant de trouver un moyen pour nous deux, je revint à la réalité quand Silas fit son apparition. Je fis mine de me sentir totalement à l’aise alors qu’en vérité, j’étais complètement troublée par l’avenir de notre relation. Est-ce que nous étions capables de vivre dans le secret ? De supporter la distance ? En vertu de la situation, nous n’avions pas vraiment le choix. Pour une fois dans ma vie, j’aurais préféré faire partie des siens juste pour que nous soyons tranquilles. Ou alors, si j’avais pu le transformer en vampire sous sa permission, je l’aurais fait. J’avais beau chercher un élément de résolution, il n’y avait aucune issue, mis à part rester tout deux dans l’ombre. Silas avait raison, nous risquerions de nous faire tuer en nous exhibant un peu trop. Je ne voulais pas qu’il meurt ni qu’il souffre par ma faute.

J’écoutais sa proposition qui, selon-lui n’allait pas me plaire. Et honnêtement, j’aurais préféré ne jamais l’entendre. Il suggérait de se cacher derrière une fausse relation avec un démon. Je fermais les yeux, cherchant à garder mon calme. Je ne voulais pas lui montrer combien ça me dérangeait. J’affichais un sourire nerveux, espérant qu’il ne remarque pas que j’étais sur le point de sortir de la baignoire et de lui plonger la tête dedans. Au lieu de ça, je me plongeais un peu plus dans le bain, ne laissant qu’à la surface la vue de mes petits yeux rouges. Prends sur toi, Diana. Il tenait même à me présenter la fille choisie. N’avait-il toujours pas compris que je haïssais le voir aux côtés d’une autre ? S’il avait la réputation d’un homme qui couchait à droite à gauche, ce n’était pas mon problème. Et sa petite méthode désespérée pour me rappeler qu’à ses yeux je restais toujours la huitième merveille du monde me fit encore plus bouillir. Je me redressais doucement, mécontente.

-Tu veux me faire croire que tu comptes la priver de tout geste affectif et de sentiments ? Tu ne penses pas qu’elle va se poser des questions ?

Non, il n’était pas question qu’il laisse une fille s’approcher de lui juste pour ça. Je réfléchissais à d’autres solutions toutes aussi nulles les unes que les autres. En y réfléchissant, sa technique n’était pas si bête mais ça me détruisait de l’admettre.

-Très bien, fais comme tu le sens.

Traduction, tu vas le regretter, dans ma tête je t’ai tué dix milles fois, ta copine qui va te servir de couverture a intérêt à courir vite. Bref, cette idée tu la sort de tes pensées. Je posais une main sur la sienne, priant pour qu’il ne remarque pas le moindre signe de jalousie et en essayant de jouer les têtues.

-Il y en a qui seront ravis d’apprendre que j’ai moi-même besoin d’un pauvre vampire pour dissimuler ma relation avec un vilain démon. 

Evidemment, je ne comptais pas faire comme lui. Cela risquait de paraître suspect si je proposais à un vampire de se faire passer pour mon petit ami. Et surtout, on me connaissait comme le genre de femme qui ne cherchait pas du tout à se poser avec quelqu’un. Les hommes du manoir le savaient, je leur avais répété des milliers de fois. Si du jour au lendemain je décidais de m’afficher en couple avec quelqu’un, ça paraîtrait étrange. Je ne me voyais pas non plus coucher avec l’un d’entre eux pour assurer notre protection. Conclusion, je me suis foutue dans une merde phénoménale en tombant amoureuse d’un démon. De plus, je ne voulais pas assumer cette jalousie qui me rongeais. Vu la carrure de Silas, il était évident qu’il avait beaucoup de filles à ses pieds. Et même s’il prétendait ne pas vouloir qu’on lui demande de coucher avec lui, j’avais bien peur qu’arrive un jour où il y soit obligé.

-Tu es sûr de vouloir faire ça ? 

Je lui laissais l’occasion de réfléchir encore à son idée, je ne voulais pas qu’il le fasse et je n’arrivais pas à lui faire comprendre. Depuis le début de la conversation, je tentais de contrôler mes émotions pour ne pas finir dans un bain glacé.

Ça se voyait, ça se sentait : cette idée la mettait en rogne. Elle n’osait toujours pas l’avouer et elle faisait mine de rien, elle jouait sur le revirement de situation en proposant la même chose que moi ce qui ne l’enchantait pas plus que moi mais visiblement, j’arrivais à mieux le cacher qu’elle. Je pris une voix dramatique et en même temps neutre qui ne reflétait pas mes émotions :
- Si tu dois sortir avec un vampire pour te protéger, je ne vais pas m’y opposer.
Je ne le voulais pas bien évidemment mais je n’étais pas non plus du genre jaloux compulsif et vu comment elle avait tué Jenna, elle n’oserait pas me tromper et elle ne voudrait pas me voir embrasser une autre. J’imaginais déjà la manière dont elle allait tuer ma fausse partenaire, sûrement à la transpercer avec ses pics de glace jusqu’à ce qu’elle succombe de ses blessures et bizarrement, ça me faisait plaisir de voir qu’elle était jalouse même si elle refusait de l’admettre. Sa main s’était posée sur la mienne, on aurait dit une mère qui voulait rassurer son enfant, c’était presque mignon. Mes yeux croisèrent les siens et un sourire fit son apparition sur mon visage. Je t’aime tu sais… J’étais en train de réfléchir à d’autres solutions, celle que j’avais évoquée plus tôt n’aurait pas été si mauvaise si je n’avais pas la petite-amie la plus possessive de la planète. Ça ne m’aurait pas dérangé surtout que la fille qui devait jouer son rôle n’était pas si mal et le coup d’un soir que j’avais eu avec elle n’était pas loin derrière celui avec Diana. Une femme plutôt charmante et séduisante qui avait été toujours proche de moi, un ami m’avait même rapporté qu’elle aurait quelques sentiments pour moi et j’avais légèrement peur qu’elle ne prenne cette fausse relation trop au sérieux c’était d’ailleurs pour ça qu’il valait mieux que je ne la touche pas sinon elle m’aurait sauté dessus.
- La priver non vu qu’elle m’aime déjà.
Premier coup, pas des moindres, une légère entaille pour préparer le deuxième coup de poignard qui s’annonçait être plus relevé que le premier.
- Elle aura juste le droit de me tenir la main en public mais il n’y aura pas de sentiments de mon côté. Si cela peut nous protéger tous les deux, je n’hésiterais pas.
Ce que je ne disais pas c’est qu’il fallait qu’on s’embrasse au minimum une fois en public pour confirmer notre ‘relation’. On sautera ce petit passage qui risquerait d’être désastreux. Je me relevai pour aller dans la cuisine, ça m’étonnerait que son amie vampire ait un frigo rempli de provisions pour humains mais sait-on jamais… Il faudra que j’aille faire les courses en rentrant car je n’allais pas tenir des plombes sans avaler un seul bout de pain. Je me dirigeai vers la chambre pour retrouver mon t-shirt d’hier soir pour retourner ensuite dans la salle de bain pour me laver, la baignoire étant occupée, je me positionnai devant l’évier, laissant couler l’eau pour me la jeter à la figure et en mettre dans mes cheveux. Les gouttes tombèrent sur mon torse toujours aussi nu et après m’être emparé d’un essuie, je fis tout mon possible pour me sécher. Enfilant mon t-shirt, je sortis :
- Cette fois-ci, c’est moi qui garde mon haut.
C’était plutôt paradisiaque ici, une jolie petite maison perdue parmi les arbres avec la fille que j’aimais qui était nue dans la baignoire. On se serait presque cru dans un de ces films mais la réalité reprenait le dessus à chaque fois que j’arrivais à m’évader, ça aurait été tellement plus facile de sortir avec un démon, ça aurait créé moins de problèmes et nous n’aurions pas dû autant nous cacher. Cependant, j’avais près de moi la plus belle créature que j’avais vue en plus ou moins 3000 ans d’existence et je n’aurais échangé ça pour rien au monde. Il fallait qu’on trouve des solutions, il fallait qu’on trouve des excuses, je ne serai jamais l’homme toujours présent pour sa femme, à des milliers de kilomètres d’elle chaque jour, comptant désespérément les heures avant qu’elle ne revienne, devant me cacher avec une autre pour ne pas être suspecté. Je ne l’attendrai jamais à l’aéroport, je ne l’embrasserais jamais en public, tout cette histoire devait rester secrète. Je devais profiter de ce moment comme si c’était le dernier car c’est un des seuls moments où nous étions seuls et en paix. Elle n’allait pas tarder à repartir à Volterra pour son boulot de bourreau sadique professionnel et je n’allais pas pouvoir profiter d’elle longtemps. Je pris une voix plus triste et je lui demandai :
- Quand est-ce que tu dois repartir en Italie ? Que je sache combien de temps est-ce que je peux profiter de ta présence.
Je m’avançai vers elle pour l’embrasser dans le cou et ensuite sur ses lèvres, je n’avais jamais fait ça auparavant vu que je n’avais jamais été en couple. Me voir aussi doux n’était pas habituel et si la reine me savait comme ça, elle me verrait autrement…

J’étais furieuse, enragée et tout simple bouillonnante. J’avais le sentiment de subir un test pour vérifier si j’étais officiellement jalouse ou non. Comment arrivait-il à garder autant son calme quand je lui parlais de vouloir sortir avec un autre que lui ? Je n’aimais pas ce qu’il me faisait ressentir. Il semblait se ficher pas mal de cette idée. Fallait-il que j’embrasse un homme devant lui pour qu’il réagisse ? Bien que mon cœur soit gelé depuis plusieurs années, j’avais presque peur que celui-ci lâche prise quand Silas m’a annoncé que la fille dont il parlait avait des sentiments à son égard. L’eau de la baignoire commençait à geler, je m’efforçais de penser à autre chose pour ne pas finir congelée. Arrête ça, je vais te tuer.

Je positionnais ma tête en arrière pour me concentrer sur le plafond. La glace commençait enfin à fondre grâce à la chaleur de l’eau. Mes yeux se sont fermés à nouveau pour ne pas exprimer le moindre brin de jalousie dans mon regard, chose qui ne dura pas longtemps. J’imaginais cette fille lui tenir la main et le regarder comme s'il n’y avait que lui qui comptait, Silas l’embrassant pour convaincre son entourage qu’il était totalement attiré par elle. Hors de de question.

Ce moment relaxant fût de courte durée. Je croyais que m’être débarrassée de cette petite humaine suffirait à chasser cette jalousie mais il n’en n’était rien. J’étais toujours dans le même état et je n’allais pas réussir à prendre sur moi indéfiniment. Je restais muette un moment en observant Silas défiler dans la salle de bain pour se redonner bonne mine. Je me mordillais la lèvre en le dévisageant de la tête aux pieds. J’en ai marre que tu me fasses craquer.

Il évoqua alors le sujet que je ne voulais pas entendre, mon départ. J’étais partie de Volterra sans prévenir les miens et ils allaient finir par se questionner sur mes allés-retours. Ma « famille » n’avait aucune idée de l’endroit où je me trouvais et j’allais devoir trouver un mensonge bien constructif pour ne pas éveiller les soupçons, j'allais devoir mentir à ma propre créatrice. Je me penchais vers la chaise où j’avais déposé deux serviettes après que SIlas ait déposé un tendre baiser sur mes lèvres. Je me levais, enroulant une serviette autour de ma taille, puis penchais la tête sur le côté pour essuyer ma chevelure humide. 

-Dis plutôt que tu as hâte de retrouver ta chère amie dont je me fiche de savoir le nom.

En fait si, je tenais à connaître son nom, histoire de me rappeler à qui j’allais avoir à faire. Je me rendis dans la chambre à la recherche de nouveaux vêtements. Je n’arrivais pas à trouver mon bonheur, Iris avait tendance à trop s’habiller en civile. Dans sa commode, on ne trouvait que des sweats, débardeurs, t-shirts, sous-vêtements banals et slims. Il n’y avait pas une seule robe, ça me décevait.

-Il faudrait que je parte ce soir. Je ne vais pas faire attendre trop longtemps mon futur petit ami vampire.

Je préparais un lot de vêtements pour ainsi le déposer sur le lit. Il était évident que j’allais certainement mettre une éternité à décider de ma tenue du jour. Je redressais ma serviette, désespérée par les goûts de mon amie. Mes pensées continuaient encore à me jouer des tours avec les folles idées du démon. La fenêtre de la chambre s’est mise à geler. Je relâchais le vêtement que je tenais dans mes mains. Mes yeux se fermèrent, j’étais frustrée de ne pas pouvoir maîtriser mes émotions.

-Et si je disais que ton idée est la dernière chose que je souhaite ? 

Je m’asseyais sur le lit pour faire face à Silas en effleurant du bout des doigts la couverture dont la matière était douce.

-Silas, je ne veux pas d’un autre homme, ni que tu fasses semblant d’être avec une fille de ton clan parce que… Je t’aime, bordel. Je n’ai jamais ressenti ça pour qui que ce soit, c’est encore nouveau pour moi. Tu as éveillé en moi des sentiments que je ne connaissais pas jusqu'à aujourd'hui. Et ça me rends dingue de t’imaginer avec une autre. 

Ce n’était pas un sujet douloureux et je savais que l’évoquer n’était pas forcément joyeux mais il aurait, de toute façon, fallu en parlé et que ce soit maintenant ou dans 1 heure n’aurait rien changé à la réponse finale. Nous avions jusqu’à ce soir pour profiter de l’autre ce qui ne nous laissait pas beaucoup de temps à vrai dire. On aurait dit qu’avec ma question, je voulais me débarrasser d’elle au plus vite mais en réalité, j’avais besoin de savoir quand est-ce que j’allais devoir être séparé d’elle pour que je me prépare à son absence mentalement. C’était plutôt délicat vu que quelques secondes plus tôt, nous étions en train de parler sur le possible fait que je la ‘trompe’ pour notre couverture et elle ne manqua pas de le souligner. N’importe qui m’aurait dit qu’il savait que je n’avais aucun sentiment pour ce démon ni pour quelqu’un d’autre mais j’étais encore un inconnu pour elle, un étranger qui l’aimait plus que n’importe qui. Même en essayant de me rendre jaloux, je n’avais pas bronché comme si ma jalousie était momentanément partie en vacances afin de rester calme et un peu distant. Elle finit par me dire que l’idée ne lui convenait pas, ce qui, je ne vous mens pas, ne m’étonna pas et poursuivit sur le fait qu’elle m’aimait et qu’elle ne voulait pas me voir avec quelqu’un d’autre. Propriété privée. Mes yeux tantôt perdus dans la forêt vinrent se poser sur son doux visage, l’entendre avouer sa jalousie, enfin presque, m’avait redonné le sourire que j’avais perdu en parlant de son départ. If you walk away, I beg you on my knees to stay.
- Je t’aime Diana, tu le sais…
Je ne voulais pas faire semblant de sortir avec une fille pour mon propre plaisir ou pour la tromper, je ne voulais pas qu’on lui fasse de mal, que ce soit un démon ou un vampire. Personne ne devait pouvoir lever la main sur elle. Ça ne se voyait peut-être pas mais je me préoccupais de ce qu’il allait se passer pour elle, les Volturis, comme j’avais pu le constater, n’étaient vraiment pas des tendres et savoir qu’elle pourrait être torturée comme je l’avais été me rendait malade. Je ne voulais pas qu’elle souffre, elle ne méritait pas ça. You deserve better.
- Et si je t’ai proposé cette idée, c’est pour nous protéger, te protéger. Je préfèrerais mourir plutôt que de savoir qu’on t’a torturée à cause de moi.
Je n’appréciais pas qu’elle se mette dans l’embarra à cause de moi, pourquoi fallait-il que l’amour nous tombe dessus ? Maintenant, j’avais peur, peur pour sa sécurité, son intégrité et si quelque chose lui arrivait en Italie ? Comment est-ce que je pourrais la protéger alors qu’elle sera sur un autre continent ? Plus j’y pensais, plus je m’inquiétais, vu ses dons et son autorité, Diana n’avait pas de souci à se faire niveau de sa sécurité là-bas. Et même si j’y allais, je me ferais sûrement tabasser par les gens de son espèce, je n’avais pas le droit d’aller à Volterra. Je n’étais qu’un démon et elle, elle faisait partie du clan le plus puissant des vampires. This is why we can’t have nice things, honey.
- J’ai peur qu’il t’arrive quelque chose Diana mais ce qui m’angoisse le plus c’est que je ne serai même pas là pour te défendre.
Je pris sa main, le froid de sa peau ne me faisait plus frissonner à croire que je m’y étais adapté et j’entrelaçai nos doigts. Ce geste me rassurait, pas énormément mais je me sentais moins inquiet, si j’avais su que l’Amour était un sentiment qui rapportait avec lui de l’inquiétude, je m’en serais méfié. J’avais beau regardé partout, mon regard se posait toujours sur elle, elle qui était si magnifique et si… Parfaite ? Ça ne m’étonnait qu’à moitié qu’elle ait une foule d’admirateurs, ça aurait pu être un mannequin. La seule chose pour laquelle on pouvait ne pas l’aimer c’était son côté sadique et malicieux, le côté que je connaissais le moins d’ailleurs bien que j’avais dû subir, il y a plus d’un mois, son châtiment. Je pensais même que son côté doux et affectueux était méconnu de son entourage, qui aurait pu se douter de ça ? Elle cachait tellement bien ses sentiments, la preuve étant qu’il lui avait fallu 3 mois pour qu’elle me sorte un ‘je t’aime’ et pour l’avoir, j’avais dû subir toutes sortes de phases, l’oubli, les retrouvailles, la torture, sa jalousie et enfin le moment tant attendu. J’étais fou de l’aimer, ma réputation de démon qui n’aime aucune autre race se démantelait petit à petit, comme si j’aimais tellement le danger que pour vivre, il me fallait être sous pression. De nos jours, les gens s’en foutaient pas mal des règles, quitte à en braver une bravons-les toutes. I just wanna break the rules.
- Promets-moi que s’il t’arrive quelque chose là-bas, tu me le diras. Je ne veux pas que tu me caches des choses pour ne pas que je m’inquiète.

Je venais de m’adresser à lui comme s'il représentait la seule chose la plus importante à mes yeux et c’était le cas. Depuis notre rencontre, je ne pouvais m’imaginer dans les bras d’un autre que lui. Les vampires qui m’entouraient risquaient de ne pas bien comprendre les raisons de ma prise de distance avec eux, mais c'était le cadet de mes soucis. Mais que pouvais-je bien inventer comme excuse ? Pendant un instant une idée m’est venue en tête, celle de faire croire à une soudaine attirance pour les femmes. Mais même en révélant cela, j’imaginais déjà les quelques petites demoiselles du manoir me courir après pour s’assurer de la réalité de cette confidence. Mauvaise idée.

Silas voulait nous protéger et c’était attendrissant. Son idée ne partait pas forcément d’une mauvaise intention mais je ne la supportais pas. Je ne me voyais pas faire espérer un vampire pendant que lui se cacherait derrière un démon. Nous devons juste faire en sorte d’être discrets et de ne rien faire pour nous attirer les sentiments des autres. Il m’arrivait souvent de jouer les provocatrices en Italie, ce qui avait tendance à rendre fou les hommes. Il était évident que je comptais faire une croix sur ça, mais je devais également faire comme si Silas n'existait pas. Quand j’aurais le droit à la fameuse question « Et alors, les amours ? » je hausserais les épaules en prétextant que jamais je n’aimerais n'importe qui d’autre que moi.

Je m'avançais pour me blottir dans ses bras. Je n’avais pas besoin que l’on me protège mais quand j’étais à ses côtés, j’éprouvais la sensation d’être totalement en sécurité, que rien ne pouvait m’arriver. Je ne pouvais rien lui cacher, seulement, je ne voulais pas qu’il s’inquiète.

-Il ne m’arrivera rien. Ils ne seront jamais pour nous. Tu as devant toi la plus futée de tous les vampires.

J’agrippais mes mains autour de sa nuque en le dévisageant, je réalisais que j’avais de la chance d’avoir quelqu’un comme lui, un homme qui ne se souciait pas de moi que pour une simple histoire d’un soir mais parce qu’il avait de réels sentiments.

-Cependant, je peux te promettre que je ne laisserai jamais personne toucher à un seul de tes cheveux, tu m’entends ? Personne. Je me fiche du règlement, quitte à devoir faire un pas dans ton monde, je le ferais. Je n’ai pas peur de devoir prendre des risques pour toi.

Inclinant légèrement ma tête sur le côté, j’ai approché mes lèvres pour partager un tendre baiser amoureux. Mes mains parcoururent ses bras musclés. Je me sentais toute maigrichonne à côté de lui, bien que ma force soit légèrement au-dessus de la sienne. Il s’entretenait plutôt bien et je peux vous dire que ça ne me dérangeait pas le moins du monde. Je pense que n’importe quelle fille aurait craqué devant ce genre de carrure.

Après avoir tout bonnement profité d’un petit moment à nous échanger quelques baisers, je me décidais enfin à m’habiller avec une tenue plutôt correcte mais qui ne me plaisais pas plus que ça. Slim, talons, t-shirt et veste sans prétention. Ce style vestimentaire me changeait des petites tenues habituelles mais j’allais devoir faire pareil à Volterra si je tenais à ne pas m’attirer tous les regards, même si je savais que les regards ne se portaient pas que sur mes tenues. On me répétait sans cesse que j’avais une gueule d’ange, ce qui parfois me faisait perdre toute crédibilité. Je n’y pouvais rien malheureusement.

-Tu n’es pas du genre possessif à ce que j’ai cru comprendre ?

Je jetais un œil dans les tiroirs du salon par simple curiosité. J'y trouvais la clé d'une voiture, probablement de celle qui se trouvais dans la cours. Mon attention se porta sur cette boite contenant un stock de lentilles de différentes couleurs. Avec nos yeux rouges flippants, ça ne m’étonnait pas de savoir que Iris en utilisait pour se fondre dans le décor des humains. C’était même une assez bonne idée. Me plaçant devant un miroir, je teins première lentille de couleur marron du bout des doigts en soutenant soigneusement ma paupière inférieure, puis tirais délicatement vers le bas de ma paupière inférieure avec un autre doigt pour la placer progressivement. Je fis de même avec la deuxième. J’avais tout simplement l’air d’une petite humaine inoffensive ressemblant étrangement à celle avant ma transformation. Je me tournais pour regarder Silas en lui tendant les clés de la voiture qui semblait être une BMW. Iris avait des goûts de luxe. N'ayant pas le même rythme de marche, il était plus simple de nous déplacer avec un moyen de locomotion. Et c'était beaucoup plus discret.

-Ces lentilles interpellerons déjà moins le regard des autres quand je suis avec toi. Tu veux que l’on aille faire un tour ? 

En plus de savoir qu’elle était aimée, elle se vantait d’être la plus futée des vampires, ce qui ne m’étonnait pas vu que je prenais une bonne partie de cette espèce pour des cons. Et bien j’avais de la chance, j’étais tombé sur la plus somptueuse et la plus intelligente des créatures à ce jour, il avait juste fallu attendre 3000 ans pour la trouver mais c’était un léger détail. Une promesse, celle que personne ne me touchera, j’y croyais peu car si la reine voulait punir un démon pour son comportement ou un de ses actes, elle le fera. Sa garde et sa cour, étant très protectrices, n’auraient jamais laissé un intrus, un vampire de plus, venir ne serait-ce que l’effleurer. La reine était très respectée, c’était comme une déesse chez nous et nous devions la protéger quoi qu’il en coûte. Il ne pouvait rien lui arriver.
- Si la reine décide d’un châtiment pour moi, je devrais l’accepter et tu ne pourras rien y faire. Tu ne t’en rendras même pas compte, je cicatrise plutôt vite quand il s’agit de tortures destinées aux démons.
S’en suivit une séance où l’on s’échangea quelques baisers, ses lèvres étant parfaites pour que j’y pose les miennes. Après ce petit moment de tendresse, madame décida de s’habiller. Il était temps. Je la suivis du regard pendant qu’elle enfila sa tenue du jour qui lui allait plutôt bien voire très bien. La question qu’elle me posa était la suivante : étais-je quelqu’un de possessif ? Pour être franc, je ne savais pas très bien ce qu’était la jalouse, j’avais déjà pu observer des gens qui étaient jaloux au point de piquer une crise juste parce qu’un tel avait touché, sans faire exprès, le bras de la damoiselle mais à part en observation, je ne l’avais jamais ressenti. Peut-être était-ce parce que je n’avais jamais été amoureux auparavant ou c’était tout simplement dans ma nature.
- Non comme tu as pu le remarquer, pas comme certaines personnes du moins…
Oui je la visais clairement dans cette dernière phrase mais même si elle ne l’avait pas avoué totalement, ça sautait aux yeux. Rien qu’à voir le cadavre calciné de la jeune fille du bar qui était dehors au sol était une preuve suffisante pour démontrer le fait que Diana n’avait aucune envie qu’une fille me parle ou me touche, ça en disait long sur son petit caractère. Alors que j’étais en train de réfléchir à ce qu’il pouvait se passer si j’avais le malheur de parler à une fille et que Diana l’apprenne, elle continua à sortir des affaires des tiroirs de cette maison. J’espérais pour elle que son amie ne l’engueule pas pour le bordel que Diana était en train de causer. Je crus entendre des bruits d’objets métalliques et avant que je ne puisse me lever pour faire mon curieux, elle se retourna, clefs de voitures en main et quelque chose avait changé. Ses yeux avant rouges pour montrer son régime alimentaire à base de sang humains avaient miraculeusement virés au brun et je ne pus m’empêcher de les admirer un peu plus en laissant s’échapper un petit commentaire. You’re so gorgeous.
- Je n’arrive pas à savoir si te voir avec des yeux d’humaine te rend plus sexy que d’habitude ou non.
Elle me tendit les clefs pour que je conduise me laissant le choix de la destination et sans trop réfléchir je lui répondis par l’affirmative en me dirigeant vers la voiture qui était garée près de maison. Une sublime voiture que je pris le temps d’admirer, je n’en avais jamais vue des pareilles, moi qui avait renoncé, il y a bien longtemps, au fait d’avoir une automobile car je pensais qu’en étant immortel, je ne perdais pas de temps si je ne faisais que marcher. Je pressai le bouton pour ouvrir les portières et j’ouvris celle du conducteur pour me mettre en place en attendant que la demoiselle s’installe paisiblement. Je mis le contact et me dirigeai vers l’endroit que j’avais choisi.
Nous y étions, le centre-ville. Certes, ce n’était pas le meilleur endroit si nous devions nous cacher mais les rues de Forks étaient peu fréquentées à cette heure-ci et un peu d’air ne nous ferait pas de mal, j’avais assez vu la forêt. Je pris le soin de garer correctement la voiture même si ma conduite était un peu rouillée, j’arrivais à maitriser le véhicule à la perfection. Je sortis de l’automobile pour me diriger vers des petites ruelles où il y avait quelques boutiques, je n’avais pas pour objectif d’entrer dans l’une d’entre elles mais si Diana le souhaitait, nous le pouvions. Nous nous baladions, c’était plutôt paisible, je ne pouvais pas prendre la main de Diana au risque qu’un démon ou qu’un vampire ne puisse le voir ce qui ne nous aurait pas aidés. Bien qu’il n’y ait pas beaucoup de soleil, je portais des lunettes de soleil, simple défaut d’être un démon, le soleil et le jour nous affaiblissent même si au fil des années, j’avais fini par m’y habituer et cela ne me faisait plus d’effet. J’étais peut-être distrait, distrait par le fait qu’il y ait, juste à côté de moi, une fille magnifique que j’aimais plus que tout, assez distrait pour percuter quelqu’un ou devrais-je dire, quelqu’une. La jeune femme se baissa presque instantanément, ses papiers étant en train de s’éparpiller un peu partout, mon premier réflexe fut de l’aider en agrippant chaque feuille qui tentait de s’envoler. Après une longue minute, je ressemblai tout ce que j’avais su attraper pour lui rendre gentiment avec un sourire et la fille resta presque bloquée sur mon visage sans dire un mot. Je jetai un coup d’œil à Diana qui était derrière et je fis semblant de toussoter pour que la fille puisse se reconnecter à la conversation.
- Merci beaucoup… Dit-elle, ses joues devenant rouges.
- Aucun souci mademoiselle, je pense que votre amie vous attend. Répondis-je.
Son amie était en réalité, derrière moi en faisant semblant de crier et en levant les pouces. Etrange monde.

Il ne comptait pas résister en cas de punition de la part de celle qui commandait les démons. Elle devait certainement être bien entourée et assez puissante pour que Silas pense de cette façon. Je me demandais à quoi elle ressemblait et ce qu'elle pouvait bien avoir de plus que les autres mis à part l’autorité. Si je devais un jour avoir à affronter Aro ou Caïus, c’était sans problème. Les tensions étant présentes au manoir, tôt ou tard, les vampires finiront par se rebeller contre eux. Pour l’instant, je n’avais aucune raison de m’en prendre à mes supérieurs, sauf si ça devait mal tourner. Je ne craignais pas les Volturi mais quelque chose me disait qu’il fallait que je me méfie des démons.

Je sentis une certaine allusion à ma jalousie en écoutant Silas nier la sienne. Dans un sens, cela ne me dérangeait pas qu’il ne soit pas du genre possessif. Je n’aimais voir ce genre d’homme sans arrêt sur le dos de sa petite amie au moindre regard échangé avec un autre. Certes, j’étais peut-être assez expressive contrairement à lui mais pas au point de tuer toutes les filles se trouvant sur son passage. Mon geste totalement volontaire de tout à l’heure pouvait être compréhensible. Cette humaine l’avait embrassé contre son gré, sans réfléchir, sans se demander s’il n’y avait personne d’autre dans sa vie. Je ne regrettais pas d’avoir tué cette petite humaine.

Je n’avais pas pour habitude de prendre la voiture mais comme nous n’avions pas le choix, j’allais devoir me contenter de m’asseoir et de regarder le paysage défiler à travers la vitre. Ça me changeait de toutes ces fois où je courrais non-stop pour me rendre d’une destination à une autre. Courir durant des heures ne m’épuisais pas et me faisait ressentir un sentiment de liberté, je pouvais faire le tour du monde à la vitesse d’un TGV sans avoir à m’arrêter pour reprendre mon souffle.          

Nous voilà arrivés dans le centre-ville, un endroit particulièrement étonnant pour des êtres souhaitant se faire discrets. J’approuvais son idée bien qu’elle soit légèrement risquée. Il n’y avait pas de raisons que l’on me reconnaisse avec ces yeux bruns. Quant à Silas, il avait quasiment l’apparence d’un être humain. Je m’abstenais néanmoins de faire le moindre geste pouvant nous trahir.

Une femme, une bousculade, des feuilles par terre. A croire que la jeune femme, si maladroite, était incapable de regarder où elle allait. J’examinais du coin de l’œil son amie s’exprimer avec joie, comme si son amie venait de remporter un trophée. J'attendis que ces deux petites chipies s’en aillent pour discrètement laisser place à du verglas sur le trottoir. Un bruit de fracas se fit entendre et à ma plus grande satisfaction, les deux femmes se retrouvèrent étalées sur le sol comme des phoques. Me retenant de rire, je continuais d’avancer, faisant comme si de rien n’était.

-Dommage qu’on ne puisse pas se comporter comme un couple normal. Ça serait encore plus drôle.

Une présence non désirée fit son apparition en marchant dans notre direction. Je me forçais à regarder ailleurs, espérant que cette personne ne me reconnaisse pas ou ne croise pas mon regard. Échec.

-Diana ?

Hésitante, j'observais cet homme habillé seulement d’un jean et d’une paire de Vans s’approcher de nous, celui que jamais je n’aurais cru revoir un jour. Il s’agissait d’un vampire sanguinaire avec lequel j’avais eu une petite histoire de rien du tout. Plutôt bien conservé, des cheveux blonds et ayant l’aspect physique d’un jeune trentenaire, j’avais profité de ses talents au pieu pendant plusieurs mois il y’avait de cela environs un an. Volontairement, j’avais décidé de tout arrêter car contrairement à moi, il désirait bien plus qu’une simple histoire d’un soir.

-Qu’est-ce que tu fabriques ici ?
-Je… Rien d’intéressant.

Son regard se porta sur Silas qui cachait ses yeux derrière des lunettes de soleil. Je priais pour qu’il ne devine pas sa véritable nature. Le vampire, curieux de me voir aux côtés de quelqu’un d’autre que lui me questionna sur son identité. Je me suis contentée de lui expliquer qu’il s’agissait seulement d’un ami que j’accompagnais à la salle de sport. Il s’avança vers le démon en tapotant son épaule.

-Je m’appelle Andrew, enchanté. Diana a été ma partenaire pendant six mois, si tu vois ce que je veux dire. Elle est très douée.

Intérieurement, je souhaitais désespérément disparaître loin de cette ville en effaçant toute trace de ma relation avec Andrew. Celui-ci attrapa ma main pour m’emmener quelques mètres plus loin afin de pouvoir me parler en toute intimité. Sortez-moi de cet enfer.

-Tu fréquentes des humains toi ?
-Ça m’arrive, oui.
-Diana… J’ai compris les raisons de ton départ et je te promets qu’il n’y aura jamais rien d’autre que ce qui s’est passé entre nous.

Sa main vint toucher ma joue tandis que je me retenais de prendre la fuite. Je retirais celle-ci en cherchant les bons mots pour ne pas paraître trop impolie.

-Je n’attends plus rien de toi et je vais bientôt devoir rentrer en Italie. Je suis sûre que tu trouveras quelqu’un de bien meilleur que moi.

Je me retirais, pressée d’en finir avec cette histoire sans importance. Les bras du vampire vinrent attraper mes deux épaules pour les fixer au mur. La plupart des passants se contentaient de baisser la tête, faisant comme s’il ne se passait rien. Je ne pouvais pas prendre le risque d’user de mes dons en public. Andrew avait une force similaire à la mienne, ce qui m’empêchais de le repousser. Etant donné que nous étions censés être les seules créatures puissantes à être présentes, le situation semblait pleinement profiter à ce vampire. Les sourcils froncés, j'ajoutais :

-Je vais te le dire une seule fois Andrew, retire-toi immédiatement.

Les deux filles étaient plus loin derrière nous, je ne m’étais même pas retourné pour revoir leur visage comme quoi l’Amour vous désintéresse de tout. Elle m’avoua que le fait de ne pas pouvoir nous montrer en public en tant que couple était plutôt chiant, moins drôle d’après elle et je fis un haussement d’épaules, je ne pouvais rien y faire. Apparut ensuite un homme, aucune idée de son âge et je dois dire que la couleur de ses yeux ne m’a pas choquée vu que je portais des lunettes qui noircissait volontairement ma vision. Je baissai mes montures un instant, observant l’inconnu qui semblait connaître Diana. Rouges, ils étaient rouges. Encore un satané vampire grrr… Je remis en place ce qui me cachait les yeux et je le dévisageai de la tête au pied, il était bien musclé, le type de gars que Diana aimait bien je supposais et le fait d’être une de ces sangsues l’aidait à garder la forme. Il se présenta, poli pour un con, Andrew un beau prénom d’enfoiré et d’après ses dires, il aurait eu une liaison avec Diana pendant quelques mois en vantant ses talents au lit. Vu sa manière de parler, il ne savait pas de quelle nature j’étais sinon il n’aurait pas été aussi enchanté de me rencontrer vu que je peux l’anéantir lui et tous les autres de son espèce. Je fis un sourire forcé et j’omis, de mon plein gré, de lui dire quelque chose sur mon identité. You don’t know me.
- Bonjour à vous aussi, Andrew. Vous avez de très belles lentilles, c’est bluffant.
Autant faire l’humain écervelé jusqu’au bout et d’après ce que je pouvais voir, il semblait convaincu de ce petit jeu. Le bougre avait pris Diana à part en me laissant en plan, merci de se souvenir que j’existe. Dans un premier lieu, je n’ai pas bougé d’un poil pensant qu’il voulait vraiment faire un commentaire en privé et je respectais leur intimité puis, en voyant que ça prenait du temps, je me suis doucement rapproché des deux créatures froides en écoutant quelques fragments de leur conversation. Le gars semblait, en plus d’être vulgaire, un peu lent à la détente vu que, même après avoir été rejeté par Diana, il osa tout de même toucher sa joue pour ensuite la saisir et la plaquer au mur. Je sentis la rage monter en moi, non pas par jalousie mais par dégoût. Plus aucune manière ces créatures. Il y avait trop de civils dans cette ruelle, il fallait que je fasse diversion si je voulais montrer les bonnes manières à ce vampire. Je saisis le briquet que j’avais dans ma poche et que je gardais constamment sur moi, mon doigt fit glisser la roulette pour provoquer une petite flamme qui se transforma très vite en boule de feu que j’expulsai sur un maison voisine visiblement abandonnée pour ne faire aucun meurtre. Quelques secondes après, les gens se mirent à courir ou à observer le spectacle pour les plus courageux d’entre eux. Personne ne nous regardait et Andrew le roi des salauds était trop occupé à essayer de convaincre ma copine qu’il était l’homme fait pour elle. Garde ta salive car je vais bientôt te faire baver. Un autre roulement créa une nouvelle flamme que je pris en main cette fois-ci et je m’approchai de lui pour le mettre en garde.
- La demoiselle a dit de dégager, c’était plutôt clair il me semble non ?
Entêté, il ne bougea pas d’un poil à croire qu’il en était devenu sourd. J’accélérai le pas pour arriver dans son dos et y poser ma main brûlante sur l’épaule droite qui la détruit presque. Tu es peut-être chaud mais c’est moi le plus bouillant de nous deux. Son premier réflexe fut naturellement de se toucher l’épaule, une légère grimace apparut sur son visage, il souffrait et je pouvais dire que ça me rendait heureux. Il semblait même étonné de voir que j’avais des pouvoirs, un crétin fini. J’étais à deux doigts de le tuer mais ça me rappelait le temps où j’étais presque fou et où le sang coulait à flot, je n’étais pas apte à me réembarquer la dedans. Il se jeta sur moi comme on se jetterait dans son lit, le poing fermé droit dans ma direction et je fis une sorte de mur de flammes instantané pour lui brûler la main ou du moins ses doigts. Il se retourna vers Diana et sans qu’il n’ait eu le temps de l’attraper, je courus, toujours avec mes paumes de mains presque en feu et j’agrippai son bras avec me mettant entre lui et Diana. You’re weak.
- Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te tuer maintenant.
Bien en plus d’avoir perdu l’ouïe, monsieur ne daignait même plus me répondre. Pfff les vampires et leurs bonnes manières, toute une histoire.
- Va-t’en avant que je ne te brûle jusqu’à ce que tes cendres ne deviennent plus que de la poussière et ne t’avise plus jamais d’approcher Diana. J’espère que ce coup-ci, tu as compris.
Personne ne la touche. Je l’avais dit.

Je pliais mes coudes pour attraper les deux bras de l’homme qui me tenais les épaules, mais il ne fallut pas longtemps à Silas pour intervenir. Je pensais pouvoir régler le problème par moi-même mais il ne m’a pas laissé le temps de répliquer. Une maison a brûlé, interpellant les passants. Et je fus surprise d’apercevoir la plupart d’entre eux filmer l’incendie avec leur smartphone, fascinés par ce qu’ils voyaient. Ridicules ces humains. Au contact de la main du démon, l’épaule du vampire a pris un autre aspect. Je ne préférais même pas imaginer la douleur que l’un d’entre nous pouvait ressentir dans ce genre de moment. En dévoilant son pouvoir, Andrew risquait de découvrir le vrai visage de Silas. Il valait mieux pour le sanguinaire qu’il se fasse tuer, au risque qu’il se rende en Italie pour révéler aux volturis que je côtoyais les démons. Mais nous n’étions pas au bon endroit pour le faire. Assassiner quelqu’un dans un lieu public n’était pas du tout conseillé. Mes poings se serrèrent lorsque Andrew s’est subitement jeté sur celui qui m’accompagnais. Je ne voulais pas qu’il le blesse. Stop.

Le vampire pris la fuite après que Silas se soit placé devant moi en le menaçant. C’était bien la première fois que l’on prenait ma défense. J’avais pour habitude de résoudre mes soucis moi-même mais maintenant que j’avais quelqu’un pour m’aimer, je devais me faire une raison. Silas ne laissera jamais une personne ayant des mauvaises attentions m’approcher et n’hésitera pas à riposter car il ressentait ce besoin constant de me protéger. Ça me flattait. Je passais une main douce dans ses cheveux pour les réajuster correctement en affichant un sourire taquin.

-Te voir en colère te rends assez craquant je trouve.

Je jetais un oeil aux environs, Andrew semblait avoir mal encaissé le coup. Les habitants de Forks s’empressaient de prévenir les pompiers pour venir éteindre le feu. Si nous n’étions pas aussi exposés, j’aurais certainement embrassé Silas pour l’aider à reprendre ses esprits et en guise de remerciement mais nous devions continuer à nous considérer publiquement comme deux amis.

-Tu n’as rien ? Je retrouverais cet enfoiré, il ne restera pas en vie bien longtemps.

Nous avons poursuivi notre balade, essayant d’oublier cette scène. Je regrettais que Silas ait dû faire face à l’un de mes anciens partenaires d’une nuit. Avec le temps, l'estime que j'avais pour ce vampire avait diminué, et son côté vaniteux avait fini par me lasser. Il cherchait à tout prix à rejoindre les Volturi mais à chaque fois c’était un échec. A plusieurs reprises il avait essayé de passer par moi en espérant que ça lui accorderait une bonne place. Toutes ses demandes avaient été rejetées. A part le physique de Ken, il n’avait rien d’autre d’intéressant.

-Je suis assez embarrassée par cette rencontre, je pensais avoir été claire avec lui.

Je levais les yeux vers lui en arrêtant notre marche. Je connaissais cet homme et je savais qu’il n’allait pas lâcher l’affaire. Silas l’avait provoqué et même si le vampire avait pris la fuite, il n’allait pas renoncer aussi facilement. Andrew était prêt à tout pour arriver à ses fins et il n’était pas du genre à apprécier les menaces.

-Je ne serais pas là pendant au moins trois semaines, le temps de régler mes petites affaires en Italie. J’ignore s’il a compris qui tu étais mais si jamais tu croises Andrew, ne prends pas de risques inutiles. Crame-le et profite du spectacle. 

Ayant été absente régulièrement, je devais rester un moment à Volterra pour rappeler aux autres que je tenais à mon boulot et pour ne pas que ma famille me soupçonne de quoi que ce soit. Je n’avais plus trop la tête à torturer des gens mais il suffisait seulement de se remettre dans le bain. Il devait certainement y avoir une bonne poignée de prisonniers qui attendaient sagement que je m’occupe d’eux.

Le gars s’était barré la queue entre les jambes, encore moins de courage qu’un humain, c’était presque désolant. Donc en résumé, le type venait de nulle part arrive pour essayer de séduire ma petite-amie alias son plan cul de 6 mois et se casse au moindre danger. Le message était passé et j’étais plutôt satisfait de ne pas devoir le tuer en public car un brûlé ça ne passait pas inaperçu à voir comment les humains se sont précipités à admirer la maison tombée aux mains des flammes. Je sentis une main dans mes cheveux, amis tu disais, m’expliquant qu’en étant en colère j’étais craquant, je laissai échapper un petit rire tout en me concentrant sur notre petite balade qui avait subi quelques perturbations entre temps. La fille avec ses feuilles et après cet Andrew qui m’avait fait cramer une maison ce con. Enfin, j’aurais pu le laisser lui et Diana tranquilles mais je n’allais pas accepter qu’il la touche de cette manière, il me dégoûtait. Un de ces hommes qui ne savaient pas respecter les femmes et qui pensaient que toutes les filles étaient à leurs pieds croyant que tout leur était permis. Diana me demanda si je n’avais rien, délicate attention.
- Clairement si ce type m’avait ne serait-ce qu’effleurer il serait déjà mort. Dis-je sérieux.
Diana voulait sa peau, comme ça nous étions sur la même longueur d’onde. Elle m’avoua que c’était un peu embarrassant de recroiser un gars comme lui surtout qu’il ne s’était pas privé de me parler d’elle et de sa manière de faire l’amour. Un de ces types qui n’avaient plus de respect et j’étais heureux de ne pas en faire partie, c’était peut-être mon âge qui faisait ça et je ne pouvais pas m’en plaindre. Vint le sujet tant redouté, son départ, nous l’avions déjà évoqué plus tôt dans la journée mais il fallait en parler. Sans elle pendant 3 semaines, ça risquait d’être long voire interminable ça ne faisait qu’une journée qu’on était ‘ensemble’ et je ne pouvais déjà plus me détacher d’elle. Je lui aurais bien sauté au coup mais les gens commençaient à reprendre leur train quotidien et c’était trop dangereux si son ami ou plutôt plan cul était encore dans les parages. Il fallait être naturel, les amis ne se tenaient pas la main et ils ne s’embrassaient pas en pleine rue même si pendant un instant, j’aurais voulu que ça soit possible. Elle me mit en garde contre Andrew également me suggérant de le brûler si l’occasion me venait ce qui ne me déplaisait pas tant que ça. C’était mignon qu’elle s’inquiète pour moi mais je savais me défendre seul.
- Ne t’inquiète pas, je suis grand et à coup sûr, plus âgé que toi donc je sais prendre soin de moi et me protéger.
Notre balade était plutôt tranquille maintenant, elle devenait longue et nous avions déjà fait un bon petit tour du voisinage. La voiture était à quelques mètres et je ne voyais pas où aller d’autre, j’avais toujours les clefs en poche que je dégainai pour ouvrir la voiture. La soirée allait bientôt pointer le bout de son nez ce qui voulait dire qu’elle s’envolera bientôt pour l’Italie. Je détestais me savoir loin d’elle pour aussi longtemps. La moteur démarra et la voiture avec direction la maison de son amie. On my way home.
Je n’arrêtais pas de penser à ce qu’il pouvait se passer en Italie, et si quelqu’un savait pour nous, si quelqu’un la menaçait, comment aurais-je pu être au courant ou intervenir ? Je gérais mon stress et ma colère différemment, avant j’aurais surement mis le feu à un arbre sur le bord de la route et tué deux, trois piétons mais je savais que ça ne résoudrait rien et que la situation serait toujours la même. Mon pied heurta violemment la pédale de frein, personne n’était sur la route à cette heure-ci donc il n’y eut pas d’accident. Diana avait dû être surprise mais pour être honnête, je ne m’étais pas inquiété. Ma tête vint se baisser, ma main se plaça sur le levier de vitesse et je fis calmement :
- Je n’ai pas envie que tu partes.
Ca semblait tellement égoïste comme phrase et c’était la première fois que je la prononçais également vu que j’avais plus l’habitude de me réjouir du départ des gens qu’en être triste pour la simple et bonne raison que je ne m’attachais pas aux gens. Je soupirai longuement me mordillant la lèvre, stressé. Je devais me calmer avant de faire un feu de camp avec la voiture.
- Enfin ce que je veux dire c’est que tu vas me manquer.

Le temps a défilé à une vitesse folle. Je comprenais sa haine envers le vampire et je ressentais la même chose. Si j’avais su que Andrew finirait par m’attirer des ennuis plus tard, je me serais tout simplement abstenue de me retrouver dans son lit. Mais qui aurait pu croire aussi que je finirais par tomber amoureuse de quelqu’un ? Finalement, cette vielle dame n’avait pas perdu la vie pour rien. Si mon meurtre n’avait pas attiré l’attention de Silas ce jour-là, nous ne nous serions probablement jamais rencontrés. Je n’avais pas oublié nos atroces retrouvailles en Italie, ni cette séance de torture interminable. Depuis ce jour, je me sentais comme obligée de le protéger de la moindre menace. Personne n’avait le droit de lui faire du mal, encore moins comme moi je lui en avait fait. Ce qui est arrivé ce jour-là était mon plus grand regret. Avant de pouvoir enfin arriver à prononcer ne serait-ce qu’un « je t’aime » j’avais dû passer d’un cœur déchiré à de la jalousie, de la jalousie à de la tendresse. Je me rendais compte qu’aimer pouvait rendre les gens plus sages. Forget the wrong that i've done.

Silas m’assurait de ne pas m’inquiéter mais comment ne pas l’être quand la personne que vous aimiez se trouvait à des kilomètres de vous ? Il faisait parti d’un monde différent du mien, j’avais confiance en ses années d’expériences. Et pourtant, je ne voulais pas le laisser. J’aurais aimé pouvoir rester plus longtemps à ses côtés. Une journée, c’était loin d’être suffisant. Nous avions encore tant de choses à partager mais le devoir m’appelait et je n’avais pas le droit d’y renoncer. Je préférais mille fois passer du bon temps avec Silas à frôler l’interdit que de me débarrasser de quelques prisonniers incapables de respecter nos lois, même si à présent, j'en faisais partie. Etre aussi proche des Volturi ne me facilitait pas la tâche. Je devais être vigilante et éviter tout contact avec Silas pendant mes séjours en Italie. Keep me in your memory.

Alors que nous reprenions la route pour rejoindre la maison d’Iris sous un ciel presque noir, Silas fit une action qui stoppa brusquement la voiture. Étonnée de voir que nous étions arrêtés, je tournais le regard vers le démon avec un air interrogateur. Je ne le montrais peut-être pas beaucoup mais tout comme lui, je n’avais pas envie de le quitter. Je passais une main tendre sur sa nuque pour la masser tout en le regardant avec un sourire rassurant. Don’t be afraid.

-Je te promets que la prochaine fois je resterais plus longtemps. Ecoute, ces dernières heures avec toi ont été parfaites et je donnerais tout pour que cela ne s’arrête pas. Mais n’oublie jamais qui nous sommes.

Silas devait retrouver les siens, prouver qu’il était toujours fidèle à son clan. Je ne pouvais pas l’empêcher d’essayer d’être un minimum crédible. Ces tensions entre les vampires et les démons n’arrangeait rien et notre rôle était de faire en sorte que personne n’apprenne pour nous deux. Cacher un secret aussi lourd était un défi que je tenais particulièrement à relever. J’avais peut-être l’air sereine mais en réalité j’étais plutôt anxieuse. Seulement, je voulais éviter que Silas le ressente pour éviter de le déstabiliser. I will never be the game whitout you.

Arrivés à destination, je compris que nos chemins allaient se séparer encore une fois. Silencieuse, je suis sortie de la voiture en emmenant avec moi la clé de la voiture pour remettre celle-ci dans la commode du salon ainsi que les lentilles que j’avais porté, laissant Silas dehors dans ses pensées. J’inspectais chaque pièce afin de m’assurer qu’il n’y ait aucune preuve du passage du démon. Même si l’Italienne venait peu sur Forks, je préférais vérifier le moindre détail. Je pris soin de ranger la clé de la maison à son endroit respectif, c’est-à-dire, sous un pot de fleurs blanc se situant à la gauche de la porte d’entrée. Never let me go.

Prête, je rejoignis d’un pas lent Silas en me demandant qu’est-ce que l’on était censé faire avant de dire au revoir ? En général, ma façon de dire au revoir était simplement de tuer, mais je doutais que ça soit la meilleure des solutions. Je rapprochais nos deux corps en entourant mes deux bras autour de son cou, plongeant mes yeux dans les siens. Cause I wanna touch you.

-Retrouve-moi ici à la même heure dans vingt et un jours.

J'avançais mon visage près du sien tout en gardant une légère distance entre nos lèvres, je voulais entendre sa voix une dernière fois avant de l’abandonner pour trois longues semaines. Talk to me one last time.

-Et n’oublie pas de me faire la liste des filles que je dois tuer.

Nous n’étions pas les mêmes, nous n’avions pas les mêmes caractéristiques, c’était un vampire respecté qui s’amusait à torturer des gens qui osaient défier les lois des Volturi ou des gens comme moi, qui s’aventuraient sans raison sur leur territoire. Les lois parlaient d’elles-mêmes, je ne devais pas sortir avec, avoir un contact avec d’autres créatures à part si c’était pour combattre ou menacer. Je savais que c’était idiot de les respecter vu que la plupart ne les appliquaient pas car ils ne pensaient pas qu’en les transgressant, ça mettrait en danger notre peuple. Mais depuis la nuit des temps, ils y avaient des gens qui couchaient avec d’autres pour être pistonné ou encore pour avoir des informations importantes sur notre espèce et nous devions nous en méfier. Non pas que j’avais des doutes sur les sentiments de Diana même si je n’avais aucun moyen de savoir si tout était vrai mais je préférais y croire et me bercer d’illusions plutôt que d’être l’être sans sentiment ni émotion. Elle me promit qu’on aurait plus de temps la prochaine fois, elle devait avoir beaucoup de boulot en Italie, assez pour qu’elle me manque. Je savais qu’elle devait parti mais je ne voulais pas mais d’un autre côté, j’avais du travail à faire aussi, certes moins important mais ça suffirait pour m’occuper quelques temps, peut-être voir des amies et amis pour me changer les idées.
- Je sais qui nous sommes Diana et il y a encore 2 jours, je savais que c’était presque impossible.
Je garai la voiture dans l’allée là où elle était quand nous l’avions empruntée, tendant les clefs à Diana une fois sorti de l’automobile. Elle devait les ranger et je doutais que son amie connaisse mon existence ainsi que le fait que je sois un démon. Encore la même fin, la même que les 2 fois précédentes, nos chemins allaient se séparer une nouvelle fois, on ne se reverrait pas avant 3 semaines. Je commençais à avoir l’habitude de ce genre de situation et pourtant, ça me faisait toujours aussi mal quand elle s’en allait. Elle me donna rendez-vous dans 21 jours exactement au même endroit, j’avais une plutôt bonne mémoire et la maison de son amie n’était qu’à 5 minutes de chez moi. Il faudrait peut-être que j’achète une voiture car j’avoue qu’être un piéton ça ne faisait pas classe.
- Je t’attendrai et je serai au rendez-vous sois en sûre.
Elle me demanda la liste des filles qu’elle devait tuer, j’avais effectivement une liste mais je n’allais pas pour autant lui donner, c’étaient de très bonnes amies que je ne souhaitais pas perdre et non je n’avais pas eu de relation charnelle avec l’une d’entre elle, à part une seule peut-être ou deux… Mes mains ont atterri sur ses hanches et je réduis l’espace entre nous en collant mes lèvres aux siennes comme pour un adieu même si j’espérais quand même la revoir. Elle allait être en retard, je me dégageai de son emprise en la voyant s’éloigner et presque naturellement, je dis :
- Sois prudente, je t’aime.
Elle s’en alla rapidement, plus rapidement que je l’avais vue venir et je partis de mon côté. Another goodbye.