Partons à l'aventure ! [Chloris]

Chloris et moi avions parcouru 5701 pour être exacte. Mais on va dire que la vitesse de nos jambes ne nous avait pas posé problème. Pas besoin de prendre la voiture ou l'avion quand on sait que l'on peut courir pendant des heures sans être fatigué. Encore un avantage de vampire. Nous nous sommes rendus en Floride, plus précisément à Miami, ville de luxe et lumineuse, ce qui était peu recommandé pour les vampires. Pour nous préserver, nous nous sommes habillées vêtements suffisamment longs pour cacher notre véritable nature. Rien de bien élégant, je le reconnais, mais plus prudent.

Deuxièmement, nous nous sommes rendues dans un hôtel, histoire d'être tranquilles et de nous préparer aux prochaines étapes. Nous avions la vue sur une belle plage de sable blanc. L'eau turquoise donnait envie de nous y baigner. Mais hors de question de se laisser aller. Il y avait beaucoup trop d'humains, trop de touristes, trop de personnes susceptibles de nous remarquer. 

La douche fût cependant très agréable. La distance que nous avions parcourue était assez importante, mais nous devions à présent poser pied à terre et revenir à la réalité. J'avais une petite idée en tête, mais j'ignorais si la jeune femme qui m'accompagnait allait y consentir.

-Dis-moi Chlo', maintenant qu'on est ici, est-ce que ça te dirai de profiter d'une soirée dansante ? Attention, pas une soirée moyenâgeuse. Mais plutôt du genre boîte de nuit avec plein de garçons. Et qui sait, il y en aura peut être des mignons.  Proposai-je.

Etant donné que la vampire ne semblait pas trop avoir eu d'expériences avec des hommes, je tenais à l'aider à en avoir de nouvelles sans forcément influencer ses choix. Et puis, c'était l'occasion de profiter un peu du cadre et de cette amitié naissante.

Une fois mes cheveux regroupés pour en faire une sorte de chignon, je me suis habillée de cette belle robe, récemment achetée dans une petite boutique de Forks. Celle-ci étant parfaitement adaptée à ma morphologie, je ne pouvais qu'être satisfaite. Avec le tout, je me suis chaussée avec petits escarpins noirs, ce qui ne m'empêchais pas de me sentir ridiculement petite aux côtés de Chloris qui était si grande.

Nous sommes rentrées dans la boite sans même avoir besoin de payer l'entrée. Notre charme vampirique n'épargnait personne, pas même le vigile apparemment. La salle était bombée d'humains. Il y avait de tout et surtout, il y avait du choix. Mais aucun homme ce soir-là, ne retint mon attention. Peu importe, nous étions là pour nous amuser et prendre du bon temps. L'avantage de l'obscurité, c'est que nous n'avions plus besoin de nous cacher sur des couches de vêtements pour nous cacher du soleil. 

Je bu une gorgée du shot que mon amie m'avait fait passé, bordel, qu'est-ce que c'était fort. Et d'ailleurs, les vampires pouvaient-ils réellement boire de l'alcool ? C'était bien la première fois que j'essayais en tout cas. Le goût était assez amer. Cela me rappelait le temps où je passais mes soirées humaines à me bourrer la gueule afin d'oublier le décès de mes parents. Je reposais précipitamment le verre, tentant d'effacer l'image de mon adolescence qui m'était apparue. 

Chloris et moi nous sommes déchaînées sur la piste de danse. Pendant un instant j'eus l'impression de retrouver la Chrissy de l'ancien temps, celle qui voulait à tout prix oublier la douleur en s'embarquant dans ce genre de soirée. Mais l'odeur du sang humain me fit revenir à la réalité. Je commençais à avoir soif et tous ces gens autour de nous ne m'aidaient pas.

Une jeune femme d'environs une vingtaine d'années fit son apparition alors que nous dansions.

-Eh toi ! Oui, toi la brune ! Pourrais-tu cesser de regarder mon petit ami ?
-Pardon ?
-Oui, tu m'as bien comprise, on ne veut pas d'allumeuse ici. 

Non seulement j'en avais rien à foutre de son précieux petit ami, mais elle avait également éveillé ma colère. Moi, une allumeuse ? Elle était tombée sur la mauvaise personne. 

Mes mains attrapèrent ses cheveux blonds platine, quelques extensions étaient tombées. Bon sang, quel était l'intérêt de se rajouter autant de cheveux? Je traînai la jeune femme jusqu'à mon amie, suscitant quelques regards curieux.

-Qu'est-ce qu'on en fait Chlo ?   

Cette sale garce avait éveillé en moi l’envie de lui arracher ses cheveux, lui briser la nuque et de boire son sang jusqu’à la dernière goûte. Comme un mélange de violence et d’appétit. Parce que oui, je commençais légèrement à avoir faim, ce qui était normal avec tout ce petit monde autour de nous. Mais Chloris et moi devions être discrètes, nous n’avions pas le droit à l’erreur. Ce qui m’inquiétais, c’était d’entendre ma coéquipière me murmurer son désir de boire du sang humain. Jusqu’à ce jour, elle n’avait bu que du sang animal et je craignais que ce changement brutal de régime cause des dégâts.

La main toujours accrochée aux cheveux de la petite humaine, je pris un malin plaisir à la trainer jusqu’à la sortie de la boite de nuit. Et malgré ses efforts pour se débattre, j’avais toute la force qu’il fallait pour l’emmener où je le souhaitais. Oh, je ne lui en voulais pas de m’avoir prise pour une allumeuse, mais cela me donnait une raison d’en faire mon repas. Il ne fallait cependant pas que l’on nous remarque trop. Et je réalisais que mon comportement n’était peut-être pas le plus adapté. J’en profitais alors pour plaquer l’humaine contre le mur en nous tenant assez loin des vigiles. Les mains plaquées sur ses épaules, je me concentrais sur la blonde en m’efforçant d’effacer les 15 dernières minutes de sa mémoire. Les gens qui nous entouraient devaient nous voir sortir sans se poser de questions.

-Eh, tout va bien, tu as juste un peu trop bu. Je vais t’accompagner prendre l’air.

Je fis signe à Chloris de guider sa victime à l’extérieur. Le garçon avec qui elle était semblait beaucoup plus confiant et n’avait apparemment pas besoin que l’on trafique sa mémoire. Mais il fallait faire vite, je ne voulais pas me retrouver à devoir arrêter Chloris devant une foule entière d’humains.

J’accompagnais la jeune femme jusqu’à atteindre un coin de rue sombre, avec derrière nous, Chloris et l’homme de tout à l’heure. Personne n’oserait s’aventurer dans un endroit aussi flippant. L’endroit parfait pour déguster un bon repas. J’en étais toute excitée.

Je m’arrêtais face à la jeune fille qui semblait complètement paumée. J’attendis que Chloris nous atteigne pour appuyer ma main contre la bouche de la petite humaine. Mes crocs finirent par se retrouver rapidement plantés dans son cou pour boire quelques gorgées de sang. Qu’est-ce que c’était bon, putain.

J’observais ma collègue, prête à l’admirer goûter à son tour au sang humain avec un petit sourire au coin des lèvres.

-Aller, fais-toi plaisir Chlochlo. Ce soir c’est notre soirée. Je peux t’assurer que tu vas prendre ton pied.

Un véritable délice. Peu importe mon humeur, que je sois joyeuse, triste ou totalement ailleurs, savourer le sang chaud d’un humain m’apportait une grande satisfaction. J’étais ravie de partager ce sentiment avec Chloris. J’espérais juste qu’elle ne finisse pas par imaginer que j’avais une mauvaise influence sur elle. Mais je considérais qu’elle était en droit de se laisser aller quelques fois. Le sang animal était si fade, je trouvais dommage qu’elle y accorde autant d’importance alors qu’elle pouvait savourer quelque chose de tellement meilleur. J’aimais bien cette fille, elle était drôle et m’inspirait confiance, je ne regrettais pas d’avoir atterri à Miami en sa compagnie. C’était même une des rares filles que j’arrivais à supporter, mes fréquentations se portant habituellement vers des garçons. C’est avec une grande admiration que je l’ai regarder apprécier son repas. Je plantais une dernière fois mes crocs, cette fois-ci au niveau des poignets de ma victime, puis rejoignis mon amie qui se tenait face à son repas. Ses yeux qui, auparavant étaient dorés avaient virés au rouge, ce qui était parfaitement normal. Elle me demanda si son acte allait la rendre accro, chose que je ne pouvais qu’approuver. Elle en voulait encore plus, ce qui ne m’étonnait pas. Je posais ma main sur son épaule.

-Oui Chloris, il y a de grandes chances que tu deviennes accro. Mais ne t’en fais pas. Avec le temps et un peu de bonne volonté, tu apprendras à te contrôler.

Des éclats de rire à quelques centaine de mètres attira mon attention. Il y avait un groupe d’humains non loin d’ici. J’écoutais attentivement le son des vagues caressant le sable et tous ces petits détails qui nous mèneraient facilement jusqu’à eux. L’intonation de leur voix laissait à croire qu’ils n’étaient pas saouls, qu’ils étaient âgés d’une quinzaine d’années, voir un peu plus pour certains. Ils étaient quatre. Une fille et trois garçons. Des litres de sang chaud nous attendaient et j’étais à deux doigts de sauter de joie.

-Il y a quatre petits humains totalement innocents qui attendent patiemment que l’on vienne les vider de leur sang. Ils sont juste sur la plage…

L’obscurité était un très bon point pour nous empresser de partir à leur rencontre. Personne ne pourra nous apercevoir, les plages n’étant jamais éclairées. J’avais bien l’intention de faire un véritable carnage.

-Et si on s'invitait à leur petite soirée ? Qu’en dis-tu ?

S’incruster, les mettre en confiance pour finalement les vider de leur sang était selon-moi une assez bonne idée.  

Après que Chloris eut pleinement savouré son repas, je suis restée attentive à chacune de ses réactions. La jolie blonde, comblée, était déterminée à profiter de cette soirée et j’étais fière de partager ce moment avec elle. Son régime alimentaire sera probablement différent pendant quelques temps mais j’étais persuadée qu’elle serait tout à fait capable d’alterner entre le sang animal et humain. J’avais déjà vu des vampires se gérer de cette façon sans la moindre difficulté, alors pourquoi pas elle ?

Je sentis la soif de la vampire s’agrandir, ce qui promettait une fin de soirée encore plus intéressante. J’invitais Chlo’ à me suivre jusqu’à la plage où nos quatre futurs repas nous attendaient. S’en prendre à de petits êtres faibles et sans défenses allait être un véritable jeu d’enfant. J’avais depuis longtemps laissé ma culpabilité de côté car chasser l’être humain était essentiel à notre survie. Nous avions beau avoir le choix entre deux régimes différents, je ne m’imaginais pas me priver jusqu’à la fin de mes jours. Et l’éternité était suffisamment longue pour que je décide de faire des concessions.

De manière discrète, nous nous sommes approchées de la plage pour repérer nos petites victimes. Elles sentaient si bon.. Et ça serait un tel dommage de les laisser s’échapper. Je m’avançais vers les quatre adolescents qui étaient déjà en pleine admiration devant nous.

-Salut ! Est-ce que l’on peut se joindre à vous ?

Très intéressés, les trois jeunes garçons nous invitèrent à nous asseoir avec eux, oubliant presque la jeune fille qui les accompagnait. Je fis un clin d’oeil à Chloris qui avait l’air impatiente de goûter une nouvelle fois au bonheur.

-Je m’appelle Chrissy et elle, c’est Chloris. Nous venons tout juste d’arriver en ville.

Bien que les présentations soient totalement inutiles, j’avais envie de faire retarder ce moment où Chloris ne serait plus capable de contrôler sa soif. C’était certes, un peu barbare de la faire attendre, mais je savais qu’une fois abreuvée, elle serait encore plus satisfaite que la première fois. C’est en jetant un coup d’oeil à la vampire qui était à deux doigts d’exploser tant sa soif était immense, que je pris conscience qu’il était temps de passer à l’action. Je me jetais sur le premier qui me passa sous la main. Ne voulant pas laisser le temps aux autres de s’enfuir, je me contentais seulement de lui briser la nuque, me réservant le plaisir de le vider de son sang pour plus tard. Terrifiés, les trois autres adolescents commencèrent à prendre la fuite. Je me précipitais rapidement sur l’un d’entre eux pour lui réserver le même sort que son ami dont le corps reposait sur la plage. Voyant que les deux derniers humains étaient à deux doigts de nous échapper, je fis réagir ma partenaire :

-Ne les laisse pas s’échapper Chlo’ !

Je laissais la vampire se charger de nos dernières victime en allant m’asseoir près d’un des corps sans vie face à la mer. Je pris le poignet de celui-ci pour m’en abreuver en attendant que ma collègue revienne avant de le rejeter sur le sable.  

-Alors, comment te sens-tu ? Tu penses être capable de revenir à un régime végétarien ?

La jeune femme, après s’être ruée sur les deux autres individus, prit place sur le sable en savourant chaque gorgée du sang de ses victimes. En tant qu’humaine, si un jour on m’avait dit que j’apprécierais autant le goût et l’odeur d’un cadavre humain, je n’y aurais jamais cru. Et pourtant, me voilà assise sur cette plage aux côtés de ma blonde préférée en train de dévorer quatre pauvres adolescents qui n’avaient rien demandé. Quoi qu’il en soit, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

-Je me sens merveilleusement bien. Extatique. Dans un bien être assez étrange. Je me sens dans une atmosphère ouatée.

J’acquiesçai d’un hochement de tête. Cette sensation de bien-être dont elle parlait faisait partit d’un des meilleurs sentiments qu’un vampire puisse ressentir. Ce bonheur n’était peut-être qu’éphémère mais il était tout à fait possible de le faire durer un peu plus longtemps. C’est d’ailleurs ce que Chloris me proposa après m’avoir fait part de sa certitude concernant son retour à un régime végétarien. La jeune femme avait en tête de s’amuser jusqu’au bout de la nuit. Sa joie de vivre et son enthousiasme étaient si contagieux que je ne pouvais qu’être réceptive à cette idée. Miami était une grande ville, ce qui nous laissait un large choix de lieux pour nous faire plaisir. Après une petite danse en boite de nuit et une escapade à la plage, quel genre d’autre surprise cette ville nous réservait-elle ?

-Oh, crois-moi, la soirée ne fait que commencer. Je suis carrément partante !

Je me levai en emportant avec moi les deux corps que je me suis appropriée. A l’aube, les cadavres seront découverts, mais le plus tard possible serait le mieux. Le bruit des vagues qui s’agitaient contre une montagne de rochers me donna l’idée de me débarrasser des cadavres à cet endroit. Avec un peu de chances, la mer emportera les individus au milieu de l’océan et les requins se chargeront du reste.

-Mais avant, on va se débarrasser d’eux et effacer toute trace de notre présence. Suggérai-je.

Parmi les lois vampiriques, tuer pour se nourrir était parfaitement légal, à condition de ne pas nous faire remarquer. Ce n’était pas mon genre de sombrer dans la paranoïa, mais il me paraissait plus prudent de faire preuve de discrétion afin d’éviter que cette escapade remonte jusqu’aux oreilles des Volturis. Une fois son repas terminé, j’invitai mon amie à me suivre pour nous débarrasser des corps. Le clair de lune nous permis de nous repérer dans l’obscurité et à garder un œil sur les cadavres qui flottaient jusqu’à ce qu’ils soient suffisamment éloignés de la rive. Sereinement, je me tournai vers Chloris dont le regard s’était illuminé. Impatiente de connaître ses intentions, je demandai :

-Je suis presque sûre que tu as une merveilleuse idée en tête et que je vais l’apprécier. Où comptes-tu nous emmener ?

Quoi qu’elle ait décidé, j’étais prête à la suivre et à profiter de chaque instant de cette nuit de folie en sa compagnie.

Cette virée à Miami avec Chlo’ fût décidément la meilleure idée de toute mon existence. En sachant que notre rencontre aurait pu tourner au drame pour une simple robe, je ne pouvais m’empêcher de penser que le destin avait eu raison de nous avoir réunies. Je n’avais pas pour habitude de faire du copinage avec des filles, elles qui pouvaient être si hypocrites et superficielles, mais je dois dire que Chloris en était totalement l’opposée. Sa joie de vivre et sa perspicacité m’émerveillait. Il y avait bien longtemps que quelqu’un ne m’avait pas autant fascinée.

Même si à l’aube, nous redeviendrons vulnérables, nous avions encore du temps devant nous. C’est alors que blondie me fis part de la petite enquête qu’elle avait menée dans cette grande ville de Floride. Selon elle, le danger rôdait dans la bibliothèque du Centre-Ville. Des femmes avaient été agressées par des hommes dont la plupart étaient haut placés. Man are trash comme on dit aujourd’hui. Je compris à travers ses mots et son regard qu’une mission des plus croustillantes nous attendait.

-Ma chère Chloris, voilà une proposition que je ne saurais refuser ! Bien évidemment que je suis partante. Lui répondis-je avec enthousiasme. Nous allons montrer à ces pourritures combien il est dangereux de provoquer une femme.

A en croire les propos de la jeune femme, elle avait un plan bien précis en tête. J’avais tellement envie d’en savoir plus que j’en avais presque oublié que nous nous trouvions toujours au beau milieu de cette plage.

-Allons-y, tu me raconteras ton plan en chemin ! Lui suggérai-je.

J’avais passé la matinée à analyser le plan de la ville pendant que nous attendions que la nuit tombe. Dans mes souvenirs, la bibliothèque n’était qu’à une dizaine de kilomètres de l’endroit où nous étions, mais j’imagine que Chlo connaissait parfaitement le trajet.

En un éclair, nous nous rendîmes sur le lieu en question. La bibliothèque étant ouverte 24h/24, nous n’aurions pas de mal à nous y introduire, en espérant que nous futures victimes y soient présentes. L’excitation me montait à la tête. J’avais tellement hâte de venger ces femmes aux côtés de Chloris.

Tapie dans l’ombre, je tentais de flairer le moindre individu qui pourrait nous causer des problèmes. Même si nous nous apprêtions à rendre la justice, nous devions à tout prix faire preuve de discrétion. Si un autre vampire rôdait dans le coin, c’était l’échec assuré.

-Dis-moi tout. Combien d’hommes allons-nous humilier ce soir ? La questionnai-je à voix basse. 

La réponse de Chloris me conforta dans l’idée que nous séjournerions à Miami encore un petit moment, chose qui ne me déplaisait pas. Bien que Forks soit la ville où je résidais, je dois reconnaître que le climat pluvieux commençait à devenir horriblement lassant. Sans compter les nombreuses créatures surnaturelles qui s’y étaient installées et qui rendaient la chasse plus difficile. Sans grande surprise, Miami en était l’opposé. Une ville ensoleillée, assez blingbling avec des quartiers prestigieux. Les vampires ne pouvaient s’y cacher à cause du climat, ce qui était assez regrettable, mais qui nous donnait l’opportunité de chasser sans être dérangées. La vie de vampire était incroyable, et je ne regrettais pas de faire partie de ce monde surnaturel, mais parfois, le simple fait de pouvoir me prélasser au soleil sans avoir peur de briller de mille feux me manquait.

La jeune femme me sortie de mes pensées en confirmant qu’aucun danger pour nous ne rôdait dans les parages, ce qui était une bonne chose. Nous entrâmes silencieusement dans la bibliothèque dont les étagères de livres semblaient s’étendre à l’infini. Il y avait plusieurs étages, suffisamment pour que l’on s’y perde. Je jetais un œil curieux à ma coéquipière tenait un appareil photo entre ses mains. Très astucieux ! Mon regard se posa ensuite sur les différentes femmes qui se trouvaient sur les lieux, puis sur celle que Chloris décida de suivre. C’était une jeune femme, brune, toute menue, sûrement la vingtaine, qui cherchait un moyen de se divertir dans un endroit pourtant censé être reposant et sécuritaire. Discrètement et efficacement, nous prîmes les escaliers jusqu’à ce que la sonnette de l’ascenseur ainsi que son ouverture nous indique l’étage où la jeune femme s’était arrêtée. Pendant que Chloris avançait lentement et sûrement, je gardais un œil derrière-nous, espérant que personne n'ait remarqué notre présence.

C’était une mission à la fois excitante et inquiétante, car seule Chloris était bien renseignée sur la situation de ces hommes, non pas que j’avais peur qu’ils nous tuent, mais plutôt de ce qu’ils tenteraient de nous faire s’ils nous découvraient. Si l’on plongeait dans mes souvenirs, on découvrirait que j’avais moi-même été ce genre de victime, même si la drogue avait effacé de ma mémoire les ¾ des choses qui s’étaient passées. Des hommes qui je pensais étaient mes amis avaient abusé de moi dans un moment de faiblesse. Pendant un certain temps, je me suis sentie coupable, car si j’avais accepté une aide psychologique après le mort de mes parents, je ne serais peut-être pas tombée aussi bas. Mais avec le temps, j’avais fini par accepter ce dérapage et à mettre de côté ma culpabilité. J’étais devenue une tout autre personne, lucide, forte et pleine de vie, et j’espérais que là où ils se trouvaient, mes parents soient fiers de moi. Me voilà aujourd’hui aux côtés de la meilleure amie que l’on puisse avoir, à traquer des individus sur qui je pouvais à présent avoir la main.

-Chlo’, regarde. L’interpellais-je en lui montrant un homme dont le comportement était suspect. Je doute que celui-ci soit venu pour sa petite lecture du soir. Soulignai-je.

L’homme qui était sorti de nulle part, observait avec attention la jeune brune, faisant mine de lire un livre sur la cuisine japonaise qu’il tenait à l’envers. Celui-ci s’avança vers elle pour lui faire la conversation. Cet homme avait certainement un but précis et nous allions bientôt le découvrir. Concentrée sur la vue qui s’offrait à nous, une main qui s’était posée sur mon épaule me fit sursauter. Oh, shit.

-Bonsoir charmantes demoiselles, vous cherchez quelque chose en particulier ? Nous demanda un homme, quinquagénaire, habillé d’un costard et dont le regard inspirait peu confiance. J’espère que je ne vous ai pas fait peur. Je me présente, William Davis. Enchanté de tomber sur deux femmes aussi somptueuses.