Malgré les rayons de la lune qui éclairaient une grande partie de la réserve, un endroit était opaque à cette lumière. Mes volets étaient fermés, ne permettant pas à une quelconque source de lumière de me déranger. Cette douce nuit était un moment propice à un repos bien mérité. Non pas que je ne dormais jamais, mais ce soir avait été intense. Depuis quelques temps, de toute façon, les choses s’enchaînaient et se compliquaient de plus en plus. Entre le sauvetage d'Esmée qui avait été un carnage humanitaire, le départ brusque de Nashoba, l'intégration de Lanesa dans la meute, puis le retour surprenant de l'hybride, je courrais partout. J'essayais d'être le plus présent possible pour Nessie, mais aussi pour Lanesa, pour Alyss, pour ma meute, et tout cela sans pouvoir me poser aussi bien que ce soir. Alors je profitais du calme pour me plonger dans mes souvenirs d'avant.
C'était bien, avant toute cette histoire avec les Volturis. Depuis que Renesmée avait été enlevée par Aro et sa bande, puis que Edward et Alice avaient pris sa place, et ensuite qu'ils avaient couché ensemble, et enfin qu'on apprenne que tout ça n'avait été qu'une manipulation d'un sorcier qui n'avait réussi qu'à les faire s'embrasser, c'était dur. Avant, je coulais des jours heureux et calmes auprès de mon hybride. Elle et moi, rien d'autre ne comptait. Bon, si la meute aussi comptait, mais pas autant que ma douce Nessie. Je l'aimais plus que quiconque, plus que mon père. L'imprégnation, je n'y pouvais rien, j'étais lié à elle d'une façon qui échappait à tout le monde. Comme Leah et Edmund, Seth et Erin, on avait en nous cette chose qui faisait que, quoi que l'autre fasse, on ne pouvait pas aller contre. Renesmée avait été une évidence dès sa naissance : elle était faite pour moi, et j'étais taillé pour elle.
Même si, parfois, j'avais l'impression de la délaisser, de la faire passer après ma meute, elle ne m'en voulait pas. Je me demandais même comment elle faisait. Elle était mature, douce, tendre et maternelle. J'avais eu la chance de m'imprégner d'une personne aussi magnifique que merveilleuse, intérieurement et extérieurement. Et finalement, c'est sur ces pensées que je fermais les yeux. Penser à elle au moment de dormir m'aidait à passer une meilleure nuit, et grâce au temps, j'avais appris à masquer mes rêves à tous les autres membres de la meute. Non pas que je ne voulais pas qu'ils aient accès à ma tête, mais je pense que certains rêves assez intimes ne regardait pas Alyss, par exemple. D'ailleurs, en pensant à la petite fille que j'accueillais chez moi avec un naturel presque paternel, quelque chose me parut bizarre. Je n'arrivais pas à lire dans sa tête. Comment était-ce possible ?
Revenant parmi les réveillés, un bruit me parvint aux oreilles. Plus précisément, des pleurs. Silencieux, certes, mais je les entendais quand même. Et, je le devinais aisément, c'était ma protégée qui était en train de pleurer. Alors, sans hésiter, je me levais et quittais ma chambre. Puis j'allais vers la sienne, et entrais sans toquer. Si ça se trouve, elle pleurait en dormant. Je m'approchais de son lit, et je pus apercevoir son visage, légèrement éclairé par un brin de lumière qui filtrait dans un petit coin de la fenêtre. Et la vision que j'eus me fit mal au coeur. Son joli visage, d'habitude si rieur et si joyeux, était marqué par les larmes. Pire encore, ses yeux étaient gonflés, elle devait pleurer depuis un moment. Et moi, je n'avais rien entendu... Je m'asseyais sur le bord de son lit, avant de passer délicatement mes doigts sur ses joues, avant de prendre la parole, inquiet par l'état d'Alyss :
Hey, ma puce... Pourquoi tu pleures ?
Passant délicatement mes bras autour de son corps frêle, je la soulevais. Puis je l'installais sur mes genoux, la pressant contre moi pour la réconforter.
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