I'm lost without you [Silas] #Terminé

J’imaginais mon retour beaucoup plus attendu mais finalement, les Volturi s’étaient à peine rendu compte de mon absence. Je me suis dépêchée de reprendre rapidement mes habitudes en passant la plupart de mon temps dans l’obscurité des cachots. Dans le lot, trois vampires dont un modificateur. Chaque jour je redoutais de rencontrer Silas même si j’étais certaine qu’il ne comptait pas mettre un seul pied en Italie. Les vampires qui m’entouraient parlaient encore de lui, espérant un jour retrouver sa trace. Ils étaient déçus de ne pas avoir réussi à le garder assez longtemps pour le torturer. Intérieurement, j’étais heureuse qu’il soit hors de danger et loin de mon clan assoiffé de pouvoirs mais la distance rendait le manque encore plus important. Le temps défilait lentement, m'obligeant à compter le nombre de jours qui séparait nos retrouvailles. C’était peut-être un peu bête mais c'est ce qui m'aidait à tenir. Il m’arrivait parfois de craindre que quelqu’un puisse lire mes pensées et découvre mon secret mais je devais rester optimiste. Si je continuais à garder un comportement normal, il n’y avait pas de raison que les Volturi découvrent la vérité. Heureusement pour moi, les hommes du manoir étaient trop occupés pour avoir le temps de faire du rentre dedans à de jolies demoiselles. Néanmoins, la plupart des regards posés sur moi lorsque nous nous croisions étaient horriblement gênants. Les tensions au manoir étaient toujours aussi présentes, j’avais eu écho d’une probablement rébellion contre Aro. Les De Wistan continuaient de lécher les bottes de nos trois dirigeants. Rien de bien nouveau. Mon seul moment préféré de la journée était lorsque les douze coups de minuit retentissaient, l’heure qui annonçait le début d’une autre journée interminable.

Vingt jours ont fini par s’écoulés, c'est alors que je compris qu'il était temps de rassembler mes affaires et de placer une bonne somme d'argent sur mon compte en banque. L’idée de quitter l’Italie définitivement le travaillait depuis quelques temps, j'y songeais sérieusement... Mais je ne devais pas prendre cette décision à la légère, je ne savais rien de ce qui allait se passer ni combien de temps cette relation secrète allait durer. J’étais amoureuse mais pas au point de décider aussi subitement d’abandonner mes fonctions sans y réfléchir. Il pouvait y avoir des conséquences, les Volturi et ma famille me traqueraient, à moins de leur faire croire que j'étais morte. J’aimais mon boulot mais j'étais totalement lassée de cette routine. Tout ce que je voulais c’était retrouver Silas. J’ai passé ma dernière journée dans un vol en direction de Seattle. Je ressentais une sorte de boule au ventre rien qu’à l’idée de retrouver le démon. Et si finalement il avait changé d’avis ? Et s’il lui était arrivé quelque chose par ma faute ? Et voilà que je me prenais encore la tête à me demander comment nous retrouvailles allaient se dérouler. I changed because I love you.


Enfin j’avais de nouveau les pieds sur le sol Américain. Ces dernières heures m’ont semblée bien longues. L’atmosphère printanière était douce. Vetue d'un jean-slim et d'un d'un sweat, et coiffée d'une queue de cheval, j'ai pris soin de m'abreuver de sang une petite heure avant de me rendre sur notre lieu de rendez-vous.

Je parcouru ensuite le bois pour attendre plus facilement la ville de Forks, et à priori, un orage se préparait. Arrivée devant la maison, je jetais un coup d’œil à ma montre, j’étais légèrement en avance. J’en profitais pour poser mon sac garnit de vêtements sur la table de la cuisine. Mais un bruit et une odeur familière vinrent interrompre le cours de mes pensées.

-Bonsoir Diana.

Je ne reconnu pas la voix de Silas mais plutôt celle de notre dernière rencontre, Andrew. Que diable pouvait-il bien faire ici ? Et comment savait-il que je devait me rendre ici ? J’appuyais une main sur la table, essayant de paraitre des plus détendues possible en lui demandant les raisons de sa venue. Il disait être venu ici pour parler affaire. Et comme je ne comptais pas discuter avec lui plus longtemps, je me chargeais de lui envoyer gentiment une décharge dans le corps pour l'encourager à déguerpir. 

-C’était un démon, pas vrai ?

Mon attention se porta de nouveau sur lui. Il avait compris. Je croisais les bras en niant totalement sa remarque. Est-ce que j’avais une tête à fréquenter les démons ? J’attrapais ce dernier par le col pour le mettre dehors, sa main vint se placer autour de mon cou. Ne prends pas trop la confiance petit con. Par réflex, je plaquais l’homme sur le sol pour créer un retournement de situation. Il ne savait rien de moi, la seule chose qu’il connaissait c’était mes talents au lit, rien de plus. Le vampire finit par se relever en prenant la direction des bois mais sans s’enfuir pour autant. Son sourire de psychopathe me donnait encore plus envie de lui refaire la face.

-J’ai eu l’occasion de le rencontrer pendant ton absence. Je dois t’avouer que ça n’a pas été facile de le défier mais j’ai tout de même réussi. Je pense que les Volturi n’aimeraient pas apprendre que l’un d’entre eux s’est… Comment dire ? Tapé un de leurs ennemis. Ce que je te propose est simple. Tu me fais entrer chez les Volturi et en échange, je garderais ton petit secret.

L’expression de mon visage vira à l'inquiétude. Est-ce que j’avais fait une erreur en retournant en Italie ? Il disait avoir réussi à défier Silas. Mais qu’est-il arrivé ensuite ?

-Je suis navré de t’annoncer qu’il est mort.

Une immense colère se mélangeant à de la tristesse monta en moi. Impossible. Est-ce qu'il bluffait ? Je regardais autour de nous, espérant que tout cela ne soit que le fruit d’un mensonge. Il n’était toujours pas là. Andrew me proposa trois jours pour réfléchir à sa proposition. Mais c’était tout réfléchi. Il allait payer pour ce qu’il avait fait. Sans perdre un instant, je m'élançais à sa poursuite, malgré qu'il soit rapide, mais je comptais bien le finir. Déstabilisée par l’annonce qu’il m’avait faite, je n’arrivais pas à faire fonctionner mes dons. La seule chose qu’il me restait était la force. Le bruit de l’orage rendait ses pas plus difficiles à entendre, heureusement, je pouvais flairer son odeur. Mes pas me guidèrent jusqu'aux pieds de la cascade. Pas lui. La silhouette d'Andrew se dévoila, et mon premier réflexe fut de le bousculer dans l'eau. Je me positionnais à califourchon sur lui en agrippant mes mains autour de son cou, essayant tant bien que mal de lui arracher sa tête d’argile. La colère rend les gens fous, la tristesse les affaiblit. Penser à sa mort m’affaiblissait mais je devais me concentrer sur mon objectif. Le vampire réussit malgré tout à me projeter sur une dizaine de mètres dans la forêt, me faisant percuter je ne sais quoi.

Ça faisait 18 jours que j’attendais et pas une seule fois je n’avais réussi à me la sortir de la tête. J’avais même l’impression que plus le temps passait, plus les heures, plus les secondes, plus les minutes ralentissaient et les journées devenaient interminables. D’habitude, quand je brûlais des corps, le simple fait de voir des flammes me donnait le sourire et faisait passer le temps alors que ces derniers temps, j’étais plutôt blasé, pas assez impressionné par les animations que je provoquais grâce à mon don et trop en train de penser à elle pour prendre du plaisir dans les activités que je faisais. J’étais sorti avec quelques amis, cinq ou six fois pendant la semaine, un peu d’alcool dans le sang mais pas assez pour que je tombe dans le coma. J’arrivais à marcher droit, mon regard qui avant se portait sur les jolies demoiselles se posaient uniquement sur mon verre et sur l’horloge attendant désespérément que l’aiguille fasse une rotation afin de m’annoncer que l’heure précédente était passée. J’en avais vu des filles, des grandes, des belles, des blondes, aucune qui méritait mon regard attentif, moi qui étais perdu dans mes pensées à me remémorer son visage et son corps si parfaits si joliment dessinés facilement comparables à une déesse.
Un coup de coude, mon bras flancha et je manquai de renverser le liquide sur le sol de chez moi. Mon amie se questionnant sur pourquoi est-ce que j’étais autant ailleurs ces temps-ci et la seule réponse que je pus lui donner était un simple ‘rien’ et un haussement d’épaules innocent. Sa main toucha mon bras comme pour me rassurer, mon réflexe fut de m’éloigner et son air interrogateur réapparut, elle fit de grands yeux et continua à siroter son whisky. Il restait 2 jours, 48 heures à tenir et rien que de savoir que j’allais pouvoir l’embrasser à nouveau me rendait nerveux. Je commençais déjà à penser à ce que j’allais lui dire et ce que j’allais faire, si je devais lui sauter dessus comme un enfant à qui on offrait un cadeau ou si je devais faire comme si de rien était en attendant son retour. La musique de fond qui n’était autre que du rock ne m’aidait pas vraiment à me concentrer mais c’était le genre de musique qu’Alia aimait et que je ne supportais pas mais je n’aimais pas non plus qu’elle se plaigne parce qu’il fasse trop calme. Alia, c’était mon amie, c’était celle à qui j’avais pensé quand j’avais proposé à Diana d’avoir une couverture fiable devant la reine et la cour, elle m’aimait bien d’après mes amis et elle me l’avait même avoué une fois. Je ne voulais pas m’engager, être en couple comme prisonnier de l’amour alors j’avais refusé poliment, pensant qu’un jour, elle finirait par m’oublier et trouver le grand amour mais ce jour n’était jamais venu. Elle faisait semblant de rien croyant sûrement que je ne m’en étais pas rendu compte mais sa proximité et son côté tactile n’arrangeait rien, elle s’attachait de plus en plus alors que moi, j’avais d’autres projets. L’Amour avec un grand A n’a jamais été ma priorité, je pensais surtout à être libre et à ne pas me sentir observé comme si j’étais la biche et les autres, les chasseurs. Elle préférait boire pour se mettre dans un état second et faire des choses folles qu’elle regrettait le lendemain. Ça me faisait du mal de la voir dans cet état, je ne lui souhaitais pas de malheur et après réflexion, j’avais constaté que l’idée que j’avais exposée à Diana était horrible, c’était la faire attendre pour qu’au final, il n’y ait rien.
Il restait 1 jour et pendant toute cette journée, j’avais fixé l’écran de mon portable attendant désespérément que 9 passe au 10 et que le 59 devienne une nouvelle heure. Il fallait que je sois prêt pour le jour suivant, j’étais tellement impatient de la retrouver car c’était la première fois où je savais à coup sûr que j’allais la revoir. Je ne m’étais jamais senti comme ça, plus de 3000 ans d’existence pour arriver à ce résultat et, alors que ça faisait des années que mes amis avaient déjà ressenti ça, je me sentais enfin vivement. J’avais tout ce qu’il me fallait, une stabilité, un boulot, des pouvoirs et une femme, certes vampire mais que j’aimais plus que tout.
Here we are. Le réveil résonne et c’est la dernière fois que je me retrouve seul ici, mon lit est vide comme ces 120 derniers jours et le fait que j’ai été dormir la veille à 3 heures du matin n’aide en rien à ce que je sois préparé à la journée qui m’attend. Grande nouvelle, j’ai acheté une voiture, pas la plus coûteuse c’est vrai mais je préférais garder mon argent pour autre chose même si ça faisait des milliers d’années que j’économisais ce qui me permettait toutes sortes de dépenses les plus inutiles comme les plus indispensables. Une belle Mercedes gris métallisé qui était près de ma maison fut un de mes plus gros achats de ces 100 dernières années et bizarrement, je ne me sentais pas mal à propos de ça. Un passage par la douche était obligatoire, sortie rapide, direction ma chambre où ma commode se trouvait, vêtements délicatement posés et pliés sur le haut de celle-ci. Rien de bien spécial, j’avais décidé de m’habiller normalement pensant que le costar et la cravate n’étaient pas nécessaires pour cette nouvelle rencontre. Je saisis les clefs d’un revers de la main vérifiant ma montre qui indiquait que j’étais un peu tout juste, un peu en retard à cause d’un appel inattendu d’Alia qui regrettait encore une fois son coup d’un soir. Je touchai mes poches pour être sûr d’avoir emporté avec moi, mon cellulaire et mon portefeuille. Avec une simple pression avec mon pouce, la voiture s’ouvrit faisant résonner un petit bruit aigu et allumant pendant quelques secondes les phares avant et arrière. Ma main vint tirer la poignée de mon nouveau jouet pour que je puisse y entrer. Une fois après avoir tourné la clef, le moteur rugit m’indiquant qu’il était prêt à faire plusieurs kilomètres. J’avais fait le plein de diesel la veille pour m’assurer que je ne tombe pas à court aujourd’hui. J’avais tout planifié, il ne manquait plus qu’elle.
Je suis arrivé sur les lieux, 4 minutes de retard, mieux que ce que j’avais prévu en réalité, j’ai été surpris de voir que la porte était restée ouverte, avec l’orage qui se préparait, il fallait vouloir une inondation pour qu’on la laisse comme ça. J’ai regardé attentivement les alentours, ma tête basculant de la gauche vers la droite en un rien de temps guettant chaque indice qui aurait pu m’être utile, je suis rentré dans la maison qui était vide, l’odeur de Diana était pourtant présent et son sac était sur la table. Elle était là et elle ne serait jamais partie sans ses affaires. Je suis sorti aussi vite que j’y étais entré, me dirigeant droit vers la forêt en espérant trouver une trace qui aurait pu m’expliquer ce qu’il s’était passé. Un trace de pas m’a suffi, la marque était encore fraîche et visible malgré les quelques gouttes qui étaient déjà tombées. C’était la signature express d’une chaussure qui était visiblement trop grande pour que ce soit le pied de Diana et c’était la seule piste que j’avais alors je l’ai suivie.
La pluie ne rendait pas ma recherche plus facile, bien au contraire, j’avais suivi pendant 5 minutes les pas, accélérant de plus en plus mon rythme pour la retrouver. Et si elle s’était faite enlevée ou tuée ? Je commençais à faiblir petit à petit m’embourbant un peu plus chaque fois dans la boue qui rendait difficile mes mouvements mais je n’étais pas prêt à lâcher prise tant que je ne l’avais pas vue. C’était difficile d’entendre quelques choses vu l’état météorologique actuel, pourtant, par chance peut-être, j’ai eu l’occasion d’entendre des phrases, une voix masculine que je reconnaissais à peine. Andrew. L’enfoiré était revenu et j’étais prêt à parier qu’il était avec Diana. Le son me guida jusqu’à eux, ils semblaient tellement concentrés à essayer de s’entre-tuer qu’ils ne m’ont même pas entendu arriver. D’après ce que j’avais pu entendre et ce qu’il avait dit, j’étais mort et visiblement, ça n’avait pas plu au charmant démon qui plongea sa tête dans l’eau. Le crétin de service projeta la belle dans une direction aléatoire et comme par hasard, ce fut dans la mienne. Je n’ai pas eu le temps de me dégager ou quoi et de toute façon, je préférais qu’elle me heurte moi plutôt qu’un arbre, bien sûr que je n’étais pas un matelas mais j’étais déjà plus confortable qu’un arbre ou qu’une pierre. J’ai été projeté quelques mètres plus loin derrière moi. Premier craquement. Mon dos craqua d’un coup et me redresser me fit encore un peu plus mal. Deuxième craquement. J’étais heureux de voir que Diana était encore en vie mais j’aurais adoré que ce soit dans d’autres circonstances, moins tragiques en tout cas. Mes yeux se sont posés sur elle qui semblait un peu sous le choc et après s’être relevée, je fis de même et je cherchai ce connard dans les parages. Il ne fallut pas attendre longtemps pour que je puisse l’apercevoir. Sa vitesse vampirique me surprit, me crochetant la jambe pour que je tombe à nouveau et que mon dos se brise à nouveau au sol. Troisième craquement. J’ai serré les dents pour ne pas gémir de douleur et je me suis appuyé sur mes coudes pour réussir finalement à me relever. Il s’approcha de moi, presque plus étonné que moi que j’étais encore en vie et impulsif comme je suis, j’ai attrapé son bras, ma main devant encore plus bouillante que le métal en fusion détruisant son bras droit qui resta au sol. Mes yeux étaient plein de haine et même si j’avais mal, je continuais à lutter sans trop forcer à rester bien droit. Ma main se resserra, le coup partit tout seul en plein dans son ventre, je n’avais pas assez de force pour lui faire mal mais le simple fait que je sois presque en feu m’aidait à l’affaiblir, j’ai profité de ce moment pour le plaquer contre un arbre. There’s no escape. Ma voix se fit attendre, énervé et en même temps rationnel.
- Je t’avais dit de ne pas la toucher Drewdrew. On ne s’en prend pas à ce qui m’appartient surtout quand c’est une jolie demoiselle. Je vais broyer chacun de tes membres jusqu’à ce que tu en gémisses de douleur.
Mon poing partit en direction de ses burnes et en quelques secondes, j’avais perdu l’ouïe.

Ma chute ne me coûta heureusement qu'une légère douleur à la tête. Pendant un court instant, j’ai réfléchi à ce qui allait se passer. Après avoir tué cette sangsue, j’allais devoir faire face à un profond mal-être à cause de la mort de Silas. Je me demandais de quelle façon je réussirais à surmonter cette épreuve. Depuis le début je ressentais cette crainte que l’un de nous deux meurt à cause de nos secrets mais jamais je n’aurais cru que Silas en subirait les conséquences avant moi. Je culpabilisais de ne pas avoir su le protéger de l’un de mes semblables. J’avais entendu dire que quand on perdait un être cher, on passait les trois quarts de notre temps essayer de désigner un coupable. Andrew était la première personne à blâmer mais je l’étais autant que lui. Il y avait des milliers de raisons pour lesquelles j’étais fautive. La principale était mon départ pour rejoindre mon clan qui remontait à trois semaines. Si j’avais attendu ne serait-ce qu’un peu plus longtemps, rien de tout ça ne serait arrivé, nous aurions fini par retrouver le vampire et nous l’aurions tué ensemble.

Avec une once de difficulté, je me relevais, cherchant à savoir ce que j’avais percuté. Ce n’était pas un arbre mais bien lui. Il était là, en vie. Je fus alors soulagée de le voir même si ma colère n’avait toujours pas disparue, elle s’était apaisée. M’apprêtant à riposter une bonne fois pour toute, j’ai laissé le démon se charger de torturer un moment Andrew. Un coup par ci, un coup par là. La scène était assez impressionnante à admirer. J’attendis que le dernier coup parte pour me charger du reste. J’en voulais au vampire pour m’avoir fait sentir aussi vulnérable et d’avoir profité de cette occasion pour me faire du chantage auquel je n’aurais jamais répondu. Il n’avait rien d’un Volturi et je ne comptais pas l’aider à rejoindre l’un des groupes de vampires les plus puissants au monde. Pour être comme nous, il fallait beaucoup plus que la beauté. Il fallait faire preuve de courage, de perspicacité et de force. Nous étions insensibles ou presque. Lui, ne connaissait rien de tout ça. Il n'avait seulement que l'image d'un coureur de jupons ne pensant qu'à sa petite personne.

Une fois le vampire à terre, je me suis agenouillée en approchant mes mains de son torse afin de lui faire pleinement profiter de la souffrance qu’infligeait mon don. Je voulais qu’il me supplie d’arrêter et c’est ce qu’il a fait. Le sourire aux lèvres, j’ai cessé d’agir. Quand on me demandait de stopper, c’était pour moi un signal pour achever la personne. Après que la pluie eue cessée de tomber, j’agrippais son cou en l’obligeant à se relever. Le combat n’était pas terminé. Persuadé que j’allais lui laisser la vie sauve, le vampire commença à prendre la fuite et en un quart de seconde, nos visages se retrouvèrent face à face.

-Ah et pour répondre à ta proposition, la réponse est toujours non.

Une claque vola sur mon visage, réveillant mon agressivité et ma fureur. Je m’accrochais à son bras en faisant en sorte que celui-ci se détache de son corps. Le vampire perdit l’équilibre et se retrouva au bord de l’eau. J’approchais mon pied de sa tête en me déchaînant sur celle-ci et en l’envoyant quelques mètres plus loin. J’étais dans ma bulle, enragée par son geste et ses paroles. La cascade se figea, gelée à cause de mon état de colère. Le temps semblait s’être arrêté mais pas ma crise de nerfs qui m’avait complètement fait oublier la présence de Silas. J’avais envie détruire tout ce qui se trouvait sur mon passage. Mon pied vint taper dans un bloc de pierres qui s’écroula. N’encaissant toujours pas le dernier coup, je ne savais plus où donner de la tête, j’étais perdue, possédée par la rage. Une épaisse couche de glace se forma sur les arbres qui nous entouraient. Je ne supportais pas que l’on me provoque, encore moins que l’on lève la main sur moi. Je me précipitais sur le corps du vampire dont la tête avait été arrachée par mes soins, pour retirer ses deux derniers membres. J’avais besoin de m’assurer qu’il ne vivrait plus jamais. D'humeur colérique, je me déchaînais sur un arbre en y enfonçant mon poing avec une force qui lui fit perdre l’équilibre. Mon esprit était totalement ailleurs, envahit par la folie. J’aurais pu continuer pendant des heures jusqu’à ce que la forêt soit dévastée. Et pourtant, il fallait bien que je trouve le moyen de m’arrêter un jour.

J’eus le temps de m’acharner sur lui, un coup par-ci un coup par-là, je l’entendais gémir à chaque nouvel impact, il ne se retenait pas, aucune dignité à ce que je voyais. Son plan d’attaque n’était pas con, me faire passer pour mort était une bonne tactique pour être en position de force et faire semblant de maîtriser le jeu mais ce qu’il ne savait pas c’est que je devais être là également et que je n’allais pas juste les observer se battre pour m’amuser. Cette fois-ci, je n’allais pas le laisser s’échapper et j’étais sûr que Diana était du même avis elle qui était encore plus énervée que quand elle avait surpris Jenna en train de m’embrasser la dernière fois. Ici, ce combat allait être différent, le gars était une vrai menace pour notre couple par comme cette fille qui elle était un peu désorientée dans sa situation sentimentale mais elle était innocente. C’était un autre type, vampire, grand, sa force était égale à celle de Diana ce qui voulait dire qu’il était plutôt fort et qu’il avait, en plus de toutes ces capacités, un moteur de Lamborghini dans son corps. Je pouvais le vaincre sans souci, le feu étant une des plus grosses menaces pour les gens de son espèce comme Diana mais elle avait l’air d’avoir plus envie de le finir que moi.
Elle ne perdit pas de temps car, une fois après que qu’il se soit pris une raclée, elle se chargea personnellement de son cas, lui en faisant voir de toutes les couleurs. Je n’arrivais pas à me concentrer sur ce qu’il subissait et comment, mon dos m’affaiblissait et après que Diana ait éloigné Andrew, je m’écroulai sur les genoux. C’était horrible, je ne pouvais ni rester droit et debout ni me coucher sans souffrir. J’avais été victime de coups au dos auparavant mais jamais aussi violents que ce dernier, j’étais un démon tenace mais c’était le coup de trop. Je ne m’étais pas encore remis à 100% de la torture que j’avais subie en Italie même si je commençais à aller mieux. Il me faudra encore quelques jours de plus pour récupérer…
Afin de moins penser à ma souffrance, je tentai de chercher les deux sanguinaires du regard pour ne pas perdre le fil, d’après ce que je pouvais apercevoir, le fardeau avait été décapité, enfin mais ce qui me perturbais le plus c’était Diana qui semblait folle pour je ne savais quelle raison, il était mort alors je ne voyais pas où était le problème. Elle ne s’arrêtait pas, se déchaînant sur tout ce qui était sur son passage, arbre, pierre et même le cadavre, elle ne se contrôlait plus et ça commençait à me faire sérieusement peur. Je l’avais vue me faire du mal à Volterra mais je ne l’avais jamais vue dans un état pareil, aussi folle aussi enragée, il fallait que je stoppe avant qu’elle ne tue tout le monde. Je fis mon possible pour me relever et accourir tant bien que mal vers elle. J’eus le malheur de m’approcher trop vite et même si je l’appelais, elle ne me répondait pas, sûrement trop concentrée à abattre tous les arbres de cette forêt. Le problème, c’est que j’avais osé lui faire une sorte de câlin par l’arrière pour l’empêcher de donner des coups mais au final, c’était moi qui m’en était pris un. Ça aurait pu être un simple poing mais non, il fallait qu’il y ait toute sa force dedans ce qui me propulsa en arrière directement sur le dos. Quatrième craquement. C’était de trop et je pense même que toute la forêt m’a entendu quand j’ai hurlé. J’étais comme cloué au sol, je ne savais plus me lever et bouger demandait trop d’efforts pour que je puisse le faire. Je regardai Diana qui semblait s’être un peu calmée.
- Ne me touche pas! Je vais me relever seul.
Je n’y croyais pas trop, mon dos avait craqué plusieurs fois aujourd’hui, trop de fois pour que ça soit supportable. Le corps du bougre était toujours là et je favorisai le fait de le brûler plutôt que de faire des tentatives inutiles pour me lever. Je devais m’assurer qu’il n’était plus un problème pour nous et pour notre protection et ce fut le cas quand une flamme, petite au début puis de plus en plus grande, put se faire voir et le corps se fit emporter par le feu. Il fallait que je reste calme, tôt au tard, je réussirai à me mettre debout mais pour ne pas que Diana s’inquiète, j’ai préféré plaisanter un peu avec elle
- Tu en as encore d’autres des partenaires qui cherchent à me tuer ?
Si elle avait autant de coups d’un soir que moi, ça risquait d’être plutôt long…

Je n’arrivais pas à trouver une raison de m’arrêter tout simplement parce que ce vampire m’avait mise en rogne. Sa tentative de manipulation en jouant sur le plan émotionnel me mettait hors de moi. J’avais perdu l’usage de mes pouvoirs pendant plusieurs minutes à cause de son annonce. J’aurais aimé le tuer dès la première occasion. Je ne voyais même pas pourquoi je ne l’avais pas fait dès que ce pauvre nase était entré dans la maison, mais le mal était fait et il était trop tard pour reculer.

Je sentis Silas entourer ses bras autour de moi pour calmer le jeu, et mon premier réflex fût de lui envoyer un coup de poing dans l’abdomen. Son cri de douleur mit fin à mon quart d’heure de folie. Merde. Je tentais désespérément de m’approcher de lui mais il refusa catégoriquement que je le touche. Dans un sens, je le comprenais. Qui aimait recevoir des coups de poings sans raison ? Pas lui en tout cas. Mes yeux se sont posés sur lui tandis qu’il tentait tant bien que mal de se relever en vain. Je serrais les dents, son dos semblait le faire énormément souffrir. Le bruit des flammes a interpellé mon regard pendant une minute. Nous nous étions enfin débarrassés de ce malade pour de bon. Je décidais de reprendre mon calme en m’asseyant à côté de Silas, les yeux rivés sur l’eau gelée. Plutôt agitées pour des retrouvailles. Et à mon plus grand étonnement, une larme, une seule est tombée sur ma joue. Je n’étais pas triste, seulement déboussolée. Vous savez, quand vous avez tellement refoulé vos émotions et que l’on vous a poussé à bout, et que la seule chose qu’il vous reste ce sont vos larmes qui coulent automatiquement sur votre figure. Depuis la première fois en tant que vampire, je versais une larme que je m'éforçais d’essuyer rapidement. Personne n’avait le droit de me voir comme ça car je n’aimais pas montrer ma sensibilité que j’avais d’ailleurs mise de côté depuis longtemps. Je souris quant à la question de Silas. 

-Pas que je sache mais j'espère que celui-ci était le premier et sera le dernier.

Mes yeux fixèrent le sol, vexée de ne pas avoir su contrôler mon dernier coup. Oui, je m’en voulais et ça paraissait logique. Ma main vint prendre celle de Silas, la caressant avec mon pouce. J’avais peur de me prendre un coup en retour mais après tout, je ne voyais pas l’intérêt de nous entre-tuer. Le démon était bien trop amoché pour riposter par la force. Cependant, il avait toujours la langue bien pendue.

-Désolée pour le coup de poing. Je ne voulais pas te blesser. J’étais juste… Ailleurs.

Certes, ce n’était pas une excuse. J’aurais pu mieux gérer les choses mais il était trop tard. L’eau de la cascade se mis à nouveau à couler, tandis que les arbres reprirent une apparence normale. J’étais plus apaisée mais inquiète de l’état de Silas. Je décidais de l’aider à se relever en passant son bras au-dessus de mon épaule. Je sentais que la douleur était grande mais il devait tenir le coup jusqu’à notre retour. Je le regardais avec inquiétude.

-Laisse-moi t’aider et après tu pourras décider de ce que tu souhaites faire.


Je comprenais s’il décidait de fuir après avoir subit autant de souffrance par ma faute et je n’allais pas le forcer à rester. Il avait le droit de choisir un autre mode de vie, de prendre la décision de ne plus jamais me revoir. Seulement, je ne me voyais pas continuer sans lui. Cela faisait des mois que j’attendais de pouvoir être enfin sienne et à cet instant, je me suis demandé si après tout ça, il désirait vraiment continuer cette relation dangereuse. Peut-être que finalement, nous aurions mieux fait de rester chacun de notre côté. 

Avec difficulté, nous avons rejoint la maison dans laquelle nous devions nous retrouver. Je pris soin de l'aider à s’installer sur le lit. Il n’avait sûrement pas la tête à discuter et j’en étais consciente mais je ressentais le besoin de lui faire une dernière confidence avant de le laisser se reposer. Je m’asseyais sur le rebord du lit en évitant toujours son regard. Exprimer mon ressenti n’était toujours pas mon point fort. 

-Je n’ai jamais voulu qu’on en arrive là et je comprendrais si tu souhaites tout arrêter. Ta vie serait certainement moins désastreuse avec un démon qu’avec un vampire. 

Je l’avais vue, cette larme sur son visage, elle ne semblait pas triste mais elle l’avait laissée s’échapper pour par la suite, la faire disparaître aussi rapidement que possible. Je savais que pleurer pouvait être vu comme une preuve de faiblesse même si on m’avait souvent dit que ça faisait du bien de se lâcher par moment. Je fis mine de n’avoir rien vu et sa réponse me fit sourire espérant elle aussi que nous ne soyons pas à nouveau confrontés à ce genre de situation. Heureusement que mes coups d’un soir ne venaient pas tous les jours me voir, de toute façon, ça m’étonnerait qu’elles fassent l’enfeu contre Diana qui était sûrement la fille la plus possessive des vampires. Elle posa sa main sur la mienne comme pour me rassurer même si j’étais loin d’être sûr de savoir me lever seul et s’excusa ensuite pour le coup qu’elle m’avait mis en plein dans le torse qu’elle qualifia d’involontaire vu qu’elle était possédée par sa rage. Je ne lui en voulais pas même si la manière dont je lui avais parlé juste avant pouvait dire le contraire.
Elle m’aida à me lever malgré que je le lui aie interdit et nous rentrâmes dans la maison de son amie, elle m’installa dans la lit délicatement me laissant le choix d’arrêter notre relation là ou de continuer même si les risques seraient toujours présents. Même si j’étais énervé qu’elle ait désobéi en m’aidant et qu’elle n’ait écouté que sa colère dévastatrice, je n’avais pas l’intention d’arrêter tout maintenant car, même si j’étais en morceaux, je l’aimais et je n’aurais pas pu vivre normalement en sachant que je l’avais laissée partir. Je pris à mon tour sa main en déposant un baiser sur son dos.
- Je n’ai pas l’intention de te laisser partir comme ça Diana. Ne me dis pas que j’ai perdu mon dos pour rien s’il te plait.
Ce qui me faisait royalement chier c’était que j’étais immobilisé au lit, aucune possibilité d’en sortir sans pousser un cri de douleur et sans que je ne m’écroule quelques secondes plus tard. Je ne savais pas comment j’allais faire pour m’alimenter ou pour me laver. J’aurais pu le faire seul mais il m’aurait fallu quelques heures pour ne serait-ce qu’ouvrir le tiroir où se trouvaient les casseroles et les poêles. J’avais de la chance d’être un démon, je cicatrisais plus vite dans ce genre de circonstances et même si ça allait durer quelques jours au moins, je n’avais pas à subir ça pendant des semaines. Je fis tout pour me mettre en position assise, une grimace sur mon visage et un léger gémissement qui s’était échappé pour enfin réussir ce que je voulais faire et la voir à la même hauteur que moi.
- Par contre la prochaine fois, j’espère juste que tu taperas sur autre chose que sur moi car je ne suis pas comme toi Diana. Je ne suis pas invincible et même si je suis un démon, mes os peuvent se briser.
Je soupirai bruyamment me sentant faible et dépendant d’un aide extérieure. Je détestais me sentir comme ça, je n’avais jamais demandé d’infirmière ou je n’avais jamais été à l’hôpital pour des blessures même si elles étaient plutôt graves et je vous mentirais si je disais que ça me faisait plaisir d’avoir besoin de quelqu’un. J’allais devoir appeler une amie pour m’aider en prétextant être tomber nez à nez avec un vampire qui m’en avait fait baver avant que je ne lui foute le feu pour qu’il meure. Ça allait être compliqué de l’expliquer sans bafouiller mais ça semblait quand même crédible vu l’état dans lequel j’étais et mon histoire n’était pas totalement fausse après tout.
- Je vais devoir appeler une amie pour m’aider car tu m’as mis dans un sale état pour être honnête.
Il fallait que j’arrête de tout rapporter à moi et d’après ce que j’en sais sur les femmes, il fallait s’intéresser à elles à peu près tout le temps ce que je devais faire par obligation et par curiosité, je ne l’avais pas vue depuis 3 semaines et beaucoup de choses pouvaient se passer ne serait-ce qu’en une seule journée. J’avais eu assez d’attention et je n’avais pas trop envie d’évoquer mon besoin d’aide actuel.
- Et toi l’Italie ? J’espère que personne ne t’a touché le cul ou que tu ne m’as pas trompé entre temps. Dis-je en riant.
J’avais confiance en elle mais j’aimais bien aussi rire un peu et elle ne pouvait pas mal le prendre.

Son dos avait pris un sacré coup. Physiquement, il était beaucoup moins résistant que moi. Je ressentais rarement la douleur, voir jamais. J’étais plutôt solide et c’était assez avantageux pour les combats mais peut être pas pour Silas qui en avait fait les frais. Je devais prendre conscience de ma force qui était largement au-dessus de la sienne. La seule chose que je craignais chez lui était sa passion pour le feu. Même si je savais que jamais il ne laisserait une seule flamme m’approcher, je n’oubliais pas son don. A l’inversement de moi, il pouvait utiliser le sien sans problème car il ne jouait pas sur le plan émotionnel et je l’enviais pour ça. Je contemplais son visage qui comptait quelques égratignures. Jamais je ne serais partie sans qu’il me le demande et je tenais à me racheter. Cependant, j’étais loin d’être médecin et je doutais qu’il s’en sorte indemne sans un avis médical. Il a alors évoqué une « amie » pouvant l’aider. Je levais les yeux au ciel. Encore une fille. Je nous plongeais dans le silence pendant un moment mais il fallait me rendre à l’évidence, il avait besoin de quelqu’un.

Il s’est soudainement intéressé à mes dernières semaines passées en Italie. Pour moi, elles avaient été banales et plutôt longues. Et contrairement à ce qu’il disait, personne ne m’avait ne serait-ce qu’effleurée. Aucun homme ne m’intéressait depuis un bon bout de temps mis à part Silas pour qui j’étais prête à donner secrètement ma propre vie. Je fus assez étonnée de son manque de confiance en moi mais son sourire trahissait sa plaisanterie. Je pris un air sérieux.

-Bien sûr que si voyons. J’ai eu le temps de m’en taper disons.. Une cinquantaine. Et je tiens à préciser que c’est moi qui leur met des mains au cul.

Evidemment, rien de tout ça n’était vrai. Je me voyais mal aller voir ailleurs alors que j’avais rencontré la meilleure chose qui me soit arrivée dans ma vie et il le savait. Je me penchais vers lui pour embrasser ses lèvres si délicieuses, un geste qui m’avait manqué. Nous n’avions pas vraiment eu l’occasion de le faire suite à ces derniers instants violents mais j’étais contente de pouvoir à nouveau ne serait-ce que sentir le goût de ses lèvres sur les miennes. Je me retirais en me portant mon attention sur l'extérieur. Tout était si sombre et la forêt ne donnait pas envie que l’on s’y rende mais je n’avais pas vraiment le choix.

-Ecoute, si tu dois vraiment faire venir quelqu’un pour réparer ma bêtise, fais-le. N'attends pas que ce soit moi qui vienne te débloquer le dos car je n'y connais rien et je ne veux pas empirer la situation. Patiente juste le temps que je prenne une douche et que je change ces vêtements couverts de terre. Je vais aller faire un tour pendant que l’on s’occupera de toi.

Non, vous avez bien entendu. Je venais de lui donner mon feu vert pour qu’il fasse venir n’importe quelle personne pouvant l’aider à se rétablir. Je récupérais mon sac de vêtements posé sur la cuisine puis empruntais le chemin de la salle de bain pour prendre une douche bien chaude. Une fois terminée, je défilais dans la chambre pour m’habiller. Voir Silas dans cet état me faisais mal mais je préférais le voir souffrant que mort.

-Tu sais que je te fais confiance …

Les seules personnes en qui je n’avais pas confiance étaient toutes ces filles qui lui tournaient autour même si je me sentais largement au-dessus de ces pimbêches. Elles ne se souciaient pas de sa vie sentimentale qui de toute façon était secrète. Je regrettais de ne pas pouvoir montrer qu’il m’appartenait. J’enfilais des chaussures puis m’avançait près du lit en restant confiante. Je n’avais aucune idée de l’identité de son « amie » et je ne souhaitais pas la rencontrer. Mais si elle devait s’approcher de lui de la même façon que l’humaine de la dernière fois l’avait fait, je n’hésiterais pas à dire mon mot.

-Évite juste de t’attirer encore les sentiments d’une pauvre fille. Ça me chagrinerais de devoir encore en tuer une.

Ce combat dans la forêt m’avait épuisée, j’avais l’intention de me rendre en ville pour trouver quelqu’un à boire mais d’un autre côté, le laisser seul ne me rassurait pas. Je pris donc pris la décision de rester dans les parages pendant un moment afin de m’assurer qu’aucun danger ne rôde autour de la maison. Même si nous nous étions débarrassés de cette sangsue, le risque que l’on vienne s’en prendre à un démon qui n’avait pas la force de se battre était présent. Cette forêt regorgeait de créatures inconnues et celles-ci n’avaient pas toujours de bonnes intentions. D’un autre point de vue, rester dans le coin me permettait de surveiller la venue de la personne que Silas comptait prévenir.

Elle répondit à ma blague en essayant de me provoquer, prétendant avoir couché avec un peu moins de 50 hommes et se vantant de leur avoir mis la main aux fesses. Je fis mine que ça ne me fasse rien même si dans le fond, je l’imaginais le faire et ça m’énervait légèrement. Je décidai de remettre une couche en lui donnant une réponse similaire à la sienne.
- Ah ça me rassure, je pensais être le seul de nous deux à l’avoir fait ces 3 dernières semaines. Me voilà soulagé !
Je ne cachai pas mon rire et à ma grande surprise, elle me laissa le champ libre pour appeler quelqu’un, une de mes amies, une jolie jeune femme qui n’était pas déplaisante à regarder et qui avait de plutôt belles formes. On avait couché une seule fois ensemble, j’avais un peu trop bu ce jour-là et elle n’avait jamais été contre l’idée qu’on s’envoie en l’air. J’avais gardé son numéro, ses talents de médecine pouvant m’être utiles à mon avis et son nom apparaissait dans mon répertoire téléphonique. La seule requête de Diana était que je lui laisse du temps pour se bichonner un peu et que j’attende qu’elle sorte de la maison pour ‘inviter’ mon médecin personnel. Je l’entendis partir chercher son sac et faire couler la douche, même si j’avais envie de la rejoindre, j’étais bloqué dans le lit comme un vieux. Elle vint se changer dans la chambre, assez longtemps pour que je puisse l’admirer de la tête aux pieds en passant par son postérieur bien évidemment qui était encore plus beau que dans mes souvenirs. Elle avait confiance en moi et elle n’hésita pas à me l’avouer ce qui me rassura quand même vu qu’avec l’évènement avec Jenna, elle aurait pu se poser des questions. J’avais appris à ne pas avoir confiance en les autres races mais je donnerais ma vie pour elle et je la lui confierais si je le devais sans aucune hésitation. Elle continua ses explications par me mettre en garde : si jamais mon amie osait avoir des sentiments et les montrer, Diana n’y réfléchirait pas à deux fois pour mettre fin à sa vie. Elle prit le chemin de la porte et je lui dis au revoir.
Ma main partit à la recherche de mon smartphone pour farfouiller dans mon répertoire téléphonique et trouver son joli prénom. Après deux pressions sur l’écran plus tard, on entendait la sonnerie et je vins porter mon cellulaire à mon oreille. Je dus attendre quelques secondes avant d’entendre une voix aigüe et féminine au bout du fil. Je lui demandai de venir au plus vite en prenant soin de lui donner l’adresse de la maison dans laquelle j’étais allongé. Elle ne connaissait pas ma maison, je n’aurais donc pas à me justifier sur le pourquoi du lieu. Elle semblait heureuse de m’entendre et que j’aie besoin d’elle car rien qu’en écoutant sa voix, on pouvait facilement le deviner. Elle m’indiqua qu’elle n’était pas loin et qu’elle arriverait d’ici 5 minutes, ce qui fut plus rapide que je ne l’avais prévu.
Elle sonna à la porte et je criai qu’elle était ouverte, j’étais dans l’impossibilité de me relever pour aller jusque-là et rien que le fait d’avoir haussé la voix m’a légèrement fait mal. Elle suivit le bruit trouvant aisément la chambre et vint à mon chevet. Elle fut inquiète de l’état dans lequel j’étais, je dirais même qu’elle était paniquée.
- Silas !? Dans quoi est-ce que tu t’es encore fourré pour finir immobilisé au lit ? Une folle furieuse à qui tu aurais mis un râteau ?
- Heureux de voir que tu t’en soucies. On peut dire ça oui… Je me baladais paisiblement dans les bois quand un vampire femelle m’est littéralement tombé dessus. Au début, elle essayait juste de me draguer et je… J’ai refusé poliment mais elle a continué d’insister jusqu’à me menacer. Je me suis juste défendu comme j’ai pu voilà tout.
- Ah mon petit Silas, toujours aussi puissant mais pas incassable. Je vais voir ce que je peux faire pour ton dos, après tout entre démons, c’est normal qu’on veille les uns sur les autres.
Elle ausculta mon dos, millimètre par millimètre, elle me prévint que ça allait faire mal et avant que je ne puisse prononcer mon approbation, elle craqua violemment mon dos. Cinquième craquement. Je poussai un cri de douleur intense, ça ne m’aurait pas étonné que Diana l’entende. Je fus essoufflé, j’avais du mal à reprendre un rythme cardiaque normal après ce qu’il venait de se passer et mon amie n’avait rien fait pour m’aider mettant sa main dans mes cheveux pour les remettre vers l’arrière de ma nuque, sa main coulissa sur ma joue droite qui était bouillante et elle dit :
- Voilà mon petit chou, désolée de t’avoir fait mal mais c’était ce que je devais faire. Les douleurs ne vont pas s’atténuer tout de suite, attends environ une bonne semaine avant d’être rétabli à 100%.
Elle prit le soit d’examiner mon torse nu, mon t-shirt que j’avais dû enlever pour favoriser son analyse précise de mon dos était étendu juste à côté de moi. Elle vit une marque sur mon torse, une légère marque, le reste de la torture que j’avais subi à Volterra et elle ne se priva pas ne m’en demander l’origine.
- Hey, comment est-ce que tu as réussi à te faire ça ? Une autre fille avec de longs ongles c’est cela ?
Mon regard se baissa vers mon abdomen, merde il restait quelques traces. Je retirai sa main qui était en train de caresser ma cicatrice et je répondis à sa requête :
- Oui c’est ça, vous les filles et votre envie de planter vos ongles un peu partout, évidemment que ça laisse des traces de votre passage.
Sa bouche s’approcha de mon oreille, sa main vint se poser sur ma joue gauche cette fois-ci, qu’allait-elle encore me faire ? Elle chuchota un message, pas un message d’amour mais plutôt pour me provoquer voire m’exciter.
- Nous on aime marquer notre territoire et ce qui nous appartient.
Elle m’embrassa près de l’oreille pour ensuite aller vers ma joue et y déposer encore un baiser, la fille portait du rouge à lèvres et il semblait être récent vu qu’il laissa une empreinte de ses lèvres aux deux endroits qu’elle avait touchés.
- Je ne suis pas un cœur à prendre sais-tu, n’essaie pas de me tenter. Ca vaudrait mieux pour toi.
J’entendis la porte s’ouvrir mais elle ne bougea pas pour autant, merde.

Je rassemblais mes cheveux puis y glissait un élastique après les avoir séchés, j’étais enfin prête à partir quand mon regard s’est tourné une dernière fois sur Silas. Un sourire a automatiquement pris forme sur mon visage, je réalisais que j’avais de la chance et que j’avais eu raison de me battre pour être avec lui. Je pris direction de la forêt tout en essayant de ne pas penser à cette fille qui allait devoir s’occuper de Silas. Je m’asseyais sur un truc d'arbre qui dormait sur le sol, en m’amusant à transformer des pierres en flocons de neige. Le climat doux ne permettait pas de les conserver bien longtemps mais ça m’occupait. J’entendis une voiture arriver devant la maison, j’étais curieuse de savoir à quoi ressemblait la femme qu’il avait fait venir. Je m'avançais vers l’allée tout en restant dans l’ombre. L’obscurité m’empêchait de voir si elle était belle ou tout simplement hideuse. Evidemment, je doutais qu’elle puisse m’arriver à la cheville mais elle m’intriguait.

Un cri m’interpella pendant que je m’occupais à geler quelques fleurs, je pris une profonde inspiration. Silas considérait cette femme comme une amie, je ne voyais pas pourquoi elle lui aurait fait du mal à part pour lui remettre le dos en place. Je me concentrais sur mon don en tentant de le maîtriser à la perfection. Une couche de glace se forma sur les feuilles des arbres, j’étais fascinée par la beauté de ce don pourtant si dévastateur. L’orage de tout à l’heure s’était éloigné, les nuages commençaient à dégager le ciel et à laisser place à la lune dont la luminosité traversait les branches. Le temps paraissait long et je voulais voir où ça en était.

J’entrais dans la maison sans faire le moindre bruit en écoutant progressivement la conversation entre les deux individus. J’entendis la voix de la femme qui était dans la chambre, elle fit seulement un bilan de son état de santé et lui suggéra d’attendre au moins une semaine pour se rétablir. J’étais rassurée d’apprendre qu’il allait pouvoir vite se remettre. Je senti une odeur presque identique à celle de Silas. Cette femme était un démon et ça ne me réjouissais pas de savoir qu’un deuxième se pavanait dans la maison. Si Iris venait à l’apprendre, elle risquerait de devenir folle. Je m’apprêtais à sortir quand soudain, un autre sujet retint mon attention. Elle lui demandait d’où provenait l’une de ses marques sur le corps en insinuant que c’était une fille qui la lui avait faite. Il valait mieux pour cette pauvre fille qu’elle n’apprenne pas la vérité. Un autre discours me fis cligner des yeux. Était-elle vraiment en train d’essayer de le séduire ? J’écoutais la réponse de Silas qui fut négative mais qui ne semblait pas déranger cette traînée.

Un, deux, trois… Ma main appuya sur la poignée de la porte. La salope. Elle s’était littéralement penchée vers lui en train de déposer quelques baisers dans le cou. Je serrais les poings aussi forts que je le pouvais. Ce n’était pas à moi de la repousser mais l’envie de la tuer sur le champ me faisais bouillir. Je me retirais aussitôt. Me voir ici risquait de mettre encore notre relation en danger. Par sentiment de colère contre cette allumeuse, de la glace s’est formée autour d’un verre qui était posé sur la table du salon. Celui-ci se brisa en mille morceaux après que je sois retournée dehors. Je me retins de geler la maison entière en faisant mon maximum pour prendre sur moi. Dans ma tête, un grand nombre d’injures défilait. C’était fatiguant de voir toutes ces filles qui n’étaient pas capable de se tenir quand elles se retrouvaient face à Silas. Je regrettais de ne pas pouvoir tuer celle-ci mais pour notre protection et parce que je ne voulais pas être celle qui résoudrait le problème, je préférais m’éclipser.

J’attendis un moment en essayant de ne pas geler la forêt. J’avais confiance en l’homme que j’aimais mais pas en cette femme. Silas l’avait repoussée mais allait-elle vraiment repartir sans rien lui faire ? La lumière à détecteur de mouvement s'alluma et j’aperçu la pouffiasse pénétrer dans sa voiture. Je patientais un instant, jusqu’à ce que les feux de la voiture ne soient plus visibles. Perplexe, j'entrais dans la maison puis dans la chambre. Je m’adossais contre le mur en croisant les bras sans exprimer le moindre signe de joie.

-Plutôt tactile comme amie. Je l’ai ajoutée à ma liste, histoire de la compléter. Comment s’appelle la prochaine ?

Courant d’air, une entrée, un grincement faible : c’était elle. Par chance, mon amie ne semblait pas l’avoir entendue, elle devait avoir tellement chaud qu’elle n’a même pas senti le petit coup de vent généré lors de l’ouverture de la porte d’entrée. Quelques instants plus tard, un éclat s’était fait entendre et tout me disait que c’était Diana. Le bruit de la glace qui se fend jusqu’à lâcher prise et se briser en mille morceaux provenait de la cuisine ce qui avait réussi à attirer son attention qui, quelques secondes auparavant, était sur moi.
- Tu as entendu ? Il y a quelqu’un d’autre ici Silas ?
Il y eut un blocage dans ma tête, ma bouche souhaitait naturellement dire que c’était Diana et donc, révéler son existence auprès d’Alanna ce qui allait, aussi bien pour moi comme pour Diana, allait nous attirer beaucoup de problèmes. Nous en avions déjà éliminé un il y a presque une heure et je ne voulais pas être contraint de tuer l’une de notre surtout que sa disparition en alerterait plus d’un vu sa popularité. Je me retins de dire la vérité et je répondis, embarrassé de devoir lui mentir :
- Non je ne pense pas, c’est sûrement mon verre qui était posé sur la table, je l’ai mis trop près du bord et il y a eu un courant d’air. Avec qui veux-tu que je sois donc Alanna ?
Elle se redressa et partit regarder à travers la fenêtre, je l’avais toujours connue soucieuse et qui n’aimait pas prendre des risques inutiles. La route qui menait jusqu’à la maison était vide, personne ne passait par ici et elle alla vérifier la cuisine. Sans grande surprise, elle n’y trouva personne et reprit sa position initiale, c’est-à-dire, juste à côté de moi voire collée à ma joue. Je pouvais sentir son souffle chaud et je ne vous cacherais pas que c’était plutôt gênant pour moi. J’étais secrètement en couple et officiellement célibataire mais ça ne m’empêchait pas d’en repousser certaines trop envahissantes comme cette dernière.
- Je ne sais pas si tu me caches quelque chose Silas mais je te connais, être dans une relation avec une fille ne t’intéresse pas de toute manière. Tu préfères t’amuser avec les femmes n’est-ce pas ?
Si seulement tu savais ce que je faisais, ai-je pensé mais rien n’était sorti, j’avais su contrôler mes paroles. My reputation’s never been worse.
- Tu me connais bien au final, pourtant on s’est vus 2 fois si ma mémoire ne me trompe pas.
- Que veux-tu, certains mecs me marquent plus que d’autres, pour être franche tu étais un plutôt bon coup au li

Nos lèvres étaient en train de se rapprocher dangereusement, ses yeux commencèrent alors à se fermer et au moment crucial où elles étaient censées se toucher, je tournai la tête. Elle fut étonnée voire énervée que je décide que les choses n’aillent pas plus loin entre nous aujourd’hui. Vexée, elle continua de me forcer la main vu qu’elle descendit la sienne au niveau de mon entre jambe ce qui me fit perdre ma patience, je me redressai d’un coup et je repoussai violemment son bras pour qu’elle s’éloigne de mon corps. Elle ne perdit pas de temps pour hausser le ton.
- Qu’est-ce qu’il y a ? Tu n’as pas envie de le faire ?
- Tu sais très bien qu’avec moi, c’est un seul coup, jamais de deuxième. Je pensais que tu avais compris ce principe.
- Je sais mais bon, je sais toujours faire craquer les hommes. Tu es le seul qui arrive à résister et tu es le seul que je désire là maintenant.
- Sors de cette maison et ne revient plus jamais. Cette maison n’est pas à moi qui ça m’étonnerait que son propriétaire soit heureux de te voir.
- Autoritaire j’aime bien.
La flamme de la bougie qui était allumée dans la pièce se retrouva vite dans ma paume de main et je pris un air beaucoup plus menaçant pour lui répondre. Têtue. Elle ne comprenait pas et je ne pouvais rien lui montrer pour l’en dissuader sans mettre Diana et moi-même en danger. Mon teint de voix était sec et énervé quand je la fixai du regard droit dans les yeux pour prouver la sincérité de mes propos.
- Ne m’oblige pas à te faire sortir car je ne suis peut-être pas en forme mais je sais toujours me défendre.
- Bien mais tu as mon numéro si tu changes d’avis petit cœur.
Elle reprit sa veste et emprunta le chemin de la sortie, j’avais même pu entendre le moteur de sa voiture démarrer. J’étais soulagé qu’elle soit partie car je savais qu’elle était persuasive et qu’elle n’hésiterait pas à faire jouer tout en sa faveur et pour son propre plaisir. Diana entra dans la maison, elle ne semblait pas heureuse mais pas énervée non plus me disant que mon amie semblait tactile et souhaitait connaître son prénom pour l’ajouter à sa liste.
- Elle s’appelle Alanna et elle ne m’attire pas du tout.
Je fis un effort considérable qui me permit de me lever et de marcher vers elle pour la prendre dans mes bras et embrasser sa joue.
- Je suis fier que tu ne l’aies pas tuée, tu t’améliores de jour en jour. Et ce n’est pas pour la défendre ou quoi mais elle a réussi à ce que mon dos ne me fasse plus autant souffrir qu’avant.

Alanna. Ce prénom de traînée a raisonné dans ma tête pendant un instant. A dire vrai, il lui allait très bien. J’aurais peut-être dû lui arracher les cheveux ou un ou deux doigts, voir carrément sa tête. Heureusement pour elle, je n’étais pas d’humeur à tuer une autre personne. Andrew m’avait déjà suffisamment tapé sur le système avec ses propos pour me faire croire à la mort de Silas. Si j’avais pris la décision de tuer cette fille, je ne me serais certainement pas arrêtée à elle. J’aurais probablement détruit la ville toute entière. La demoiselle n’attirait pas Silas mais tout me laissait croire qu’il avait déjà eu l’occasion de la connaitre en toute intimité. Je restais mécontente de la venue de ce démon. Silas n’avait pas l’air déçu que cette femme ne soit pas passée entre mes mains. Son dos ne le faisait plus souffrir. Génial, on se demande comment.

-Ah oui ? Grace à un bisou magique j’imagine ?

Je posais une main sur son menton en analysant son cou. Je bouillonnais. Madame avait bien pris le temps d’appliquer un rouge à lèvre de pouffiasse et ne s’était pas gênée pour laisser des traces. Je levais les yeux vers Silas, n'ayant aucune connaissance de ce qui s’était passé. Oui, je lui faisais confiance mais j’avais envie de savoir. Je pris une voix aigüe et intéressée.

-Silas… Rends-moi un service s’il te plait.

Mes lèvres s’approchèrent à quelques millimètres des siennes mais ne les touchèrent pas pour autant. C’était bien trop facile de tout oublier et de faire comme si rien ne s’était passé. J’avais encore cette image en tête de cette femme qui s’était approchée de lui pour le séduire. Je ne vais pas vous mentir, ça me rendait folle. Avec calme mais en restant froide, j’ajoutais :

-Efface-moi ces traces de rouge à lèvre avant que je te détruise autre chose que le dos.

Je l’entrainais dans la salle de bain, il semblait déjà moins mal que tout à l’heure. Forcément, sa grande amie faisait des « miracles ». La question que je me posais, combien d’autres « amies » de ce genre côtoyait t-il ? Celle-ci était bien trop proche de lui, et ca ne me semblait pas être la première fois. J’attrapais un gant dans le meuble de la salle demain en prenant soin de le passer sous l’eau puis le tendit à Silas pour qu’il se débarrasse des marques.  

-Tu considères toutes les filles avec qui tu couches comme tes amies Demandai-je en cessant de faire le moindre geste. 

Mes yeux se posèrent en même temps son torse où il restait encore quelques égratignures. Les voir m’anéantissais à chaque fois et j’avais du mal à le cacher. Je redoutais le jour où il déciderait réellement de tout abandonner à cause de mon rôle au sein des Volturi qui était trop important. J’étais dangereuse pour lui et il le savait. Je ne le montrais pas mais ma plus grande peur était de le voir s’en aller. Je ne m’imaginais pas avec quelqu’un d’autre que lui et voir toutes ces filles qu’il considérait comme des « amies » ne me rassurais pas toujours. J’ignorais comme cela se passait quand il était loin de moi, s’il était obligé de jouer la comédie du démon charmeur pour être toujours crédible et je ne préférais pas l’imaginer. L’idée de tout laisser tomber pour lui me travaillais toujours, mais ça ne serait évidemment pas raisonnable. Nous avions un rôle à tenir mais pour tout avouer, ça devenait pénible. Je détournais le regard en me concentrant sur son visage qui me faisait craquer à chaque fois.

Je savais que sous ses airs de fille calme et détendue se cachait actuellement une femme en colère qui voulait juste tuer Alanna qui avait osé déposer des baisers sur mon cou. Je m’étais vu dans le miroir près du lit, j’avais plusieurs marques roses laissées par son rouge à lèvre et j’eus la confirmation quelques secondes plus tard que ça ne l’enchantait pas de les voir sur moi. On sentait une pointe de jalousie, rajoutant le fait que j’aille mieux grâce à un bisou magique, tout pour montrer que ça l’énervait tout en restant sereine. Je levai mes yeux au plafond, faisant mine de n’avoir rien entendu, et elle souleva délicatement mon menton pour regarder les marques qu’Alanna m’avait faites ce qui ne lui avait pas plu et elle s’approcha de moi comme si elle allait m’embrasser mais elle ne le fit pas, préférant me laisser attendre car elle avait une faveur à me demander : je devais enlever toutes les traces de rouge à lèvres de mon corps. Elle m’emmena dans la salle de bain, me donna un gant de toilette humide pour que je puisse enlever plus facilement le maquillage que j’avais reçu sur mon cou. Je le saisis, levant un sourcil, et le plaçant aux endroits concernés pour ensuite commencer à frotter pour les faire disparaître. Une fois cela fait, je pris un essuie pour retirer l’eau que j’avais sur la peau pendant qu’elle regardait ailleurs, elle n’avait sûrement pas envie de me voir avec des marques qu’elle n’avait pas faites elle-même ce qui devait la rendre furieuse à l’intérieur. Elle me questionna sur le fait que tous mes anciens coups d’un soir étaient mes amies ce qui n’était pas faux en soi. J’avais peut-être couché avec Alanna mais je n’étais pas en froid avec et vous savez, parfois on boit un peu trop ou on est attiré par l’autre, ce n’était pas de l’amour bien loin de là mais sur le moment, on en avait envie tous les deux et on s’était envoyés en l’air. Le lendemain, c’était comme si rien ne s’était passé et ça nous convenait bien comme ça. Je n’avais pas été souvent en contact avec elle mais avec certaines, je gardais une relation amicale qui m’importait vraiment.
- Je ne vais pas te mentir, je suis ami avec la plupart d’entre elles mais il n’y a rien entre elles et moi.
Bon, je m’enfonçais petit à petit, j’attisais sa jalousie sans trop le vouloir mais je ne pouvais pas lui mentir, je n’en étais pas capable car je ne voulais pas devenir un de ces connards qui ne disent pas un mot de vrai à leur copine et la laisse croire que c’est le type parfait. Je voulais être un gars bien qui était là pour sa petite amie, je ne voulais pas qu’il y ait de secret entre Diana et moi car les secrets ne font que détruire les relations de couple. Je n’étais pas un ange, j’étais un démon à qui on avait donné un cœur qui était capable d’aimer même la pire des sadiques sanguinaires.
Je partis chercher mon téléphone que j’avais laissé dans la chambre, le déverrouillai grâce au capteur d’empreinte digitale, ces humains n’étaient pas si bêtes au final. J’ouvris l’application pour afficher tous mes contacts, j’avais quelques filles en favori mais c’étaient les plus importantes uniquement, et parmi les 4,5 qu’il y avait, une seule avait été ma partenaire d’un soir mais aucun de nous ne s’en souvenait vraiment. J’approchai de Diana en lui tendant mon smartphone et je respirai un grand coup avant de commencer à parler.
- Voilà tous mes contacts, tu peux supprimer toutes les filles que tu souhaites ou écrire leur nom. Fais ce que tu en veux mais ne touche pas à celles qui se trouvent dans mes favoris s’il te plait. Ce sont de très bonnes amies avec qui je n’ai jamais rien eu, pas de relation charnelle même pas un seul baiser ni rien. Tu es la seule à qui j’ai pu donner mon téléphone donc, ne fais pas de connerie.
Je quittai la pièce pour m’asseoir sur le lit, je venais de lui confier toutes mes données, je savais qu’elle allait faire ce qu’il fallait et je ne voulais pas perdre sa confiance. En lui donnant mon smartphone, je lui avais donné le choix de contrôler mes fréquentations et une partie de ma vie. Jamais je n’aurais fait ça avant même si j’y avais été obligé et même si c’était un petit geste, pour moi, ça représentait tellement.

Le démon fit un allé dans la chambre pour finalement revenir m’apporter son smartphone. Je me souvins alors que j’avais laissé le mien dans mon sac et que je n’avais même pas pensé à vérifier si quelqu’un avait essayé de me joindre suite à mon absence en Italie. Je pris possession de son petit jouet moderne qu’il venait de me tendre en me demandant quelle idée avait-il derrière la tête. Il finit par m’accorder le droit de supprimer n’importe quel contact à condition de ne pas toucher à ses « favori(tes)». Raison de plus pour me questionner sur ses fréquentations même si selon-lui, il ne s’était jamais rien passé avec celles-ci. Je baissais les yeux quelques secondes sur l’écran par simple curiosité mais sans forcément chercher à retenir les noms. Son geste me fit comprendre que je pouvais lui faire confiance et inversement. J’appréciais sa franchise mais je ne cherchais pas à ce qu’il me prouve quoi que ce soit. Hésitante, j’ai patienté dans la salle de bain en me demandant ce qui était le mieux à faire.

Je décidais de faire un pas dans la chambre en lançant avec prudence le smartphone de Silas pour qu’il atterrisse sur le lit. Je m’avançais vers lui en le plaquant doucement sur le lit en m’assurant que son dos ne craque pas de nouveau. Contrairement à d’habitude, je devais m’y prendre avec délicatesse pour ne pas le casser en deux. Mes doigts se glissèrent entre les siens. C’est fou ce que ça m’avait manqué de ressentir sa chaleur.

-J’men fiche. Je sais que tu n’es pas ici pour avoir de la compagnie ou pour tout simplement satisfaire tes envies, surtout après ce que je t’ai fait. Tu n’as pas besoin de me montrer ça parce que j’ai confiance en toi… Certes, j’aurais bien aimé en importuner quelque unes mais je ne vois pas en quoi ça nous avancerait.

Je mordillais ma lèvre en le dévisageant. Dommage que son état de santé ne nous permettais pas de nous amuser un peu mais il devait se reposer. J’étais la responsable de ses blessures et il fallait que j’en assume entièrement les conséquences. J’attendis que nous soyons placés correctement sur le lit pour me blottir au creux de ses bras en posant une main sur son torse. Il était tard et même si je ne dormais pas, Silas avait besoin de sommeil. Une nuit à ses côtés ne pouvait être que bien. Le temps compté avec lui était précieux et je comptais bien en profiter. Ces trois dernières semaines ont été si longues que cela ne me dérangeait pas de rester éveillée une nuit entière en étant en contact avec son corps.

-Tu m’as manqué Silas.

C’était officiel, il avait fait de moi une autre personne. Et honnêtement, il ne valait mieux pas pour moi que les Volturi découvre cette autre facette. Ah, les Volturi… Ils avaient besoin de moi mais rien ne les empêcheraient de me couper la tête s’ils apprenaient tous mes crimes de ces derniers mois. J’étais assez fière de ma facilité à avoir réussi à leur cacher mon petit jeu car aucun d’entre eux ne se doutait de quelque chose. La seule chose qui m'importait était celui avec qui je me trouvais dans la pièce et je n'éprouvais aucun regret.

Elle prit du temps dans la salle de bain, lui avais-je posé une vraie colle ? Elle était peut-être en train de fouiller mon téléphone de fond en comble en espérant ne tomber sur aucune photo de fille et dans mes souvenirs, il n’y en avait pas. Je n’étais pas le genre de personne à dégainer son smartphone pour faire des photos dès qu’il s’amusait un peu avec des amis et amies. Si Diana avait vu une seule photo avec une fille, je n’osais même pas imaginer ce qu’il se passerait en suite, un interrogatoire ou une séance de torture avec la jeune femme en question. Après quelques minutes, elle fit son apparition dans la chambre, lançant par la même occasion mon cellulaire sur le lit et s’approchant de moi. Elle me fit coller mon dos contre le lit en douceur, pas de craquement. Elle m’expliqua avoir confiance en moi et que même si elle avait eu envie d’en ennuyer certaines, elle s’était abstenue ce qui m’avait étonné. I know who you are.
J’admirai son visage, je ne l’avais pas vu depuis des semaines et j’avais peur de l’oublier un jour. Je l’avais déjà fait une fois, j’avais demandé à ce vampire, Chrissy, de m’effacer la mémoire pour que j’aille mieux et que je ne pense plus à elle. C’était un acte égoïste et si je ne l’avais pas voulu, ça nous aurait évité quelques problèmes comme le passage de la torture mais d’un autre côté, on ne savait pas comment cela se serait passé, je ne l’aurais peut-être jamais revue et on n’aurait sûrement jamais été ensemble. C’était un mal pour un bien au final même si j’aurais préféré que ça se passe différemment. Sa voix parvint à mes oreilles, me disant que je lui avais manqué ce qui me réchauffa le cœur littéralement vu que ma température corporelle avait été augmentée de quelques degrés. J’avais besoin de repos, je savais que c’était un peu moche le jour de nos retrouvailles de m’endormir de la sorte mais la journée avait été épuisante et j’avais pris quelques coups par-ci par par-là ce qui m’avait affaibli et fatigué. Je sentais mes paupières devenir de plus en plus lourdes même si la soirée venait de commencer, la sortie de la veille m’avait déjà épuisé alors m’endormir ne serait pas si difficile que ça. Just close you eyes, the sun is going down.
- Ce fut long sans te voir… J’ai dû meubler ces 3 dernières semaines comme j'ai pu mais je n’ai pas arrêté de penser à toi.
Ma main se glissa sur sa joue, depuis que je l’ai revue à Volterra, je n’avais pas réussi à la faire sortir de mes pensées, dès que j’allais quelque part, j’espérais qu’elle y soit, je voulais qu’elle pense à moi comme je pensais à elle et c’est ce sentiment qui arrivait à me tenir en éveil. Devenue importante en si peu de temps, c’était un vampire, tout ce que je détestais et pourtant, j’étais tombé amoureux de mon pire ennemi.
- Je suis désolé que nos retrouvailles se soient passées de la sorte, j’aurais préféré passer plus de temps avec toi aujourd’hui mais j’ai souffert comme jamais et j’ai besoin de me reposer. Je t’aime.
Mes yeux se fermèrent petit à petit, ma vision devenait de plus en plus sombre jusqu’à ce que tout ne devienne noir, j’entendais son souffle ce qui au début, m’avait perturbé mais qui au final, s’était révélé comme relaxant et ce qui m’aida à m’endormir.
Mon dos allait mieux, Alanna m’avait dit que le temps me guérirait et elle avait eu raison, ces 7 derniers jours m’avait beaucoup aidé à me remettre sur pieds, j’étais apte à refaire tout ce dont j’étais capable avant l’incident et même si certains mouvements me prenaient plus de temps que d’habitude, je savais tous les faire. Cette semaine m’avait fait réfléchir, quand Diana n’était pas là car elle partait chasser, j’avais fait quelques recherches sur mon téléphone pour savoir ce qui pourrait nous détendre tous les deux avec tous les évènements stressant que nous avions vécu depuis le début de notre rencontre. J’avais vu plusieurs suggestions comme par exemple une journée au SPA mais je ne pensais pas que c’était le style de Diana d’aller dans ce genre d’instituts et ce serait nous faire courir le risque qu’on nous aperçoive en public tous les deux et je n’avais pas envie de nous rajouter de la pression supplémentaire. J’étais dans le salon, sirotant tranquillement mon café matinal que j’avais acheté il y a 3 jours en allant au magasin car j’avais besoin de sortir du lit et de bouger. Chocolate Mocha. Toujours torse nu au matin et dans le fauteuil qui était plutôt confortable. J’entendis Diana approcher de moi, je pris une nouvelle gorgée et je commençai à parler d’une idée que j’avais lue ce matin. Un voyage dans un pays quelconque, juste elle et moi. J’avais l’argent pour partir où nous voulions et pendant la durée que l’on souhaitait. Il fallait juste trouver un endroit idéal et ensuite réserver et acheter nos places dans un hôtel et le tour était joué.
- Un voyage. Ai-je sorti d’un seul coup.
Je posai ma tasse sur la table délicatement pour ne pas renverser et me retournai vers elle pour prendre ses mains et lui parler droit dans les yeux.
- N’importe où, juste toi et moi, quand tu veux, pour faire ce que tu veux, le temps que tu voudras du moment qu’on ne se fasse pas tuer.
J’avais les yeux qui pétillaient, j’étais amoureux. Mais soudain, la porte d’entrée s’ouvrit alors qu’en théorie, personne n’était attendu. Encore des emmerdes.

J’étais plutôt flattée de l’entendre admettre qu’il avait pensé à moi ces dernières semaines. Quand on y pense, elles avaient tout de même été longues, et il avait été difficile de combler ce manque, même en trouvant différentes occupations. Quasiment tout me ramenait à lui. Quand on me demandait de me rendre dans les catacombes, quand je surprenais des couples en train de s’embrasser, flirter ou quand on me parlait garçon, je pensais automatiquement à lui et à notre première rencontre. J’installais ma jambe sur les siennes en essayant de ne pas trop la remonter afin d’éviter d’autres dégâts corporels. Comme il le disait, nos retrouvailles ont été assez embarrassantes. Je ne m'étais pas attendue à devoir tuer de nouveau pour avoir la paix, encore moins un vampire. J’avais encore trouvé le moyen de blesser Silas alors que je m’étais jurée que cela n’arriverait plus. Cette fois-ci était la bonne, plus jamais il ne subirait ma colère, ni la souffrance atroce qu’infligeait mes dons. La seule chose que je souhaitais était de le savoir en sécurité et heureux. Depuis cette soirée où il s’était précipité pour me sortir de cette maison et empêcher ces flammes de me toucher, je ne me souciais que de lui, même si on pouvait croire qu’au début je m’en moquais. Je sentis les battements de son cœur retentir et sa respiration s’apaiser. Encore une autre nuit à ses côtés...


Une semaine s’est écoulée après que nos chemins se soient de nouveau rencontrés. Ce lien que je partageais avec Silas m’avait assagie, j’étais dans un autre monde totalement éloigné de la haine. Ma soif de meurtre s'était plus ou moins endormie. Je n’avais tué que trois humains pour me nourrir durant ces sept derniers jours, ce qui était plutôt raisonnable. Je favorisais les sorties nocturnes, pendant que Silas dormait Mes derniers meurtres ne se portaient que sur de jeunes filles innocentes de la ville. J’avais plutôt un cran contre elles ces derniers temps... Si ça continuait, la ville de Forks allait finir par se retrouver qu’avec des personnalités masculines. 
Ce matin-là, j’avais décidé de garder un pied dans la maison. Ma nuit avait été assez agitée car j’avais manqué de me faire surprendre par une meute de modificateurs pendant que je m’abreuvais de sang d’un cadavre. La plupart des modificateurs me connaissaient, en particulier Jacob qui m’avait plutôt bien accueillie il y a de cela quelque mois. C'était un homme très amical qui avait su lire en moi une part de sympathie. Peut-être qu’il n’avait pas eu tout à fait tord après tout. 

Tandis que j'étais plongée dans mes pensées, le démon fit une suggestion plus ou moins surprenante, celle de voyager ensemble. Une suggestion qui méritait que l'on y réfléchisse. La destination m’importait, tant que j’étais avec lui. Bien décidée à le suivre jusqu'au bout du monde, mes yeux se sont plongés dans les siens. Quelle chance j'avais de l'avoir... Mais un bruit vint stopper ce début de conversation. Une jeune femme avec de longs cheveux blonds ondulés, des yeux aussi rouges que les miens et une silhouette maigrichonne s'était introduite dans la demeure. Je relâchais immédiatement les mains de Silas en réalisant qu’il s’agissait de la propriétaire de la maison. Stupéfaite de me voir aux côtés d’un démon, celle-ci se braqua.

-Diana… Qu’est-ce que cela signifie ?

Surprise, aucun mot ne réussit à sortir de ma bouche. Iris nous avait vu, elle savait et j’allais devoir vite prendre une décision. Je ne pouvais pas la laisser partir. Le vampire s’approcha dangereusement, mon premier réflex fût de me placer entre elle et Silas pour l’empêcher d’atteindre le démon. Nos regards colériques se sont croisés. Il n’était pas question qu’elle l’approche sans ma permission.

-Les Volturi te tuerons pour ça. Cela pourrait créer des conflits que tu n’imagines même pas.
-Ose faire un pas de plus ou parler à qui que ce soit de ce que tu as vu et c’est moi qui te tuerais.
-Je te mets seulement en garde Diana, les démons sont des manipulateurs, celui-ci causera ta perte. Laisse-moi l’approcher pour que je m’en débarrasse.

Tout en restant calme et détendue, je pris un ton assez ferme en gardant un oeil attentif sur elle. Cette pauvre fille n’avait pas conscience de ce que ce démon représentait pour moi et je la comprenais. Néanmoins, je ne comptais pas la laisser avancer d’un centimètre.

-Je sais à qui j’ai à faire. Inutile de me conseiller sur ce point-là. Je pense que tu es mal placée pour me dire que je suis incapable de cerner les gens. 

Iris n'était pas une grande adversaire, mais je n'avais pas non plus envie de mettre fin à ses jours. Sa méfiance envers les démons pouvait être compréhensible même si je me fichais bien de ce qu’elle pensait. Le fait que nous soyons amies me dérangeait, je ne pouvais pas me permettre de tuer ce témoin sans y réfléchir. Sa place avait de l’importance dans notre clan et la laisser vivre en ayant connaissance de mon secret ne me plaisait pas, sans oublier que Aro pouvait obtenir toutes les preuves en lisant dans son esprit. Mes mains vinrent s'appuyer sur ses épaules quand celle-ci tenta de s'approcher.

-J’ai eu des échos sur ton peuple et ta reine. Je doute qu’elle apprécierait d’apprendre que l’une de ses marionnettes fréquente un vampire.  Qu’est-ce qui peut me faire croire que ce n’est pas un coup monté contre nous ?! Vous les démons n'êtes que des vermines. 

C’était son amie et par déduction, la propriétaire de la maison. Un vampire sanguinaire comme Diana, la couleur de ses iris la trahissait et sa peau pâle ne faisait que confirmer mes soupçons. Une belle jeune femme qui devait avec quelques années derrière elle et vu son expression de visage, elle n’était pas enchantée de me trouver ici avec l’autre vampire. Diana était sur la défensive et, en voyant que son amie s’avançait dans ma direction, elle se mit juste devant moi pour empêcher que la propriétaire ne me touche. Elle trouva bon de nous faire quelques leçons de moral en disant que ça créerait beaucoup de problèmes si ça se savait et elle n’avait pas tout à fait tort vu que aucun de nous deux n’était censé côtoyer l’autre même si c’était de manière amicale, c’était inscrit en lettre d’or dans le règlement. Diana osa la menacer, son petit air protecteur la rendait encore plus sexy même si j’aurais préféré que ce soit dans d’autres circonstances moins compromettantes. Son amie ne s’était pas retenue de nous décrire, manipulateurs disait-elle, prétextant que j’allais causer sa mort à un moment ou un autre ce que je n’aurais jamais supporté. D’un côté, je comprenais son amie qui voulait juste la protéger tant bien que mal et en se méfiant de moi et d’un autre, elle ne savait pas ce que nous avions dû traverser pour finir ensemble et ce n’était pas à laisser de côté. Elle voulait ma mort, très bien je pouvais le concevoir mais elle ne devait pas me tuer, du moins, si elle voulait rester en vie juste après. What you gonna do ?
Le vampire tenta de s’approcher de moi mais elle fut très vite arrêtée par Diana qui ne semblait pas lâcher prise. Elle commença à expliquer qu’elle avait des informations sur nous et pensa directement au complot en me traitant de marionnette et ça je ne pouvais pas laisser passer ça sans rien dire. I owe you nothing.
- Donne-moi une seule bonne raison de ne pas te brûler sur place. Dis-je d’une voix calme et douce.
J’attendais qu’elle y réfléchisse, je n’avais aucune raison de la garder en vie car, comme l’avait souligné quelques instants avant, nous étions ennemis et de toute évidence, elle ne trouvera aucun moyen de me sortir quelque chose de valable. You need a reason.
- Il n’y en a aucune, pourtant tu respires toujours et je n’ai aucune envie de te tuer. Si tu as une quelconque importance pour Diana, je ne te toucherais ni avec une flamme, ni de mes propres mains.
Je m’approchai de l’inconnue en faisant signe à Diana que tout allait bien et qu’elle n’avait pas à s’inquiéter de quoi que ce soit, je gérais la situation. Je me mis face à elle, en la regardant droit dans les yeux en espérant lui montrer que j’étais sincère et que je n’essayais pas de l’embobiner dans une histoire grotesque qui aurait été démentie par la suite. Il fallait qu’elle me croie si elle voulait rester en vie et je n’avais aucune envie de tuer cette fille parce qu’elle voulait juste protéger une de ses proches. C’était remarquable même si elle semblait plus se soucier de sa survie à elle qu’à celle de Diana qui ne s’était toujours pas détendue depuis l’arrivée soudaine de la propriétaire. Je pris une grande respiration, je ne tremblais pas, je ne bougeais pas, je n’avais aucune raison d’avoir peur d’une petite sangsue car il m’aurait fallu 3 secondes pour la réduire en cendres.
- Je pense que, comme Diana l’a précisé, si j’avais été menaçant, elle n’aurait pas hésité à m’assassiner mais elle ne l’a pas fait. Je ne suis pas sous les ordres de la reine ou de qui que ce soit, je vis reclus à Forks depuis un petit temps et je ne parle jamais de vampires. Je n’ai aucune envie qu’elle ait des ennuis à cause de moi.
Je partis vers la cuisine, cherchant un verre pour le casser et récupérer un bout tranchant, et je revins vers les deux femmes. Elles avaient un air interrogateur et personne n’aurait pu prédire ce que j’allais faire ou dire, manipulateur ou non, je savais être quelqu’un de parole et de confiance et la seule chose dont j’étais sûr en ce moment, c’était que j’aimais Diana plus n’importe qui sur cette planète. You are the one I have been waiting for.
- S’il devait arriver quoi que ce soit à Diana à Volterra à cause de moi.
Je pris le fragment de verre pour me faire une entaille dans le bras et ainsi, mettre du sang sur le morceau tranchant et je le tendis à cette dernière avec un sourire désolé. I would do anything for you.
- Je t’autorise à me tuer et avec le sang qu’il y a sur ceci, tu me retrouveras.
Je fixai l’objet dans ma main, cherchant celle du vampire pour le lui donner et même si elle s’était jetée sur moi pour boire mon sang, Diana l’en aurait empêché. Nous étions insensibles au venin de n’importe quelle espèce, vampires y compris. Je venais de faire une sorte de pacte et j’espérais avoir fait le bon choix. Si elle ne me croyait toujours pas après ça, je ne voyais pas ce que je pouvais faire d’autre pour l’en convaincre. Please, believe me.

L'envie de la plaquer au sol pour lui arracher les membres me tiraillais. Cette fille était quelqu’un avec qui j’avais beaucoup d’affinités; et la tuer me contrariait. J’espérais que nous n’en n’arriverions pas là même si Iris avait l’air bien partie pour s’attirer des ennuis. Elle prétendait que Silas faisait parti des manipulateurs de son clan. La bonne blague, en sachant tout ce qui s'était passé... La jeune femme se trompait et elle n’avait aucune raison de penser que le démon me voulait du mal, bien au contraire. S'il avait fallut blâmer une personne, c'était bien moi. Entre la séance de torture à Volterra et le coup de poing dans le ventre de la semaine dernière qui lui a coûté de vilaines douleurs au dos, il était gâté. J’entendis la voix de Silas raisonner dans le salon disant qu’il ne toucherait pas à un seul de ses cheveux en sachant qu’elle et moi étions proches. Méfiante, je retirais mes deux mains de ses épaules en laissant Silas s’approcher mais tout en m'apprêtant à bondir sur elle au moindre faux pas. J’étais attentive à tout, à leurs mots, leurs gestes. Iris n’était pas déterminée à lâcher l’affaire, bien qu’elle soit restée muette face au démon qui était sur la défensive. J’avais horreur de ce genre de moment et j’aurais préféré être loin d’ici avec Silas. J’avais l’impression que nous ne serions jamais tranquilles, qu’il y aurait toujours quelque chose pour nous mettre dans l’embarras mais cette relation valait la peine que l’on se batte pour la préserver.

Silas fit un pas dans la cuisine, j’entendis le bruit d’un verre qui venait de se briser. Qu'avait-il en tête ? Il revint dans le salon avec un bout de verre tranchant à la main avant de s'entailler légèrement le bras. Une odeur insupportable de sang vint chatouiller mes narines. J’avais encore du mal à gérer ma soif et voir cette coupure me déstabilisais. Je fermais les yeux trois secondes en essayant d’oublier ce qu’il venait de faire. Il tendit le morceau de verre au vampire et l’autorisant à le tuer s’il devait m’arriver quelque chose par sa faute. Un acte poignant car je ne pouvais pas envisager l’idée qu’il puisse un jour mourir. La blonde pris possession du bout de verre, l’air étonné tandis que de mon côté j’étais plutôt inquiète. You don't know how lovely you are.

-Silas…

L’expression du visage du vampire changea aussitôt. Le prénom que je venais de prononcé avait l’air d’avoir fait écho dans sa tête.

-Attends, je te connais ! C’est toi qui a tué l’un des nôtres il y a environs trois mois et qui t’es échappé de la prison de Volterra !

Je n’avais pas pensé que la jeune femme finirait par découvrir qui il était et j’aurais dû me douter qu’elle serait au courant de l’évasion de Silas. Les Volturi en avaient tellement parlé, que son prénom était devenu une évidence. Eprise de colère, la vampire fit tomber le bout de verre. Iris avait beau éprouver un minimum de compassion, jamais elle ne laisserait passer cette occasion de ramener le corps de Silas en Italie. Je fis office de barrière en m'approchant d'elle.

-Ce n’est pas lui qui l’a tué.


Face à toutes ces révélations, le vampire était en état de choc. Il ne lui a pas fallu bien longtemps avant qu’elle comprenne que le meurtre en question venait de moi. Elle se plaça à ma hauteur, malgré qu’il lui manquait encore quelques centimètres avant qu’elle ne m’atteigne.

-Tu as tué un des tiens pour aider un ennemi à s’échapper. Tu te rends compte que c’est une faute grave dont le châtiment pourrait être la mort ?

Je commençais à fatiguer d’entendre ses leçons de morales. J’étais totalement consciente de mes actes et je ne les regrettais pas. Si je n’avais pas tué cet homme, jamais je n’aurais jamais pu sauver Silas. J’invitais la jeune femme à se reculer tandis que je m’avançais dangereusement vers elle.

-Premièrement, sache que je n’en ai rien à foutre de tes commentaires, si j’ai fais ça c’est qu’il y avait une bonne raison. Deuxièmement, tu vas t’abstenir de révéler ce secret, au risque que je vienne te trouver pour t’arracher cette jolie tête et que Silas te la crame. Troisièmement, tu es quelqu’un que j’apprécie particulièrement, alors évite de tout gâcher.

Le vampire hocha la tête en signe de compréhension. J’aimais bien prendre ce petit air menaçant, ça marchait à chaque fois. Avec un sourire provocateur, je me retirais. Jamais je ne l’aurais cru aussi idiote et il fallait vraiment que je fasse un tri dans mes fréquentations. Curieuse, je jetais un coup d'oeil vers la fenêtre qui donnait sur l'allée, espérant que personne ne l'accompagnait... Une demi-seconde d'inattention qui lui permis de se ruer sur son potentiel ennemi pour lui planter ses crocs. Welcome to hell.

La blonde m’accusa d’un meurtre à Volterra que je n’avais pas commis, à croire que mon prénom s’était répandu un peu partout en Italie, si ça continuait de se propager de cette manière, il faudrait que je pense à changer de prénom ou à me faire appeler ‘Levi’ ce qui ne me déplaisait pas tant que ça vu que je l’aimais bien. Diana continua de se montrer menaçante, elle apprit à son amie que c’était elle qui s’était débarrassée de l’homme d’argile et elle lui poussa son coup de gueule. Elle n’hésita pas à la menacer de lui arracher la tête si elle disait quoi que ce soit à quelqu’un et bizarrement, même si avec Andrew les choses avaient dégénérées, je ne voulais pas commettre de meurtre aujourd’hui. Ca me rappelait mon passé, ce temps où je tuais juste pour le plaisir, pour voir souffrir les gens juste quand je m’ennuyais. Je ne voulais pas replonger dans ces meurtres en série, voir les gens brûler ne devaient plus me procurer autant de satisfaction et ça ne devait plus être une routine car j’avais fait un trait là-dessus. Diana n’était même pas au courant et j’espérais qu’elle ne le découvre jamais. My reputation precedes me, they told you I’m crazy.
Diana partit faire je ne sais quoi, me laissant ainsi, seul avec son amie sangsue. Honnêtement, je n’avais pas confiance en elle et même si elle avait, comme qui dirait, signé un pacte avec Diana qui semblait la croire assez pour qu’elle me délaisse avec sa meurtrière d’amie. Il ne lui fallut pas deux occasions pareilles pour qu’elle se jette sur moi, d’habitude, les filles étaient attirées par moi et se ruaient sur moi pour m’embrasser mais nous étions dans un tout autre contexte, son seul désir était celui de me tuer en me vidant de mon sang. Ses dents s’approchaient dangereusement et même si j’essayais de lutter, elle avait une force impressionnante que je ne pouvais pas la combattre. Ses crocs de vampire entrèrent dans mon bras, mes yeux se fermèrent automatiquement, j’avais déjà eu des morsures dans toute mon existence mais ça remontait à tellement longtemps que la douleur semblait inconnue. Ma température corporelle augmenta presque instantanément, ma peau devenait brûlante que j’ai même cru que j’allais devenir une boule de feu. C’était assez chaud pour repousser le vampire qui enleva ses dents après que ses lèvres aient pris un coup de chaleur. Elle se releva, encore plus énervée que quand elle avait entendu mon prénom tout à l’heure, et elle se précipita dans ma direction pour finir le boulot. J’eus le temps de me retirer pour qu’elle ne puisse pas me toucher, elle fonça droit sur la table qu’elle fit basculer, le vampire fut un peu sonné mais n’allait pas s’arrêter pour autant. Elle ne voulait pas abandonner, pas en si bon chemin, mais cette fois-ci, j’eus le temps d’agripper un de ses poignets pour l’envoyer contre le mur. Je fis en sorte de contrôler ma température corporelle pour qu’elle soit, en même temps, assez élevée pour la maintenir mais pas assez pour la démembrer. Il fallait la calmer sinon un de nous deux devrait la tuer ce qui serait regrettable, 2 meurtres en 2 semaines ça aurait été un bon ratio pour des criminels mais ça devenait épuisant de devoir tuer pour notre protection. Parfois, je me demandais si je voulais vraiment être un démon car si j’avais été comme elle, j’aurais facilement pu m’afficher avec elle publiquement. I swear I don’t love the drama, he loves me.
Je me dirigeais lentement vers Diana, étant ralenti par la femme que je tenais fermement et qui se débattait, plus elle bougeait, plus la chaleur augmentait, c’était une bonne technique pour la neutraliser sans lui faire mal, je ne pouvais pas la tuer. Je ne voulais pas tuer une amie de Diana, je ne souhaitais pas qu’elle me voie comme un monstre qui aurait tué l’un de ses proches. Je balançai le vampire à ses pieds violemment, mon bras me faisait un mal de chien et même si ça ne m’handicapait pas tant que ça, la douleur était présente. It actually hurts.
- Diana, je sais que tu feras ce qui est juste et je n’ai pas l’intention de tuer ton amie. Je ne veux pas que tu m’en veuilles si tu as des regrets et je n’ai aucune envie de tuer un des tiens.
Je m’éloignai de quelques pas, les bras croisés, je ne voulais pas prendre de décisions à sa place et elle était assez responsable pour prendre des choix de cette ampleur. I see how this is gonna go.

Un bruit de fracas me ramena à la réalité. La vampire s'étai élancée sur le démon, tentant désespérément de planter ses crocs dans une partie de son corps. Une odeur des plus pénibles m'obligea à me contracter pour ne pas exploser et à couper ma respiration, tandis que mes pupilles se dilataient. Elle avait réussi à le mordre au niveau du bras en laissant s’égoutter du sang sur le carrelage. Mon esprit voulait que je me précipite pour séparer les deux individus mais mon corps lui, était totalement ailleurs et me réclamais avec insistance cette chose dont je m’abreuvais depuis plusieurs années. J’aimais Silas plus que n’importe qui mais jamais je n’aurais cru avoir à me retrouver dans une telle situation. Sa blessure étant cette fois-ci bien trop importante pour que je n’y prête pas attention, je peinais à me retenir de la respirer. Le vampire bascula contre la table après que Silas se soit servi de sa chaleur corporelle pour l’éloigner. J’avais beau essayer de me concentrer sur Iris qui était en furie, j’étais totalement embrouillée par cette odeur de sang humain. Ma gorge me brûlait à tel point que je ne savais plus où regarder, je passais ma main au niveau de mon cou en m’efforçant de m’enlever de la tête cette image du démon en train de perdre du sang. J’étais en rage contre Iris pour ce qu’elle venait de faire mais aussi contre moi-même pour avoir ressenti cette forte envie de meurtre pour seulement satisfaire ma soif. Avec facilité, le démon projeta la jeune femme à terre, me laissant pour choix de soit la tuer ou de la garder en vie. Il ne tenait pas à tuer un des miens, encore moins sans mon autorisation. J’étais à deux doigt de tout exploser sur mon passage, mais il fallait prendre une décision. Silencieuse, j'adressais un signe de tête à la vampire de me suivre jusqu'à dehors. Avec un sourire vainqueur, la fille aux cheveux blonds m'accompagna jusqu'à l'arrière de la maison.

-Tu vois, c’est loin d’être une personne de confiance. Rentre avec moi en Italie, tu y seras mieux.

Dernière alternative, je fis en sorte de geler la moitié de son corps pour l’immobiliser, pour finalement poser mes mains sur elle et lui arracher sa tête en un seul mouvement. Retourner en Italie était loin d’être ce que je souhaitais et sans en prendre vraiment conscience, je venais de faire mon choix. Mon geste qui lui coûta la vie me permis d'oublier l'odeur du sang de tout à l'heure. Et voilà que je venais de tuer un de mes proches pour sauver la vie de l’un de mes ennemis... Encore un crime. Le fait qu’elle ait osé faire souffrir physiquement la personne la plus importante à mes yeux était la principale raison de mon acte. Autrement, j'aurais peut-être tenté de lui laisser sa chance. Personne n’avait le droit de l’approcher de cette façon et je lui avais fait la promesse qu’avec moi il ne lui arriverait rien. Je sorti un briquet de ma poche pour brûler son corps, ne voulant pas laisser cette tâche à Silas. Cette décision me revenait et je devais l’assumer. J’entendis des pas et cette odeur de sang se rapprocher, me retrouver face à lui m’effrayais.

-Ne t’approches pas de moi Silas.

Je fis quelques pas en arrière et levant une main face à lui pour le stopper. J’ignorais comment lui expliquer à quel point ma soif de sang me rendait folle. La meilleure solution pour moi était de fuir pendant quelques heures, le laisser s’occuper lui-même de ses blessures et de trouver un autre être humain à tuer. Je posais les yeux sur sa morsure avant de m’éclipser à l’autre bout de la forêt en moins d’une minute. Iris ne l’avait vraiment pas manqué.

Par pur hasard, un chasseur me passa sous le nez. Sans la moindre pitié, mes crocs se sont introduits dans sa jugulaire. Le pauvre homme n’avait rien demandé mais c’était le cadet de mes soucis. Son sang était ma drogue et je n'avais rien trouvé de mieux pour me soulager. Une fois le repas terminé, j'ai vagabondé durant plusieurs heures dans la forêt en me demandant ce que j’allais bien pouvoir fournir comme explication à Silas et surtout, si j’étais capable de me contrôler si cela devait se reproduire. Mais je ne voyais qu’une explication possible, dire la vérité.

Avec hésitation, j’entrais dans cette maison dont la propriétaire était à présent décédée. J’évitais de croiser le regard de Silas en me précipitant dans la chambre pour changer de vêtements, celui-ci étant couvert de sang. Je pris une profonde inspiration avant de faire irruption dans le salon en m’adossant contre le mur.

-J’ignore combien d’années tu as derrière toi en tant que démon et j'avoue que cela m'intrigue. La seule chose que j’ai oublié de te préciser c’est que ma transformation remonte seulement à seulement 8 années en arrière, durant l'année de mes 19 ans. Ce qui explique que je peine toujours à contrôler ma soif.

Je marquais une pause en regardant dans le vide puis repris calmement.

-J’aurais pu te tuer et c’est assez difficile à admettre parce que c’est loin d’être ce que je souhaite.

Je n’étais pas énervé, j’aurais pu l’être car même après le ‘pacte’ que j’avais fait avec elle, je n’avais pas réussi à la raisonner. Je ne savais pas ce que Diana allait faire d’elle mais j’étais convaincu que si elle voyait une quelconque menace en ce vampire, elle le tuerait sans aucune hésitation. Diana sembla troublée et tint à voir son amie en privé pour je ne savais quelle raison et sincèrement, je ne voulais pas vraiment le savoir. Sa morsure ne m’avait rien fait si ce n’est une vive douleur, mon sang continuait de couler sans que je ne puisse rien faire. Je cherchai un bout de tissu pour essuyer le sang qui coulait sur mon bras devenu rouge à cause de la teinte du liquide. Je n’ai même pas regardé après des bandages ou du désinfectant sachant que la maison appartenait à un vampire sanguinaire, je ne voyais pas pourquoi est-ce qu’il garderait des soins pour les humains alors qu’il les vidait de leur sang et les tuait sans pitié. Je saisis l’essuie pour les mains qui était accroché près de l’évier de la cuisine, le tissu changea rapidement de couleur passant du blanc éclatant à un rouge foncé qui se propageait à vue d’œil. Je lançai le tissu imbibé de sang dans la cuisine et je me précipitai vers l’extérieur car je savais que s’il arrivait quelque chose à Diana, jamais je ne pourrais me le pardonner en sachant que j’aurais pu éviter ça. La première chose qui attira mon attention fut les flammes qui recouvraient et consumaient le corps du vampire sans vie, la tête arrachée et plus loin à côté de son corps d’argile. Diana me défendit de l’approcher, je ne savais pour quelle raison mais je préférai rester à distance par sécurité car elle semblait froide et troublée et j’avais été témoin de sa colère incontrôlée et par crainte de voir mon dos brisé à nouveau, je ne bougeai pas d’un poil. Elle partit dans la forêt, disparaissant de mon champ de vision en moins de temps qu’il ne faut pour le dire en me laissant sans explication sur le pas de la porte d’entrée. I’d go back in time and change it but I can’t.
La maison était toute retournée, le sol était recouvert partiellement de flaques rouges qui étaient éparpillées un peu partout près du salon. Je n’avais jamais vu un tel bazar dans une demeure aussi jolie que celle-ci et j’étais presque triste d’y avoir foutu le brun. Mais ce qui me perturbait le plus, c’était le fait que quelque chose dérangeait Diana et je ne le savais pas. Tout à l’heure, elle était préoccupée par quelque chose et même si je voulais être là pour elle, je ne comprenais pas ce qu’il se passait ni à cause de toi et son ordre sec de rester loin d’elle ne m’aidait pas à deviner ce qu’il se passait dans sa tête. Et si le vampire avait réussi à lui retourner la tête ? Et si elle pensait que je me servais d’elle ? Il y avait des infiltrés dans toutes les races pour des missions quelconques mais je n’en étais pas un et je ne souhaitais pas l’être. Je me dirigeai vers une armoire, saisissant une bouteille d’alcool et un verre pour verser un peu du liquide dedans, l’alcool n’était pas fort mais le goût était agréable une fois en bouche. Je me posai dans le canapé, mon verre à la main que je portai à mes lèvres pour en boire une gorgée tout en réfléchissant à ce qu’il pourrait arriver à l’avenir. Mind twist you.
Je ne l’avais pas entendue rentrer, j’étais perdu dans mes réflexions mais quand elle commença à parler, je me retournai d’un coup, déposant le verre sur la table du salon. Elle m’annonça qu’elle ne connaissait pas mon âge, ce qui ne m’étonnait pas vu que je n’avais jamais évoqué le sujet, et elle m’avoua son âge qui me laissa blanc comme un linge. 27 ans. Je savais qu’elle n’était pas vieille, je l’avais remarqué le jour où elle n’avait pas su contrôler ses pouvoirs pour geler l’eau de la forêt. Ses émotions avaient trop d’emprise sur ses capacités et ce n’est qu’avec l’âge que ça se stabilisera. Je sus enfin le problème : le problème était son attirance pour le sang, démon ou humain, elle ne savait pas encore se contrôler et savoir qu’elle était aussi jeune ne m’aidait pas à ne pas culpabiliser. Elle était mature, enfin, pour son jeune âge mais ça ne m’empêcha pas de saisir mon verre pour boire d’un coup, l’alcool qui était contenu dans ce dernier. Je pris même le temps de m’en resservir un et le boire en quelques secondes. Après avoir déposé un peu trop violemment le verre, je me levai, pas bourré mais un peu saoul et commençai à marcher vers elle doucement, appuyant mon bras contre le mur juste à côté d’elle, la regardant dans les yeux.
- Je ne savais pas que tu étais si jeune mais je ne t’en veux pas pour m’avoir pris pour un bout de viande sur pattes.
Je rapprochai mes lèvres des siennes pour l’embrasser. Mais qu’est-ce que tu fais, elle va croire que tu es bourré. Je détachai nos lèvres, ma tête vint se coller au mur, elle ne savait pas se contrôler et ça pourrait lui jouer des tours car ça voulait dire qu’on pouvait l’attaquer quand ça n’allait pas pour elle alors je stressais.
- Si ça se sait pour nous, et que tu n’es pas capable de gérer tes sentiments pour contrôler tes pouvoirs, tu seras une proie facile, vulnérable. Je ne veux pas te savoir morte.
Mon dos se colla au mur et mes jambes lâchèrent, ma dernière phrase fut plus difficile à prononcer qu’à penser mais il fallait que je le dise et l’alcool n’aidait pas à ce que je me taise.
- Diana, je t’aime, je suis plus vieux que toi de je ne sais pas combien d’années et je m’inquiète pour toi. Je préfèrerais t’accompagner en Italie pour être sûr que tu es en sécurité même si ça devra dire que je dois me cacher.
Je mis un genou par terre, comme une demande en mariage, prenant sa main dans la mienne et l’admirant.
- Pars avec moi.

Ma présence semblait avoir surpris le démon qui sirotait tranquillement un verre d’alcool. Si j’avais été humaine, je me serais probablement assise à côté de lui pour en prendre quelques gorgées. Mais l’alcool n’attirait guère les vampires et ne produisait aucun effet sur nous. C’est pourquoi cela ne m’étonnait pas de voir Silas en subir les effets. Je n’étais pas du genre à prendre au sérieux les gens saouls mais je restais malgré tout attentive à ce qu’il me disait. J’étais plutôt mal à l’aise qu’il me perçoive comme quelqu’un le considérant comme sa proie. Ses lèvres se posèrent sur les miennes sans que je m’y attende. Je sentis une odeur insupportable d’alcool mais sa façon si parfaite d’embrasser me fit tout oublier. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir voulu se vider la tête en mon absence, je l’avais laissé sans explication et peut-être que j’aurais dû au moins lui en laisser une. L’entendre prononcer les deux mots « facile » et « vulnérable » me firent aussitôt changer d’expression. Personne n’avait le droit de me voir de cette façon. Et même s’il m’arrivait d’être dans l’incapacité à contrôler mes émotions, rien ni personne ne pouvait m’atteindre. Mourir était un grand mot pour moi. On m’avait offert l’immortalité et grâce à elle, je me sentais intouchable. Néanmoins, je craignais la mort car personne ne savait ce qui nous attendait une fois qu’elle venait nous chercher. J'avais confiance en Silas et j’étais prête à faire n’importe quoi pour le protéger, quitte à partir loin avec lui, tant que ce n’était pas en Italie. Il fallait qu’il se tienne loin de ce pays. J’étais touchée qu’il tienne à me protéger mais pas assez folle pour le laisser m’accompagner jusqu’en Italie. Mon regard en disait long sur mon étonnement quand celui-ci pris ma main pour me faire une proposition. J’étais certes, ouverte d’esprit mais peut-être pas au point d’entendre tout de suite une demande en mariage. Un sourire s’afficha sur mes lèvres. J’avais l’impression d’entendre plus un ordre qu’autre chose mais celui-ci me plaisait bien. Je passais une main sur son visage pour caresser sa joue avec mon pouce. Je ne pouvais rien lui refuser et c’était légèrement frustrant.

-M’aimer au point d’être prêt à me suivre jusqu’en Italie, j’appelle ça plutôt être suicidaire.

Je savais qu’il s’attendait à une toute autre réponse mais j’avais envie de laisser encore un peu de suspens. Ses difficultés à rester positionné correctement m’obligeaient à vite me décider même si je l’étais déjà depuis un moment.

-J’ai bien réfléchi à ça et je suis prête à te suivre où tu voudras, peu importe ce que cela pourrait me coûter.

Silas perdit l’équilibre alors je fis en sorte de l’aider à se redresser en accrochant directement ma main à son bras. Sa force ne me posait aucun problème. Je n’étais pas si enthousiaste de le voir dans cet état même si ça aurait pu être pire. Je l’invitais à s’asseoir sur le canapé. Je jetais un œil à la bouteille qui était vide. J’attrapais celle-ci en jetant un regard accusateur à Silas.

-Si je n’avais pas de sentiments pour toi, je te l’aurais cassée sur la tête.  

Je pris place en me tournant vers lui. Cela faisait déjà une semaine que nous vivions dans cette maison et j’étais prête à m’en aller n’importe où. Je ne voulais pas réfléchir aux conséquences, parce que cette situation me convenait parfaitement. Etre avec lui était devenu ma priorité et s’il fallait que je renonce à l’Italie pour ne plus ressentir cette angoisse lorsque la distance nous séparait, je le ferais. Je ne le connaissais que depuis quelques mois et pourtant, j’étais prête à faire tous les sacrifices possibles pour être à ses côtés. Nous avions enfreint le règlement de A à Z, alors je ne voyais pas l’intérêt de nous arrêter. Je reposais la bouteille sur la table en plaquant les épaules de Silas sur le canapé où nous nous trouvions et en tâchant de l'empêcher de faire le moindre mouvement. J'examinais son regard et décidais de me pencher un peu plus sur la question que je me posais depuis tout à l’heure, je me demandais si les effets de l’alcool allaient lui faire cracher la vérité. 

-Qu’entends-tu par plus vieux que moi ? Tu as peur que je découvre ton petit secret sur ton âge et que je décide de te faire passer devant le tribunal ? 

C’était fou, je devenais dingue. C’était la première fois qu’on avait de l’influence sur moi, si on mettait de côté l’alcool évidemment mais elle aurait pu me manipuler que je n’aurais rien vu. Je n’étais pas un chien qui obéissait aux ordres bêtement mais j’étais plutôt à faire tout pour elle pour tout et rien et ça, c’était plutôt étrange de ma part. Personne ne m’aurait reconnu, j’étais réputé comme sans émotion et sans cœur encore plus quand il s’agissait d’un être d’une autre race, je n’avais aucune pitié mais Diana avait su se démarquer et en plus de 3000 ans d’existence, je n’avais jamais eu la chance de voir une créature aussi belle et intrigante qu’elle. Elle accepta ma proposition sous la forme d’un ordre ce qui me fit faire un sourire. Ma vision était devenue limitée, bien que je puisse distinguer les couleurs, je commençais à avoir la tête qui tourne ce qui n’était pas un état idéal pour rester en équilibre dans ma position actuelle. Mon corps décida de mon destin, me laissant m’écrouler à terre même si Diana m’aida à me relever pour m’asseoir sur le canapé et ainsi, que je reste assis sans bouger. Elle jeta un regard noir à la bouteille d’alcool que j’avais vidée au préalable et m’annonça que si elle ne m’aimait pas, elle m’aurait cassé la bouteille sur ma tête ce qui ne m’enchantait pas tant que ça vu qu’elle m’avait déjà brisé tout ce qui était possible. My broken bones are mending.
Il y eut un blanc qui fut interrompu par une action soudaine de sa part, mon dos, enfin réparé, se retrouva contre le canapé et Diana se tint au-dessus de moi. Un air interrogateur et mesquin, elle ne se priva pas de jouer de mon inaptitude à réfléchir pour me poser des questions. C’était petit de sa part de vouloir récupérer des informations dans un de ces moments de faiblesse mais j’étais assez sobre pour savoir ce qu’elle voulait exactement et je n’étais pas prêt à lui révéler de sitôt. Mes yeux se fermèrent, faisant mine de cogiter pour la faire attendre et je les rouvris pour répondre à sa question par quelque chose de mystérieux. Don’t pretend it’s such a mystery.
- Oh, je n’ai pas peur de tribunal tu sais, plus maintenant jeune fille.
Rester vague, c’était mon domaine, je n’aimais pas être interrogé et quand je l’étais, je détournais le sujet de la conversation ou alors je répondais par quelque chose d’encore plus énigmatique que la question en elle-même. C’était marrant de la voir se poser des questions là-dessus mais je préférais qu’elle ne le sache pas par peur qu’elle ne s’en aille. Stay stay stay…
- Je ne sais pas si tu es assez bonne en mathématiques pour calculer mon âge.
Ma tête se releva d’un coup, l’embrassant rapidement et me libérant de son emprise. Mon esprit un peu ailleurs me fit tomber du canapé sur le ventre, je laissai échapper un faible gémissement car bien que je ne sois pas tombé de très haut, le coup m’avait sonné, l’alcool n’aidant en rien à me concentrer sur un objet fixement sans le voir bouger. Je fis le même mouvement que pour faire une pompe et me relevai difficilement regardant le sol et réussis à me redresser en plus de temps que je ne l’avais espéré. Pendant un long moment, je regrettai d’avoir vidé cette bouteille pensant que ça m’aurait été plus bénéfique de la sorte mais bizarrement, cet état second ne me déplaisait pas même si je ne voulais pas qu’elle me perçoive comme un vieil ivrogne. J’étais vieux comme la Terre et elle, jeune comme un moineau c’était presque malsain. J’hésitais encore un peu mais réfléchissais, elle l’aurait appris tôt ou tard de toute manière et je ne pouvais pas lui mentir. What you heard is true but I…
- J’ai arrêté de compter à 3000 ans pour être tout à fait honnête.
Je soupirai, pour elle j’étais un vieux crouton et même pire. Si j’avais su qu’elle était aussi jeune, je ne me serais peut-être pas lancé dans une relation avec même si c’était plutôt dur de résister à son charme. Elle était certes immortelle mais ça n’enlevait en rien la différence d’âge importante entre nous deux. Il me fallait de l’air, réfléchir, est-ce que c’était vraiment bon pour nous ? Est-ce que cette relation était saine et était-elle bénéfique ? C’était une question qui me trottait en tête et j’avais besoin d’y penser et ce n’était sûrement pas dans cette maison en bordel que j’allais trouver un havre de paix.
- J’ai besoin de prendre l’air.
Je me dirigeai vers la porte toujours en titubant et je parvins à ouvrir la porte, une odeur de brûlé agressa mes narines, le corps qui avait flambé provoquait une forte odeur que je ne connaissais que trop bien et me rappela des passages de ma vie que je souhaitais oublier plus que tout. Je me tins la tête tout en m’asseyant sur les marches près de la porte d’entrée. Dans quel pétrin me suis-je fourré ?

J’avais des doutes sur son âge, il n’avait pas le caractère d’un jeune démon. Son physique et ses cachotteries ne m’aidaient pas à obtenir de réponse précise. J’avais une petite idée en tête, peut-être était-il tout simplement centenaire. En vérité, je me fichais bien de son âge mais cela m’intriguait. Est-ce que j’avais une avance sur lui ou était-ce le contraire ? Sa réaction quant à mes huit années en tant que vampire était plutôt étonnante et prouvait bien que j’étais beaucoup plus jeune. Je me demandais seulement pourquoi il désirait autant me laisser dans l’ignorance. Ses yeux se fermèrent, ce qui me fit monter légèrement en pression. Je ne comptais pas le laisser s’endormir aussi facilement, encore moins après avoir vidé une bouteille entière d’alcool. Je n’étais pas contre deux ou trois verres mais de là à en devenir ivre, ça m’agaçait.

J’eu le droit à une réponse qui finalement, ne m’éclairait pas pour autant les idées. Il n’avait pas peur de la justice et de toute façon, elle ne représentait rien aux yeux des immortels, sauf quand il s’agissait des lois fondées par nos clans. Impatiente, mes yeux ne quittèrent pas le démon qui décida de glisser le mot « mathématiques » dans la conversation. Quand j’étais encore étudiante, les matières scientifiques me rendaient folle mais je m’en suis plutôt bien sortie. J’avais obtenu mon diplôme qui me permettait d’entrer à l’université. Au lieu de faire comme tout le monde, j’ai préféré prendre une année sabbatique pour profiter de mes fréquentations et des joies de la jeunesse. Mes parents se fichaient pas mal de ce que je faisais. D’ailleurs, ils vivaient toujours dans le sud des Etats-Unis, et se foutaient totalement de ce que je pouvais devenir. Nous nous étions disputés pour des raisons dont je ne me souvenais plus vraiment. Ils devaient sûrement penser que je leur en voulais et que j’avais décidé de prendre la fuite. L’avantage, c’est qu’ils ne me recherchaient pas et cela valait mieux pour nous. Ma soif de sang pouvait me faire commettre des choses irréparables et même si j’étais le genre de personne à haïr la terre entière, je ne tenais pas à détruire ceux qui m’avaient donné la vie. Eurydice était celle qui m’avait offert la chance d’être une puissante immortelle et je lui en était reconnaissante malgré les conditions dans lesquelles ça s’était passé. A part cette femme, personne n’avait connaissance de la façon de je suis devenue une sanguinaire et je ne comptais pas en parler. J’avais laissé ce souvenir de côté, préférant aller de l’avant et assumer ce nouveau mode de vie. I'm not a perfect person.

Silas chuta du canapé. Je posais une main sur mon front, l’air désespéré. J’avais plutôt hâte qu’il soit sobre car le voir comme ça ne m’enchantait pas. Je repris place en croisant mes jambes et en le laissant se relever par lui-même. C’est alors que la vérité éclata enfin. 3000 ans. Putain. Je m’attendais à tout sauf à un nombre aussi important. Heureusement que l’immortalité nous empêchait de vieillir physiquement, sinon je n’imagine même pas à quoi Silas ressemblerait. Je restais bouche bée et sous le choc. Il avait des années d’expériences derrière lui. Et je ressentais un léger sentiment d’infériorité. Étonnamment, il prit la décision de sortir s’aérer l'esprit. Je n’avais encore rien dit qu’il semblait déjà offensé. Je décidais de le laisser dans sa solitude pendant une dizaine de minutes avant de le rejoindre et de m’asseoir à ses côtés. Je pinçais sa joue avec un air taquin.

-Alors comme ça, je sors avec un vieux ? J’avoue que je suis plutôt étonnée de n’avoir toujours pas aperçu une seule ride sur ton visage.

Je regardais dans le vide, un petit sourire au coin des lèvres, avant de reprendre mon sérieux et de glisser ma main dans la sienne. J’aurais pu le taquiner pendant des heures sur son âge mais vu la situation, il valait mieux pour moi que je me taise.

-Tu crois vraiment que c’est ton âge qui va m’arrêter ?

La morsure à son bras faisait une sacrée marque et je me sentais confuse qu’il ait dû à nouveau subir la colère de l’une de mes connaissances. Je passais mon pouce dessus pour l’effleurer. Ma priorité était de l’éloigner de toutes ces horreurs. I'm sorry that I hurt you.

-Tu connais la raison pour laquelle je suis avec toi. Il faudrait beaucoup plus qu’un détail de ce genre pour me faire fuir.

Cette semaine de retrouvailles aura été difficile et plutôt riche en combats. J’en avais assez de cette ville où nous étions sans cesse en danger parce que nos fréquentations y rôdaient. J’avais envie de m’en aller loin, de profiter de chaque instant avec lui, et j'étais persuadée que les Volturi avaient déjà trouvé quelqu'un pour me remplacer. You belong with me.

-Demain, on se casse d’ici.