Don : Donne l'illusion à une personne que le temps est figé. Lorsque Serena se concentre suffisamment, sa cible croit que le monde autour de lui s'est arrêté. Plus rien ne bouge, ni les êtres ni le paysage. Le temps continue pourtant bien de s'écouler, la cible n'en a juste aucunement conscience. Pour l'heure, Serena peut utiliser ce don sur une personne pendant environ deux minutes tout au plus, si elle ne relâche pas son attention. Elle peut immobiliser deux individus en cas d'urgence, mais seulement pour une poignée de secondes.

Serenella Alighieri est née dans la plus pure aristocratie italienne du XVIIIème siècle. Troisième enfant d'une fratrie de six, seuls son frère et aîné et elle parvinrent à l'âge adulte. Leurs parents, petits nobles à l'ambition démesurée, firent de l'éducation de leurs héritiers leur priorité. Bien que Serenella arbore un ressentiment encore tenace à leur égard en se souvenant de leur intransigeance, c'est grâce à leurs attentes inatteignables qu'elle reçu une éducation d'exception.

Parlant couramment plusieurs langues, elle apprit également à jouer du clavecin. Mais la révélation fut pour elle la peinture, qui se transformera bien des années plus tard en amour inconditionnel des arts en général. Elle se découvrit rapidement très douée avec un pinceau, bien plus que dans tous les autres sujets que son éducation stricte lui imposait. Elle aurait été heureuse de ne vivre que de cela : ses toiles et ses couleurs. Tout pour égayer un quotidien morne et dénué d'affection que lui proposait la vie de jeune fille de bonne famille.

Cette enfance privilégiée la plaçait dans une cage dorée dont elle n'avait ni les moyens, ni le courage de sortir. Elle aurait souhaité parcourir ce pays en plein changement avec une pile de papier et un fusain, mais l'horloge tournait, et d'autres projets étaient en œuvre.

Si la jeune femme s'était souvent cachée dans les recoins les plus obscurs, les bosquets les plus ombrageux du domaine, elle n'avait jamais autant espéré arrêter le temps que le jour de ses fiançailles.

Elle savait que ce jour devait arriver, pourtant. Si elle était admirée pour sa beauté, elle avait conscience que c'était bien la taille de sa dot qui attirait les prétendants, autant de partis se succédant dans le bureau de son père dès qu'elle fut en âge d'être vendue au plus offrants.
Il est vrai qu'un joli minois ne gâchait rien, et ses grands yeux bleus, ses cheveux d'or et ce qui s'apparentait à un tempérament docile jouaient tous contre ses désirs de liberté. Plus tard, elle regrettera souvent de ne pas avoir protesté, hurlé contre ce destin tout tracé. Mais si elle devait être honnête, aucune de ses tentatives n'auraient porté ses fruits. Elle a envisagé la fuite, mais la peur de se retrouver seule dans ce monde l'en a empêché.

Car pour toutes ses illusions d'indépendance, Serenella aimait sa vie. Le confort.
Eprise de belles toilettes, de parfum rare et de peintures encore plus coûteuses, elle n'aurait jamais rêvé se rebeller, ou au moins essayer.
Ne lui restait que ses modèles, ses poupées d'enfance puis ses domestiques, qu'elle incitait à rester immobiles, jusqu'à ce qu'elles ne veuillent inévitablement se gratter le nez ou bien... travailler.
Combien de fois avait-elle tempêté, en demandant au Créateur de simplement la laisser peindre, à toujours courir après un temps trop rapide, quand le moment présent était si essentiel ?

Alors, la veille de ses noces avec un homme qui aurait pu être son père - ou plus - l'artiste déchue espéra encore et encore que le soir ne s'arrête jamais. L'adolescente s'est agenouillée, priant tous les dieux de lui accorder un instant - qui pourrait durer toute une vie.

Mais la nuit de noces s'en suivie, et le calvaire commença. Chaque soir, elle espérait que le sablier se fige au moment avant que la porte de sa chambre ne soit frappée. Chaque seconde terrifiante résonnait en elle comme une aiguille des plus acérées, tournant sur le cadran et sa poitrine.

L'appréhension constante et la nervosité de ses nuits connurent un répit à la naissance de son fils. Son époux et maître se désintéressa alors d'elle quelques temps.

Ce fut une renaissance pour elle. Généreux si ce n'est honorable, son mari lui permit par la suite de sortir, de côtoyer les salons, les fêtes les plus extravagantes.
Serenella dépensait alors sans compter, s'enivrant d'excellents vins et de la meilleure compagnie. Elle put présenter certains de ses croquis, rosir de plaisir sous les compliments, se parer de bijoux opulents. Dans ces moments-là, la vie était belle - et si seulement une nuit pouvait s'éterniser, juste encore un peu... Les petites heures du matin et un ciel rose qu'elle ne pourrait jamais totalement coucher sur papier la brisaient un peu plus chaque jour. Encore une fois, elle devait rentrer au foyer, se soumettre, courber l'échine. Supporter coups et sévices, jusqu'à la prochaine autorisation de se laisser aller à la débauche.

Incapable de rester ni de partir, elle se plongea dans un univers stable, un espace mental qui n'appartenait qu'à elle, où rien ne changeait jamais. C'est cet endroit magique qu'elle s'évertue encore à peindre constamment.

Lors d'une fameuse soirée d'un poète local, elle fit la rencontre de la plus belle femme qu'elle ait jamais croisé. C'est avec une fascination teintée de jalousie qu'elle se rapprocha d'elle, attirée par ses yeux d'un noir de jais et sa peau d'albâtre.
Mais plus que sa beauté irréelle, ce fut les manières de cette femme qui la poussa inexorablement à chercher sa compagnie. Cette femme était seule, sans enfant, sans attache. Les étoffes de sa robe, son rire séducteur et dénué de toute inquiétude, ce fut ce qui scella l'objectif de la Florentine de devenir coûte que coûte comme elle, un jour. Un état permanent de liberté, des possibilités infinies sans rendre de compte à quiconque.

Elle échangea quelques conversations avec cette femme, dont la présence se faisait cependant très rare. En tant que mortelle, Serenella ne comprenait  pas ce qui poussait une femme qui attirait tous les regards à s'éclipser aussi rapidement chaque soir, telle une héroïne de conte. Ce ne fut que dans une autre vie qu'elle comprit que cette étrange créature restait dans un état de faim précaire pour assister à ces soirées, gardant ses yeux noirs pour l'occasion, trop attachée elle aussi aux divertissements terrestres pour se priver de la compagnie d'humain, en dehors de ses chasses.

Mais sa fascination pour cette "amie" ne cessait de croître, et plusieurs fois, elle demanda à la voir, encore et encore. Qu'importe qu'il y ait de plus en plus de disparitions aux alentours, des cadavres retrouvés parfois au petit matin.

Quand cette déesse - c'est comme cela que Serenella la voyait à l'époque - lui souffla l'idée d'une autre vie, amusée par cette jeune femme qui lui ressemblait quelque part beaucoup et lassée de la solitude... Comment la jeune mariée aurait-elle pu refuser ?

Comprenant mal les intentions de sa Créatrice, Serenella prit pour la première fois de sa vie une décision : elle devait fuir. Maintenant qu'elle avait vu ce que signifiait n'appartenir qu'à soi-même, elle ne pouvait plus fermer les yeux. L'argent et le statut viendraient après. Il lui fallut un an avant de surmonter sa peur, les questionnements de comment allait-elle passer inaperçue. Son mari chercherait évidemment à la retrouver, d'autant plus qu'elle amènerait son fils - hors de question de le laisser devenir comme son père.

Alors, un soir, elle prit son enfant de trois ans sous le bras, quelques bijoux, et s'apprêta à partir. Malheureusement pour elle, elle manqua cruellement de discrétion.
Son bourreau ne se priva pas : il se déchaîna sur elle. Encore une fois, avant que le premier coup ne soit porté, comme elle espéra qu'il ne vienne jamais, que le temps ne se fige, tel un tableau immortalisé pour les années à venir. Comme elle espérait n'avoir jamais pris d'initiative, être restée dans son monde sans variation.

Battue à mort, elle ne comprit pas vraiment ce qu'il se passait quand sa chère amie, intriguée de ne pas avoir de ses nouvelles, surgit dans la pièce. Si elle était restée dans le parc au premier abord, l'odeur du sang de Serenella l'attira irrésistiblement, d'autant plus qu'elle mourrait de faim, s'étant préparée à rester une soirée entière en compagnie d'humains - et ayant prévu un festin plus tard.

Assoiffée, elle débarrassa la jeune femme de son geôlier.

Serenella ne souvenait que de sa vue floue, de sa compagne qui se déplaçait beaucoup trop vite pour qu'elle puisse bien mémoriser l'instant pour le peindre, elle devait divaguer...

Puis elle se souvint de dents dans son cou
Et de la brûlure
Puis de l'enfer.

Pendant trois jours, incapable de comprendre ce qu'il se passait, elle demanda que cela cesse. Que tout s'arrête, que - pour une fois ! - on lui accorde un moment de calme, et que le monde ne devienne immobile.

A son réveil, confuse, on lui expliqua rapidement ce qu'elle était devenue. Toujours dans le manoir familiale, son amie l'avait placée à l'abri des regards. Elle ne comprit pas tout de suite, refusait de comprendre. Entendant d'une oreille que la - vampire - avait bu son mari, et elle. Mais qu'elle avait réussi à reprendre suffisamment ses esprits pour l'épargner, et la regarder se transformer, dans l'espoir de former leur clan comme elle le souhaitait déjà.

C'était inconcevable, impossible. Un récit tout droit sorti de sermons effrayants.

Mais quand la soif fut plus forte, et qu'elle se jeta sur la domesticité de la famille, des personnes qu'elle avait connu pendant des années, afin de s'épancher, tout devint rapidement beaucoup plus... concret.

Terrifiée, elle voulu revenir en arrière, tout recommencer. Mais elle réalisa alors qu'elle était en vie.
Et que plus personne ne pourrait la maltraiter, désormais.

Elle allait remercier sa créatrice, avant d'être frappée par la vérité : elle s'était à peine demandée comment elle avait pu être transformée, alors qu'elle gisait dans son sang. Comment son amie avait-elle pu se restreindre dans ce cas ?

Car elle était déjà repue : de son époux. Et de son fils.

Aveuglée par la rage, elle ne perçu pas sa nouvelle force, ou sa vitesse quand elle attaqua celle qui lui avait tout donné mais aussi tout pris.
Si sa force de nouveau-né lui avait donné un avantage, ce fut l'étrange réaction de sa victime qui la surprit : tout ce dont que Serenella se souvenait, c'était qu'elle avait souhaité que la femme reste figée dans ce moment, juste assez longtemps pour la faire payer. Elle ne remarqua pas l'air perdu de son amie, trop occupée à se venger.

Quand elle eu terminé, elle resta immobile plusieurs heures, réalisant tout ce qu'il venait de se passer, indifférente à son reflet dans les différentes mares de sang qui souillaient le parquet, à son nouveau visage dont elle n'aurait jamais pu dessiner la perfection ou ses nouvelles habilités. Elle voulait juste
Demeurer là.

Elle ne remarqua rien autour d'elle, malgré ses nouveaux sens, brisée par le deuil et les remords.

Quand sa créatrice revint à elle - Serenella ignorait qu'il aurait fallu la brûler - elle eut une réaction tout à fait inattendu.
Elle prit sa création sous son aile.
Si Serenella fut tentée de répéter les événements, elle savait qu'elle avait trop peu d'informations pour l'heure.

Elle fit donc ce qu'elle savait faire de mieux : attendre et apprendre.

Un changement constant, tout ce que détestait celle qui se faisait désormais appeler Serena.

Elle avait connu les plus grands artistes, dont elle cherchait la compagnie avec avidité. Elle avait parcouru le monde tout son soul. Elle s'était ornée des plus beaux bijoux, avait profité de son immortalité et de sa beauté avant de se lasser dès les cinq premières années de sa nouvelle vie.

Serena aime les humains. Elle aime leur esprit, leur inventivité. Mais il faut bien se nourrir, et la compassion avait, comme toute chose, ses limites. Les humains étaient bruyants, et souvent ennuyeux. Ce qui l'émouvaient chez les génies la désespéraient chez les personnes communes.
Elle tente cependant de se nourrir le moins possible, une sorte de régime en quelque sorte. Elle choisir ses victimes avec soin, privilégiant les êtres néfastes. Mais elle n'est pas assez altruistes pour pousser le vice jusqu'à se refuser des mets à l'odeur particulièrement alléchantes.

Cette mort fut pourtant un émerveillement. La rencontre de ce nouveau monde, de personnes magnifiques, de possibilités lui tendaient les bras.

Pour quelqu'un qui aimait que les choses aillent lentement, elle se prit de passion pour sa nouvelle vitesse, parcourant chaque paysage avec ses nouveaux yeux dans l'objectif de les peindre par la suite.

Pouvoir se permettre tout ce qu'elle voulait, les objets les plus beaux - car, qui allait l'empêcher de se procurer ce qu'elle souhaitait ? - l'amusa follement pendant un temps.

C'était sans compter les moments de désespoir silencieux, les larmes qui ne couleraient jamais. De plus en plus rares au fil du temps, il n'en restait pas moins que le souvenir de son fils la transperçait comme un poignard par instant, et celui de son mari la mettait dans une rage folle.
Ses propres questionnements sur sa nature finirent pas arriver également. Ses croyances furent bouleversées, elle s'imagina damnée.

Mais comment pouvait-elle être maudite si elle avait été faite, aussi belle, si cette force lui permettait de se défaire de cette vie misérable d'antan ?

Elle apprit difficilement les règles qui régissaient ce monde. Sa créatrice fut assez maligne pour lui citer les lois les plus importantes avant qu'elles ne se ... séparent. Serena décida bien vite qu'aucun écart ne serait toléré, et elle ne voulait pas pousser sa chance.
Particulièrement quand elle su pour la Ville qu'elle devait à tout prix éviter.

Elle aime vivre à l'écart, de leurs guerres, de leur évolution constante. Elle a cependant désormais la conviction d'être faite pour plus. Mériter plus, atteindre plus haut, avoir davantage. Elle ignore simplement comment. Mais elle aura le loisir d'y penser.

Elle aime toujours les belles choses, mais à quoi bon quand il n'y a personne avec qui les partager ?

Les rares compagnons d'un soir ne comptent pas, elle les sélectionne soigneusement. Les groupes plus ou moins larges l'effraient - trop de risque qu'ils parlent, qu'ils voient en elle une opportunité quelconque.

Elle demeure donc, immuable.

Qu'importe qu'elle se soit séparée de sa créatrice presque dès le début. Qu'importe qu'elle soit seule : elle est libre.

Mais elle ne peut ignorer les changements actuels, les rumeurs portés par le vent, les nouveaux dangers, les nouvelles dynamiques avec les humains.

Devenir la proie fut une expérience douloureuse pour elle. Voir ses cibles de prédilection se retourner contre elle la pétrifia d'effroi. Leurs nouvelles compétences l'apeuraient.  
Lors de sa première rencontre avec eux, elle n'a presque pas réussi à fuir. Complètement prise par surprise, elle avait ressenti pour la première fois depuis sa mort ce sentiment terrible d'être sans défense, vulnérable. Ce qu'elle s'était jurée de ne jamais revivre venait de se produire : elle était à la merci de quelqu'un d'autre.

Heureusement qu'elle peut les tenir à distance. Qu'être constante lui a apporté une certaine tranquillité : il suffit d'en faire profiter les autres. Un autre, pour être précis. Les inciter à se poser. A prendre
Le temps.

Ils le croient, en tout cas. Quand le monde s'arrête autour d'eux, seulement pour leurs yeux.

L'éternité avait du bon, en ce qu'il lui avait permit de comprendre son rapport au temps. Non seulement elle en avait en quantité, mais le modeler était grisant.

Lors de ses premières chasses, elle avait été étonnée de constater que les groupes étaient désorganisés. A chaque fois, l'un d'eux regardaient autour de lui sans comprendre, hurlant aux autres de bouger, de se défendre, tandis que ses compagnons l'observaient sans comprendre, parfaitement maîtres de leur mouvement.
Cet ahuri restait également sans réaction lorsqu'elle approchait. Elle avait mis beaucoup de temps à comprendre : sa vitesse surhumaine ne lui avait pas permis de faire la différence tout de suite.

Mais au bout du compte à rebours, elle distingua ce qu'il changeait : cette personne croyait être figée. Elle voyait le monde stable, tranquille. Immobile.
Bien souvent, la personne était prise de panique. Elle ne comprenait pas cette boucle dans laquelle elle se retrouvait seule, entourée des statues de ses proches, d'oiseaux arrêtés en plein vol, de vent silencieux.

Cela lui laissait tout le temps de dévorer les autres, en terminant par lui.

Elle avait par la suite voulu voir jusqu'où l'aiguille pouvait remonter.

Si elle ne faisait absolument rien d'autre, elle pouvait maintenir une personne dans la même seconde pendant plusieurs minutes. Elle l'avait essayé sur des petits animaux dans un premier temps. Mais l'expérience n'était pas plaisante. Cela signifiait fixer l'être constamment, et restée intensément concentrée. En général, elle ne prenait la peine de ne tenir sa cible en vue qu'une soixantaine de secondes, au mieux.

Son maximum fut deux minutes, et elle dû décimer une famille entière pour récupérer son énergie.

En cas d'extrême urgence, lors d'attaques d'autres nomades ou par la suite, de chasseurs, elle parvint à arrêter les mouvements de deux personnes en même temps. Mais cela ne dura qu'une poignée de secondes à peine, juste assez pour courir au loin en espérant ne pas se faire rattraper, ou pour se débarrasser d'un troisième attaquant plus faible. Il aurait suffit qu'ils soient plus rapides qu'elle pour la rattraper, et en train de se faire démembrer, elle doutait qu'elle puisse arrêter l'un d'eux plus d'un millième d'instant. N'étant pas du tout entraînée au combat, elle se savait presque systématiquement vaincue en combat, même avec son talent.

Elle aurait pu essayer de développer son don. Mais à vrai dire, elle le craignait un peu.

Mais moins que les conséquences qu'auraient la rumeur.

Les époques évoluent, il faut changer de couleurs sur la toile : elle a connu les dangers de la vie de nomade, les conflits puérils. Elle s'est défendue.

Et puis... le grand changement. Ces nouveaux humains devenus un danger, la difficulté de se nourrir.

Et la figure sombre de l'Italie, terre natale qui n'avait plus rien d'accueillant. Serena n'osait même plus approcher de l'Europe tant la peur de cette royauté la figeait bien plus sûrement que son propre don ne le ferait jamais.

Ce pouvoir qu'elle craignait... mais qui la fascinait.

Elle a passé toute sa mort à l'éviter. Celui qui collectionne. Cette nouvelle vague inquiétante.
Serena ne sait pas si elle est intéressante pour ce nouveau monde.

Mais elle ne veut pas prendre le risque.
Elle a trop souhaité être maîtresse d'elle-même pour revenir en arrière.
Pourtant, une partie d'elle, plus sombre, cherche la sécurité qu'une telle position lui offrirait. Elle ne doutait pas que son pouvoir, s'il était connu, si elle se rapprochait de ceux qui savaient, lui vaudrait autant de convoitises que d'ennui.

Mieux valait que ni ses semblables, ni les humaines ne l'apprennent. Tous deux voudraient un morceau d'elle. Dans un sens comme dans l'autre.

Alors, elle reste en retrait. Elle fuit presque toujours dès que quelqu'un l'approche, par peur d'un vampire qui belliqueux ou de croisés modernes. Elle se souvenait à peine de la dernière fois qu'elle avait parlé à quelqu'un depuis le Grand Changement.

Cependant, les jeux trop dangereux finissaient souvent à son désavantage. Plutôt être insignifiante qu'en prison, n'est-ce pas ?...

Et puis, elle n'avait jamais eu la patience de le développer. Faible et inconnu, voilà comment elle souhaitait son "don".

Alors elle fuit, encore et encore. L'Italie lui manque, mais jamais elle n'y remettra les pieds. Trop risqué, trop... changeant.

C'est pourtant une vie bien solitaire, être figée dans le temps.