Une terrible nouvelle...

Arrivé au salon il se souvint avoir posé son téléphone sur la table du salon, son cadran indiquait qu'il s'agissait de Rosalie. Oh mais qu'avait-elle encore ? Depuis la naissance de Ness sa sœur avait une tendance des plus agaçantes à vouloir tout contrôler de la vie de sa nièce. Résigné il décrocha. Il eut à peine le temps de prononcer un mot que la nouvelle tomba...Il s'effondra littéralement, tombant à terre il laissa sa peine exploser.

- NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOON !!!

Son cri déchirant, à fendre le cœur, retentit dans toute l'île. Le portable tomba dans sa chute, seuls les hurlements de Rosalie étaient perceptibles. Le vide avait fait place dans sa tête il ne ressentait plus rien, aucun sentiment, aucune émotion, le néant total. Edward était tombé dans une léthargie complète il était figé, on aurait pu croire que Méduse était venu figer ce pauvre être, la torpeur qui l'envahissait paraissait interminable.

Arrivée au salon, elle regarda son époux pétrifié, le téléphone était à terre. Elle n’osa pas un bruit pendant les dix secondes qui suivirent, puis évitant toujours de se heurter aux paroles de ce dernier, elle prit le téléphone dans sa main. Elle regarda fixement son mari , attendant une réponse à ses inquiétudes. Son simple regard , la noirceur de ses yeux la firent déglutir instantanément. Quoi qu’il en était quant à la nature de la situation , un drame ressortait de cet appel , l’atmosphère lourd et froid le confirmait.

- EDWARD EDWARD ! Dis- moi ce qui se passe enfin ! Que se passe-t-il ? C’est Nessie ? 

Le silence avait valeur de réponse. Elle comprit qu’il s’agissait de sa fille. Le regard d’Edward prit un autre aspect, sans doute son mutisme témoignait de la volonté de la protéger, de ménager son instinct maternel qu’il savait retors, se dit-elle.
Ses yeux pétillants étaient empreints d'une colère féroce ; ses poings ses crispaient et la distorsion de ses lèvres laissaient paraître l'état subversif dans lequel elle était. Elle ne se risqua même pas à lire dans le regard d’Edward de quoi il en retournait exactement Après quelques secondes de stupeur, elle sentit soudain les bras forts mais doux de son aimé qui la prirent, l’amenant fermement vers lui. Se sentant quelque peu sécurisée elle esquissa un regard vers lui, qui n’obtint de réponse. Pourquoi l’évitait-il de la sorte ? Était-elle morte ? se demanda-t-elle. Elle regretta aussitôt cette pensée amère. 

Toujours plongé dans une léthargie qui lui paraissait inextricable il ne vit même pas Bella pénétrer dans le salon. Il lui semblait entendre sa voix mais que très peu distinctement. Au nom de Nessie il réagit cependant, il prit sa femme dans l'étau de ses bras et la serra avec force et amour. Il passa ses doigts dans ses cheveux et prit son visage délicat entre ses mains qui se faisaient les plus douces possible. Son visage était empli d' un effroi palpable, comment, de quelle façon pouvait-il lui dire pareille horreur ? Tentant de prendre une contenance qu'il n'avait plus tel son désarroi était grand il sortit enfin de son marasme.

- C'est en effet à propos de Nessie...

La gorge complètement nouée il avait peine à parler, le visage meurtri de son épouse ne lui facilitant pas la tâche, il se sentait moins que rien comment cela avait-il pu se produire ? Le regard suppliant de Bella l'incita à poursuivre, il se devait de lui dire sinon elle pourrait alors s'imaginer les pires scénarios.

- Rosalie a découvert le bureau de Carlisle en mauvais état, des traces de lutte sont visibles...Il y a l'odeur de Ness mais également celle d'un autre homme, d'un autre vampire. Nous supposons...

Il ne se résolvait pas à lui annoncer, serait-ce par lâcheté qu'il ne pouvait s'y employer à lui révéler ou sa détresse avait pris une telle ampleur que ses pensées, ses sentiments restaient emprisonnés, les mots se faisant absents. Puisant le courage dont il avait besoin dans la munificence des yeux de sa chère et tendre, l'amour lui redonnant l'usage de la parole il poursuivit.

- Nous supposons que Ness s'est fait enlever...

Lorsqu'il prononça ses derniers mots il prit alors encore un peu plus la dimension du tragique événement qu'ils étaient en train de vivre. Leur bijou, la prunelle de leurs yeux étaient aux griffes d'autres vampires, ils avaient profité de leur absence, qu'elle soit sans défense, à leur merci, ils les avaient donc épiés. Il s'évertuait à penser de façon cohérente mais son esprit était totalement embrumé par la turpitude de ses ressentiments. Une seule chose hantait ses pensées, sa chère petite fille était aux mains de vils êtres auxquels il connaissait pas les intentions. Il releva la tête et regarda Bella, il ne savait que dire, que faire, comment réagir, il voulait trouver les mots justes pour la réconforter, pour la soutenir mais rien ne lui vint à l'esprit, le néant avait élu irrévocablement domicile, rien ne lui parvenait pas même le chant de la nature s'éveillant la nuit ou l'écume de la mer, il était devenu comme sourd, le vide régnait, il n'était plus qu'une coquille vide.

Les paroles d’Edward résonnèrent dans les pensées de Bella comme l’écho d’un cri d’horreur. Mille poignards la traversèrent en même temps sans qu’elle ne pût rien faire : ni un mot ni un geste. Actrice d’un cauchemar, l’hésitation s’installa en elle et elle se demanda si elle n’était pas dans les abysses de la nuit, unique endroit où elle pourrait sublimer l’épreuve et se réveiller.
Ne pas savoir où sa fille était ni avec qui, ni même quand et si elle allait la revoir lui donna l’impression qu’on lui eut ôté de la vie. Puis, plongée dans une douleur tranchante, Bella se courba , toucha des mains son ventre et sentit une vive douleur aux entrailles comme si on en avait arraché le fruit ; elle sentit comme une part d’elle-même qui la quittait. Elle était désespérée au point qu’elle ne pouvait plus parler. Dérobée à ce qui l’entourait, elle souhaita qu’Edward lût en elle et pénétrât sa souffrance. Ne pouvant concrétiser dans son état ses espérances elle parvint pourtant a balbutier dents serrées et avec une rage frénétique :

-Ramène-moi à Forks.

Des images s’introduisirent fugitivement dans son esprit, elle se vit en train de tuer, mordre,brûler, massacrer sans pitié l’auteur de l’enlèvement, seule. Et elle prit plaisir à ces pensées. La tristesse lui donna soudain de la force. Exécrer le coupable et arborer l’idée de vengeance lui donna la vitalité qu’elle avait perdue quelques instants auparavant. De quel droit pouvait-on s’en prendre à sa fille ? se demanda-t-elle avec fureur. Qui avait eu raison de faire ça ? Cette vigueur nouvelle lui donna l’énergie nécessaire pour quelques mots supplémentaires.

- Penses-tu qu’il s’agisse de …

Elle ne termina pas sa phrase et regarda son époux avec insistance, devinant qu’ils pensaient tous deux à la même chose.

Sa surdité l'avait plongé dans un silence totale, ses lèvres se scellaient peu à peu encore plus, il aurait pu se voir submerger de divers émotions mais rien ne lui parvenait comme si le temps s'était arrêté pour lui telle une goutte d'eau se stoppant dans sa chute défiant toutes les lois de la gravité. Le visage de Bella lui paraissait comme floueté, un voile s'était posé sur son délicieux visage mais plus le temps s'écoulait plus il avait l'impression de s'éloigner, de tomber dans un puits sans fond, la noirceur l'entourant, tel un déchet de l'humanité il se voyait absorbé dans les méandres de l'affliction ne se sentant plus le courage de se battre, il se laissait couler telle une pierre qui aurait été jetée dans les abysses de l'océan. Lui parvint à peine les mots que prononcèrent Bella, juste Forks mais l'apathie dans laquelle il se trouvait ne lui permettait plus d'émettre le moindre son. Nonobstant quand elle évoqua la possible identité des ravisseurs cela l'anima entièrement, les Volturi, bien entendu cela était si évident, d'une clarté telle qu'il avait honte de ne pas y avoir songé plus tôt.

- Je le crains en effet...

Après ses mots le silence retomba, ils avaient retenti comme un écho lointain mais maintenant ni l'un ni l'autre n'osait dire mot. Edward se gifla mentalement, il ne pouvait pas laisser Bella être seule face à son désespoir, à son accablement, cherchant la volonté dans les confins de son courage il était décidé à faire bonne figure.

- Nous allons la récupérer, ils n'auront même pas l'occasion de toucher le moindre de ses cheveux, nous ferons le nécessaire. Partons incessamment nous serons à Forks d'ici très peu de temps.

Prenant par la main sa Bella, geste ultime de réconfort ils partirent ainsi, laissant tout derrière eux, la villa, la plage, leurs souvenirs...