Une peur bleue mer [Orlando]

Le soleil, bas dans le ciel perçait à travers les stores du petit local qui donnait sur le port de la ville. Liloo souffla pour dégager une mèche de cheveux qui lui tombait devant les yeux en se baissant pour ramasser un carton. Elle venait juste de tourner le petit panneau qui indiquait aux potentiels visiteurs que la librairie venait juste de fermer. Pour peu qu’il y ait des visiteurs qui arrivent un jour jusqu’à Port Angeles, et qui daignent se diriger jusqu’au port pour enfin entrer dans ce sombre local proposant divers bouquins poussiéreux sur les contes et légendes amérindiennes. Cela faisait à présent une semaine que la jeune fille avait commencé son nouveau travail et elle pouvait compter sur les doigts de la main les personnes qui avaient passé le pas de la porte de la petite boutique.

Avec un soupir, elle se haussa sur la pointe des pieds pour ranger le carton sur une étagère qu’elle pensait hors de sa portée jusqu’à ce qu’elle trouve un petit escabeau dans la réserve arrière. Est-ce qu’accepter ce petit travail avait été une erreur ? On le lui avait offert sur un plateau d’argent, avec ce petit appartement attenant qui donnait sur le port. Et ses parents avaient paru ravis qu’elle suive les conseils de Jolon, leur vieil ami qui avait des connaissances à la réserve de la Push. Il lui avait expliqué que la femme du cousin de son meilleur ami - ou était-ce la meilleure amie du cousin de sa femme ? - ne pouvait plus s’occuper de sa boutique à cause de ses problèmes de dos. L’idée était de la remplacer avant qu’elle ne trouve un nouveau gérant pour la boutique.

Liloo s’était dit que l’opportunité était bonne, et le fait était qu’elle avait déjà trouvé des informations passionnantes dans les vieux livres que personne ne venait consulter. Un dessin avait particulièrement retenu son attention car il ressemblait beaucoup au tatouage qu’elle avait sur le poignet. Il était accompagné d’une illustration représentant un indien qui semblait chasser. Il avait une allure terrifiante. Et aujourd’hui, elle avait même retrouvé ce qui ressemblait à une patte de loup momifiée dans une petite boite en bois. Dégoutant !

En jetant un œil par-dessus son épaule, la jeune femme vit avec consternation que le soleil était encore plus bas dans le ciel et n’allait pas tarder à être caché en passant derrière une colline. Elle qui voulait profiter de ce premier jour de soleil pour faire un tour en moto le long de la côte...

Abandonnant ses cartons à leur triste sort, Liloo s’empara de son casque posé en réserve et enfila un blouson en cuir accroché au porte-manteau. Quelques minutes plus tard, elle avait déjà quitté le port au guidon de son épave en direction de la plage. La route longeait un moment la côte puis bifurquait dans les bois avant d’atteindre la pointe pour ressortir quelques minutes plus tard coté plage. La fraîcheur des bois et leur aspect - inchangé depuis des années - fit frissonner la jeune fille. Il faudrait sans doute qu’elle s’achète un blouson plus chaud avec sa première paie. Sans savoir pourquoi, elle eu soudain la gorge nouée par l’angoisse. Jetant des regards nerveux derrière elle, la jeune fille ne vit pourtant rien d’autre qu’un camaïeu de vert et de brun formé par les arbres humides. Quand enfin elle atteint l’orée des bois, elle s’autorisa à ralentir avant de garer sa bécane le long d’une barrière qui bordait la route. La plage n’était plus très loin à présent. Elle finirait la route à pied pour profiter du soleil couchant.

Mais alors qu’elle venait de retirer son casque, elle entendit venir de derrière elle un grognement inhumain. Tétanisée, elle se figea un instant avant de se retourner, le visage blême.

- Qui est là ? lança-t-elle d'une voix tremblante.

Je ne comprenais pas pourquoi ce louveteau se montrait aussi turbulent. D'habitude, il était calme, tranquille, mais aujourd'hui il n'arrêtait pas d'essayer de se sauver. Déjà, ce matin, il affirmait à tout le monde qu'il partirait patrouiller. Tout le monde lui riait au museau, il n'avait clairement pas assez d'expérience pour partir en vadrouille dans la forêt. Surtout seul. Il avait fait une tentative, déjà, mais avait vite été rattrapé par sa mère qui l'avait vu se faufiler entre deux buissons. Évidemment, elle lui avait passé un savon, et lui avait ordonné de ne pas réessayer. Mais vous connaissez les gosses, ça entre par une oreille, ça ressort par l'autre. Et en plus ils font toujours le contraire de ce qu'on leur dit. Alors forcément, il venait de s'échapper du camp, et j'ignorais même depuis combien de temps. Merde, ça craignait grave, parce qu'il était encore jeune et ne se contrôlait pas. Je craignais le pire, et s'il s'en prenait à un humain ? Pire encore, s'il tuait quelqu'un ? Je voulais la paix entre tous, pas la mort.

Alors j'avais lancé une patrouille pour aller vérifier du côté de la ville, en espérant qu'ils le trouvent pas là-bas. Cela me rassurerait qu'il ne soit pas parti du côté où il y avait, clairement, toutes sortes de créatures. Là-bas, son odorat serait chamboulé et il risquerait de se transformer. Je ne voulais prendre aucun risque, tant pour la meute que pour les autres. Pour ma part, je pris ma forme lupine, essayant de me "connecter" à son esprit. Ce lien unique qui unissait les loups d'une même meute me permettrait de voir à travers ses yeux, et peut-être le localiser. Merde. Raté. Alors je me concentrait encore plus, un profond grondement passant entre mes crocs. J'éteignais peu à peu tous les bruits autour de moi, ne laissant que celui de la respiration de Jordan. Il se dirigeait vers les falaises. Alors je remettais peu à peu les autres bruits, surtout ceux de la falaise. Une moto ? Je n'hésitais pas une seconde, me lançant aussitôt dans la même direction. Je prévenais les autres qu'ils devaient rentrer.

Une voix me parvint aux oreilles. Qui était là ? Merde, Jordan allait faire une énorme bêtise ! Alors j'accélérais la course, au moment même où il se montrait devant la femme. Un gros loup d'un noir de jais, hors de contrôle. Je mutais en humain, enfilant au passage des vêtements, avant de me mettre devant l'humaine. Mes yeux se posèrent sur lui, et c'est avec une voix emplie de note d'Alpha que je grondais :

Jordan, tu t'arrête.

Aussitôt, il s'arrêta, comprenant qu'il n'avait pas le choix. Je grognais très faiblement, mais suffisamment fort pour qu'il l'entende. Puis je m'approchais, posant ma main sur sa tête :

Retourne dans les buissons. Va te changer, habille toi, et tu reviendra présenter tes excuses à la jeune femme.

Je me tournais d'ailleurs vers elle, prenant une voix beaucoup plus douce et chaleureuse :

Vous allez bien ? Il ne vous a rien fait ?

J'espérais que ce soit le cas.

De la pénombre de la forêt, une énorme masse sombre apparu. Des énormes pattes aux griffes acérées prolongeaient des membres racés et musclés, chacun aussi gros que sa propre taille. Le torse démesuré et aussi sombre que l’ébène supportait une énorme gueule aux babines retroussées. Un ours ? Etait-ce un ours ? Non ça ressemblait plutôt à un loup... Un énorme loup prêt à se jeter sur elle...

Un coin de son cerveau qui s’était gelé de peur voulut se borner à examiner des éléments tout à fait insignifiants en comparaison de sa probable mort à venir. Elle s’étonna donc sur le fait de se faire attaquer par un loup... Elle avait entendu dire que les loups mangeurs d’hommes était une légende urbaine. Mais peut-être qu’un loup de cette taille se comportait plus comme un ours ? Quels étaient déjà les conseils donnés aux touristes en cas de confrontation avec un ours ? Ne surtout pas s’enfuir ? Faire beaucoup de bruit ? S’aplatir au sol ? Non ça c’était le lion...

Et sur cette dernière pensée, le restant de son cerveau qui fonctionnait encore se frigorifia à son tour. Il ne restait plus en elle qu’une immense panique qui la clouait au sol. Elle ne parvenait même pas à détourner ses yeux des crocs affutés qui dépassaient de la puissante mâchoire. Pourtant, il valait peut-être mieux ne pas voir la mort venir. Surtout de cette affreuse manière. Est-ce qu’il n’était pas préférable qu’elle emporte comme dernière vision le camaïeu verdoyant des feuillus qui les entouraient ? Mais alors qu’elle se décidait à détourner les yeux, une grande silhouette apparu comme par enchantement devant elle, obstruant de fait la monstrueuse vision.

- Jordan, tu t'arrête.

La voix grave de l’homme fit frissonner la jeune fille bien qu’elle ne sut pas exactement pourquoi. Elle leva les yeux pour fixer l’arrière de sa tête qui, de son point de vue, pouvait être aussi loin d’elle que la cime des arbres. Jordan ? Il venait d’appeler cette bête tout droit sortie de la mythologie par un petit nom ? C’était quoi, son animal de compagnie ? L’homme gronda... Oui gronda... Comme s’il voulait imiter la bête en face de lui. Et Liloo devait bien admettre qu’il s’en sortait plutôt bien.

Mais ensuite, il s’approcha du loup-ours géant pour poser une main sur sa tête. La jeune fille retint un cri d’effroi. Etait-il fou de s’approcher comme ça de la montagne à crocs ? La bête n’allait en faire qu’une bouchée ! Tiens il était si grand que ça qu’il pouvait sans peine poser sa main sur celle de « Jordan » ?

- Retourne dans les buissons. Va te changer, habille toi, et tu reviendra présenter tes excuses à la jeune femme.

S’habiller ? Présenter des excuses ? D’accord... Son « sauveur » était timbré... Peut-être s’amusait-il d’elle avant d’envoyer son animal de compagnie la croquer ? La jeune fille fixa le dos de l’homme d’un air aussi suspicieux que terrifié. Justement, il se retourna pour la fixer d’un air doux.

- Vous allez bien ? Il ne vous a rien fait ?

Son air préoccupé semblait sincère. C’était à ne plus rien comprendre... Mais alors que le loup reculait effectivement dans les bois comme son propriétaire le lui avait ordonné, son esprit un peu lent lui hurla à l’oreille de saisir cette opportunité pour s’enfuir. Mais c’était compter sur le fait que ses membres l’obéiraient... Et rien n’était moins vrai. Alors que ses jambes refusaient de bouger autrement qu’en flageolant, Liloo baissa ses yeux sur ses mains. Elles s’agitaient nerveusement tellement fort qu’elle avait l’impression qu’elles en faisaient claquer ses dents.

- Oh non... Je tremble tellement que je ne peux même pas m’enfuir, se désola-t-elle à l’adresse de son sauveur qi pouvait être son potentiel prochain agresseur. Quitte à mourir, autant que ça le soit dans une dernière tentative d’humour.

La jeune fille soupira soudainement alors que ses jambes finirent par la lâcher. Elle tomba lourdement sur ses fesses et se tint un moment la tête, prise de vertiges. Bon, dans ces conditions, autant essayer de gagner du temps avant de retrouver ses esprits.

- Jordan... C’est votre animal ? Il a l’air d’avoir les crocs... continua-t-elle sans bien réfléchir au sens de ses paroles. Faudrait voir à doubler ses rations de croquettes...

L'humaine tremblait vraiment beaucoup, Jordan devait l'avoir traumatisée. Elle avait peur, cela se sentait, et j'envoyais un message mental à Jordan pour lui faire comprendre qu'il allait se faire sévèrement engueuler. Il s'excusa envers moi, mentalement, tandis que je surveillais toujours l'humaine. Elle était tétanisée, elle ne pouvait même pas s'enfuir. Ses muscles devaient refuser de lui obéir, c'était la faute du loup. Elle avait l'entièreté du corps agité de tremblements, même si actuellement elle semblait se concentrer sur ses mains. Merde, comment j'avais fait pour ne pas m'apercevoir qu'il était parti ? Pourquoi j'avais pas utilisé ma voix d'Alpha pour le retenir ? Je devais assumer mes responsabilités, assumer les bêtises d'un gamin de ma meute, comme tout Alpha devait le faire. C'est à ce moment que l'humaine se décida, me faisant d'ailleurs revenir à la réalité, de prendre la parole, sa voix trahissant au passage sa peur :

Oh non... Je tremble tellement que je ne peux même pas m’enfuir.

Et c'est ainsi que ses jambes décidèrent de la lâcher. Littéralement, elle s'effondra au sol, avant que je n'ai pu bouger le petit doigt de pied. Elle tomba sur le cul, visiblement étourdie, se tenant la tête pour reprendre un semblant de stabilité. Elle essaya tout de même de détourner mon attention, peut-être même de me faire baisser ma garde en me demandant si Jordan était mon animal. Et cela ne fit que me faire doucement rire, de par l'innocence de sa question. elle finit en affirmant qu'il avait sûrement faim, et que je devrais doubler "sa ration de croquettes". Je levais les yeux au ciel, avant de m'approcher d'elle. Je m'abaissais à son niveau, toujours sans répondre. Mon bras droit passa dans son dos, le gauche se glissa sous ses jambes, et j'utilisais aussitôt mon don pour empêcher quiconque d'entendre la jeune fille. Elle pourrait hurler, personne ne viendrait l'aider. Je la soulevais comme un poids-plume, avant de me mettre à marcher en direction de chez moi, tout en parlant :

Jordan n'est pas mon animal de compagnie, mais un ami. Il est simplement très jeune donc il ne contrôle pas sa transformation. Tu dois me prendre pour un fou, mais le monde autour de toi n'est pas comme tu le crois.

J'avançais assez rapidement, et des bruits lourds de pattes se faisaient parfois entendre. Notre escorte, en quelque sorte. Ils n'étaient pas visibles, mais ils étaient là. Je baissais les yeux sur la jeune femme, la tenant fermement, et je repris la parole :

Tu n'a rien à craindre de moi, je ne te ferais aucun mal. Je t'emmène en sécurité.

On arrivait d'ailleurs chez moi. Je la déposais à l'intérieur de ma maison, lui tendant un verre d'eau et deux carreaux de chocolat. Comme pour me justifier, j'ajoutais :

Tu as sûrement eu une chute de tension, mange du chocolat, ça ira mieux.

Quelques bases en médecine, oui.

L’homme ne prit pas le temps de répondre à sa tirade. A la place, il se contenta de s’accroupir devant elle, lui cachant ainsi entièrement la vision de ce qui pouvait se passer derrière lui. Observant sans mot son torse, les yeux de la jeune fille remontèrent à ses épaule pour finir leur observation jusqu’à sa tête. Elle n’avait pas vu qu’il était aussi massif. Le genre de carrure tout en muscle des hommes qui pouvaient faire des carrières professionnelles dans le sport...

Il s’anima soudain, passant ses bras dans son dos et sous ses jambes, et avant même que la jeune fille ne comprenne ce qui se passait, il l’avait soulevée aussi facilement qu’une feuille d’arbre. La jeune fille se mit à rougir tandis qu’une vague de chaleur l’envahissait. Etait-ce la présence de l’homme aussi proche d'elle qui provoquait cet effet ou bien faisait-il soudain très chaud ? Ses yeux, eux, reflétaient plutôt une forme de terreur, qui convenait bien mieux à la situation de kidnapping qu’elle était en train de vivre.

Son ravisseur se mit à marcher et elle s’agrippa à son bras pour ne pas tomber. Elle hoqueta elle retira la main précipitamment, ayant eu l’impression de la poser sur un métal chauffé par le soleil. La chaleur qui se dégageait de lui était finalement bien réelle ! Elle releva lentement des yeux interloqués jusqu’à son visage, alors qu’il s’était mis à lui parler doucement.

- Jordan n'est pas mon animal de compagnie, mais un ami. Il est simplement très jeune donc il ne contrôle pas sa transformation. Tu dois me prendre pour un fou, mais le monde autour de toi n'est pas comme tu le crois.

Liloo secoua la tête sans comprendre alors qu’il raffermissait sa prise. Aucune chance pour elle de tomber, ni même de s’enfuir d’ailleurs... Pour peu que l’idée lui ait traversé l’esprit. Comme s’il sentait sa frayeur, l’homme continua :

- Tu n'a rien à craindre de moi, je ne te ferais aucun mal. Je t'emmène en sécurité.

Sentant qu’elle n’avait de toute manière pas bien le choix, la jeune fille ne répondit rien et se laissa trimballer comme si elle n’était qu’un vulgaire sac de course. Quelques instants plus tard seulement, ils arrivèrent en vue de ce qui semblait être sa maison. Bientôt, il la posa délicatement sur un canapé moelleux. Il la délaissa quelques instants, lui permettant d’observer à loisir le salon, pas très grand mais plutôt confortable, bien qu’il manquait un peu de décorations à son goût. L’homme revint bientôt avec un verre d’eau et un morceau de chocolat.  

- Tu as sûrement eu une chute de tension, mange du chocolat, ça ira mieux.

Comme si toute forme de volonté l’avait quittée, elle accepta de croquer le chocolat et avala deux gorgées d’eau avant de relever la tête vers lui. Tout s’embrouillait dans sa tête et elle avait du mal à mettre de l’ordre entre ses souvenirs et ce qu’elle en pensait. La jeune Way le fixa un moment avant de s’éclaircir faiblement la gorge.

- Je suppose que je dois te remercier de m’avoir sauvé la vie ?... Alors... La jeune fille hésita un instant avant de se relever pour lui tendre la main. Merci. Elle lui attrapa la main pour la secouer, prenant soin de ne plus sursauter au contact brulant de sa paume.

L’instant d’après, elle mit vivement sa main dans la poche, comme pour la rafraichir. Elle jeta quelques coups d’œil nerveux autour d’elle avant de reporter son attention sur celui qu’elle venait de considérer comme son sauveur. Grand, brun, bien bâti... Le genre de gars plutôt beau-gosse et qui en a bien conscience...

- Et qu’en est-il de Jordan, finit-elle par demander, son cœur battant la chamade. Elle n’avait vraiment pas envie d’en savoir plus, mais elle pensait que mieux valait chercher la vérité plutôt que de s’enfermer dans ses peurs et ses fantasmes.

- Au fait, je m’appelle Liloo... continua-t-elle en faisant un petit geste de salutation de la main qui finit dans ses cheveux pour replaquer une mèche derrière son oreille.

Je crois que mon autorité naturelle allait bien au-delà d'une simple histoire de gênes, car même l'humaine m'obéit en croquant dans les carreaux de chocolat et en buvant deux gorgées d'eau. Je souris doucement, mon but n'était pas de terroriser la pauvre bipède. Mais elle devait savoir, elle devait avoir des explications et des réponses sinon elle allait parler. Je m'asseyais en face d'elle, alors qu'elle me remerciait de l'avoir sauvée. C'est peu dire, car je crois qu'en effet, Jordan l'aurait réduite en charpie. D'ailleurs, je n'en avais pas fini avec lui, il ne s'était pas excusé et hors de question qu'il s'en sorte aussi facilement. De ma voix mentale d'Alpha, je lui ordonnais de nous rejoindre, ce à quoi il répondit qu'il serait là dans les cinq minutes suivantes. Comme l'humaine tendait la main, j'en déduisis que je devais la serrer et, contrairement à précédemment, elle n'eut pas de mouvement de sursaut en sentant la chaleur de ma paume. J'esquissais un léger sourire, tandis que sa main reprenait sa place dans sa poche. Elle était vraiment nerveuse, ça sautait aux yeux.

Et qu’en est-il de Jordan ?
Il arrive.

En effet, le bruit de pattes se faisait entendre, puis peu de temps après le froissement du tissu.

Au fait, je m’appelle Liloo...

Elle remit une mèche de cheveux derrière son oreille, tandis qu'il lui donnait son prénom :

Orlando, enchanté, et je te présente Jordan.

Un jeune homme, d'une quinzaine d'années, fit alors son apparition. Un petit brun, qui avait tout d'un geek qui regardait plus souvent des jeux vidéos que des films pornos. Il sembla presque aussitôt très mal à l'aise, notamment parce que rien que ma présence lui imposait une certaine nervosité. Précipitamment, il regarda Liloo droit dans les yeux et dit d'une voix très rapide :

Je suis désolé mademoiselle Liloo d'avoir été agressif envers vous et de vous avoir effrayée !

Puis il ressortit comme une bombe, et je l'entendis s'éloigner vers le coin des anciens. Je lâchais un petit soupir, avant de marmonner :

Je vous dois des explications, mais êtes-vous prête à les entendre ?