Love me like you do ft Rosa

J'étais à Jacksonville, encore. J'avais acheté un domicile permanent proche de la mer grace à l'argent hérité de mon géniteur. Au moins aurait-il servit à quelque chose. Je n'avais que quelques papiers administratif à régler et je me faisais facilement passer pour sa descendance lointaine, un arrière arrière petit-fils puis je n'avais plus qu'à recevoir l'argent sur un compte en banque ! Et pas besoin de me déplacer en Europe, l'évolution du monde faisait que toutes ces choses étaient facilité ! Je n'avais qu'à donné un numéro. Mais je devais changer d'identité tous les dix ans... Ce qui ne me dérangeait pourtant pas avant, quand rien ne me rattachait au monde des vivants.

En ce moment, cette fille me perturbait... J'avais acheté un telephone, appris à utiliser ces technologies, et échangeais avec elle, c'était étrange. Et troublant, car en 300 ans je ne m'étais plus jamais rattaché à quelqu'un. Et voilà qu'elle arrivait, je devais la boire et au lieu de cela je la sauve d'une agression. Et... Je refusais de la laissé partir... Je la surveillais, secrètement, quand elle partait étudier ou quand elle sortait afin d'être sur que rien ne lui arrive. Pour être sur qu'elle reste en vie, pour m'assurer qu'elle aille bien. Mais pourquoi ? Pourquoi tout cela ! Je pense connaitre la réponse. Cette réponse fatale qui détruit tout ce Moi que j'ai construit en trois cent ans; après la m.. Après la mort de Eva. Ma douce Eva.

Aujourd'hui il m'est un peu plus facile d'évoquer ce qu'il lui est arrivé. Contrairement à avant. Et cela me fait d'ailleurs prendre plus conscience de ce que j'ai fais, les meurtres et tuerie que j'ai réalisé. De véritable carnages.  Inconsciemment rongé par la colère et le désir de vengeance. Et ce n'est pas vraiment pour m'en déplaire, même aujourd'hui. L'odeur du sang de mes victimes parvins à mes narines, tel un doux parfum en souvenir, dans lamémoire. Etrangement et certainement à cause du monstre en moi, ce souvenir sonne agréable et nostalgique. Cela faisait longtemps que je n'avais pas tué de la sorte. Il fallait y remédier d'ailleurs...

Il m'arrivait en ce moment de discuter avec cette fille Rosa, et nous nous étions en plus de cela donné rendez vous aujourd'hui. Alors que le soleil commence à se coucher et ses rayons son ternissent légèrement, laissant que le rose du ciel mélangé au jaune apparaître. Evitant que les rayons ne révèlent ma différence en faisant pallir mon organisme plus qu'il ne l'est déjà. En me faisant étrangement sué par des gouttes semblables à des diamants. Ha ! Quelle ironie pour nos victimes, se faire tuer par ce qui semble être la perfection, alors qu'en réalité nous sommes que monstre et horreur. Leur pire cauchemar.

Bon, il est temps que je mette ces morceaux de plastiques dans les yeux qui permettent de cacher leur véritable couleurs, rouge, comme le sang. En me déplaçant jusqu'à ma salle d'eau je regardais mon reflet dans le miroir, les yeux semblant dépourvu d'humanté malgré cette carcasse d'Homme qui maquille la réalité, puis machinalement je dévissais le plastique pour en prendre les petites lentilles de couleur marron qui baignait dans le liquide avant de les déposé une à unes sur mes iris. Quelle mascarade !  Que de mensonge... Au moins Eva avait sû quand me dévoilé sa véritable nature. Et je l'avais accepté. Jusqu'à maintenant même ! Etre un vampire ne me déplaisait pas, j'avais ce pouvoir, cette force... et le plaisir de tuer pour ensuite être récompensé par le liquide qui coulait dans ma gorge, tout cela était merveilleux, excitant... Sans jamais que ce plaisir ne devienne fade. C'était continuellement exaltant, au fil des siècles.


Je finissais par fermé la porte d'entrée à clé avant de me diriger vers notre point de rendez vous. La veste en cuire à la main je finis par la mettre pour ne pas éveillé les soupçons, car il commençait à se faire frais et cela pourrait paraître anormal aux yeux du voisinage-que je ne connaissais pas, mais qui sans doute m'observait-, si je n'agissais pas comme les humains, eux qui ont peur de la moindre différence. La peur de la différence était un fait connu chez les Hommes. Une chose qui selon eux permettait la moquerie et toute ces manières d'agir typique de l'être humain. Pire animal qu'il soit ! Cruel. Moi je ne faisais que de me divertir par la nourriture et rien d'autres ! Mais eux faisaient cela entre semblables. Pathétique.

Alors que je m'approchais du lieux en question je me sentais bizarre, une fois de plus, les fourmillements atypiques chez les vampires dépourvus d'humanité, le thorax que se resserre, et se réchauffe étrangement. Je marchais de plus en plus nerveusement, en tentant de ne rien laisser paraître, gardant le contrôle comme toujours depuis des siècles, puis relevais légèrement la tête et la vie, elle. Cette fille. Si vous me demandez pourquoi suis je venue à sa rencontre je vous répondrais volontier que je ne sais rien et que ceci est une pure perte de temps. Mais, non, ce n'est pas cela; c'est que Rosa m'intriguait, et avait permit à ma conscience de plus ouo moins revenir. Avait permis à mon esprit de vivre à nouveau. A mes sentiments de..

Bon, je lui adressais un sourire froid. Mais je ne pouvais faire mieux, avant de m'approcher plus d'elle. Encore, encore.... voilà ! J'étais maintenant face à elle, avec un sourire amicale qui n'était pas réaparus depuis des lustres, sur les lèvres.

-Rosa.
C'était tout ce que je pouvait dire, un sourire amicale, ou froid, je voulais lui faire peur aussi. Un vrai perturbé mental hein? Et bien voyons ce qu'on allait faire de cette sortie !

Un mois s’est écoulé après cette agression à la sortie de la boite de nuit. J’y repensais quand j’étais seule dans une ruelle ou quand la nuit tombait mais quelque chose me disait que je n’avais rien à craindre. Je croyais en ma bonne étoile et j’étais toujours aussi reconnaissante envers Erwin pour m’avoir épargnée ce soir-là. Erwin… C’était un homme mystérieux et intriguant. Nous avions décidé de garder contact, il nous arrivait parfois de nous voir. Et à chaque fois que je plongeais mes yeux dans son regard, j’éprouvais toujours cette même sensation, cette boule au ventre qui me rendait folle ainsi que cette peur d’être rejetée. Il avait un bon fond mais j’avais encore du mal à le cerner. Je doutais qu’il puisse un jour pouvoir ressentir quelque chose pour moi, il était si fermé et même si parfois il pouvait se montrer bienveillant, je ne le voyais pas comme quelqu’un capable d’avoir des sentiments pour une fille comme moi. Mais pourquoi est-ce que cela me tourmentait autant ? Il y avait assez de garçons autour de moi et je me focalisais sur le plus compliqué. A croire que l’inaccessible m’attirais. La semaine dernière, Jack m’avait fait une sorte de déclaration à la sortie des cours mais ce n’était pas lui que je voulais. J’avais bel et bien une autre personne en tête et je n’ai toujours pas trouvé la solution pour le sortir de ma tête. Quand mon téléphone s’allumait, j’espérais que ce soit un message de lui et devinez quoi ? Aujourd’hui est mon jour de chance. Erwin a pris contact avec moi pour me retrouver en ville. Mon cœur a fait je ne sais combien de bonds, j’étais à la fois si heureuse et nerveuse.

Je suis partie à la recherche de vêtements pour cette sortie, j’avais envie de lui plaire et je vous laisse imaginer le bordel que j’ai laissé sur mon lit après avoir sorti tout un tas de fringues et choisi une petite robe bleue nuit avec de la dentelle au niveau du col et des épaules. Je pris le temps de me démêler les cheveux après une bonne douche. Passons maintenant au maquillage, que mettre sur mes lèvres ? Sur mes paupières ? J’appliquais uniquement une touche de crayon noir sous mes yeux. J’avais le cœur serré. Je pris mon trousseau de clés puis entrais dans ma voiture en respirant un bon coup. Tout va bien aller Rosa.

Je garais ma voiture dans un parking souterrain pour cause de manque de places. Le lieu dans lequel nous devions nous retrouver n’était qu’à environs 300 mètres à pieds. Je marchais jusqu’à cet endroit proche de la mer, le soleil était sur le point de se coucher et me rendait encore plus nerveuse qu’à mon départ. Enfin, j’ai aperçu son visage. Je tentais de prendre un air tout à fait détendu en relâchant mes épaules. Mon cœur fit de nouveau un bond en l’entendant citer mon nom. 

-Erwin, comment vas-tu ? Sympa ton t-shirt.

Mes yeux se fermèrent après que je me sois répété quinze mille fois dans ma tête que ma phrase était bidon mais que fallait-il dire lorsque la personne en face de vous déstabilisait ? Je passais une main dans mes cheveux pour redresser ma mèche comme à mon habitude.

-Qu’est-ce que tu racontes de nouveau ? Ça fait un bail. J’espère qu’être avec moi ne va pas trop gaspiller ton temps libre.

Et voilà que je venais de ressortir une autre bêtise, il fallait vraiment que j’apprenne à réfléchir avant de vouloir entamer une discussion.

-Erwin, comment vas-tu ? Sympa ton t-shirt.

Je souris doucement à sa remarque, étrangement avec affection. Je la voyais gênée, elle venait de fermer les yeux, rougissante, mon aliment remontant jusqu'à ses joues traduisait sa gène. Mais ce n'était pas grave, cela la rendait encore plus mignonne qu'elle ne l'était. Ainsi innocente...
Je la vie alors ouvrir les yeux après un court moment d'inspiration, elle expirait tout en tentant de se rattrapper.

-Qu’est-ce que tu racontes de nouveau ? Ça fait un bail. J’espère qu’être avec moi ne va pas trop gaspiller ton temps libre.

Elle pensait vraiment me faire perdre mon temps ? Mais à l'inverse, j'avais du temps à tuer. Énormément. Je vivais éternellement. Et le monde je l'avait déjà connus, appris, tout ce qu'il fallait avec ces siècles d'existences. J'avais tant appris, sur la vie, la science, le savoir, la mort. Et la torture... Je retins un sourire en repensant à toutes mes victimes, mes proies, celles que j'avais décapité après les avoir bu, celles que j'avais démembrer pour les punir. Leur faire ressentir toute cette douleur qui représente leur existence sur Terre; le mal qu'ils avaient commis, et la punition pour avoir éprouver du plaisir à le faire.
Moi ? Moi je suis un vampire, créature de la nuit, ignoble, maudite ! Il est donc normal  pour moi de faire cela ! Surtout lorsque l'on en voulait au monde...

Mais cette fille, cette Rosa, elle avait changé quelque chose en moi. Je n'étais plus vraiment le même et ne pensais plus vraiment de la même façon que l'autre moi, celui qui tuait sans cesse depuis la mort de ma femme. Avant, je ne pouvait même penser à elle sans éprouver de la rage. Mais cette fois...C'était différent... J'avais mal, bien en évidence, mal la douleur, bien que présente était plus supportable. Et je ne voulais pas ne plus la sentir cette douleur, je ne voulais pas l'oublier.

Rosa, ah Rosa ! Cette fille belle, bien élevée, douce... Douce ? Je n'en n'étais pas vraiment sur... Elle l'était, mais pouvait aussi se montrer bornée, mais vraiment bornée ! Mais après tout, elle ne me connaissait pas cette nuit là. Et j'avoue être plutôt fier de sa réaction. Elle était différentes de toutes les autres. C'était la raison pour laquelle j'avais.. j'avais, je sais pas.. Je ressentais quelque chose qui me réchauffait la poitrine et me donnait des fourmillements que je croyais impossible chez un vampire. Car notre corps est gelé en devenant une créature de la nuit. Le venin s'infiltre en nous, parcourt nos veines et notre organisme, et par une réaction encore étrangère pour moi nous gèle pour l'éternité. En nous gardant conscient, conscient alors que nous sommes morts. Des "morts-vivants" disait-on à mon époques ! Puis les rumeurs se tues et devenaient que des légendes. D'abord au sein de la religion, qui nous persécutait, puis auprès de la population; des populations !

Mais sans la faire attendre je lui répondis de suite, à sa réflexion, la corrigeant alors tout en secouant lentement la tête tout en la fixant, me positionnant face à elle, à quelques centimètres d'elle:

-Rosa tu ne me fais absolument pas perdre mon temps. Au contraire, j'apprécie de...

Je fus coupé un cours instant, sans doute par mon inconscient, de réagir ainsi, comme un simple humain qui parlait avec une fille qui lui plaisait. Mais une chose seulement, je n'étais plus humain. Mais malgré ce léger choc de mon esprit, qui durait moins d'une seconde, mais qui n'était pas passé inaperçu, je décidais d'ignorer ceci et de continuer sur ma phrase.

-...de passer du temps avec toi.

Je réfléchissais aussi aux termes que j'allais utilisé, car c'était vrai que le langages évoluait tout comme le monde. Et pour le mot "bail" j'avais eu besoin d'une seconde de réflexion pour me mettre dans le bain et mettre à jours mon vocabulaire,. Car à vrai dire, j'entendais les Hommes parler ainsi, mais cela faisait trop bien longtemps que je n'avais pas eu une discussion de longue durée avec un humain. Je prenais alors une route aléatoire menant vers la corniche du centre ville entre terre et mer. A vrai dire, Jacksonville était une très belle ville. Plutôt vivante, et grande, j'avais de quoi me nourrir. Comblé de construction et surmontée de kilomètres de plages.

-Et sinon, le lycée cela se passe bien ?

J'hésitais à lui parler de ma nouvelle résidence, de ma demeure près de la jetée. Car après tout, qu'est ce qu'elle était pour moi ? Aussi, il était trop tôt pour lui en parler. Enfin, je pense. Etait-ce encore une façon de cacher ce que je ressentais ? En 'éloignant de moi, de la vérité de qui je suis.

L’endroit que nous avions choisi était idéal pour se retrouver, le temps était assez agréable, pas un seul brin de vent, seulement un ciel dégagé et un soleil couchant. On aurait pu se croire dans un film. Trop cliché à mon goût. J’avançais aux côtés de cet homme dont le charme me faisait succomber. Pourquoi me faisait-il autant d’effet ? Aucune idée. Peut-être était-ce sa façon de se montrer inaccessible. Physiquement, j’avais de quoi l’admirer. J’avais encore des difficultés à le cerner, il était assez fermé mais beaucoup moins qu’au début. Etre avec lui me faisait plaisir et je ne puis m’empêcher de rougir quand il me confirma que c’était réciproque. Je tournais la tête pour regarder dans une direction opposée à lui, par crainte qu’il s’aperçoive que sa réponse était littéralement en train de me faire sourire. Je me raclais la gorge en essayant de reprendre mon sérieux. Il me demandait comment mes cours se passaient. A vrai dire, je venais de passer le cap des examens et je m’étais assez bien débrouillée. Je pouvais enfin souffler et accorder un peu de temps à ceux à qui je tenais.

-Plutôt bien. J’ai eu pas mal d’examens et j’espère avoir été à la hauteur. Ça m’ennuierai de devoir redoubler une année.

Je m’acharnais beaucoup sur mon travail et le prix de l’université à l’année était assez élevé, je ne voulais pas décevoir ma mère. Malgré que son métier dans la médecine nous permettait de vivre aisément, je ne voulais pas dépendre d’elle indéfiniment. Mes nombreuses heures à étudier ne me laissait pas assez de temps pour avoir un job. Dans un sens, j’avais envie d’avoir rapidement un boulot pour gagner ma vie mais d’un autre, devenir vétérinaire était une priorité pour moi. Je levais les yeux vers lui tout en continuant notre marche puis ajoutais

-Et toi ? A quoi te consacres-tu en ce moment ?

Je n’avais aucune idée de l’endroit où vivait Erwin. Je me doutais bien qu’il devait habiter aux alentours de Jacksonville mais jamais il ne m’avait précisé. J’avançais doucement en profitant pleinement de ces instants passés avec lui, quand mon regard se tourna soudain vers cet homme discutant avec un autre, une bière à la main. Je fronçais les yeux, ce visage me semblait familier. J’attendis que celui-ci tourne le regard vers nous pour le dévisager. C’était lui, mon agresseur de l’autre soir et il n’était qu’à une dizaine de mètres de nous. Il avait rapidement pris la fuite après l’intervention d’Erwin et jamais je n’aurai cru croiser de nouveau sa route un jour. Mes battements de cœur s’accéléraient et un sentiment d’angoisse m’envahi. Avec inquiétude et par pur égarement, ma main s’accrocha à celle de celui qui m’accompagnait.

-Je veux que l'on s’en aille, Erwin. Disais-je en fusillant du regard l’homme qui avait à peine remarqué notre présence.

Plus on se rapprochait et plus j’avais cette image d’agression me revenait. J’avais l’impression d’exploser mentalement. Je serrais la main d’Erwin avec plus de force, celle-ci étant particulièrement froide.

-S’il te plait, ne restons pas ici. Je ne veux pas voir son visage une seconde de plus.

Je l’enviais pour sa liberté de pouvoir voyager quand il le souhaitait. Ma surcharge de travail à l’université ne me laissait pas assez de temps pour partir loin de Jacksonville. Ma mère comptait m’offrir un voyage pour visiter San Francisco et Los Angeles pour mon anniversaire, deux grandes villes que je tenais absolument à découvrir.

Dans ce que je comprenais, Erwin ne semblait pas avoir encore trouvé l’endroit idéal où il souhaitait vivre, d’où ses déplacements réguliers. Et rien que l’idée de l’imaginer prendre la décision de partir de la ville du jour en lendemain me chagrinait. Finalement, je m’étais peut-être attachée un peu trop vite. C’est vrai, je n’en savais pas beaucoup sur lui, et son goût pour l’aventure ne le retiendra pas indéfiniment à Jacksonville, à moins qu’il ait une raison valable de rester ici. Je devais me préparer à le voir repartir. Mais pour le moment, je comptais bien profiter de nos moments à tous les deux.

La peur avait totalement pris le contrôle de moi-même, j’étais terrifiée de me retrouver face à cette pourriture qui m’avait agressée quelques semaines auparavant. Je ne supportais pas l’idée de le savoir encore en vie. J’avais refusé de porter plainte car je ne tenais pas à me remémorer cette histoire, ni perdre mon temps à pourchasser un psychopathe. Ce que j’espérais juste, c’est qu’il ne s’en prenne pas à d’autres filles vulnérables.

Le bras de Erwin se posa autour de ma taille, m’obligeant à faire demi-tour et à regarder dans une autre direction. Tous ces petits contacts faisaient littéralement bondir mon cœur, j’avais presque peur que celui-ci explose et que Erwin comprenne que j’avais succombé à son charme et à ses attentions. Nous fîmes quelques pas pour nous éloigner de cet homme. Etre en compagnie de Erwin me rassurait, j’étais même plutôt soulagée qu’il se soit trouvé ici à ce moment-là. Si j’avais été seule face à mon agresseur, j’aurais certainement perdu tous mes moyens.

D’une voix calme et rassurante, l’homme aux cheveux blonds me confirma que la personne que nous venions de croiser n’était pas mon agresseur, que justice avait été faite pour lui, chose que j’avais du mal à comprendre. Derrière ses paroles, j’avais l’impression que cet homme était mort. J’en venais même à me demander si Erwin ne l’avait pas tué. Mais je devais cesser de me faire des films.

-Pourtant il lui ressemblait tellement…

Ce dernier pris la direction de la plage. Je pris donc soin de quitter mes chaussures et de les tenir afin d’éviter d’y retrouver une tonne de sable à l’intérieur. J’étais tout de même soucieuse, il était resté très vaste dans ses propos et j’avais énormément de questions en tête. Tout d’abord, comment pouvait-il être aussi certain que mon agresseur ne reviendrait plus ? Combien de temps comptait-il rester à Jacksonville ? Il y avait une autre question aussi qui me tourmentais, comment se faisait-il que sa peau soit aussi glaciale ? A chaque fois que j’étais en sa présence ou qu’il m’effleurait, un froid se faisait ressentir. Ou alors, je déraillais complètement et c’était la fièvre qui m’envahissait à chaque fois que je le croisais.

Je m’asseyais au bord de la mer en laissant l’eau salée frôler mes pieds nus. Les yeux figés vers l’horizon, je pris la parole.

-Tout à l’heure tu as dit que tu cherchais un endroit pour t’y installer. Je ne sais pas vraiment ce qui pourrais te retenir à Jacksonville mais est-ce que tu comptes y rester encore longtemps ?

Je croisais les bras autour de mes genoux en y posant mon menton dessus, j’avais peur d’entendre sa vérité, qu’il m’avoue vouloir partir. J’avais envie qu’il reste, d’apprendre un peu plus à le connaître. Je me sentais bien avec lui mais je doutais que ce que je ressentais sois réciproque.

-Et de quelle genre de justice parlais-tu quant à l’agresseur de l’autre soir ?

Nous nous étions installés sur le sable fin, légèrement humide par la fraîcheur de la nuit qui s'apprêtait à tomber. Mon amie rapprochait ses genoux de son buste avant de poser le menton dessus et de tourner lentement son doux visage vers moi. Qu'elle était belle. Si douce, si jeune. Et son sang m'enivrait. Mais je n'allais bizarrement pas la croquer. Je n'en avais pas envis malgré l'odeur alléchante de son fluide rouge, que la brise amenait jusqu'à mes narines. Rosa Rosa ! Ce moment où elle était effrayée m'avait donnée tant envie de la protéger.

-Tout à l’heure tu as dit que tu cherchais un endroit pour t’y installer. Je ne sais pas vraiment ce qui pourrais te retenir à Jacksonville mais est-ce que tu comptes y rester encore longtemps ?


Je secouais très légèrement la tête un léger sourire aux coins des lèvres avant de dévier le regard vers l'horizon. Qu'est ce qui pouvait me retenir à Jacksonville ? La réponse était si compliqué. Je savais quelle était l'unique chose qui m'avait retenue à Jacksonville, ou l'unique personne plutôt. ELLE avait parvenue à me faire reprendre une certaine conscience de moi-même, du vrai moi je veux dire. Comme si dans ce monde j'avais une nouvelle raison d'exister. De penser, et de me rendre compte de tous ce qui m'entourait. Non plus comme un sanguinaire qui ne pensait qu'à saigner ses proies et les détruire avant de s'en nourrir. Bien que j'avouais qu'un vide avait remplacé cette activité. Je m'en ferais. Je ne pouvais plus tuer autant qu'avant. Bien que le plaisir n'est pas absent, quand j'exerce encore ces tueries par moment, depuis que je suis à Jacksonville. Car quand je me nourrissais, je profitais de m'amuser encore un peu.
La douleur de la perte d'Eva était bien présente et ces jeux sanglants apaisaient un tant soit peu cette douleur, en me vengeant. Mais aujourd'hui je n'avais plus autant besoin de cette drogue qui était de tuer des humains pour me soulager. Car en y réfléchissant, j'étais partis si loin en assassinant sans cesse, pour réduire ma douleur, la haine qui avait assombrie mon coeur. Mais aujour'dhui je me sentais si bien, et sans tuer ! J'avais repris un semblant de compassion si je puis dire. Ha ! La compassion. Quel étrange mot. Et ce qui en était la cause semblait en s'y méprendre à cette jeune fille assise à mes cotés. Sa présence me fit du bien. Même si ma tristesse pour Eva était toujours là, mais était plus supportable. J'avais de nouveau conscience de ce que je ressentais, et je restais pourtant calme et tranquille, sans faire de carnage autour de moi.

Mais que lui répondre ? Bon. Pourquoi pas le lui dire. Avec amusement, alors que je me trouvait dans une pose détendue, en appui sur mes deux bras tendu derrière moi, sur le sable; je me redressais. Je lui jetais un regard avant de me retourner face à la mer:

-Disons qu'une personne qui se trouve à mes cotés me fait me sentir bien. Donc, pourquoi partir alors que je me suis fait une amie.

Je me tournais cette fois vers elle pour qu'elle comprenne que je parlais bien d'elle.

-Je n'ai pas pour habitude de m'attacher à mes rencontres. Mais puisque c'est le cas, alors pourquoi ne pas rester un peu plus longtemps ?

Et j'avais d'ailleurs utilisé le terme amie, qui à une époque pouvait bien signifier, un être cher dont la relation pouvait être amicale, ou plus.
Erwin, tu te raplatie là, vraiment mon vieux ! Mais de toute manière elle ne pouvait pas comprendre ma double insinuation. Elle ne provenait pas de la même époque.

Et c'est alors qu'elle me questionna à propos de "la justice". J'avais lâché cela tout à l'heure, mais allais-je vraiment lui dire que j'avais tuer cette homme, que je lui avais détruit les viscères et sa structure osseuse ? Qu'il avait horriblement souffert pour avoir osé lui poser la main dessus ?

-Je crois avoir entendu qu'on l'a attrapé et jugé. D'autres femmes ont porté plaintes à Jackson, une autre ville et les preuves étaient suffisantes. Ils l'ont donc incarcérer.

Mensonge. Mais j'avais pourtant l'habitude de mentir, non ? J'ai passé mon existence à mentir en détruisant la vie des autres. Bien que cela me plût énormément.
Mais maintenant c'est différent. Mais s'il m'avisait de lui dire la vérité. Elle me verrait tel le monstre que je suis. Et prendrait peur. Et c'est ce que je craignais le plus, étrangement. Bien que détendu, j'avais l'angoisse qu'elle s'éloigne.

Voulant couper court à cette conversation je retirais ma veste que je posais comme un coussin puis m'allongeais sur le sable. Pourquoi pas se rapprocher un peu plus. Bien que je sois un danger. Mais soit. Après un soupir je finis par tapoter légèrement mon thorax en signe qu'elle pouvais s'y poser si elle le voulait:

-Viens par là...

J'étais moi même étonné de mon comportement mais je souhaitais ne pas trop y penser. Surtout qu'au départ, en sortant de chez moi je n'étais pas le même, je n'avais pas le même esprit. Peut-être que je l'appréciais déjà inconsciemment, mais je crois que jamais avec un était d'esprit semblable à celui que j'eu en sortant, jamais je ne lui aurait proposer de se poser sur moi.
Peut-être était-ce cet évènement qui l'avait remis dans cet état de peur, comme celui lors de notre rencontre.

J'étais alors là, allongé, à observer le ciel, l'azur s'assombrissait peu à peu. Et la brise légèrement fraîche refroidissait cette journée agréablement chaude.

A ma plus grande surprise, Erwin me confia son envie de rester à Jacksonville et qu’il y avait bel et bien une raison qui le poussait à être encore là. Il me fit comprendre que cette raison était ma présence. A ce moment-là, j’eu l’impression que mon cœur venait de louper quelques battements. Tout se chamboulait dans ma tête. Mais le mot « amie » me fit revenir à la réalité. Ce que Erwin ressentait n’était qu’un pur attachement amical. Quelque chose au fond de moi espérais plus. Mon esprit s’égarait jusqu’à ce qu’il me fasse part de ses informations sur mon agresseur. Celui-ci avait apparemment été jugé pour différentes agressions. Apparemment, je n’avais pas été la seule à avoir été effrayée par cet individu. Et heureusement, grâce à Erwin j’avais échappé au pire. Mais je ne pu m’empêcher de penser à ces femmes qui n’ont pas eu la chance d’avoir quelqu’un pour leur venir en aide. Et malgré la justice, rien n’effacera leur douleur liée à ce traumatisme.

Le beau blond se coucha sur le sable en plaçant sous sa tête sa veste en guise de coussin. J’avais envie de faire de même mais je n’osais pas. Trop peur de paraitre trop attachée, une phase de moi que je ne souhaitais pas montrer. Sans m’y attendre, Erwin m’encouragea à venir poser ma tête sur lui, ce que je fis sans hésiter en ayant le sourire aux lèvres.

Pendant un instant j’ai cessé de parler et je me suis concentrée sur le bruit des vagues qui apaisait mes pensées. Mais une autre chose interpella mon intention, je n’entendais aucun battement du cœur de Erwin, bien que ma tête soit collée contre celui-ci. J’en venais à me demander si je n’étais pas folle.

Je relevais ma tête en lançant un regard intrigué à Erwin. Il semblait bien vivant. Alors comment se faisait-il que je n’arrivais pas à ressentir son rythme cardiaque ?

-Erwin…

Mais aucun mot ne sortit de ma bouche. C’était bien la première fois que je me retrouvais face à une telle situation. Et à moins d’être prise pour une folle, je me voyais mal demander à Erwin comment se faisait-il que je n’arrivais pas à entendre son cœur battre. Pourtant, je m’apprêtais à me lancer dans une discussion et il fallait bien que je trouve quelque chose à lui dire. Prise de panique, la seule chose que je trouvais à lui dire fut

-Je t’apprécie beaucoup même énormément, enfin… Je ne sais pas comment dire ça. Tu me plais, voilà ! Tu m’plais. Mais il n’y a pas que ton physique qui m’attire. Il y a aussi ta personnalité, même si j’ai souvent du mal à te comprendre.

Je marquais une pause, totalement gênée par ce que je venais d’avouer.

-Et là je viens de me rendre compte qu’au lieu de t’avoir fait part de mon inquiétude sur ton rythme cardiaque que je ne ressens pas, je viens littéralement de t’avouer que je suis tombée amoureuse de toi. C’est genre… Très gênant comme situation.

Je relevais mon buste en cherchant à éviter son regard. Je n’en revenais pas de ce que je venais de dire. C’est comme si mon cœur avait décidé de parler à ma place sans me l’avoir demandé. Je ne savais plus où me mettre. Et si j’avais pu me transformer en fourmi pour échapper à Erwin, je l’aurais fait. Au lieu de ça, j’ai placé mes deux mains pour cacher mon visage, rongée par la culpabilité. J’étais tellement gênée. Qu’est-ce qui t’as pris d’être aussi directe, Rosa ?

-Erwin…

-Hmm..?

Mes yeux étaient relevés vers le ciel qui s'assombrissait peu à peu, je baissais mon regard pour voir qu'elle relevait légèrement le sien vers moi, tout en restant posée sur mon torse. J'observais calmement son joli visage et ses prunelles intriguées, mais son attitude changea aussitôt, tantôt troublée elle s'élança à grande vitesse :

-Je t’apprécie beaucoup même énormément, enfin… Je ne sais pas comment dire ça. Tu me plais, voilà ! Tu m’plais. Mais il n’y a pas que ton physique qui m’attire. Il y a aussi ta personnalité, même si j’ai souvent du mal à te comprendre.

Mes lèvres dessinèrent lentement un sourire sur ma face tandis qu'après une courte pause qu'elle marqua, elle reprit toute gênée :

-Et là je viens de me rendre compte qu’au lieu de t’avoir fait part de mon inquiétude sur ton rythme cardiaque que je ne ressens pas, je viens littéralement de t’avouer que je suis tombée amoureuse de toi. C’est genre… Très gênant comme situation.

Eva s'inquiétait donc de mon rythme cardiaque ? C'est mauvais ça il va falloir y remédier ! Mais pour l'instant peu préoccupé par son diagnostique, je l'étais davantage quand à la situation qui se présentait en ce moment même.
La belle se précipita pour se relever et détourner le regard. Alors elle ressentait des sentiments pour moi ? Je ne pu empêcher mon sourire devenir narquois, mais je fus tout de même touché par sa déclaration, car, moi aussi je l'appréciais, cette fille. Elle était drôle, mystérieuse, douce, forte et à la fois fragile. Elle me donnait envie de la protéger. D'être là pour elle, car elle était la raison de mon installation dans cette grande ville, alors même que je suis un nomade, tueur, assassin et prédateur buveur de sang pour ces pauvres humains ! Car même si j'ai pris un peu retraite quant aux tueries et à mon cher sadisme je n'en reste pas moins vampire.
Je me dressais à nouveau, quelques centimètres derrière elle, et je pu voir de profil son beau visage s'empourprer.

- Alors ça ! tu n'arrives pas à cerner ma personnalité ? Fis-je moqueur en riant quelque peu.

Puis je secouais légèrement la tête, je ne pouvais m'en empêcher hein ? Oh que c'était vilain, il me fallait réparer mon erreur. Déjà qu'elle venait de poser ses mains sur son visage pour cacher sa gêne, faillait-il vraiment que j'en rajoute ? Il fallait impérativement que j'ai une once de méchanceté à ce que je vois, ne serait-ce pour me protéger. Elle devait être plus gênée encore. Je venais alors retirer ses mains de son visage pour qu'elle puisse me regarder, que je puisse voir ses yeux innocents en face. Qu'elles étaient douces, et petites, mes doigts agrippaient ses paumes je fis des douces caresses sur le dos de celles-ci de mes pouces dont le but était uniquement de la détendre. Puis réfléchissais plus sérieusement à ce que je devais répondre à sa déclaration agitée, en fronçant les sourcils. Je prenais mon temps pour le lui expliquer:

-Tu sais Rosa... il y avait une femme que j'aimais plus que tout, plus que ma propre vie. J'aurais donné la mienne pour elle, pour son bonheur... Mais je n'ai pas pu la sauver à temps. Il était trop tard. Et...

Je respirais pour tenter de calmer mes nerfs face à ce souvenir douloureux.

-... Une amie était avec elle, mais ce n'était pas pour le meilleur... Et suite à la mort de ma femme je me suis perdu. Mais dès lors que je t'ai rencontré c'était comme si j'avais retrouvé mon vrai moi, celui que j'avais été avant ce malheur, celui qui était emprisonné par cette sale créature qui avait repris contrôle de mon corps. Celle qu'on appel tristesse, et colère.

Peut-être ne comprendrait-elle pas le sens de certaines de mes paroles mais je ne pouvais lui dire qu'avec elle j'avais recouvert un semblant de conscience humaine, que je traduisais par "le vrai moi".  De nouvelles émotions renaissaient au travers de mon organisme, me faisant ces étranges effets. Ainsi que ces frissons et frémissements au moindre contact échangé avec Rosa. Et c'était sans compter cet organe qui sert de pompe sanguine aux humains, gelé chez ceux de mon espèce, et pourtant me chauffait encore une fois le thorax, ce qui me donnait l'impression qu'il battait à nouveau.  Je redescendais légèrement mes mains sur sa taille, puis posais doucement mon genou sur le sable fin pour prendre appuie dessus et nous relever tranquillement. Mon corps était maintenant entièrement face à elle, la surplombant de quelques centimètres, puis je remontais doucement mes mains le long de ses bras pour les apposer sur ses épaules.

-Quand je t'ai sauvé ce soir là, je me suis incroyablement attaché à toi. Et je dis incroyablement car depuis Eva je n'avais plus ressentit de réelles émotions quelles qu'elles soient. De belles émotions. J'étais rongé par la haines et ...
Tu m'a permis de revivre Rosa.

Je ne pouvais bien sûr pas lui dire que le sadisme m'avait rongé aussi, et qu'i avait fait partit de moi, que je m'étais mis à tuer insensiblement tant de monde, et peu importait l'âge des personnes. Même si je ne touchais pas aux enfants, je n'en restais pas moins ce monstre aveuglé et sans pitié.
Je continuai alors l’ascension de mes mains jusqu'à ses joues, agrippant son visage en coupe, puis, ce fus plus fort que moi, mais je vins poser un doux baiser sur son front, avant de me reculer en souriant légèrement pour voir sa réaction sans doute mignonne. La connaissant un peu, elle allait certainement être gênée par mon geste.

La réaction du beau blond face au fait que j’éprouvais des difficultés à le cerner me mis encore plus mal à l’aise. Et si j’y étais allée trop vite avec mes révélations ? Je commençais sérieusement à me remettre en question. J’étais loin d’être douée en matière de déclaration d’amour. J’avais presque peur de m’y être mal prise, de ne pas avoir su dire les bons mots ou tout simplement de m’être emportée trop rapidement.

Erwin prit soin d’écarter mes mains de mon visage. J’osais à peine le regarder. Ses doigts effleurèrent ma peau comme pour m’aider à me détendre, j’en avais des frissons. J’étais totalement déstabilisée et ça devenait de plus en plus difficile à cacher. Mais je devais me montrer forte, j’étais grande après tout. C’est alors qu’il s’est exprimé, ce qui me rendait encore plus nerveuse.

Il commença à me parler d’une femme qui avait autrefois partagé sa vie. Elle avait l’air importante à ses yeux. Et à ce que je comprenais, il s’agissait de son premier vrai amour, chose qui me pinça légèrement le cœur. Je trahissais sa douleur qui semblait toujours présente à travers son regard. Il m’expliqua s’être perdu à la suite de la mort de sa « femme ». Femme ? Alors Erwin avait déjà été marié ? Il semblait encore si jeune pourtant.

La suite de ses arguments me laissa sans voix. Elle s’appelait Eva et il l’avait aimée d’un amour inconditionnel. Et je comprenais sa douleur. J’avais perdu mon père beaucoup trop tôt et je gardais toujours en moi ce brin de douleur que jamais personne ne pourra effacer. Le garçon disait avoir comme trouvé du réconfort et de nouvelles émotions à mes côtés. Mais j’osais à peine sourire, ne sachant pas comment réagir face à de tels arguments.

Nos corps n’étant espacés que de quelques centimètres, ses mains froides selon-moi, vinrent se poser sur mes joues. Il se pencha pour déposer un léger baiser sur mon front. J’aimais ce genre de petites attentions.

Je posais alors naturellement mes mains au-dessus de sa poitrine, j’en avais presque oublié ma petite interrogation sur son rythme cardiaque quelques minutes auparavant. Je ne pouvais détacher mes yeux des siens. J’avais tant envie de poser mes lèvres sur les siennes mais je n’en n’avais pas le courage.

-Crois-moi, jamais je ne chercherai à la remplacer. Je sais que cette femme, Eva, restera toujours la meilleure chose qui te sois arrivé. Mais je suis tout de même heureuse d’apprendre que j’ai réussi à obtenir une petite place au fond de toi.

Un vent léger commença à se lever. Je ne savais pas ce qu’il fallait faire dans ce genre de situation. Malgré qu’il m’ait confié s’être attaché à moi, j’ignorais si Erwin avait de réels sentiments. J’avais besoin d’une réponse beaucoup plus précise. Mais son histoire avec celle qu’il avait aimé m’avais fait perdre mes mots.

-J’ai moi-même déjà perdu un être cher il y a quelques années, mon père. Heureusement, ma famille a été très présente, ce qui m’a permis de me relever. Mais je pense être capable de comprendre ton ressenti. Ce genre d’évènement laisse des cicatrices, au fil du temps on apprend à vivre avec et on redécouvre peu à peu le bonheur.

Cela faisait si longtemps que je n’avais pas parlé de mon père, tout simplement parce que je ne pouvais en parler sans avoir la boule au ventre. Même ma mère évitait les sujets qui faisaient mal. Cette fois-ci, c’était différent. Je me sentais comme soulagée. Mais je ne souhaitais pas en dire plus, car je ne voulais pas que la mort soit notre principal sujet de discussion.

-Ce que je veux dire c’est que… Moi aussi je me sens bien avec toi. Et je suis incapable de t’imaginer comme quelqu’un de mauvais. Et même si tu penses sûrement le contraire, sache je te comprends. 

C’est là qu’une voix au fond de moi m’encouragea à sauter le pas, tandis qu’une autre m’exigeait de patienter. Embrouillée par toutes ces idées qui me traversaient l’esprit, je pris l’initiative de prendre le risque de poser mes lèvres sur les siennes, tout en posant une main sur sa nuque. Je n’avais eu aucun feu vert et peut-être que je risquais de me prendre un vent, mais au moins j’aurai essayé.
Je décrochais alors nos lèvres quelques secondes en posant un doigt devant sa bouche afin de l’empêcher de parler avant moi.

-Tu n’es pas obligé de me le rendre, ni de m’aimer. Mais je veux au moins que tu te souviennes à quel point tu m’as fait tourné la tête et que ce que je ressens est fort. Si tu as besoin de temps pour réfléchir.. Je suis prête à attendre.  

Je me sentais totalement déstabilisée. Je n’avais pas l’habitude de me laisser autant aller avec un homme. Lui avoir ouvert mon cœur me faisait presque peur car j’ignorais comment il pouvait réagir. Mais je ne regrettais pas mon geste. Avoir fait ce premier pas me faisait prendre conscience de ce que je souhaitais réellement, c’est-à-dire lui. Peut-être était-il encore trop tôt pour lui de s’engager dans une relation ou peut-être pas, mais j’espérais que ce baiser éveillerait en lui un sentiment de bien-être. Tout comme lui, j’avais déjà été amoureuse. Probablement pas de la même façon que lui avait aimé sa femme, mais j’avais déjà connu ce genre de sentiment. Cette fois-ci, je redécouvrais à nouveau ce sentiment d’amour mais d’une manière différente car cela paraissait beaucoup plus fort, plus intense.

Quelques secondes plus tard, Erwin vint me rendre un baiser beaucoup moins timide que le mien. Je sentis alors mon cœur se retourner dans tous les sens, comme si ce dernier allait exploser. C’était une sensation à la fois agréable et perturbante. Je ne pouvais m’empêcher d’afficher un petit sourire en sentant ses lèvres sur les miennes. C’était comme une victoire pour moi, je ne pensais pas que Erwin m’aurait rendu ce baiser dans l’immédiat.

Mes jambes s’enroulèrent naturellement autour des siennes, sans savoir si nous étions observés et de toute façon, je m’en fichais car rien ne pouvait gâcher un tel moment. Je n’avais pas envie de me décrocher de lui, j’avais la sensation d’être dans un conte de fée. Je me demandais même si c’était réel.

Nos deux corps se sont alors retrouvés allongés sur le sable, nos lèvres finirent par se décrocher. Erwin déplaça une mèche au-dessus de mon oreille. Je suis persuadée que j’en avais encore les joues rouges à ce moment-là. Le beau blond me confia éprouver la même attirance que je ressentais pour lui. J’étais clairement au paradis. Mon regard croisa de nouveau le sien.

-Je me sens en sécurité à tes côtés et je n’ai jamais été aussi heureuse qu’en ce moment. Etre avec toi et partager ce bonheur ensemble est la seule chose que je souhaite, Erwin.

Le soleil finit par entièrement se coucher, laissant place aux premières étoiles et à un ciel sombre. Mon regard se tourna vers toute ces boutiques, restaurants et glaciers illuminés. De la musique résonnait dans les rues, ainsi que le bruit des passants qui conversaient. Mon regard croisa celui de Erwin.

-Jacksonville est vraiment un endroit génial. Tu verras, tu vas t’y plaire. Les gens y sont sympas et on y mange très bien.

Je ne souhaitais pas que la soirée se termine maintenant. Alors, j’ai eu l’idée de nous balader encore un peu à proximité de la plage.

-A ce propos, qu’est-ce que tu aimes manger en particulier ? J'irai bien déguster une petite glace. Sinon, si tu as une faim de loup, il y a des fast-foods un peu plus loin.