Let's go !

Le soleil se lève, tranquillement, éclairant l’horizon de sa douce lueur rose. Puis vient le orange, le ciel semble s’embraser tellement la couleur est vive. Ce spectacle dure quelques dizaines de secondes, le temps que le soleil viennent entièrement s'offrir aux yeux des rares promeneurs qui se sont levés plus tôt volontairement pour le voir. Puis il continue de s'élever, se reflétant de façon presque magique dans l'eau tumultueuse de la mer. C'est un spectacle merveilleux, quelque chose de réellement unique pour ceux qui veulent vraiment voir la beauté du monde. Chaque lever de soleil est unique, et chaque coucher l'est aussi. C'est ici que je me réveille, ce matin. Couché dans les bois, caché par un buisson assez épais pour que personne n'ose y mettre la main. Mes prunelles marron le regardent quitter son nid d'ombre pour illuminer cette journée. Il ferait sûrement beau, pour une fois, dans cette petite ville. C'était une journée idéale pour aller annoncer la grande nouvelle à l'autre meute. J'attendis que les promeneurs partent pour bouger.

Je pris bien le temps de me lever, d'étirer chaque muscle pour ne pas me faire de blessure. Je n'avais pas dormi avec ma belle Nessie cette nuit, tout simplement parce que j'avais besoin de prendre un peu de temps pour moi. Non pas qu'elle me dérangeait, bien au contraire, mais j'avais juste besoin de réfléchir sur un projet qui m'était venu en tête après ma discussion tumultueuse avec Nashoba. Une fois bien debout, je secouais la tête rapidement, m'enfonçant entre les arbres en entendant des voix se rapprocher de l'endroit où j'étais. Je devais filer, sous peine d'être vu. Et puis, bon, la dernière fois que quelqu'un avait aperçu l'un des miens, ça avait fini en chasse et Victoria avait tué un homme. Je ne comptais pas remettre ça, pas une nouvelle fois. J'étais discret comme une ombre, silencieux comme un chat, et pourtant j'étais bel et bien un gros loup, plein de poils, de muscles et de force. Mais j'avais appris, avec le temps et l'expérience, à être aussi silencieux que la nuit.

Mes grosses pattes, imposantes et destructrices, se posèrent doucement sur le sol, alors que je me tournais. Je savais que les préparatifs allaient bon train du côté des miens, alors je devais aller voir les autres. Nashoba, Tanaya et Lanesa. J'avais prévenu tout le monde de notre départ proche, et je comptais aller les voir hier. Mais j'avais eu une rude journée, j'avais dû préparer beaucoup de choses et je n'avais pas eu le courage d'aller jusqu'à eux pour leur en parler. Pas par lâcheté, non, mais parce que je ne tenais presque plus sur mes pattes. Alors j'étais allé m'endormir sur les Falaises, et j'avais eu l'honneur de pouvoir profiter d'un merveilleux lever de soleil à mon réveil. Maintenant, les choses sérieuses pouvaient commencer. J'avais demandé, mentalement, à Mike de prévenir Lanesa de mon arrivée imminente sur leur territoire, même si je savais que personne ne me ferait le moindre mal. J'avais choisi de prévenir la future mère pour ne pas déranger les Alphas.

Après avoir eu la confirmation qu'ils étaient tous les trois réunis, je pus partir de mon endroit. Je savais par où passer, et où les trouver. Alors ce fut rapide d'arriver à la maison de Lanesa et Nashoba, sachant pertinemment qu'elle les avait prévenus que je venais les voir. Arrivé à quelques mètres de leur demeure, je m'arrêtais et reprenais forme humaine. J'enfilais mes vêtements, avant d'avancer en direction de la porte. Je trouvais cela malpoli d'arriver sous forme lupine, alors je préférais prendre ma forme de "deux-pattes". Je m'approchais de la porte, mais je n'eus même pas le temps de toquer que Lanesa l'ouvrait de loin. Le vent devait lui être bien utile, en ce moment. Alors j'entrais, comme elle m'invita à le faire. Je déposais un baiser sur la joue de Tanaya, qui me le rendit, puis sur celle de Lanesa. Puis je m'approchais de Nashoba et, contre toute attente, je le serrais dans mes bras. Je n'étais pas venu pour qu'on s'engueule, mais pour arranger les choses.

L'hospitalité dont Lanesa faisait preuve me fit sourire. Elle commençait à avoir un petit ventre rond, mais cela ne semblait pas la gêner, pour le moment. Je pris des nouvelles d'eux, leur demandant comment cela se passait, tant au niveau de la meute qu'au niveau de la grossesse de la démone. Je discutais rapidement d'Alyss, donnant des nouvelles à mon fils adoptif, qu'elle considérait comme un grand frère. Je n'avais jamais cherché à les séparer, la jeune fille pouvait venir aussi souvent qu'elle le souhaitait ici. Je l'autorisais à rester dormir, si elle le voulait, je savais qu'elle avait besoin de Nashoba. Et puis, d'après ce qu'elle m'avait dit, il l'adorait aussi, donc je n'avais pas peur pour elle. Surtout que, il faut quand même l'avouer, Nashoba ne ferait jamais de mal à une autre personne sans raison, et même à Alyss il en serait incapable. Cela me mettait encore plus en confiance, ici elle était autant en sécurité qu'avec nous, c'était une bonne chose. Puis l'heure des choses sérieuses arriva.

Je n'étais pas venu les voir pour une petite visite de courtoisie, on s'en doute. J'avais été assez énigmatique dans mon message, informant simplement Lanesa que j'avais quelque chose à leur dire. Elle ne savait pas quoi, donc elle devait se poser mille questions. Je m'installais dans un fauteuil du salon. Mon verre de soda à la main, je me décidais enfin à rompre le silence sur la véritable raison de ma venue :

Je suis venu pour vous dire qu'on s'en va. Moi, la meute, on prend des vacances. Sam est prévenu, je lui ai donné mon autorisation pour qu'il défende nos terres en mon absence.

Eh oui, c'était bien triste la vie. Je n'étais pas seulement là pour ça, mais ils l'ignoraient encore. Je vis bien la tristesse dans le regard de la jumelle de Nash, et dans celui de sa femme. Mais, avec un petit sourire malicieux, je conclus :

Mais je ne suis pas venu uniquement pour ça. En fait, je voulais savoir si cela vous intéresserait de venir avec nous.

Oui, on ressemblerait à une colonie de vacances, mais bon... On serait en famille.

Je somnolais tendrement contre le torse de mon amoureux. Car oui, j'étais en couple avec un hybride même si la Reine lavait interdit ça. Mais actuellement, il n'y avait que mon Nashoba et moi, confortablement installés sur le divan. J'étais tellement bien que je recommençais à m'endormir, rattrapant mes heures de sommeil en moins. J'avais passée une bonne nuit, malgré les quelques coups dans mon gros ventre, et l'absence de mon Nashoba. C'était surtout ça qui avait causé quelques réveils. Le fait d'être seule, dans ce grand lit froid, et savoir qu'il était dehors en train de patrouiller. Cela lui arrivait assez fréquemment, même s'il s'arrangeait pour passer un maximum de nuits avec moi. Je n'aimais pas dormir seule, depuis que j'avais pris cette habitude de sentir son corps protecteur contre le mien, et encore plus depuis que j'étais enceinte. Je craignais qu'il ne m'arrive quelque chose et que je perde mes bébés. C'était une crainte vaine puisqu'il ne m'arriverait rien.

Du coup, vu qu'il était rentré après le lever du soleil, j'avais décidé de le transformer en lit. Enfin, ce n'était qu'une façon de parler, bien entendu. J'avais décidé de rester au lit, et ce serait lui qui me servirait d'oreiller et de chauffage. Après tout, il avait quelques heures à se rattraper, et il n'avait même pas protesté. J'aimais nos petits moments comme ça, en amoureux, sans avoir à courir à droite ou à gauche. Ces moments où on était ensemble, comme dans notre bulle, comme des adolescents qui découvraient l'amour. Je fermais peu à peu les yeux, j'étais tellement bien contre lui... Il était confortable, doux, et puis j'aimais me poser contre lui. Les enfants aussi, ils étaient plus calmes quand il était là. Mes yeux finirent par se fermer totalement, alors que je passais d'une simple petite pause avec lui à un début de sieste. Pourtant, j'étais parfaitement reposée, mais sa présence m'apaisait tellement que je m'assoupissais dans ses bras. Jusqu'à ce que mon téléphone vibre, me faisant sursauter. Je regardais le message

Mike a écrit:Coucou ! Jacob m'a demandé de vous prévenir qu'il est sur le chemin pour venir. Il voudrait vous parler, ainsi qu'à Tanaya. A très prochainement !

Je ne comprenais pas vraiment pourquoi il avait tant besoin de nous parler, mais cela ne m'inquiéta pas. Nashoba me gratifia d'un baiser sur le front, avant que je ne me redresse avec son aide. Mon ventre gênait une partie de mes mouvements, et je dois avouer que j'avais hâte que les trois monstres sortent de mon utérus. Franchement, je ne voyais plus mes pieds, alors bon... Je le suis dans la salle à manger, tandis qu'il prévient Tanaya de venir. Celle-ci fut là en quelques minutes seulement, et je la serrais comme je pus dans mes bras. J'étais très proche d'elle, elle était vraiment gentille et remplaçait parfois Nash à mes côtés quand il devait patrouiller. Un simple mouvement de la tête de ma belle-soeur me fit comprendre que Jacob était arrivé, et je tendais le bras. De loin, j'utilisais mon vent pour baisser la poignée et ouvrir la porte, avant même que sa main ne l'ait frappée. Il entre alors, nous saluant chacun notre tour. Je souriais, alors que nous discutions de tout et de rien.

Des nouvelles de la meute, de la petite Alyss que j'adorais. Cela faisait quelques jours qu'elle n'était pas venue nous voir, mais je ne m'inquiétais pas. Elle participait à la vie de la meute de Jacob, et elle ne pouvait pas passer son temps avec nous. Elle avait, cependant, sa propre chambre ici. Elle était comme une soeur pour Nashoba, et je m'étais attachée à la demoiselle, c'est donc tout naturellement que nous lui avions fait son endroit privé pour quand elle venait. Je papotais avec Jacob, en le renseignant sur ma grossesse qui se déroulait à merveille. Je m'étais posée sur le canapé, afin de soulager mon dos. J'avais parfois du mal à rester trop longtemps debout, parce que trois bébés c'est vachement lourd ! Du coup, j'étais assise sur le canapé, ma main délicatement posée sur le genou de Nashoba. C'était un geste devenu naturel pour moi, comme si le fait de poser ma main à cet endroit me permettait de le garder à mes côtés. Jacob nous expliqua alors la raison de sa venue :

Je suis venu pour vous dire qu'on s'en va. Moi, la meute, on prend des vacances. Sam est prévenu, je lui ai donné mon autorisation pour qu'il défende nos terres en mon absence.

Je sentis la déception de mon hybride. Lui qui, depuis quelques temps, n'arrêtait pas de me parler de Jacob, avec qui il s'entendait mieux, il me disait qu'il voulait rattraper le temps perdu. Je comprenais sa réaction, et mes doigts caressèrent doucement sa joue. Je ne savais pas quoi dire, mais je n'avais pas besoin de mots. Il savait que j'étais là, et que je le réconforterais comme je le pouvais. Mais avant que nous ayons pu dire quoi que ce soit, Jacob reprit la parole avec un air malicieux dans le regard :

Mais je ne suis pas venu uniquement pour ça. En fait, je voulais savoir si cela vous intéresserait de venir avec nous.

C'était donc ça ? Je comprenais pourquoi Mike m'avait dit "à très prochainement" ! J'esquissais un grand sourire alors que Nashoba semblait assez soulagé. Mais en même temps, quand il me regarda, je sus qu'il s'inquiétait pour moi et les enfants. Je posais ma main sur mon ventre, comme pour signifier que tout allait très bien se passer. Nous avions tous besoin de respirer, de prendre du temps loin d'ici, loin de problèmes que la meute pouvait endurer. Je lui offrais un sourire, alors que Nashoba répondait :

Même si je ne sais pas vraiment ce que c'est des vacances, ça nous fera du bien d'être en famille. Ça ne peut pas nous faire de mal et puis même si c'est le cas, on est assez pour se protéger les uns les autres, n'est ce pas Papa ?

Je hochais la tête, certaine que nous étions hors de danger en vacances. Et puis, nous savions tous nous battre, et même de loin je pouvais être utile sur le terrain. Mais rien de grave n'allait arriver, j'en étais certaine.

J'avais été surprise que Nashoba me contacte. Enfin, pas parce qu'on ne se parlait plus, au contraire, mais surtout parce qu'il voulait que je me dépêche d'aller chez lui et Lanesa. J'ai eu peur qu'il soit arrivé quelque chose à la démone, alors je laissais littéralement tomber Rena et Thibault en pleine ronde, me précipitant chez eux. Imaginez, si Lanesa était tombée et qu'elle avait perdu les eaux, qu'elle avait perdu ses bébés ! Je ne sais pas moi, j'avais vraiment peur qu'il soit arrivé quelque chose de grave. Alors j'ai couru à perdre haleine, ignorant les questions des autres dans ma tête. Et, finalement, je sentis la présence de Jacob dans le coin. J'arrivais seulement quelques secondes avant lui, et pourtant cela ne se remarqua même pas. Il m'embrassa sur la joue, et je lui rendis. Il fit le tour de la pièce, prenant même Nashoba contre lui pendant quelques secondes. Je restais muette, au début, puis on discuta un peu. Il prenait des nouvelles, on en donnait, jusqu'à sa fameuse phrase qui me surprit :

Je suis venu pour vous dire qu'on s'en va. Moi, la meute, on prend des vacances. Sam est prévenu, je lui ai donné mon autorisation pour qu'il défende nos terres en mon absence.

Je ne pus m'empêcher de retenir une insulte. Je savais qu'il allait nous planter un couteau dans le dos, comme toujours ! Nashoba était déçu, je le sentais dans mon esprit. J'avais envie de frapper cet imbécile, qui encore une fois faisait du mal à Nashoba. Mais je me retins, voyant qu'aucun des deux autres ne semblait vraiment lui en vouloir. Mais, avant que je n'ai pu dire quoi que ce soit, lâcher une quelconque colère, il s'exprima de nouveau. Il nous apprit qu'il n'était pas venu que pour nous annoncer son départ en vacances. Allons bon, qu'avait-il encore à nous dire ? Allait-il encore lâcher Nashoba comme une pauvre merde ? Ma bouche forma un magnifique "O" quand il continua sa phrase, et je regrettais aussitôt d'avoir pensé autant de mal de Jacob. En fait, il était vraiment venu avec de bonnes intentions, presque le coeur au bout des lèvres. Il nous proposait vraiment de partir en vacances avec eux ? Nashoba répondit en premier, me devançant d'une seconde :

Même si je ne sais pas vraiment ce que c'est des vacances, ça nous fera du bien d'être en famille. Ça ne peut pas nous faire de mal et puis même si c'est le cas, on est assez pour se protéger les uns les autres, n'est ce pas Papa ?
Mais c'est génial ! On part quand ?!

Je m'y voyais déjà, allongée sur le sable chaud, en profitant du soleil. Avec un verre de mojito à la main, bien entendu, puis après une petite glace à l'italienne, pistache-chocolat. Les meilleures, selon mon humble avis. Puis je donnais un coup de coude à Nashoba, en rétorquant à sa phrase :

Bien sûr qu'on est assez ! Et puis, tu sais aussi bien que moi qu'ensemble, on est invincibles ! Tes bouts de choux resteront bien au chaud jusqu'à la fin, Lanesa n'a pas à s'inquiéter et toi non plus !

Je vis que Jacob opinait de la tête. Presque aussitôt, je continuais de parler :

Pour ma part, je vais préparer ma valiiiiiiise !

Et je décampais, aussi vite que la lumière... Ou presque.

Le fait d'être un modificateur avait de sacrés avantages. Ressentir les changements de tensions dans l'air, par exemple, quand j'annonçais que la meute et moi partions en vacances. Je savais une chose : Nashoba était déçu, Lanesa essayait de le consoler même si visiblement elle aussi était affectée, et vu le regard que me lançais Tanaya, j'aurais plutôt intérêt à m'enfuir à toutes pattes. Mais, bien droit sur mes deux pieds, je défiais son regard. Elle pourrait sans difficulté m'envoyer loin de son territoire, notamment parce que j'avais bien trop de respect pour oser rester si on me congédiais, mais je soutenais son regard parce que je savais que la suite allait lui plaire. En effet, je prenais des vacances avec ma meute, et je les invitais officiellement à se joindre à nous. La réaction de la blondinette ne se fit pas attendre : de la colère, elle passa à la surprise puis à une joie qui nous explosa en pleine tronche quand elle partit en criant qu'elle allait faire sa valise. Sacré caractère cette louve, le mec qui la supporterait serait un véritable champion. Je sentis aussitôt l'atmosphère s'apaiser, avec une joie que je ne cherchais pas à cacher.

Même si je ne sais pas vraiment ce que c'est des vacances, ça nous fera du bien d'être en famille. Ça ne peut pas nous faire de mal et puis même si c'est le cas, on est assez pour se protéger les uns les autres, n'est ce pas Papa ?

Je n'avais pas répondu à sa question, posée juste avant le départ de Tanaya, mais la seconde Alpha avait entièrement raison. Mais je savais ce qu'étaient les réelles craintes de Nashoba. Ce n'était pas sa propre sécurité qui l'inquiétait, il se savait assez fort pour se défendre. Il s'inquiétait pour Lanesa, sa grossesse et aussi sa meute. Qu'allait-il se passer si il venait avec nous en laissant sa meute sans Alpha ? C'est justement le point principal que je voulais aborder avec lui, mais avant il posa une question qui lui semblait bête. Il ne savait pas ce qu'étaient des vacances. Je ne le jugeais pas, je ne me moquais pas, parce que je savais pourquoi il n'en connaissais pas la définition. Quand on est entraîné pour tuer, on n'a jamais de vacances, de repos, de répis. Et ça, il allait l'apprendre doucement. Je souris, avant de lui répondre dans le plus grand calme :

Des vacances, ce sont plusieurs jours où on part, on quitte le territoire, on laisse nos obligations derrière nous et on s'amuse. On profite du soleil, de la plage, de notre famille, sans avoir peur.

Puis je regardais Lanesa, avant de reprendre :

Tu peux convier ta meute à venir, si tu le souhaites, Sam est au courant.