Je vous aime toujours ♥ Ouvert à tous

Spoiler:

La villa Cullen. Dès que je l’avais vu se profiler à l’horizon, mon corps s’était crispé. J’avais l’impression qu’elle appartenait à une autre vie. Comme si je ne l’avais pas vue depuis des décennies. Une myriade de délicieux souvenirs s’égrena dans mon esprit. Des rires, des promesses, des peurs… Je me souvenais avec un plaisir immense de l’arrivée de Bella dans nos vies. Une jeune femme absolument merveilleuse dont je savais - avant tous - qu’elle rendrait mon frère heureux…
Malheureusement, il y avait eu les Volturis. Des ennemis qui avaient su nous ravir la perfection que nous touchions enfin… Ou juste la paix que nous chérissions tellement.
J’aimais ma famille plus que tout. J’étais prête à donner ma vie pour elle. C’était pour elle que je m’étais sacrifiée. Et c’était aussi pour elle que j’avais été torturée durant des mois. Enfin, c’était pour l’épargner que je m’étais isolée pendant tout ce temps...

Mon retour ? Non, je ne comptais pas reprendre ma vie où je l’avais laissée.
J’avais abandonné mes amis, mes proches, et… mon mari. L’homme que j’aimais le plus au monde. Je n’avais pas le droit de m’imposer à nouveau dans leur vie, en sachant qu’ils avaient peut-être enfin trouvé une forme d’équilibre. J’avais simplement une mission à remplir.

L’odieuse révélation, selon laquelle j’avais fauté avec Edward, avait fait l’effet d’une bombe parmi les miens. Certes, j’avais brillamment affronté Dean, mais cela n’avait pas suffi.
Durant ma captivité, j’avais appris à museler mon don – histoire de ne pas satisfaire les Volturis. Après le départ de Dean, mes visions étaient revenues peu à peu. Ce qui m’avait tout simplement empêché de me reconstruire car j'avais vu ce que cette trahison allait provoquer. La famille allait se déchirer. Bella et Edward allaient se déchirer. Et moi, incapable de me pardonner, j’allais briser tout ce qu’il restait entre Jasper et moi.
Avant que cet affreux schéma ne s’orchestre, j’avais pris la décision de fuir. Fuir pour changer ce futur qui me dégoutait.

Ensuite, j’avais à nouveau pris soin de fermer mon esprit. J’avais voyagé jusqu’en Californie. Ville du soleil, certes. Je ne sortais que la nuit. Le jour, je restais enfermée dans une boutique que j’avais rachetée et rénovée. Je m’étais construite une vie. J’étais, en quelque sorte, redevenue humaine.
Bien sûr, des souvenirs atroces étaient remontés à la surface. Les Volturis m’avaient fait souffrir au-delà du possible.

Cependant, maintenant que Dean n’avait plus de contrôle sur moi, j’avais enfin pu démêler le vrai du faux. Ce monstre avait injecté des images dans mon esprit.
Je n’avais pas couché avec Edward. Nous avions simplement échangé un baiser très lascif sous l’influence de Dean – et en aucune manière de notre propre chef. Bien entendu, cet acte en lui seul me faisait l’effet d’un viol. Toutefois, j’étais maintenant certaine que mon corps n’avait pas appartenu à celui que je considérais comme mon frère. Le soulagement que j’éprouvais à cette idée était incommensurable.
Je me sentais apaisée dans ma vie " d’humaine ". J’avais désormais des amis. Je dessinais des vêtements. Je remplissais mes jours de manière légère et sereine. Bien sûr, ma famille me manquait. Jasper me manquait horriblement. C’était une part atomisée de mon âme. Sauf que je prenais soin de ne pas y songer. Je devais me reconstruire loin d’eux. Mais, pour qu’ils y parviennent également, je leur devais la vérité.
Voilà pourquoi, je pénétrai dans la villa Cullen, avançai jusqu’au salon, observant la nature prodigieuse des alentours à travers la baie vitrée. Je ne savais pas qui était dans la maison. Je ne cherchais pas à le savoir, ni par mes sens décuplés, ni par mon don.
Peu importe ce qui adviendrait de cette rencontre, les revoir, expliquer mon départ, dire la vérité… tout ceci devenait une nécessité.

Carlisle fut le premier à arriver. En sentant sa présence, mon cœur se serra violemment. L'affection que j'éprouvais pour lui était bien supérieure à celle d'une fille adoptive envers son père. Je le considérais comme l'une des personnes les plus solides, intègres et rassurantes au monde. Je l'aimais infiniment. Même si aujourd'hui, j'étais consciente de mon innocence, j'étais toutefois profondément malheureuse à l'idée de l'avoir déçu. De n'avoir même pas su lui dire combien je souffrais, d'être parti sans un mot.
Je me tournai vers lui, et ce que je vis me glaça. Carlisle était l'ombre de lui même. Sombre. Mais il prononça mon nom. Et mes muscles se détendirent légèrement. Je vis qu'il souffrait de cette séparation injuste. De cet abandon. Mais sa bienveillance allait au-delà. Il vint vers moi et me prit dans ses bras.
Je fus d'abord troublée par son contact. Voilà si longtemps que je n'avais pas touché quelqu'un de cette manière, et encore moins un vampire. Pourtant bientôt, je sentis un immense soulagement s'abattre sur mes épaules. Et je le serrais tout contre moi, avec cette impression délicieuse de délivrance. Mon père ne m'avait pas oublié. Et tel un père aimant, un vrai père, il m'acceptait telle que j'étais, il m'aimait sans condition. Tout comme je l'aimais.

- Oui, je suis là, murmurai-je troublée en réponse à ses mots. Carlisle, tu m'a horriblement manqué. J'espère que tu pourras me pardonner...

Pendant notre étreinte, Rosalie était entrée dans la pièce. Le regard noir qu'elle m'adressa ne fit que confirmer ce que j'imaginais. Tous m'en voulait. Pour ces crimes que je n'avais pas commis et pour cette absence si brutale. Ma sœur. Elle aussi m'avait manqué. Comme chaque âme de cette famille magnifique.

Ce que dit Rosalie me blessa infiniment. Je la connaissais, je savais qu'elle réagissait toujours avec une grande franchise. C'était d'ailleurs pour cela que je tenais à elle.

- Rosalie, tu m'as manqué aussi, ironisai-je sans méchanceté pourtant.

Mon sourire était réel, même si je savais qu'elle n'y répondrait pas.

- Je ne suis pas revenue comme si de rien. Je ne sais pas combien de temps je vais rester. Je suis simplement venue pour mettre les choses au clair. Je veux que vous sachiez toute la vérité. Je veux que Bella l'apprenne. Je ne pouvais pas parler avant. J'étais, en quelque sorte, encore trop sous l'emprise de Dean.

Je fis un pas vers Rosalie mais n'osai pas trop m'approcher.

- Ma sœur, je comprends ta colère. Après ma disparition, tu as dû me détester encore plus... J'ai juste besoin que tu me laisses m'expliquer.

Lorsque j'eus terminé de m'exprimer, une jeune vampire aux yeux rubis apparu. Elle saisit la main de Rosalie, me parla quelques secondes, elle portait l'un de mes vêtements, et... l'odeur de Jasper sur elle. Comme si elle avait pris ma place dans cette famille, dans ma chambre... et peut-être dans mon couple.
Je chassais cette idée vivement de mon esprit. Quoiqu'il s'était passé, une part de moi considérait que ça ne me regardait plus.
Carlisle voulu prendre tous les griefs sur lui. Nous enjoignant à le haïr lui... Il semblait détruit et en même temps tellement aimant. L'être le plus pur que je connaisse...
Mais je compris très vite une chose, lui aussi semblait me rendre responsable de toutes les souffrances de cette famille.

Bella arriva. Il n'y avait pas d'animosité chez elle. Elle me sourit. Mon cœur sembla se fendre.
Ma meilleure amie. Ma sœur.
Elle attrapa mes doigts tandis que je restais figée par son arrivée. Figée de peur et de soulagement.
Elle savait tout ? C'est ce qu'elle prétendait... Mais que savait-elle au juste ?
La vérité sur Edward et moi ? Et le reste ? Le savait-elle ?
Ma solitude, mon calvaire pour quitter ma famille et me reconstruire ? M'en voulait-elle, elle aussi ?
Je ne trouvais plus les mots.
J'aurais simplement aimé la serrer contre moi. Et que tout s'arrête. Que cette page horrible de notre vie se tourne une bonne fois pour toute.

Lorsque Rosalie s'exprima d'une manière aigre, je détournai les yeux.

Je les aimais. Tous. Ils comptaient infiniment pour moi. Mais je refusais de payer le prix de ce drame comme si j'en étais la cause.

J'allais parler. J'allais partir. Et tout s'arrêterait là.

Edward arriva. Je me statufiai davantage. Il était mal mais il allait mieux lui aussi.

Il me serra dans ses bras. Je mis un instant avant de l’enlacer à mon tour devant toute cette famille qui nous avait cru amants... S'il était capable de me toucher aussi naturellement, c'est que lui aussi s'était libéré de l'emprise de Dean.
Peut-être même avait-il pu leur expliquer.

Si c'était le cas, même la vérité n'avait pas suffit pour que la famille me regarde autrement que comme la fautive.

Alors que pourrais-je faire ?

J'allais parler car j'en avais besoin. C'était certain. Mais ensuite, je ne chercherais pas à plaider ma cause plus longtemps.

Même lui, même Edward semblait avoir du pardon dans les yeux, mais de quel droit ? De quel droit me pardonnait-il ? Pourquoi Rosalie m'en voulait-elle et pourquoi les autres s'autorisaient-ils à me pardonner ?

Après avoir répondu à l'étreinte de mon frère et lui avoir accordé un sourire léger, je m'écartai de lui, je m'écartai d'eux tous.
Je fis quelques pas.

- Merci Carlisle, Edward... Bella... Vous m'avez tellement manqué. Je vous aime tellement.

Je relevais les yeux vers eux tous.

- Je pensais pouvoir vous parler calmement mais mettre les pieds ici ravive tellement de choses... Vous êtes ma famille. Ce que j'ai de plus précieux... Et pourtant, vous me regardez soit avec indulgence, soit avec reproche...

Je pris une grande inspiration.

- Dois-je vous rappeler ce qui s'est passé ? Dois-je vous rappeler que c'était pour sauver cette famille que je me suis retrouvée prisonnière ?

Je m'approchai de la fenêtre et regardai au loin, comme si je voyais défiler les souvenirs d'une autre vie sous mes yeux.

- Les Volturis m'ont torturée physiquement et mentalement pendant des mois. Ils souhaitaient juste me détruire. Et, je pense qu'ils ont réussi. Vous êtes en colère contre moi, je vois bien dans vos yeux que vous me rendez responsable de l'implosion de cette famille tout simplement car vous ne voulez pas accepter la réalité.

Je me tournai et les regardai à nouveau tour à tour. Carlisle, Rosalie, Bella, Edward...

- La Alice que vous aimiez est morte là-bas. Ils ont réussi à la détruire. Je ne suis plus la même depuis et c'est pour ça que je suis parti. Ce serait idiot de faire comme si tout pouvait redevenir comme avant. Je suis morte là-bas. Et il va falloir qu'au lieu de m'en vouloir, vous fassiez tout simplement votre deuil.

J'eus un sourire très triste, plein d'amour cependant.

- Sachez qu'en me sacrifiant pour cette famille, j'étais sûre de faire la meilleure chose au monde. Vous êtes ce que j'ai eu de plus beau, en plus de Jasper. Mourir pour vous était un choix dont j'étais fière. Vous êtes des personnes fabuleuses. Vous m'avez tant apporté... Je n'oublierais jamais, je ne cesserais jamais de vous aimer et de me sentir pleine de gratitude pour chaque instant d'amour que vous m'avez offert...

Mon sourire s'effaça doucement.

- Je n'ai plus de visions. J'ai désappris ce pouvoir. Je porte des rajouts et j'ai teint mes cheveux. Je travaille dans un magasin de vêtement parmi des humains. Je ne chasse jamais et consomme du sang animal commandé sur internet. Je ne suis plus la visionnaire. La petite Alice que vous aimiez. Mes collègues m'appelle " Lily "... Alice n'est plus. Et elle ne reviendra jamais.

Je remis mes cheveux derrière mes oreilles dans un geste humain devenu une habitude depuis que je m'étais plongée dans ma nouvelle vie.

- Si je suis parti, c'est que même moi ne parvenais pas à comprendre ce fait indéniable. Le fait que je n'aurais jamais plus le même rôle dans cette histoire. De plus, le cauchemar me poursuivait, car Dean avait réussi à me persuader que j'avais couché avec Edward. Mais en m'éloignant, en me sauvant d'ici, un réflexe somme toute bien naturel, j'ai enfin échapper à son emprise. J'ai vu la vérité. Je n'ai jamais couché avec lui !

Je les regardais encore une fois et cette fois avec moins de douceur.

- Seulement, vous, ma famille, (et ma voix trembla quand je prononçais ces mots) je suis tellement déçue de voir votre réaction... Même si j'avais réellement couché avec Edward, vous auriez dû me connaître assez bien pour savoir que je n'aurais jamais fait ça de mon plein gré !

Mes yeux s'étaient rempli de colère et de souffrance.

- C'est mon frère bon sang ! Je l'aime comme un frère, j'adorais notre complicité ! Croire que j'avais pu faire ça avec lui, c'était le pire des viols pour moi ! J'avais besoin de votre soutien ! Et je n'ai rien eu !

J'avais envie de jeter des objets par terre mais je m'en retins. Cela me soulageait de déverser un peu ma colère.

- Vous me pensez égoïste d'être partie ? Mais ne l'avez-vous pas été en me reprochant ce qui c'était passé ? J'avais besoin de vous ! J'avais besoin de votre amour ! Et dès que vous avez appris l'affaire, je n'ai ressentis que du jugement ! Sauf de la part de Jasper qui a été...tellement (je ne sus plus parler tellement l'émotion me nouait la gorge). Il faut croire que je ne le méritais pas et la vie s'est arrangée pour me le reprendre... Mais la question n'est pas là. Alors, arrêtez de me regarder comme s'il allait falloir que vous me pardonniez, car moi aussi, je dois vous pardonner.

Je me radoucie, soulagée d'avoir parlé. Je fermais les yeux un bref instant.

- J'avais besoin de vous dire tout cela pour faire honneur à l'ancienne Alice. J'avais aussi besoin de mettre les choses au clair pour que vous cessiez de croire que je vous ai lâchement abandonnés. Je n'avais pas le choix. Je devais partir. Mais peu importe celle que je suis aujourd'hui, une chose n'a pas changé, je vous aime toujours et je vous aimerai toujours. Vous êtes la seule et unique famille que je n'ai jamais eu.

Je baissais les yeux, j'étais tellement triste car je savais que c'était un au revoir.

- Mais il faut se rendre à l'évidence, nous venons d'entrer dans un nouveau fragment de notre éternité, et je n'ai plus ma place ici... Évidemment, je suis toujours mariée à Jasper sur le papier, et j'éprouve un vif respect vis à vis d'un tel engagement. Alors, s'il accepte de me parler, j'aimerais qu'on fasse le point ensemble.

Je m'approchai de la porte.

- Mais pour ce qui est de vous tous, j'ai dis tout ce que j'avais à dire. Je vous aime. Au revoir.

Et je sortis.