Love the game, wanna play? [PV Chris']

Love the game, wanna play ?

Je supposais que le vampire comptait pleinement profiter de sa petite victoire. Je ne m’étais pas spécialement attendue à ce qu’il me propose de rester avec lui pour la soirée, mais pourquoi pas. J’avais encore beaucoup de temps à gaspiller, et être en présence de Uriah ne me semblait pas être une si mauvaise idée. J’admirais nos deux futures victimes remonter à la surface. L’odeur de leur sang chaud les rendaient si appétissants. J’avais hâte d’y planter mes crocs.

Uriah me fit part de ses projets après notre petit repas. Il comptait m’emmener dans un endroit plus intime selon-lui. Je commençais déjà à m’inquiéter du type de lieu. J’espérais secrètement qu’il ne fasse pas parti de ces idiots qui invitaient les filles à sortir avec eux, avec uniquement pour objectif d’obtenir une partie de jambes en l’air. Je n’avais pas oublié les nombreuses fois où je m’étais facilement laissée aller avec certains hommes, mais cela remontait à une période sombre et lointaine de ma vie humaine. Il y a certaines choses dont je n’étais pas forcément fière et dont je ne préférais pas discuter. Malgré ça, tout le monde faisait des erreurs. J’avais heureusement tourné la page et je me portais beaucoup mieux aujourd’hui. J’avais mûri et j’étais même très satisfaite de la vie que je menais.

Je me précipitais au pied de la falaise, je regardais premièrement Uriah savourer sa victime. Le pauvre homme qui était apeuré perdit rapidement la vie. J’attendis patiemment que son collègue se décide à le secourir pour lui briser aussitôt la nuque, et boire une assez grande quantité de sang. C’était si satisfaisant.

Une fois le repas terminé, mon attention se porta sur Uriah qui nous emmena directement jusqu’à un grand lac. Je connaissais bien cet endroit et j’étais même assez étonnée que Uriah l’ai choisi. Tous les gens de cette ville savaient que non loin d’ici se trouvait un centre où les créatures comme nous y étaient enfermées. Voilà pourquoi cet endroit paraissait totalement calme, car aucun vampire ne venait ici. Contrairement à eux, ce lieu ne m’effrayait pas. Le vampire s’installa sur une barque en m’invitant à le rejoindre. J’attrapais délicatement sa main en prenant place face à lui. Nous nous sommes aussitôt éloignés de la berge. Je pris mes aises, ainsi qu’un air malicieux.

-Tu aimes te la jouer romantique à ce que je vois.

Je n’étais pas particulièrement du genre romantique. Mais cette petite attention n’était pas si déplaisante. Tant qu’il ne s’agissait pas de bougies, violon et de pétales de roses, cela me convenait. J’effleurais l’eau du bout des doigts, la température était peu élevée mais pas si dérangeante. Mon regard se posa sur celui de Uriah. Plus je le regardais et plus j’avais de mal à le quitter des yeux. Je décidais finalement de jouer les curieuses en le questionnant.

-Maintenant que nous sommes tous les deux et qu’aucun de nous ne peux fuir, je pense que j’ai le droit à quelques petites confessions.

Et non, je ne comptais pas le laisser s’en tirer aussi facilement.

-Je veux que tu me décrive ton pire défaut, l’endroit où tu préfères aller dans le monde et mhum..  ce qui te différencie des autres, selon-toi. Après ça, tu pourras me questionner sur tout ce que tu souhaites savoir.

Je trouvais que cela changeait un peu des questions basiques. Je me doutais qu’en m’intéressant à lui, j’allais certainement aussi avoir le droit à de petites questions. N’ayant pas tant de choses à cacher à quelques exceptions près, cela ne m’inquiétait pas énormément.

Love the game, wanna play?

Je ne savais pas si c’était ironique mais elle pensait bel et bien que cette idée était romantique, mission accomplie. Il fallait avoir l’air un peu bête, drôle et romantique pour gagner la confiance des gens, surtout des femmes mais quelque chose me dit que cette sanguinaire était plutôt coriace et que j’aurais du mal à gagner sa confiance mais peu importe. J’aimais bien les défis et j’avais bien l’intention de réussir celui-là.
Elle commença à me poser des questions, était-elle déjà curieuse à mon égard ? Je commençai à ramer pour être en plein milieu du lac, plus moyen de s’échapper à part en sautant par-dessus bord, non pas que j’allais lui arracher la tête maintenant mais au moins elle serait condamnée à m’écouter parler mais c’est aussi elle qui le cherchait. Mon pire défaut, l’endroit où je voudrais aller et ce qui me différenciait des autres… Je devais donc faire un curriculum vitae pour gagner sa confiance évidemment, il fallait que je choisisse bien mes réponses et que je sois sincère en les disant, je ne voudrais pas qu’elle pense que je sois superficiel.
- Mon pire défaut ? Mmmmh… Je dirais que parfois je suis trop maladroit que ce soit de par mes gestes ou de par ce que je dis. Parfois, je blesse des gens que j’aime juste parce que je ne réfléchis pas assez même si ça arrive rarement.
Bon c’était autre chose comme défaut, j’étais maladroit mais je n’aurais jamais dit que c’était mon pire défaut, c’était plutôt le premier qui m’était venu à l’esprit mais au moins c’était plutôt sincère comme réponse.
- Comme endroit où je voudrais aller, ça peut être bateau mais ce serait dans une grande forêt pour m’évader un peu de la civilisation et découvrir un nouveau monde.
C’était déjà plus ou moins ce que je faisais, je n’aimais pas trop rencontrer des gens à par s’ils me servaient de repas. J’étais plutôt solitaire et reclus, on ne me voyait pas souvent c’est bien simple, je suis arrivé il y a quelques semaines et c’était la première fois que cette demoiselle pouvait me voir alors que j’étais toujours en dehors de chez moi. Je n’existais qu’aux yeux que de quelques personnes.
- Ce qui me différencie des autres ? Ça c’est plus compliqué… Je ne sais pas vraiment comment les autres sont, je suis plutôt quelqu’un de renfermé. Je dirais que je suis plus attentionné car vu que j’ai peu d’amis et de proches, je m’attache beaucoup à eux et je fais attention à eux et ce qu’ils font sans être trop envahissant.
J’étais plutôt gentil dans le fond mais il fallait bien creuser pour voir cette partie de moi. J’avais décidé d’être cruel et sans cœur pour me protéger et parce que ça me faisait du bien, pendant un temps j’étais quelqu’un de calme, gentil et droit dans ses bottes mais beaucoup d’évènements se sont produits depuis et aucun ne m’avait fait prendre le droit chemin comme ils aiment l’appeler.
C’était à mon tour de lui poser des questions, il fallait que ce soit des questions futiles voire un peu nulles car je ne devais pas paraître suspect. Je regardai droit dans ses yeux pour créer une connexion visuelle.
- Et toi Miss… Qu’est-ce qui te différencie des autres filles ? Surprends-moi et dis-moi que je ne perds pas mon temps et mon attention avec toi. Qu’est-ce qui est arrivé au dernier mec qui t’a embrassée ?
Un large sourire se dessina sur mon visage, je me rapprochai un tout petit peu d’elle d’un coup.
- Est-ce que tu l’as tué ? Ou serais-tu toi une tueuse avec un joli visage comme le tien ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Love the game, wanna play ?

N’importe quelle autre personne aurait certainement tenté d’avoir des renseignements plus précis au sujet d’un inconnu, comme les raisons de son arrivée à Forks. Mais jouer les détectives ne m’intéressais pas. J’avais seulement envie d’en apprendre un peu plus sur sa personnalité, de découvrir ce qui se cachait derrière cet homme qui avait fait son apparition dans un moment de faiblesse. Je ne comprenais toujours pas qu’il ne m’ait pas prise pour une dingue, après qu’il m’ait vue souffrir de maux de têtes. Les vampires n’étaient pas censés connaître la douleur, sauf sous l’effet d’un pouvoir appartenant à un ennemi, et je me questionnais encore au sujet de ce que j’avais ressenti. Plus j’y réfléchissais et plus j’avais de soupçons sur les dons de Uriah, seulement, pourquoi aurait-il essayé de m’affaiblir et de m’aider par la suite ? Je décidais de placer cette idée dans un coin de ma tête et de me laisser emporter dans notre conversation.

Maladroit, disait-il, par des gestes ou des paroles. Cela ne me semblait pas un si grand défaut. Du moins, un aveu comme celui-ci ne me ferai pas fuir dans l’immédiat. Cela pouvait arriver à tout le monde, surtout sous le coup de la colère.

J’écoutais le vampire avec attention en scrutant son regard. Le cerner était un de mes objectifs, ne voulant pas être bernée. Je ne discernais cependant aucune trace de mensonge. Il disait favoriser la forêt comme lieu d’évasion, ce qui nous faisait un point commun. J’aimais l’aventure, découvrir de nouveaux horizons. Cela me permettais de faire le vide dans ma tête et de me retrouver. La civilisation ne me dérangeais pas, je me socialisais même facilement, tout comme parfois je me faisais quelques ennemis. Mais m’en éloigner de temps en temps me faisais du bien. Il prétendait être quelqu’un de renfermé, ce qui m’étonna. Je l’imaginais plus comme un homme facilement abordable et de sociable. J’aimais bien sa personnalité et j’avais presque la sensation de m’y attacher un peu.

J’eus finalement le droit à un retour de question sur ce qui me différenciais des autres filles, ce qui me bloqua, car je ne m’étais jamais vraiment posé la question, ni comparée à d’autres filles. Je ne fréquentais que des garçons la plupart du temps, sans chercher à leur plaire ou à créer des histoires. Ce n’était pourtant pas sans conséquences. Certaines de mes fréquentations avaient encore du mal avec le sens du mot « amitié ». Sur les quatre vampires qui avaient fait leur apparition quelques heures auparavant, deux avaient déjà tenté de me voler un baiser au moins une fois. Ma droite avait finalement réussi à les faire passer à autre chose. Leur amitié me tenait à coeur et je ne voulais pas qu'ils gâchent tout.
Jusqu’à maintenant, je n’avais réussi qu’à éprouver que de l’attachement envers quelques garçons, sans jamais vraiment développer de réels sentiments amoureux. Mon dernier baiser remontait à quelques mois avec un ancien petit-ami. Le genre de gars insupportable et collant. Même après notre rupture, il me harcelait. Alors, j’avais décidé de prendre une décision radicale. Je fixais Uriah, un sourire amusé se dessina sur mes lèvres.

-Le tuer aurait pu être une solution, je l’admets. Mais lui trafiquer la mémoire fut beaucoup plus amusant.

Lui cacher mon don n’avait pas tant d’intérêt pour moi. Et de toute façon, cela ne changerai probablement rien si Uriah décidait de s’en prendre à moi. Je pouvais très bien lui embrouiller le cerveau.

-Je ne sais pas tellement ce qui me différencie des autres filles. Je suis loin d'être quelqu'un qui se prend la tête.Comme un grand nombre de personne, je m'attache, mais pas aussi facilement qu'on pourrais le croire, ce qui a tendance à décevoir quelques fréquentations. J'aime partir seule sur un coup de tête vers des destinations inconnues. Les personnes qui se mettent en travers de mon chemin finissent toujours par perdre une bonne partie de leurs souvenirs, il est rare que j'aille jusqu'à tuer par vengeance. Mais il m'arrive parfois d'utiliser ce don pour rendre service, parce que le choix d'oublier n'est pas forcément accordé à tout le monde.

Toujours aussi calmement, je demandais :

-Qu’est-ce que ça te fait de vivre depuis tant d’années ? Tu as tout de même un âge assez important. Le nombre de rencontres que tu as dû faire au cours de ta vie doit être impressionnant.

Love the game, wanna play?

Je l’aurais imaginée plus du genre meurtrière, je ne sais pas ce qu’il avait fait exactement pour la mettre en rogne au point de devoir lui trafiquer la mémoire mais ça m’intriguait presque de le savoir. Essayer de ne pas reproduire les mêmes erreurs que lui pour éviter une confrontation même si je pourrais sûrement gérer son don en lui provoquant des migraines incessantes ce qui la titillerait légèrement quand elle voudra utiliser son don. J’avais l’avantage qu’elle ne connaisse pas encore réellement mon pouvoir même s’il pouvait y avoir plusieurs petits indices mais je trouverai un moyen de tourner ça en ma faveur. Je n’ai montré qu’une facette de ce que je savais faire et c’était mon côté gentil, heureusement pour elle sinon son corps serait déjà sur le sol, sans vie. Elle m’avoua ne pas être si spéciale que ça, ne pas se prendre de la tête pour des futilités et prendre ses décisions seule sans prendre en considération l’avis de son entourage. Une fille affirmée, j’aimais bien ça, je regrettais presque de l’avoir choisie pour cible.
- J’aurais cru que tu étais plus du genre à assassiner les gens.
Bon point pour moi, j’aurais moins de mal à la tuer et le fait qu’elle aime délaisser les autres sur un coup de tête ferait passer son assassinat inaperçu. Personne ne s’inquiètera avant un petit et si je cache bien le corps, il se pourrait même qu’aucun de ses proches ne la retrouve.
- Ca doit être dur d’avoir une chance avec toi, ça pourrait presque me dissuader d’essayer.
Flirter de manière flagrante, autant dire que je tentais de la draguer mais je ne voulais pas lui avouer directement. Ca faisait un peu sûr de soi de dire ce genre de choses mais j’avais assez confiance en moi pour pouvoir affirmer ce style de propos.
Elle me rappela gentiment que j’étais une antiquité en me demandant mon ressenti et en soulignant le fait que je devais avoir fait de nombreuses rencontres au cours de mon existence. Il est vrai que j’avais croisé pas mal de personnes même si septante pourcents ne restaient pas bien longtemps en vie après avoir échangé un regard avec moi.
- Au début c’était étrange, je pensais que je ne tiendrais pas mais après on s’y fait. On acquiert de l’expérience petit à petit et c’est plutôt pratique quand plusieurs vampires se retrouvent en face de toi avec une envie soudaine de te démembrer.
Je m’étais retrouvé plusieurs fois dans cette situation et c’était souvent parce que j’avais tué quelqu’un de leur clan. Je détruisais comme ça, des petits regroupements de vampires et quelques loup-garous. J’avais plus du mal avec les modificateurs car je ne pouvais pas supporter leur odeur dégoûtante.
- Si ce n’est pas trop indiscret, quand as-tu été transformée ? Je veux dire, quel était le contexte de ta transformation. Tu n’es pas obligée de répondre.
C’était un bébé comparé à moi et nous avions tous des histoires différentes. Pour certains, on les avait sauvés et pour d’autres, on avait fait d’eux des monstres. La dernière version était la mienne au début mais j’ai fini par comprendre que c’était peut-être un cadeau alors j’ai commencé à devenir sadique. J’ai lâché les pagailles et je vins me placer près d’elle calmement toujours un léger sourire aux lèvres. Je fis semblant de devoir m’étirer pour placer mon bras près de ses épaules, j’étais peut-être vieux mais j’avais toujours des techniques d’étudiants quant à ma manière de me rapprocher.
- Alors, que penses-tu de cette petite virée en barque ?

Love the game, wanna play ?

Les vampires d’un certain âge me passionnaient. Ils avaient vécu assez longtemps pour suivre l’évolution dans le monde. En 89 ans, la seule chose que j’avais retenue était que les êtres humains étaient toujours aussi cons. L’environnement les importaient peu, leur soif de pouvoir déclenchait de plus en plus de guerres, ils jouaient les ignorants face à la pauvreté qui les entouraient. Quant à la technologie, elle évoluait beaucoup trop vite. A mon époque, les écran plats, les smartphones et les réseaux sociaux n’existaient pas encore et nous étions tout à fait capables de nous en passer. Maintenant, les gens marchaient avec le nez pointé sur leur écran, attendant de savoir quelle photo ils allaient liker aujourd’hui, ils préféraient prendre la voiture pour aller à l’épicerie qui était à dix minutes à pieds, ils se sentaient obligés de se filmer dès qu’ils faisaient une bonne action envers les personnes démunies, espérant avoir un maximum de reconnaissance sur le net. Le monde allait mal, même s’il y restait encore quelques personnes raisonnées. Mais déverser ma haine contre les humains ou les gens de mon espèce était pour moi une perte de temps. J’étais même surprise que Uriah se soit imaginé que j’étais le genre de personne à tuer tout ce qui bougeait. Et selon-lui, il était sûrement difficile d’avoir une chance avec moi. J'avais l'air compliquée et pourtant, même si l’admettre sera une toute autre chose, Uriah ne me laissait pas indifférente.

Il me fit part de ses pensées concernant ses nombreuses années en tant que vampire. Et je comprenais son ressenti. Nous étions tous obligés d’être un minimum futé si l’on souhait survivre au sein de notre espèce, les vampires n’étant pas toujours des êtres adorables. J’avais déjà dû faire face à quelques timbrés mais je faisais toujours en sorte de m’en sortir indemne.

J’étais tout à fait apte à discuter de tout jusqu’à ce qu’une des questions de Uriah concernant ma transformation vienne me mettre dans l’embarras. Peu avant ma transformation, j’avais agis comme une imbécile. Ce n’était pas le genre d’histoire que j’aimais raconter, encore moins à quelqu’un que je ne connaissais que depuis quelques heures. Le vampire prit place à mes côtés avant de s’étirer et de placer un bras sur mes épaules, une méthode bien classique mais finalement peu dérangeante. Je levais les yeux vers lui pour répondre à sa toute dernière question.

-Je ne suis pas une grande habituée des virées en barque mais je dois t’avouer que celle-ci est assez agréable pour le moment.

Je détournais le regard en fixant un point précis vers la forêt. Je n’avais pas envie de mentir mais je n’avais pas non plus envie de tout détailler. Il fallait que je trouve les bons mots.

-Eh bien, je suis devenu un vampire à une époque où je n’étais pas totalement moi-même. Je venais de perdre mes parents. J’ai voulu passer à autre chose un peu trop rapidement en fréquentant les mauvaises personnes et en agissant inconsciemment. C’était complètement idiot quand j’y repense. A une soirée, plus précisément en 1950, j’ai fais la rencontre d’une femme, je ne me souviens pas exactement de ce qui s’est passé, ni de ce que je lui ai confié mais je me suis réveillée le lendemain avec des yeux flippants et ce besoin constant de boire du sang humain.

Mauvaises fréquentations, drogue, alcool ; des détails qui n’avaient pour moi aucun intérêt à être racontés. Je n’étais pas prête à en parler et j’étais beaucoup trop satisfaite de ma vie actuelle pour évoquer une période où je n’avais pas su gérer mes émotions. Je voulais que les gens gardent une bonne image de moi. I'm stronger than I've ever been.

-Après ça, j’ai quitté New-York définitivement. J’ai voyagé, renouvelé mon cercle d’amis et j’ai atterri à Forks. Rien de bien intéressant comme tu peux le constater. Mais ce changement a eu un impact assez positif sur moi finalement, alors..  Pourquoi m’en plaindre ?

Je me raclais la gorge avant de poser une nouvelle fois mes yeux sur le visage du vampire. J’aimais bien converser avec lui et j’avais à peine remarqué qu’une grosse averse se préparait. Bienvenue à Forks, la ville où la pluie était toujours présente pour gâcher les meilleurs moments.

-Et toi, était-ce ton choix de devenir un vampire ou simplement la cause d’une mauvaise rencontre ? Comment est-ce arrivé ?

Love the game, wanna play?

Mademoiselle passait un bon moment, je savais mettre les gens en confiance. A mes débuts, j’avais du mal, on arrivait trop facilement à me lire et je n’arrivais pas à tromper mes victimes. Très souvent, elles sentaient que j’étais nerveux et peu sûr de moi et s’engageaient dans un combat qu’elles perdaient. Avec les années, j’ai pu peaufiner mes techniques et j’ai réussi à paraître authentique à chaque fois que je me dévoilais à mes victimes. Elle m’expliqua son histoire, détournant son regard du mien me montrant ainsi un léger malaise lorsqu’elle parlait de son passé. Son aventure était un peu clichée, la perte de personnes proches, en l’occurrence, ses parents et ensuite, des mauvaises fréquentations qui la mènent jusqu’à sa transformation. J’avais entendu plusieurs histoires similaires, au tout début, quand il me restait encore une once d’humanité, j’avais presque pitié des victimes. Je pris une grande inspiration, fis des yeux un peu tristes et laissai paraître un sourire compatissant.
- Désolé que ça se soit passé comme cela pour toi mais je suis heureux que tu sois aussi bien maintenant. Parfois, il faut des centaines d’années avant qu’un vampire accepte sa nature.
Elle me retourna la question sans surprise et j’eus à peine le temps de réfléchir à ce que j’allais dire. Je ne racontais jamais ma véritable histoire, souvent, je disais que j’avais voulu me suicider et qu’un vampire assoiffé était passé par là. Ici, je ne savais pas pourquoi, je n’avais pas envie de mentir cette fois-ci. Peut-être pour paraître plus authentique et qu’elle ait plus confiance en moi, je ne sais pas.
- C’était la première fois que je posais le pied dans un autre pays que l’Angleterre, j’avais 23 ans et je me rendais en Amérique pour trouver un emploi.
Je n’avais pas eu beaucoup de chance ce jour-là, je me souvenais même de ce que j’avais mangé. J’étais stressé, j’avais un entretien d’embauche dans une petite entreprise et j’étais stressé car c’était la première fois que je devais me présenter à un potentiel employeur. J’étais timide à cette époque…
- J’ai bu un seul verre et je suis parti courir pour me détendre, j’ai cru qu’emprunter un genre de raccourci allait être bénéfique mais je ne connaissais pas bien les environs et un vampire m’est tombé dessus.
De temps en temps, je repensais à ce que j’aurais pu faire pour éviter cela mais je me disais que c’était peut-être le destin ou le Karma et que c’était inévitable pour moi, de devenir un vampire.
- J’ai tué les premières personnes qui ont voulu me venir en aide et j’ai retrouvé mon créateur qui m’a appris comment survivre en tant que vampire et je l’ai tué par la suite pour tout ce qu’il m’avait enlevé.
Je n’avais eu aucune reconnaissance pour lui, je n’avais pas revu ma sœur ni même mes parents, j’avais trop peur de retourner en Angleterre et de ne pas savoir me contrôler ou pire, qu’ils aient peur de ce que j’étais devenu. Je détestais mon créateur et je l’avais fait assez souffrir pour qu’il comprenne ce que je ressentais.
- Après mon historie devient comme la tienne, j’ai atterri ici et voilà.
Je levai les yeux au ciel, je venais vraiment de me dévoiler à ma future victime. Qu’est-ce qui m’avait pris ? Le ciel commençait à accueillir de plus en plus de nuages et une goutte tomba sur mon bras. Je nous rapprochai de la rive et je me levai d’un coup sans pour autant l’effrayer, lui offris un de mes plus beaux sourires et lui tendis la main.
- Il commence à pleuvoir, on devrait peut-être rentrer. Tu veux que je te raccompagne chez toi ?

Love the game, wanna play ?

Il n’était pas rare pour un vampire d’avoir été transformé sans en avoir eu le choix. Mais j’ignore ce que j’aurais répondu si on m’avais demandé mon avis. Beaucoup d’humains voulaient devenir comme nous mais ne faisaient que se bercer d’illusions. La soif de sang pouvait devenir un véritable problème pour ceux qui ne savaient pas la gérer, sans parler de ceux qui étaient incapables de maîtriser leurs dons. Notre monde si fascinant et surnaturel pouvait parfois se transformer en un véritable cauchemar pour certains d’entre-nous. Nous avions tous une vision différente de notre nature et de ce qu’elle nous apportait, l’accepter était une étape parfois difficile mais pas impossible.

Tout en restant attentive, j’ai laissé Uriah me raconter à son tour le récit de sa transformation. Je constatais qu’il n’avait eu aucun choix ce jour-là et qu’il s’était seulement trouvé au mauvais endroit, au mauvais moment. Il avait tué quelques personnes ainsi que son créateur peu de temps après qu’il lui ait appris les bases de survie pour un vampire. Rien de bien anormal selon-moi. Ce changement nous obligeais tous à prendre brutalement un autre chemin. Mais contrairement à Uriah et pour un grand nombre de raisons, je n’en n’avais jamais voulu à ma créatrice de m’avoir imposé ce nouveau mode de vie. Je ne connaissais ni son identité, ni son adresse mais je pense que j’aurais sûrement mis un moment à la retrouver si j’avais voulu me venger d’elle. La seule chose que j’aurais aimé avoir les premiers temps, c’était d’avoir au moins quelqu’un qui m’apprenne à maîtriser ma soif. Aujourd’hui, je savais me tenir mais je dois reconnaître que les premières années ont été extrêmement difficiles.

-Comme quoi, parfois il vaut mieux rester dans son canapé que d’aller faire un jogging. Mais si le tuer a pu te soulager ne serait-ce qu’un peu, alors je pense que tu as pris la bonne décision.

Je sentis quelques gouttes tomber sur ma tête avant de découvrir que le ciel commençait à se couvrir, ce qui marquait la fin de notre petite virée en barque. Étrangement, j’étais assez déçue qu’elle se termine maintenant. Le vampire nous ramena vers la rive en me proposant de me raccompagner chez moi. J’agrippais ma main à la sienne en m’abstenant évidemment de lui montrer que son sourire commençait véritablement à me faire quelque chose. Et il valait mieux pour moi que je m’en sépare maintenant avant de montrer un signe quelconque.


-C’est gentil mais je ne vais pas te déranger plus longtemps. J’habite au nord de la ville, ce n’est pas très loin d’ici.

Je venais littéralement de décliner une proposition qui était pour moi loin d’être inintéressante. Même mes jambes n’avaient pas envie de bouger d’ici. Logique d’une fille. Tout en me tenant face à lui et en lui souriant à mon tour, j’en profitais du peu de temps qu’il nous restait avant que la pluie battante arrive pour ajouter :

-Mais nos chemins se recroiserons sûrement étant donné qu’apparemment tu es du coin. Et puis, j’ai une revanche à prendre au cas où tu l’aurais oublié.

Bon, je le reconnais, avoir perdu le duel n’avait pas que des inconvénients. J’ignorais pourquoi, mais j’espérais recroiser sa route. Dans ses mots, j’avais senti une part de sincérité. Mais j’avais l’intuition que j’étais encore loin d’en savoir suffisamment à son sujet et j’avais encore un doute concernant le hasard de notre fameuse rencontre. J’avais besoin d’en être sûre mais j’avais peur de me tromper. D’ailleurs, je ne comprenais pas pourquoi ça me tenais tant à coeur de ne pas vouloir tout gâcher alors que rien ne me disait que nous allions nous revoir. Je me posais tellement de questions que sans le vouloir, mon esprit s’est involontairement connecté au sien pour me montrer rapidement un de ses souvenirs. Et devinez qui j’ai vu ? Moi-même en train de subir le véritable don du vampire. Je m’empressais de sortir au plus vite de sa tête avant qu’il ne soupçonne quelque chose. J’avais enfin la réponse à ma question mais je n’en comprenais toujours pas les raisons. J’avais plusieurs options : lui fracasser la figure dans l’immédiat ou tout simplement continuer à jouer les ignorantes. Il fallait que je prenne rapidement une décision avant qu’il se rende compte de ce que j’avais fais. J’ai finalement opté pour le deuxième choix pour la principale raison que je tenais à voir jusqu’où  cette histoire pouvait aller et parce que je préférais attendre le bon moment avant de lui faire comprendre qu’il n’y avait pas qu’un seul pigeon dans l’histoire. Ou alors peut-être que je ferai en sorte de l'éviter, j’y réfléchirai pas la suite mais j’avais déjà plusieurs idées qui s’offraient à moi. Je pris un air totalement décontracté malgré mon envie folle de lui faire bouffer le sol. Je pouvais me montrer très convaincante parfois.

-Ravie d’avoir pu faire ta connaissance, c’était sympa comme balade et j’espère que l’on se reverra un de ces quatre.

Ou peut-être pas..?