Une mise au point s'impose. ft Alona

Le regard dans le vide, les poings liés contre mes lèvres, assis, les coudes sur la table, je repensais à tout ça. A cette situation ainsi qu'au retour si soudain d'Alona dans ma vie. Mais pas en tant que compagne... Où était elle passé depuis tout ce temps: à aller de ville en ville; à passer des soirées à s'amuser ainsi qu'à boire comme si la vie ne se résumait qu'à cela ?!
Un bruissement me fit sortir de mes pensées, puis, lorsque je la remarquais
flotter dans un t-shirt que je lui avais apprêter pour la nuit tous mes muscles s'étaient tendu en un rien de temps. Et des souvenirs. Des souvenirs venaient refaire surface. Des souvenirs de notre ancienne vie en couple, de son odeur; de sa chaleur... Son coeur était lié au mien.
Avant qu'il ne se brise en une infinité de morceaux.

- Installe-toi, lui fis-je d'un signe de tête en lui montrant la chaise adjacente à la mienne.

La table était déjà apprêtée et un ensemble de toast et d'accompagnements s'y trouvait déjà. Je me dirigeais vers la cafetière italienne de barista pour y verser le café et le préparer.

- Du café ? Tu le veux avec du lait ?

Mon ton ne laissait paraître aucune émotion, je lui en voulais énormément pour m'avoir abandonner d'une part, puis pour avoir mis sa vie en danger sans doute un millier de fois, sans compter qu'elle ose m'embrasser après ce qu'il s'était passé. Je me dirigeais alors vers la gazinière avant de chauffer du lait puis de m’apposer contre l'un des plans de travail les bras croisés. Je l'observais silencieusement. Allait-elle dire quelque chose ? Certains point devaient bien être éclaircis d'autant plus qu'elle était sobre maintenant.

Certes, je ne l'avais revue que depuis la veille, mais je devais connaitre ses intentons désormais. J'en étais responsable. Que voul... qu'allait-elle faire maintenant ? Et comptait elle se soigner ou laisser sa vie dérailler une fois de plus ? Et pourtant elle me connaissait bien, et elle devait sans doute se douter que je n'allais pas la laisser continuer de foutre sa vie en l'air. Au moins pour ce que nous avions vécu ensemble. Et que je n'allais pas laisser passer son escapade de la veille; se saouler comme pas possible puis prendre la route. Et puis quoi ? Pourquoi pas prendre des drogues pendant qu'elle y était !

Le doute me traversa l'esprit bien que je savais qu'elle ne l'aurait pas fait. Je venais lentement m'installer à ses côtés. En silence. Puis tirais ma chaise et continuais de l'observer tout en entremêlant les doigts, avant-bras posés sur la table.

- Vas-tu jusqu'à te droguer ?

Non, je ne l'espérais pas et je ne le croirais pas, mais je voulais l'entendre me le dire. Pour une simple confirmation, puisnous discuterons sérieusement de ce qui s'était passé.


- Je crois qu'une mise au point des règles s'impose, ajoutais-je en me penchant vers elle tout en ancrant mon regard dans le sien.

A peine réveillée, la soirée de la veille commençait à revenir en mémoire. Mes retrouvailles avec Yussuf, mon accident et une série d’évènement qui a conduit à ce matin-là. J’avais fait ce qu’il fallait pour m’éloigner de lui, même s’il devait me détester pour cela. Pourtant, je me retrouvais dans son appartement. Maintenant que je n’étais plus sous l’emprise de l’alcool, je n’avais plus rien pour me protéger, de cette souffrance que je tentais d’occulter.

Je décidais de le rejoindre dans la cuisine, le petit-déjeuner était déjà sur la table mais je savais que cela n’allait pas être de tout repos. Il se tenait là, le visage fermé, rien qui ne laissait présager sur ce qu’il allait dire ou faire. Je savais que je n’allais pas m’en tirer aussi facilement, que je ne pourrais pas partir sans que nous aurions pas discuter. Pourquoi faisait-il autant d’effort ? Il avait une gentille petite-amie qui devait l’attendre.

Après qu’il m’est demandé de m’installer, je savais que je ne pouvais plus fuir, je l’avais pourtant fait pour son propre bien, pour le protéger. Pour ne pas le détruire comme j’étais détruite. Ce silence devenait de plus en plus pesant, de plus en plus lourd à supporter. Je ne savais pas quoi lui dire pour tenter de me justifier. Je savais que je lui avais briser le cœur. Rien de ce que je pourrais dire ne changerait ce que j’ai fait.

Quand il me demanda si je prenais du lait avec mon café, je ne pouvais pas m’empêcher d’esquisser un léger sourire. Je me mis à repenser au bon vieux temps, quand nous étions encore ensemble. Il me posait toujours cette question, sachant pertinemment que je bois mon café sans lait, contrairement à lui.

- Je pense que tu connais déjà la réponse.

Je me mis à grignoter la nourriture qu’il y avait devant moi. J’attendais qu’il continu son interrogatoire, comme il l’avait toujours fait. Il s’était toujours inquiétait pour moi, tout le temps. Le faisait-il aussi pour sa nouvelle petite-amie ? Il y avait de grande chance. Je ne le connaissais que trop bien.

Il me demanda ensuite si j’avais déjà pris de la drogue. Ce qui n’était jamais arrivé depuis que j’étais entrée dans cette sombre période qu’était ma vie. Je n’avais jamais eu besoin d’en prendre jusqu’à présent. Grâce à l’adrénaline, je pouvais faire taire ma souffrance pendant un temps, pour pouvoir oublier qui j’étais. J’avais peut-être fait beaucoup d’erreur, mais je n’avais jamais passé le cap de la drogue. Je savais que mon frère serait déçu du choix de vie que je suivais désormais. Mais il n’était plus là.

- Je ne me drogue pas.

Maintenant qu’il me parla d’une mise au point des règles, j’avais l’impression d’être en face de mon père plutôt que de mon ex petit-copain. J’avais pensée qu’il était passé à autre chose avec Kayla, qu’il m’avait oublié et qu’il cherchait à m’aider parce que cela fait partie de sa nature de bon petit samaritain. Pourtant, le fait qu’il parle de règle me fit réfléchir, l’avait-je fait douter ? A cause du baiser ? Ou de mon retour inopiné dans les Urgences ?

- Ecoute, tu n’as pas besoin de prendre cet air aussi sérieux. Je t’ai peut-être embrassé mais ça ne se reproduira plus. Tu peux te dire que c’était un moment de faiblesse.

Je bus une gorgée de café avant de continuer ma petite tirade. Je préférais parler en premier, j’avais peu de chose à dire contrairement à Yussuf qui doit me reprocher tellement de chose.

- Je sais très bien ce qui va se passer. Tu vas me dire que je fais n’importe quoi de ma vie, que je devrais me reprendre en main. Tu vas vouloir me sauver comme tu le fais toujours. Mais je ne veux pas que tu le fasses. Occupe-toi de ta copine Kayla et laisse-moi m’occuper de mes affaires.

- Je crois qu'une mise au point des règles s'impose,

- Ecoute, tu n’as pas besoin de prendre cet air aussi sérieux. Je t’ai peut-être embrassé mais ça ne se reproduira plus. Tu peux te dire que c’était un moment de faiblesse.

Un... moment de faiblesse ? Je restais alors figé sur cette phrase, mais pourtant; c'était bien ce que je voulais n'est ce pas ? Je ne savais plus ce que je désirais, bien qu'une chose était certaine, c'était que des sentiments pour Alona persistaient au fond de moi. Et son baiser de la veille, même si ses lèvres ne s'étaient posées qu'un courts instant sur les miennes, je ne pouvais oublier leur douceur. Ainsi que cette odeur qui lui était propre.

Mais je devais plutôt me concentrer sur la situation actuelle, sur l'état de mon ancienne compagne ainsi que sur la vie qu'elle menait.

- Je sais très bien ce qui va se passer.

Je l'écoutais alors attentivement car la connaissant, je savais dores et déjà qu'elle allait réfuter mon aide. Mais je ne pouvais l'abandonner ou la laisser ainsi se morfondre et continuer de détruire sa vie comme elle le faisait déjà. Et pour ce que nous étions, je me refuse de l'abandonner comme elle s'était abandonner, avait abandonner sa vie et résigner au fait que sa vie s'était arrêter en même temps que celle de son frère.

- Tu vas me dire que je fais n’importe quoi de ma vie, que je devrais me reprendre en main. Tu vas vouloir me sauver comme tu le fais toujours. Mais je ne veux pas que tu le fasses. Occupe-toi de ta copine Kayla et laisse-moi m’occuper de mes affaires.

Alors maintenant que j'étais avec Kayla je devais me résigner à l'abandonner ?Faire comme si de rien ne s'était passé ? Comme si je ne l'avais pas vu se morfondre et se perdre dans l'alcool ?

- Si tu crois que je vais t'écouter et t'abandonner, alors là tu te fiches le doigt dans l'oeil.

Mon ton était plus froid que je ne l'avais voulus mais je n'avais d'ailleurs pas encore imposer les règles.

- Quoi qu'il en soit je n'avais pas terminer. Ce qui va se passer à partir d'aujourd'hui; c'est que des limites vont t'être imposer. Et je me fiche que tu ne veuilles pas que "je te sauve". Tu m'écouteras et ça sera ainsi.

Je m'en voulais énormément d'avoir à agir de la sorte avec elle, je savais bien à quel point ce devait être malaisant mais je n'avais pas le choix. C'était fait exprès. C'était ça où de perdre une jeune femme, pourtant intelligente mais qui se noie dans l'inconscience et la facilité.
Mon ton pouvait peut-être sembler inflexible ou dur mais c'était pour son bien. Je me penchais, le regard vers elle une fois de plus en apposant les coudes sur la table.

- Tu vas vivre ici pendant quelque temps désormais et les sorties, et surtout l'alcool seront limités. La moto à été récupérée pour l'assurance puis elle sera envoyée en récupération. Elle n'est plus réparable donc je te conseil de te faire aux transports en communs; au moins pour le moment. Mais le plus important c'est que tu sorte, vois du monde, des gens bien qui te changeront de tes aventures nocturnes. Puis, après une courte pause je continuais: Tu devrais te remettre à l'art, tu as bien des galeries à Seattle.

Je me reculais alors légèrement pour m'affaler sur ma chaise avant de me redresser et de finir en ancrant mon regard dans le sien. C'était l'un des points important, mais je ne voulais trop la brusquer, c'est pourquoi ce n'était qu'une proposition, malgré le ton que j'avais employé.

- Et... tu devrais voir un spécialiste Alona.