Pauvre petite fille...

Je profite pleinement de ma nouvelle condition de vampire en couple. Enfin, Stiofan n'est pas trop envahissant. Et vu qu'il aime autant que moi torturer les autres, c'est assez amusant. Notre couple est fort et j'adore cette relation qu'on a. Amants, amis, confidents, les trois à la fois, et c'est ce qui faisait notre force. Personne n'arrivait à nous vaincre, et encore une fois, j'avais prouvé à mon amant que j'étais aussi mauvaise que lui. C'était stupide, mais j'adorais montrer à Stiofan que je pouvais faire des choses méchantes, voire violentes, même si c'était inutile. J'étais une sanguinaire, et même si j'essayais d'être gentille avec les autres, parfois mon côté noir ressortait. J'y pouvais rien, chacun a sa part d'ombre en lui, et il faut la faire sortir de temps en temps pour se sentir mieux. Une engueulade, un meurtre, quelque chose de mal, histoire de se remettre en forme. La routine, quoi !

Du coup, j'avais fait sortir cette partie noire de moi. Je sais, j'aurais pas dû la laisser autant sortir, mais j'y pouvais rien. J'aurais pu m'arrêter à mon premier geste, mais non, j'avais eu envie d'aller plus loin. Il avait fallut que j'essaye d'aller encore plus loin que ça. Bon, y a pas mort d'homme non plus. Ni de femme, d'ailleurs. Enfin, bref, en gros j'avais fait un sacré coup. J'avais choisi ma cible sur un coup de tête, totalement, et j'y étais allée. Comme ça, sans préparation, à l'impro totale. Bah oui, c'est tellement plus amusant quand on y va au feeling. J'avais envie d'un petit coup de frisson, quelque chose de palpitant qui me ferait presque peur. Du coup, me voilà partie à toute vitesse (vampirique, bien entendu) direction... Là où mon instinct me guiderait. Un appartement, et j'escalade l'immeuble avec une facilité déconcertante. En fait, tout est un jeu d'enfant pour moi, à ce moment-là.

J'avais pensé qu'elle essayerait de se défendre, ou au moins qu'elle sentirait ma présence. Mais non, même pas, elle est restée dos à moi. Mon poing de fer s'est abattu sur sa tête, et elle s'est écroulée au sol. Presque trop facile. Ma partie noire n'était pas satisfaite. Alors je l'ai attrapée, à bras le corps, pour la transporter. C'était une autre sanguinaire, la chose allait être drôle. Je l'ai amené dans ma grande maison, mais elle a eu droit à la plus petite pièce. L'endroit où on range, en principe, le vin. La cave; Je l'ai enchaînée, là, sur le sol froid et humide. J'avais un fin sourire aux lèvres quand je pensais à son réveil. Stiofan fut vite mis au courant, mais personne d'autre que moi n'avait accès à la cave. J'y étais assise, sur une chaise, dans un coin. Mon jean en cuir noir et mon haut légèrement volant blanc me rendaient assez impressionnante. Une Reine sur son trône, du moins la comparaison est intéressante.

J'observais ma prisonnière avec un réel intérêt. Cheveux châtains, yeux que je devinais rouges. Une peau aussi blanche que moi, et elle avait l'air si... Si paisible. Difficile de déterminer quelle serait a réaction à son réveil. J'étais dans l'ombre, masquée par les rayons de la lune ricochant sur les murs, mais pas sur moi. Et finalement, je sentis qu'elle commençait à revenir à elle. Je ne bougeais pas, je préférais la voir découvrir le lieu avant de me voir. Ses yeux s'ouvrirent, et j'attendis quelques secondes. Mes prunelles brillaient d'un amusement réel. Mon premier enlèvement avait été un réel succès. Puis, lentement, je me mi à bouger. Je me levais, avant de m'approcher de la vampire enchaînée. Je gardais cependant une distance raisonnable, au cas où elle aurait un don qui pourrait m'affaiblir. Le mien serait inutile, mais je ne comptais pas m'en servir dans tous les cas.

Bonjour, jolie demoiselle...

La douceur dans ma voix était contradictoire avec la situation. Pourtant, elle était vraie. Je ne voulais pas la terroriser. Pas encore.

Elle m'a bien vite remarquée. Tant mieux. Alors que je me rapproche, je sens en elle qu'elle a un peu peur. Elle n'est pas à l'aise ici, dans un lieu aussi inconnu. Et encore moins enchaînée, comme une bête qu'on emprisonne derrière des barreaux. En général, cela n'apporte rien de bon, d'être enchaîné. Et pourtant, moi, j'affiche mon plus beau sourire et ma plus grande gentillesse. Cela ne cache rien de plus qu'une fille qui a envie de s'amuser un peu avec son jouet. Car oui, elle a beau être comme moi, elle va être ma marionnette pendant quelques temps. Alors que je lui ai parlé, elle semble un peu surprise. Ou perdue. Peut-être un peu des deux, en fait. Elle me regarde, sans doute me détaille-t-elle. Elle peut, je l'ai bien fait, moi. Et puis, je suis belle, je le sais, donc voilà. Elle a beau être une vampire, j'ai l'impression de me retrouver face à une humaine, fragile et apeurée. Et alors elle balbutie :

Qui... Qui êtes vous donc ?

Ouais, vraiment, là j'ai en face de moi une poule mouillée. Une sanguinaire gentille. Une fille, quoi. Je reste alors un peu stupéfaite par son ton. À moins qu'elle n'agisse ainsi pour me prendre par surprise, pour me faire baisser ma garde. Mes doigts se posent sur mes hanches, je reste pourtant calme. J'aurais même presque un air doux sur le visage. Surprenant, non, surtout quand on sait que je l'ai kidnappée juste pour m'amuser. Mais bon, bref, c'est pas le plus important. Je suis face à une vampire qui n'a rien d'une sanguinaire, je la verrais plus en train de chasser les animaux. Et encore, si elle faisait un peu plus preuve de "maturité", au lieu d'être terrorisée comme une adolescente avant son premier rendez-vous amoureux, j'aurais presque un peu plus de plaisir à jouer. Mais bon, elle veut jouer à l'enfant, alors bon, j'y peux rien. Je réponds donc, un sourire doux au visage :

Je m'appelle Ève. Oui, comme la première femme sur Terre. Enfin, selon la religion catholique. Et toi ?

Oui, je sais, je prenais le temps de discuter un peu avec ma prisonnière. Après tout, peut-être que ça l'aiderait à se détendre un peu, qui sait ?

Elle se tortillait, c'était trop mignon. Je venais vraiment de dire ça ? Oups... On aurait dit un petit asticot transpercé par l'hameçon d'un pêcheur. Elle avait beau gigoter, rien n'y faisait. J'avais ligoté la demoiselle comme il fallait, avec aucun moyen de s'échapper. Peut-être que, si elle était gentille, elle serait libérée. Quoique, je ne voulais pas trop m'avancer. Ne jamais vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Pour le moment, je tournais autour de ma captive avec un fin sourire. Malgré sa condition, la façon dont je l'avais attachée, je faisais tout de même attention à ne pas la blesser. Elle avait beau être saucissonnée de la tête aux pieds, je m'approchais doucement. Une partie de la chaîne s'était tournée, et devait être assez désagréable à sentir sur sa peau. Je la remettais dans le bon sens, afin qu'elle ne soit pas mal à l'aise. Alors que je faisais ça, je l'écoutais prendre la parole :

C'est toi qui ma capturer et emprisonner ici ? Ce que tu es ne m'intéresse donc pas, pour te répondre, je suis Revana.

J'aurais bien voulu jouer à la petite garce, et lui tendre la main. Mais au lieu de ça, je me contentais d'un signe de tête. Mon but n'était pas - encore - de la torturer. Ni de me moquer d'elle. Cela pourrait toujours changer, même si j'espérais que je n'aurais pas à aller aussi loin. Elle avait l'air toujours aussi surprise de sa présence ici, et c'était une bonne chose. J'avais réussi à l'avoir par surprise, une vampire sanguinaire ! Elle pose ses yeux sur moi, et je soutiens son regard avec une facilité déconcertante. Elle a l'air d'avoir une interrogation en tête, et rapidement elle me demande ce que je lui voulais. Ah, enfin une question qui m'intéressait ! Je lâchais un petit sourire, assez amusée par sa question. Je n'avais pas spécialement besoin de réfléchir, en fait ma réponse était déjà toute trouvée. Mais bon, j'avais envie de la faire patienter quelques secondes. Puis je répondis :

En fait... C'est tombé sur toi parfaitement au hasard. J'avais envie d'enlever quelqu'un, et j'ai suivi mon instinct. Désolée, ça n'a rien de personnel. Et actuellement, j'ai juste envie de profiter un peu de mon crime.

Je m'approchais d'elle, avant de me mettre à son niveau. Mes doigts attrapèrent une mèche de ses cheveux avec gentillesse, afin de la remettre en arrière. Puis, toujours avec douceur, je terminais :

Rassure-toi, je ne te ferais aucun mal. Je t'ai attachée pour pas que tu t'enfuis, c'est tout.

Et en plus, je disais la vérité.

Je suppose, que tu trouve ça drôle, que tu trouve cette situation amusante?... Moi cela ne me fait pas rire du tout, alors détache moi, et laisse moi sortir, c'est tout ce que je te demande.

J'éclate de rire. Mais dites donc, c'est qu'elle est rigolote la petite Revana ! Elle avait vraiment l'espoir qu'en se débattant ainsi, et en me demandant avec son petit air de chien battu de la détacher, j'allais céder ? C'était bien mal me connaître, et elle n'allait pas faire long feu si elle continuait à s'épuiser ainsi. Elle avait l'air d'une gamine, je commençais à me demander pourquoi le destin l'avait choisie elle et pas une autre. Mais bon, je restais immobile, dans mon coin. Elle semblait réellement vouloir partir, et je ne comptais pas la laisser s'enfuir. Elle me demanda alors ce que j'attendais d'elle. Elle voulait faire tout ce que je voulais, juste pour être libre ? Intéressant... M'approchant tout doucement d'elle, je posais mon doigt sous son menton, la forçant à me regarder. Mes prunelles rouges ne trahissait alors que de l'amusement, tandis que je répondis avec délicatesse à chacune de ses paroles :

En effet, cette situation est amusante. Toi, petite vampire stupide, tu te débats dans le vide, j'adore ! Je ne te laisserais pas partir de sitôt, mais rassure-toi, je m'occuperais de te nourrir. Et ce que j'attends de toi... C'est une bonne question... Je ne sais pas trop, à quoi tu pourrais être utile ?

Je fis mine de réfléchir, avant de terminer ma phrase :

Pourquoi pas te réduire en esclavage et te forcer à faire toutes mes corvées ? Ce serait utile, ça...

Je la lâchais, avant de reculer légèrement. Mes yeux ne la quittaient pas, et j'eus un léger sourire sadique.